Santé

Kératose actinique : étiologie, sémiologie, diagnostic, traitement

La kératose actinique est une dermatopathie sévère et évolutive qui affecte fréquemment les adultes à partir de 40 ans. En France, elle concerne 18 % des femmes et 4 % des hommes d’âge supérieur à 70 ans. Redoutée pour ses complications, elle constitue la principale cause des carcinomes épidermoïdes qui peuvent être mortels.

En milieu clinique, sa prise en charge est à la fois étiologique et symptomatologique. Elle repose sur différents moyens thérapeutiques, notamment une médication, une photothérapie et une cryothérapie. En général, elle permet de détruire les lésions kératosiques et de limiter les complications.

Kératose actinique : présentation

La kératose actinique est une affection cutanée qui évolue sur plusieurs années. On l’appelle également « kératose solaire » ou « kératose sénile ». Elle résulte d’une exposition prononcée aux rayons solaires. Elle entraîne la formation de lésions squameuses sur la peau qui subit d’importantes modifications structurelles.

Certes, la kératose actinique est une dermatopathie bénigne. Cependant, du fait de ses complications, on recommande de ne pas la banaliser. De plus, elle figure parmi les maladies de peau les plus récidivantes. Non traitée, elle prend davantage de l’ampleur et provoque au bout d’un certain temps des lésions plus profondes.

Kératose actinique : étiologies

Les rayons ultraviolets (UV) du soleil constituent la principale étiologie des kératoses actiniques. En effet, en réponse à une exposition régulière et intensive de la peau au soleil, certaines cellules cutanées sont altérées. Elles font l’objet de plusieurs modifications génétiques et fonctionnent anormalement dès qu’elles s’activent. Il s’en suit alors un épaississement localisé de l’épiderme qui peut évoluer vers une kératose actinique.

En général, chez les enfants et les adolescents, l’organisme arrive à moduler l’activité des cellules quand elles s’activent. C’est d’ailleurs à cela qu’on associe les faibles prévalences de kératose observées dans les couches juvéniles.

Outre l’exposition aux rayons solaires, on relie également la kératose actinique à plusieurs autres facteurs. Ils ne constituent pas des étiologies directes de la maladie. Cependant, ils ne sont pas à banaliser, car ils augmentent le risque de faire la maladie. En cas d’exposition au soleil, les personnes présentant ces facteurs sont plus susceptibles de faire la maladie que les autres. Voir plus d’informations à leur propos dans la prochaine rubrique.

Kératose actinique : facteurs de risque

Les principaux facteurs de risque de la kératose actinique regroupent :

  • Le phototype clair ;
  • Une immunosuppression ;
  • Une exposition aux rayons UV artificiels ;
  • Une hypersensibilité au soleil ;
  • Une fréquentation importante d’endroits chauds.

Une corrélation s’établit de plus en plus entre la kératose actinique et le sexe. En effet, les hommes seraient plus à risque de faire la maladie que les femmes. Et pour cause, ils auraient tendance à rester longtemps à l’extérieur à s’exposer au soleil un peu plus que la gent féminine. À l’opposé des autres facteurs de risque énumérés, le sexe est un facteur parfois controversé en raison de sa subjectivité.

Phototype clair

Le phototype clair se caractérise par plusieurs éléments. Par exemple :

  • une carnation claire ;
  • les cheveux blonds ;
  • les cheveux roux ;
  • les yeux bleus ;
  • la prédominance de taches de rousseur.

Il constitue d’après plusieurs études concordantes un facteur majeur de risque de la kératose actinique. En effet, les personnes présentant l’une ou l’autre des caractéristiques du phototype clair ne bronzent pas facilement. Elles développent une sensibilité importante au soleil du fait des prédispositions génétiques conférées par le phototype clair. Par conséquent, quand elles s’exposent aux rayons ultraviolets du soleil, elles sont plus enclines à contracter plusieurs dermatopathies, y compris la kératose actinique.

Immunosuppression

Le système immunitaire se trouve au cœur des mécanismes de défense de l’organisme. Dans certaines circonstances (chimiothérapie, SIDA), il peut arriver qu’il perde entièrement ses capacités. Il se retrouve alors dans l’incapacité de moduler les mécanismes défenses dans l’organisme : on parle d’une immunosuppression.

L’immunosuppression est d’après plusieurs chercheurs un facteur de risque prépondérant de la kératose actinique. En effet, la suppression de l’immunité rend impossibles la détection et l’élimination des cellules cutanées altérées. Elles se multiplient alors plus facilement exposant le malade à un risque accru de kératose actinique. Pour cette raison, dans les couches de personnes ayant le sida, il est courant de voir des cas de kératoses. Il en est de même pour les populations de personnes soumises à une chimiothérapie.

Exposition aux rayons ultraviolets artificiels

À des fins de bronzage, les rayons ultraviolets artificiels peuvent être mis au contact de la peau. La pratique est très efficace pour bronzer et offre des résultats rapides. Cependant, elle n’est pas exempte de risques. En effet, les rayons ultraviolets artificiels possèdent les mêmes propriétés que les rayons ultraviolets du soleil. Par conséquent, ils peuvent également induire la kératose actinique ou toute autre pathologie imputée à une exposition chronique au soleil.

Hypersensibilité au soleil

L’hypersensibilité au soleil communément appelée « allergie au soleil » est un trouble fréquent. Elle traduit une réaction anormale de la peau aux rayons solaires et peut causer d’importantes brûlures cutanées. Dans l’ordre normal des choses, les symptômes cliniques d’une réaction d’hypersensibilité au soleil doivent régresser spontanément. Toutefois, il arrive que dans certains cas, ils persistent et évoluent vers des dermatopathies plus graves comme la kératose actinique. Pour cela, on dénombre beaucoup plus de cas de kératoses dans les populations de personnes sensibles aux rayons solaires.

Fréquentation importante d’endroits chauds

Les endroits chauds ont démontré au terme d’une série d’études une augmentation importante du risque de kératose actinique. Cela n’est pas surprenant, car les personnes qui fréquentent couramment ces lieux sont théoriquement les plus exposées au soleil. Ils sont alors plus enclins que les autres à contracter une kératose actinique.

Kératose actinique : sémiologie

Kératose actinique

Les plaques squameuses constituent le principal signe clinique de la kératose actinique. Elles sont reconnaissables par des caractéristiques spécifiques. Pour commencer, elles présentent un diamètre compris entre 3 et 10 mm. Elles se distinguent, ensuite, par leur teinte qui est habituellement brun ou rougeâtre. Enfin, elles sont pour la plupart légèrement surélevées ou plates.

La peau autour des plaques squameuses résultant des lésions de kératose présente plusieurs modifications. Il y a entre autres :

  • les taches ;
  • les Rougeurs ;
  • les démangeaisons ;
  • les brûlures cutanées.

Parfois, le patient perçoit une sensation importante de rugosité et de durcissement de la couche superficielle de la peau.

Kératose actinique : parties cibles

Les plaques squameuses liées aux lésions de kératose actinique peuvent affecter toutes les parties du corps. Cependant, elles ciblent principalement les parties du corps les plus exposées au soleil. Ainsi, elles se forment le plus souvent sur :

  • Le visage et spécialement le front et le nez ;
  • Le dos de la main ;
  • La partie avant du bras ;
  • Les oreilles ;
  • Les jambes.

Chez les personnes atteintes d’une calvitie sévère, elles se forment également sur le cuir chevelu.

Kératose actinique : diagnostic

L’examen clinique suffit généralement pour poser le diagnostic de la kératose actinique. Il repose sur une simple observation des lésions par un professionnel de la santé. Parfois, il est possible de coupler l’examen clinique à une dermatoscopie.

La dermatoscopie intervient principalement dans la confirmation du diagnostic. Elle permet par les différents aspects observés au microscope de classer la kératose selon son degré de sévérité. En général, quand elle montre un aspect « en fraise » cela suggère que les kératoses actiniques sont peu sévères. Par contre, lorsqu’elle montre un aspect en forme de « starbust », cela suggère un risque important de carcinome épidermoïde.

Kératose actinique : complications

La kératose actinique peut entraîner de nombreuses complications. La plus redoutée, cependant, reste le cancer de la peau. En effet, les lésions kératosiques constituent un procancérogene majeur. Lorsqu’elles s’étendent aux couches profondes de la peau (le derme par exemple), elles entraînent un épithélioma malpighien spinocellulaire ou un carcinome épidermoïde. Il s’agit, dans les deux cas, d’une forme sévère de cancer de la peau.

Au début, le cancer est non diffus et siège uniquement sur les peaux lésées. En l’absence d’un traitement, cependant, les cellules cancérigènes se propagent et affectent d’autres régions cutanées. La maladie devient alors un peu plus difficile à contrôler. Environ 15 % des cas de kératoses actiniques sont susceptibles d’entraîner un cancer de la peau.

Kératose actinique : traitement

Kératose actinique

Les plaques squameuses de la kératose actinique peuvent régresser spontanément. Cependant, pour prévenir les complications de la maladie, on recommande de les traiter. Les traitements utilisés en milieu clinique permettent de détruire les lésions de kératose actinique et reposent principalement sur :

  • Une cryothérapie ;
  • Une médication topique ;
  • Une photothérapie.

Certaines fois, le traitement de la kératose actinique se fait au moyen d’un curetage, d’un pelage chimique ou au laser.

Cryothérapie

La cryothérapie aussi appelée traitement par le froid constitue le traitement de première intention de la kératose actinique. Elle repose sur un mécanisme simple qui consiste en la projection d’azote liquide sur les parties du corps à traiter. Elle provoque la destruction locale des plaques squameuses et entraîne une régression des autres signes cliniques de la maladie. Pour le traitement de la kératose actinique, la cryothérapie a démontré un taux de rémission de plus de 70 %.

De même, elle a l’avantage d’être quasi indolore. Elle n’entraîne qu’un léger pincement et peut, de ce fait, se réaliser sur un patient non anesthésié. En général, la projection d’azote se fait suivant un cycle de 20 secondes et une séance suffit pour induire la kératolyse. En effet, immédiatement après que le patient a reçu l’azote liquide sa peau subit une congélation. Elle va rougir par la suite et se nécroser pour former une croûte. Cette dernière tombe quelques jours après le traitement et les lésions kératosiques disparaissent totalement.

Médication

La médication constitue le traitement de deuxième intention de la kératose actinique. Usuellement, elle consiste en l’application locale de médicaments sous forme de crèmes ou de gels sur les parties à traiter. Les substances actives des principales crèmes et gels utilisées sont :

  • l’imiquimod ;
  • le 5 fluorouracile ;
  • le diclofénac.

Pour en savoir plus sur ces substances actives consulter les rubriques ci-après.

Imiquimod

Les produits thérapeutiques topiques à base d’Imiquimod sont les plus utilisés pour la médication dirigée contre la kératose actinique. Ils produisent une réaction immunitaire capable d’entraîner la destruction locale des lésions kératosiques. On leur associe un taux de rémission de plus de 60 % et ils sont efficaces même sur les lésions sévères.

Dans le traitement de la kératose actinique, la médication à base d’Imiquimod s’étend ordinairement sur un mois. La crème ou le gel est appliqué en moyenne trois fois par semaine sur la lésion. Il est important de respecter la posologie usuelle de l’Imiquimod pour éviter ses potentiels effets secondaires. En effet, l’utilisation d’Imiquimod s’accompagne souvent de manifestations locales telles les lésions eczématiformes, les érythèmes et les démangeaisons. Dans quelques cas rares, elle peut entraîner une hypopigmentation. La peau prend alors une carnation blanche comme on l’observe dans le cadre des maladies comme le vitiligo.

5 fluorouracile

Le 5 fluorouracile agit approximativement de la même manière que l’Imiquimod. Il a démontré beaucoup d’effets positifs et permet d’atténuer les lésions kératosiques en seulement quelques jours de médication. D’ordinaire, il s’emploie sur une période d’un mois à raison d’une application quotidienne. À l’instar de l’Imiquimod, le 5 fluorouracile peut entraîner de nombreuses manifestations cutanées.

Diclofénac

Le diclofénac est le principe actif des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Il permet de traiter un certain nombre de maladies inflammatoires, mais aussi la kératose actinique. Il a l’avantage d’être beaucoup plus toléré que le 5 fluorouracile et l’Imiquimod. Néanmoins, il n’est pas trop efficace.

Pour cela, on la recommande en dernier recours lorsque les autres formes de médications ont été inefficaces. La posologie usuelle du diclofénac varie suivant différents paramètres cliniques. Le médecin traitant se chargera généralement de la définir.

Photothérapie

La photothérapie repose sur l’application de la lumière sur les lésions kératosiques. Dans le traitement de la kératose actinique, on l’utilise lorsque les plaques squameuses de kératoses sont multiples. La photothérapie commence généralement par l’apposition d’une crème sur les parties à traiter. Elle se poursuit par une irradiation et les longueurs d’onde choisies dépendent de la profondeur des lésions. Au terme de l’irradiation cutanée se produit une réaction. C’est elle qui va provoquer la lyse complète des lésions de kératose actinique.

Certes, la photothérapie est efficace. Néanmoins, comparativement aux autres moyens thérapeutiques, elle est très douloureuse. De plus, elle est réalisée rarement sous anesthésie. Cependant, des solutions existent pour limiter un tant soit peu la douleur. On peut par exemple utiliser la lumière du jour à défaut d’une lumière artificielle. Dans ce cas, l’intensité de la douleur est réduite et le traitement reste tout aussi efficace.

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