Santé

Les marqueurs de la polyarthrite rhumatoïde : présentation et liste

La polyarthrite rhumatoïde (PR) est une maladie inflammatoire chronique, peu fréquente, systémique et potentiellement invalidante, d’étiologie mal définie. Son diagnostic se base le plus souvent sur une anamnèse, des examens d’imagerie et des analyses diverses. Ces dernières peuvent révéler la présence de plusieurs marqueurs biologiques qui ont fait l’objet de recherches récentes. Que sont-ils ? Quels en sont les plus couramment utilisés et quelle est leur utilité dans le diagnostic de la PR ? Que révèlent ces biomarqueurs ?

Marqueurs de la PR : présentation

Les marqueurs de la PR sont des substances, molécules ou facteurs biologiques dont la quantité élevée peut indiquer une polyarthrite rhumatoïde. Pour établir un diagnostic plus précis afin de procéder à une meilleure prise en charge, ils sont recherchés lors des tests biologiques.

Les chercheurs ont pu étudier ces marqueurs à différents endroits. Par exemple, on peut les retrouver dans le sang, dans l’urine, dans le tissu synovial ou dans le liquide synovial. On parle alors de marqueurs solubles.

D’un autre côté, ces facteurs peuvent être de différentes natures, à savoir :

  • Auto-anticorps,
  • Marqueurs génétiques,
  • Marqueurs du remodelage osseux.

Ils sont également liés à différents résultats (marqueurs pronostiques et marqueurs diagnostiques).

Par ailleurs, il faut noter que ces anticorps ne sont pas spécifiques. Néanmoins, leur présence chez les patients qui présentent un tableau clinique caractéristique joue un rôle important. En effet, ils sont utiles aussi bien dans la phase diagnostique que celle pronostique. De plus, il a été démontré ceci. Des taux élevés de certains d’entre eux au cours des premiers stades de la PR semblent être associés à un risque accru de lésions articulaires graves.

À noter que ces anticorps peuvent aussi être présents chez des victimes atteintes d’autres maladies, mais aussi chez des personnes saines.

Marqueurs de la PR : liste

Les marqueurs les plus couramment recherchés dans le diagnostic de la polyarthrite sont :

  • Les facteurs rhumatoïdes (FR),
  • Les anticorps anti-peptides cycliques citrullinés (CCP),
  • Les AC antinucléaires (AAN), 
  • Les AC anti-périnucléaires (APN),
  • Les anticorps antikératine (AAK),
  • L’antigène d’histocompatibilité HLA-DR4.

Outre ces marqueurs, il peut être utile d’évaluer des indices d’inflammation comme la vitesse de sédimentation des érythrocytes (VS) et la protéine C réactive (CRP).

Les facteurs rhumatoïdes (FR)

Les facteurs rhumatoïdes (FR) sont des indicateurs de laboratoire, utiles pour déterminer la présence d’une inflammation ou d’une altération du système immunitaire. Ce sont aussi des auto-anticorps, c’est-à-dire une immunoglobuline capable de reconnaître et d’attaquer les tissus de l’organisme auquel elle appartient. Ceux-ci sont reconnus à tort comme étrangers.

Leur mesure est principalement utilisée, comme évoquée, pour le diagnostic de la polyarthrite rhumatoïde. Cependant, cela peut également servir à établir un diagnostic différentiel entre cette pathologie et d’autres affections caractérisées avec des symptômes similaires.

En outre, on a pu noter des concentrations élevées de FR chez des patients atteints d’autres maladies, essentiellement auto-immunes (syndrome de Sjögren). Cela inclut aussi les infections bactériennes, virales ou parasitaires chroniques.

Par ailleurs, on estime que les FR ne sont positifs que dans environ 70 % des cas de maladie manifeste. De plus, un lien a été établi entre leurs concentrations et la sévérité de la PR. Par exemple, grâce à quelques études, on a pu remarquer qu’au début de cette affection, seulement la moitié des patients sont positifs. On précise que cela dépend du dosage de la FR.

FR : synthèse

Les facteurs rhumatoïdes sont synthétisés par les plasmocytes du tissu synovial et des ganglions lymphatiques. Ce sont des anticorps qui appartiennent généralement à la classe des immunoglobulines IgM, dirigés contre les anticorps de la classe des immunoglobulines IgG. Ils forment ainsi un complexe immun avec leur antigène qui circule dans le sang, stimulant la libération de médiateurs inflammatoires des tissus. Cela déclenche également d’importantes réactions inflammatoires au niveau des articulations. Aussi, ces marqueurs ne peuvent pas être considérés comme la cause de la maladie articulaire. Toutefois, ils peuvent donc contribuer au maintien de l’inflammation synoviale.

FR : indications dans la PR

Le rôle biologique des facteurs rhumatoïdes n’est pas encore bien compris. Néanmoins, le test permet de détecter et de mesurer leur concentration dans le sang. Le professionnel peut ainsi l’exiger en cas de douleurs articulaires et de sensation de fatigue qu’il soupçonne d’être associées à la (PR).

Cependant, le résultat doit être évalué dans le cadre d’un tableau clinique complet. En réalité, on peut recommander ce test en conjonction avec d’autres tests liés à diverses maladies auto-immunes. Il s’agit essentiellement des tests d’auto-anticorps susmentionnés.

FR : valeurs de référence

Selon les laboratoires, et donc suivant les techniques employées, les valeurs de référence peuvent varier. Toutefois, en général, le seuil de positivité est de 20 UI/ml (unité internationale de mesure par ml) pour l’analyse qualitative.

FR : déroulement et interprétation des résultats

Avant de subir le test, le patient doit observer un jeûne pendant au moins 8 à 10 heures. Il devra aussi consommer une quantité modérée d’eau. De plus, il devra avoir été en position verticale durant au moins 30 minutes.

En général, le professionnel de santé prélève un échantillon de sang de la victime. L’examen peut être réalisé grâce à l’une des techniques suivantes :

  • Le test au latex,
  • Le test de Waaler Rose.
Le test au latex

Le test au latex utilise une réaction d’agglutination avec une suspension de particules de latex sensibilisées avec des IgG humaines. Si le sérum du patient contient des IgM facteur rhumatoïde, il se liera aux IgG provoquant l’agglutination des particules de latex.

Ce test permet à la fois la détermination qualitative (sans dilution de l’échantillon) et quantitative des facteurs rhumatoïdes. De plus, il est très sensible et devient très vite positif, mais il est moins spécifique.

Par exemple, sa sensibilité diagnostique, de 75 à 80 %, est fortement influencée par quelques paramètres (durée et phase clinique de la maladie). Il a une faible spécificité.

En cas d’agglutination, le résultat est positif. Dans ce cas, il est possible de procéder à un titrage quantitatif en guise d’approfondissement et de confirmation. Des valeurs élevées de facteurs rhumatoïdes sont présentes chez la plupart des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde. On précise qu’elles varient selon le seuil et le protocole utilisé par les différents laboratoires.

Par ailleurs, un test positif peut révéler les causes suivantes :

  • Polyarthrite rhumatoïde (80 %),
  • Syndrome de Sjögren (95 %),
  • Lupus érythémateux disséminé (50 %),
  • Sclérodermie (50 %).

En cas de pourcentage inférieur à 30 %, il indique des néoplasmes, des paraprotéinémies, dysglobulinémies, des infections bactériennes et virales aiguës ou chroniques. De même, des parasitoses, des sarcoïdoses, des fibroses pulmonaires, le diabète peuvent être mis en évidence.

Le test de Waaler Rose

Dans ce test, les microsphères de latex sont remplacées par des hématies (globules rouges) de mouton.

Elles sont ensuite mises en réaction avec un sérum de lapin immunisé contre elles. En particulier, dans le test de Waaler Rose, les hématies de mouton stabilisées et sensibilisées sont mises en contact avec un antisérum. Ce dernier contient des anticorps dirigés contre les hématies de mouton préparé chez le lapin (IgG de lapin anti-érythrocytes de mouton).

Ce système est mis en contact avec le sérum du patient qui possède des anticorps (le facteur rhumatoïde IgM). Ceux-ci sont dirigés contre les IgG similaires à ceux du lapin. Le produit de la réaction sera alors agglutiné proportionnellement à la quantité de facteurs rhumatoïdes présente.

Ce test est moins sensible, mais décidément plus spécifique que le test au latex. En effet, l’agglutination des globules rouges n’est considérée comme significative que pour des dilutions sériques.

Au microscope, les médecins examinent la présence ou l’absence d’agglutination visible immédiatement après avoir ajouté le réactif au sérum du patient. La présence d’agglutination de ces globules rouges supérieure à 8 UI/ml de sérum indique que le test est positif.

Ce dernier à son tour indique une polyarthrite rhumatoïde (supérieure à 60 %) et un syndrome de Sjögren (70 %). Dans des pourcentages inférieurs, il peut s’agir de fibrose pulmonaire, leishmaniose, tuberculose, lèpre, maladie du foie, etc.

Les anticorps anti-peptides cycliques citrullinés (CCP)

Les marqueurs de la polyarthrite rhumatoïde

Les anticorps anti-CCP, anticorps anti-peptides cycliques citrullinés sont des auto-anticorps produits par le système immunitaire contre les peptides cycliques citrullinés. La citrulline est un acide aminé, une substance produite dans des conditions normales par l’organisme lors du métabolisme de l’arginine.

Chez certaines personnes, la conversion de l’arginine en citrulline provoque la production de peptides cycliques citrullinés, des structures en forme d’anneau.

Les anticorps anti-CCP sont souvent détectables dans le sang des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Par conséquent, comme les FR, ils peuvent être utilisés en conjonction avec d’autres tests pour établir un diagnostic définitif.

Il faut préciser que les recherches ont montré que les anticorps anti-CCP ont une sensibilité et une spécificité égales ou supérieures à celles du facteur rhumatoïde. Ils sont aussi plus susceptibles d’être positifs dès les premiers stades de la maladie.

Selon l’American College of Rheumatology (ACR), les anticorps anti-CCP sont détectables chez environ 60 à 70 % des victimes de la PR atteintes aux stades précoces. Autrement dit, on peut détecter des concentrations élevées déjà 3 à 6 mois après le début des symptômes.

Anti-CCP : outil pronostique et diagnostique

La présence des anticorps anti-CCP est utile, aussi bien en phase de diagnostic que comme outil pronostique. C’est-à-dire qu’ils permettent de faire une prédiction sur l’évolution et la sévérité des symptômes dans le temps.

De fait, les patients positifs aux anti-CCP pourraient en effet connaître une évolution plus agressive de la maladie. Toutefois, si évidemment les facteurs en cause sont nombreux, ce ne sont donc que des statistiques. De plus, un diagnostic précoce permet d’émettre l’hypothèse d’une évolution nettement plus favorable.

Anti-CCP : déroulement du test

Aucune préparation spéciale n’est généralement requise pour cet examen. Le fournisseur de soins prélève un échantillon de sang dans une veine du bras.

Un test d’anticorps anti-CCP positif ne permet pas un diagnostic immédiat et automatique de la polyarthrite rhumatoïde. Certains patients présentant des symptômes, mais dont le test de dépistage des anti-CCP est négatif, peuvent encore avoir la maladie. Ils peuvent toute aussi la développer à l’avenir.

Précisément, des valeurs élevées d’anti-CCP peuvent indiquer la PR, l’Hépatite C, le lupus érythémateux disséminé ou le syndrome de Sjogren. On précise que cette liste n’est pas exhaustive. De petites variations par rapport aux intervalles de référence peuvent ne pas avoir de signification clinique.

Anti-CCP : facteurs susceptibles d’influer sur les résultats

Des résultats positifs pour les anticorps anti-peptides cycliques citrullinés peuvent survenir chez certains patients atteints de lupus érythémateux disséminé.

Les AC antinucléaires (AAN)

Les anticorps antinucléaires (AAN ou ANA) sont mis en évidence dans le sérum d’environ 50 % des personnes atteintes de PR. On réalise leur dosage sur un échantillon de sang. Cela permet d’identifier ces auto-anticorps qui ciblent les substances contenues dans les cellules. ANA est en réalité l’acronyme anglais d’Anti-Nuclear Antibodies. En français, on obtient anticorps antinucléaires.

Lors de l’analyse de l’échantillon sanguin du patient pour les anticorps ANA, on y ajoute du colorant fluorescent capable de se lier aux anticorps recherchés. Cela facilite leur observation au microscope à fluorescence.

L’échantillon est progressivement dilué avec une solution spécifique (généralement une solution saline). Autrement dit, on ajoute une quantité de 40 parties de réactif à une partie de l’échantillon. Après cela, il faudra évaluer si le colorant est encore visible.

Le professionnel procède à des dilutions ultérieures jusqu’à ce qu’une couleur puisse être observée. Le niveau de dilution maximal auquel l’échantillon est encore coloré représente le résultat du test et est défini comme le titre ANA. Ainsi, plus le titre est élevé, plus il y a d’anticorps ANA présents dans l’organisme.

Pour finir, un résultat positif ne garantit pas la présence de la PR et un résultat négatif ne l’exclut pas.

Les AC anti-périnucléaires (APN)

Les anticorps anti-périnucléaires sont un autre type de polyarthrite rhumatoïde qui a une forte composante inflammatoire. On les retrouve dans 75 à 80 % des cas de cette affection. Cependant, ils peuvent apparaître dans certaines affections inflammatoires et chez moins de 5 % de personnes saines. Il faut préciser que les recherches n’ont pas encore permis de rendre fiable leur dosage.

Les anticorps anti-kératine (AKA)

Les anticorps anti-kératine sont des auto-anticorps dirigés contre un filament de cytokératine, détectables par des techniques d’immunofluorescence. Ils ont toujours été considérés comme assez spécifiques de la polyarthrite rhumatoïde, mais se retrouvent chez environ 40 % des patients. On précise que c’est à la fois en présence et en l’absence de facteur rhumatoïde.

De plus, les patients positifs au test d’AKA ont souvent des concentrations élevées de complexes immunitaires circulants. Il semble aussi que la présence d’anticorps anti-kératine soit associée à des formes sévères de la PR.

L’antigène d’histocompatibilité HLA-DR4

L’antigène d’histocompatibilité HLA-DR4 est l’un des facteurs biologiques les plus importants dans le diagnostic et le pronostic de la PR. En effet, ce marqueur peut générer les anticorps.

La vitesse de sédimentation des érythrocytes (VS)

La vitesse de sédimentation des érythrocytes est un indice de laboratoire qui permet d’évaluer de manière générale le degré d’inflammation présent dans l’organisme. On mesure le résultat en examinant la vitesse à laquelle les globules rouges se déposent au fond d’un échantillon de sang.

On place ce dernier à l’intérieur d’un tube à essai. Les hématies dans des conditions normales se déposent lentement. En revanche, en présence d’un processus inflammatoire, elles tendent à se déposer plus rapidement.

L’évaluation de la VS prise individuellement a peu de valeur diagnostique. C’est la raison pour laquelle elle est généralement associée à d’autres tests de dosage de marqueurs afin d’identifier la cause.

La protéine C réactive (CRP)

La protéine C-réactive (CRP) est un protide présent dans le sang. Sa concentration peut augmenter en cas d’inflammation et elle est produite par le foie. De plus, elle fait partie des protéines dites de phase aiguë, c’est-à-dire synthétisée lors du processus inflammatoire.

Sa fonction physiologique réside dans sa capacité à lier les cellules mortes ou mourantes, ainsi que diverses espèces bactériennes.

Les concentrations de CRP commencent habituellement à monter avant l’apparition des symptômes de l’inflammation. La principale limitation de l’examen est représentée par le fait qu’il n’est pas possible d’obtenir des informations sur l’origine de l’inflammation ou sur sa localisation.

La CRP est un marqueur plus ou moins spécifique dont le dosage doit être fait en conjonction avec celui des autres facteurs biologiques.

 

Articles Liés

Bouton retour en haut de la page