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Débit de filtration glomérulaire : estimations selon les formules de Cockroft-Gault et MDRD

Les reins sont des organes internes dont le bon fonctionnement conditionne le bien-être de l’organisme sur plusieurs plans. Puisqu’ils ne sont pas visibles sur le corps humain, il peut être difficile d’avoir une idée précise de leur état de santé. Or, les maladies liées à la défaillance de ce régulateur sont souvent asymptomatiques. Dans ces conditions, le débit de filtration glomérulaire devient le meilleur indice pour apprécier la vie biologique au niveau des fonctions rénales. À cet effet, il existe diverses formules pour calculer ledit débit. Mais qu’en est-il de celles de Cockroft-Gault et de MDRD ?

Débit de filtration glomérulaire : de quoi s’agit-il ?

La définition du débit de filtration glomérulaire ne peut se faire sans une meilleure connaissance des reins.

Alors, qu’est-ce que le rein et quelle est sa mission dans l’organisme ?

De couleur rouge-brun et morphologiquement semblable à une graine de haricot, le rein est l’organe régulateur du corps humain. Il se situe de part et d’autre de la colonne vertébrale au-dessus des bassins. Son rôle principal est de filtrer le sang grâce aux millions de néphrons qui le constituent, pour en éliminer les déchets toxiques par les voies urinaires.

Au cours du processus, les minéraux ou les nutriments utiles à l’organisme sont redistribués dans l’organisme en vue d’assurer un certain équilibre. En outre, les reins sont chargés de la production de la rétine, l’érythropoïétine et du calcitriol, qui sont essentiellement des vitamines, des enzymes et des hormones.

Qu’est-ce que le débit de filtration glomérulaire ?

En abrégé DFG, le débit de filtration glomérulaire est la quantité de liquide que les reins d’une personne sont capables de filtrer par unité de temps. Les glomérules se situent dans les néphrons et sont les véritables filtres qui permettent aux reins de remplir leurs fonctions. Plusieurs facteurs peuvent influencer le résultat de débit de filtration glomérulaire. Il s’agit de l’âge, du type d’individu, de son genre, de son ethnie, etc. Toutefois, cette valeur s’exprime en ml/min/1,73m².

Le DFG permet d’avoir une réelle appréciation sur l’activité des reins et leur état.

Pourquoi calculer le débit de filtration glomérulaire ?

La principale raison pour laquelle s’intéresser au calcul du DFG est, l’anticipation ou la prévention d’une insuffisance rénale. Les reins sont des organes cachés et silencieux dont les glomérules nettoient le sang à longueur de journée.

Avec l’âge ou dans certaines circonstances, les filtres ‘’gloméruleuses’’ peuvent connaître des défaillances. L’équilibre de l’organisme sera progressivement déstabilisé, du fait de l’accumulation des déchets que les reins se trouvent incapables d’évacuer. Cette situation va entraîner une diminution du taux de filtration glomérulaire, ce qui se traduira par une insuffisance rénale.

Puisque l’insuffisance rénale et les autres maladies du rein sont pour la plupart asymptomatiques, on les découvre généralement trop tard. L’habitude du calcul du débit de filtration glomérulaire peut permettre de détecter une insuffisance rénale à ses débuts et de lui trouver des solutions. À noter qu’il est très rare de détecter les maladies liées aux reins, en faisant d’autres analyses sanguines. Sauf lorsque le mal est à un stade évolué.

À quel taux le DFG peut être qualifié de normal ?

Difficile de définir un taux normal de DFG en général lorsqu’on sait que l’âge, le sexe, l’état sérologique…, sont des indices qui peuvent induire des variations. Une personne en état de grossesse ne présentera pas les mêmes taux normaux qu’une personne qui ne l’est pas. Un Caucasien n’est pas susceptible d’avoir le même taux qu’un Africain noir et le taux normal de DFG d’un nourrisson serait différent de celui d’un enfant qui marche.

Cela dit, les spécialistes s’accordent sur le fait que le débit normal de filtration glomérulaire se situe dans l’ordre des 120 ml/min/1,73m². Il est rare que ce taux augmente fortement. C’est la baisse qui est généralement constatée dans le cas d’une insuffisance rénale, et qui détermine le stade de la maladie. Voici ce qu’on remarque le plus souvent :

  • 1er stade : DFG ≥ 90 ml/min/1,73m²(normal) ;
  • 2e stade : DFG entre 89 et 60 ml/min/1,73m² (insuffisance rénale faible) ;
  • 3e stade : DFG entre 59 et 30 ml/min/1,73m² (insuffisance rénale chronique modérée) ;
  • 4e stade : DFG entre 29 et 15 ml/min/1,73m² (insuffisance rénale grave) ;
  • 5e stade : DFG ≤ 15 ml/min/1,73m² (Phase terminale).

Par ailleurs, ces données sont relatives aux populations de l’Asie (Asie centrale, Asie du Nord et Asie du Sud), aux populations de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique du Nord, de l’Europe et du Moyen-Orient. Pour les autres régions du monde, il faudra multiplier ces chiffres par 1,15.

Comment calculer le DFG ?

Pour estimer le débit de la filtration glomérulaire, on a besoin d’une molécule du sang qui, en plus d’être bien connue, doit être parfaitement stable. Ainsi, on pourra en mesurer la concentration plasmatique pour déduire le niveau de filtration glomérulaire. Après plusieurs études, le choix s’est porté sur la créatinine. De quoi s’agit-il ?

Déchet présent dans tout organisme humain vivant, la créatinine provient de la dégradation de la créatine ; un acide aminé naturel principalement situé dans les fibres musculaires, mais également présent dans le cerveau. Sa sécrétion est proportionnelle à l’activité physique et au genre par la même occasion. En général, les hommes en sont plus pourvus que les personnes âgées et les femmes.

Mais, le dosage de la créatinine dans le sang dépend aussi de l’activité des reins. Pour déterminer le débit de la filtration glomérulaire, il faut calculer la clairance de la créatinine. Pour ce faire, une prise d’urine de 24 h est indispensable ainsi qu’un dosage sanguin de la même durée. On utilisera ensuite plusieurs formules en fonction du contexte, pour aboutir au résultat du DFG du patient. Par ailleurs, des données comme l’âge, l’ethnie, le poids, le sexe… influent dans l’équation.

Comment estimer le débit de filtration glomérulaire selon la formule de Cockroft-Gault ?

C’est à Cockroft Donald et à Gault Henry qu’on peut attribuer le mérite de la formule de Cockroft-Gault, qui permet d’avoir une appréciation sur l’état de fonctionnement des reins chez un patient. En effet, il s’agit d’une des premières méthodes de calcul. Elle permet d’estimer la clairance de la créatinine pour déterminer le taux de filtration glomérulaire. Elle se pose comme suit :

Soit CLCr la clairance de la créatinine et Cr la créatinine. On a :

Le poids représente la masse corporelle exprimée en kilogramme et l’âge est l’année d’existence du patient. K symbolise le coefficient. Il est variable selon le sexe. Pour un homme, il est égal à 1,23 et pour une femme, 1,04.

Par ailleurs, il est déconseillé d’utiliser la formule de Cockroft-Gault pour calculer la clairance de la créatinine chez les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées de plus de 65 ans et ceux qui souffrent déjà d’une insuffisance rénale chronique aiguë ou d’autres pathologies du genre. Les personnes obèses hors gabarit ou dénutries ne sont également pas concernées.

Débit de filtration glomérulaire : comment l’estimer grâce au MDRD ?

À cause des limites de la formule de Cockroft-Gault dans certains cas cliniques, la formule du MDRD a vu le jour dans les courants de l’année 2006. Encore connue sous le vocable de Modification of Diet in Renal Disease, elle permet d’avoir une réponse plus fiable en ce qui concerne le débit de filtration glomérulaire et cela à partir d’un taux de créatinine.

Soit 175, le dosage standard de la créatinine et Cr le dosage de la créatinine exprimée en mg/dl. On a

DFG = 175 x (Cr – 1,154) x (âge – 0,203) x 1,212 (afro-américain) ou x 0,742 (femme) = (résultat en ml/min/1,73m²).

Ici, la masse corporelle est indexée et on constate des facteurs de correction par rapport à l’ethnie ou le genre et l’absence du poids de l’équation. C’est d’ailleurs ce qui rend le calcul performant. Par ailleurs, la formule du MDRD peut s’appliquer à un patient dont l’âge varie entre 18 et 70, voire plus.

Quelles précautions prendre en cas d’insuffisance rénale ?

En cas d’insuffisance rénale détectée à la suite d’un débit de filtration glomérulaire, les solutions envisageables sont fonction du stade de la maladie. Lorsqu’il s’agit d’une insuffisance rénale grave ou en phase terminale, c’est la dialyse qui est généralement recommandée. Toutefois, les personnes à qui on a détecté une insuffisance rénale chronique faible ou modérée ont toutes les chances de voir leur fonction rénale reprendre d’aplomb si elles ne sont pas trop âgées.

Il faudra cependant revoir son hygiène de vie, en limitant la consommation du sel et en privilégiant une activité physique régulière, pour éliminer les toxines par les autres canaux outre que le rein. La prise de certains compléments ou médicaments peut-être un atout. Mais le rendez-vous à intervalle régulier chez le cardiologue, le diététicien ou les professionnels de soins alternatifs énergétiques, peut rallonger la vie du mieux possible.

Au total, les formules que sont la MDRD ou la Cockroft-Gault permettent d’avoir des données fiables sur le débit de filtration glomérulaire. Le but étant de prévenir ou de détecter le plus tôt possible une insuffisance rénale en vue de la traiter.

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