Grossesse

Syndrome de Lacomme : causes du trouble des femmes enceintes

La plupart du temps, les femmes enceintes souffrent de douleurs dorsales, cervicales, mais aussi de douleurs ligamentaires et pelviennes. Ces dernières sont imputables à certaines modifications biologiques et physiques, lesquelles sont nécessaires au maintien de la grossesse. Ces douleurs ligamentaires et pelviennes apparaissent souvent durant les derniers mois de grossesse (entre le deuxième et le troisième trimestre). Toutefois, lorsque celles-ci deviennent intenses, voire handicapantes, un syndrome de lacomme peut être suspecté. Qu’appelle-t-on syndrome de lacomme ? Pourquoi les femmes enceintes souffrent-elles particulièrement de ce syndrome et comment le traiter ?

Présentation du syndrome de lacomme

On peut définir le syndrome de lacomme comme étant une inflammation pelvienne et ligamentaire qui survient durant les derniers mois de grossesse. Il s’agit d’une pathologie, décrite au 19ème siècle, précisément en 1962, par le gynécologue obstétricien Maurice Lacomme : d’où son appellation. Ce syndrome est classé dans la catégorie des « petits maux de la grossesse ». Cela peut paraître ironique, en raison des douleurs vives et handicapantes qu’il provoque. Cependant, le syndrome de lacomme n’a en principe, aucune répercussion sur la santé du fœtus.

Encore appelée syndrome ostéomusculoarticulaire abdominopelvien bénin, cette affection se caractérise par des douleurs ligamentaires, lesquelles sont localisées au niveau des os du bassin. Les plus concernés sont les articulations sacroiliaques et la symphyse pubienne.

Les symptômes de cette maladie surviennent le plus souvent brutalement ou insidieusement entre les 24ème et 36ème semaines d’aménorrhée. De nombreuses sources estiment que plus de 15% de femmes ont déjà développé ce syndrome durant leur période de grossesse. Dans la majorité des cas, celles-ci se plaignent de douleurs au niveau du bassin, mais aussi de pubalgie. Cette dernière désigne les douleurs situées au niveau du pubis (région où se croisent les deux os du bassin). Ces femmes enceintes affirment aussi que ces douleurs deviennent plus vives, à la marche. En revanche, celles-ci s’estompent lorsqu’elles arrêtent de marcher. Dans certains rares cas, ces douleurs sont tellement intenses, au point où elles perturbent le quotidien de la patiente qui est donc obligée de rester alitée.

En dépit des douleurs qu’engendre le syndrome de lacomme, il reste une affection bénigne. En effet, il n’est à l’origine d’aucune complication ultérieure. La plupart du temps, il disparaît dès l’accouchement. Par ailleurs, il peut arriver qu’il perdure au-delà de 90 jours, après la naissance de l’enfant.

Causes du syndrome de lacomme

Durant la grossesse, les os du bassin sont confrontés à de multiples tensions. Le corps de la femme enceinte subit certains changements. En plus de ces changements, on assiste à un assouplissement des ligaments. Cet assouplissement est provoqué par la relaxatine. Cette dernière correspond à une hormone que secrète l’organisme féminin, durant la période de grossesse. C’est la fusion de ces deux facteurs qui occasionne la survenue des douleurs dans le bassin ainsi qu’au niveau de la région pelvienne. L’assouplissement des ligaments augmente la mobilité des articulations pelviennes. Cela entraîne un élargissement des os pubiens et par conséquent une pubalgie, particulièrement, à la marche.

Au fur et à mesure que le ventre grossit, on assiste à un déséquilibre du centre de gravité. Suite à ce déséquilibre, il vient prendre appui sur le bassin entraînant de ce fait une tension à l’origine des douleurs.

En outre, plusieurs hypothèses ont été formulées pour justifier l’origine du syndrome de lacomme. Selon l’une d’entre elles, une compression de la veine cave serait à l’origine des douleurs dans la région pelvienne. Cette veine a pour fonction principale la collecte de sang au niveau des membres inférieurs du corps.

Aussi, des carences vitaminiques et en minéraux pourraient être à l’origine du syndrome de lacomme. Par exemple, un déficit en potassium, en calcium ou en magnésium peut déclencher des douleurs pelviennes.

Diagnostic du syndrome de lacomme

Pour établir le diagnostic du syndrome de lacomme, le médecin débute par un interrogatoire de la patiente. Il a généralement rapport avec les symptômes de l’affection. Durant l’interrogatoire, la patiente énumère les différentes douleurs qu’elle ressent, tout en prenant le soin de les situer. Aussi, une attention particulière doit être portée sur l’intensité des douleurs, selon la position de la patiente (debout, couchée, assise ou à la marche).

Une fois l’interrogatoire achevé, il procède à un examen physique de la patiente. Il doit être effectué méthodiquement puis associé à des tests spécifiques. Ainsi, face à un cas de syndrome ostéo-musculo-articulaire abdomino-pelvien bénin, le médecin procède à un toucher vaginal. Il représente, en quelque sorte, l’examen de référence. Le toucher vaginal permet, en effet, de mettre en évidence les différentes zones douloureuses et d’écarter le risque d’accouchement prématuré. Grâce au toucher vaginal, on distingue, le plus souvent, une douleur intense :

  • Au niveau du releveur de l’anus ;
  • Au niveau de la surface des os rétro pubiens latéro-symphysaire ;
  • Au niveau de la zone postérieure de la surface quadrilatère de l’os iliaque.

Suite au toucher vaginal, le médecin devra effectuer différents tests cliniques spécifiques. En premier lieu, il peut réaliser un test de provocation de la douleur pelvienne dorsale. La réalisation de ce test exige que la patiente adopte une certaine posture (décubitus dorsal, le genou droit ou gauche fléchi). Dès qu’elle sera en bonne posture, le traitant devra exercer une pression sur le genou fléchi, tout en ayant sa seconde main au niveau du bassin controlatéral. En cas de douleurs profondes et habituelles, le test est jugé positif. En outre, le médecin peut aussi effectuer d’autres examens. Il s’agit du test de Trendelenburg modifié, le test de douleur du ligament sacro-iliaque postérieur, le test de Patrick Faber ou encore le test de fonctionnalité pelvienne.

En complément, il peut opter pour la réalisation d’un examen d’imagerie par résonance magnétique (IRM), sans injection. C’est d’ailleurs le seul examen d’imagerie qui est recommandé durant la grossesse, en raison du risque fœtal. L’IRM va permettre d’exclure certaines pathologies entraînant le même type de symptômes (spondylarthrite ankylosante par exemple). Au cours de cet examen, la patiente s’étend sur la table d’hospitalisation et reste immobile, pendant que le médecin prend des clichés. Toutefois, il ne doit pas être effectué durant le premier trimestre de grossesse.

Traitement du syndrome de lacomme

Le médecin dispose d’une panoplie d’options thérapeutiques pour soulager les douleurs liées au syndrome de lacomme. En effet, en première intention, il peut opter pour la prescription du paracétamol. Ce médicament ne présente aucun risque majeur pour la mère et son fœtus. Cependant, son effet antidouleur n’est pas proportionnel à l’intensité des douleurs engendrées par le mal. En d’autres termes, son taux d’efficacité est limité.

En parallèle, le médecin peut administrer des antiinflammatoires non stéroïdiens (AINS). Mais, ces produits ne peuvent être utilisés qu’au deuxième trimestre de la grossesse et sur une période de cinq jours au maximum.

En cas de douleurs au niveau de la symphyse pubienne, l’infiltration locale de corticoïdes peut être une alternative.

Si une carence en magnésium, ou en vitamine B1 ou B6 est à l’origine du syndrome de lacomme, alors des complémentations dans les différentes carences doivent être envisagées.

Quelques astuces pour traiter le syndrome de lacomme

À l’instar du traitement médical, il existe des thérapies naturelles efficaces et quelques conseils à appliquer pour limiter les douleurs liées au syndrome de lacomme. En effet, la première chose à faire en cas de syndrome ostéomusculoarticulaire abdominopelvien bénin est le repos. Étant donné que les douleurs sont plus vives à la marche et en position debout, s’allonger permettrait de les soulager. De plus, pour particulièrement atténuer les douleurs ligamentaires, les patientes ont la possibilité de s’allonger sur le côté, tout en ayant un coussin entre les jambes.

Les muscles du bassin ne doivent pas être trop sollicités. Autrement dit, tout ce qui peut nécessiter le concours de ces muscles est à éviter. Pour ce faire, les patientes doivent :

  • Éviter de se cambrer ;
  • Prioriser les sports doux tels que la natation ;
  • Éviter le port des talons ;
  • Privilégier le port d’une ceinture de grossesse.

La kinésithérapie peut être également utilisée pour apaiser les douleurs caractéristiques du syndrome de lacomme. Les personnes atteintes pourront ainsi bénéficier des séances de massage et de quelques exercices qu’elles pourront appliquer à domicile. L’acupuncture et l’ostéopathie sont aussi des alternatives.

Enfin, il est recommandé d’appliquer des sources de chaleur au niveau des zones douloureuses, car la chaleur atténue les douleurs musculaires. À titre illustratif, les femmes enceintes peuvent prendre un bain chaud.

Articles Liés

Bouton retour en haut de la page