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Pyélonéphrite et grossesse : causes, symptômes, traitement

Parmi les infections urinaires les plus fréquentes chez la femme enceinte figure la Pyélonéphrite. Il s’agit d’une forme grave d’infection, pouvant être à l’origine d’une naissance prématurée du bébé en cas de grossesse.

Il est remarqué que jusqu’à 80 ou 90 % de femmes enceintes souffrent de la pyélonéphrite pendant leur grossesse. Cette situation est donc critique et il est important pour chaque femme de prendre les dispositions idoines pour éviter cette maladie redoutable.

Pour cela, que faut-il savoir de la pyélonéphrite ? Quelles sont ses causes et comment se manifeste-t-elle ? Quelles sont ses conséquences ? Comment venir à bout de la pyélonéphrite et surtout comment la prévenir pendant la grossesse ?

Pyélonéphrite et grossesse : définition, causes et facteurs de risques

L’urine qui provient de la filtration du sang est normalement stérile. Cependant, lorsque l’urine est infectée par un quelconque germe, on parle d’infection urinaire. Dans le cas d’une pyélonéphrite, il s’agit d’une atteinte du rein par des bactéries.

Il faut savoir que la pyélonéphrite est une infection urinaire qui peut survenir chez tout individu. Cependant, les femmes enceintes sont une population fragile face aux pathologies infectieuses, car la grossesse les y prédispose. Toutefois, d’autres facteurs peuvent aussi causer chez elles la pyélonéphrite et les bons gestes peuvent les aider à éviter la maladie.

La Pyélonéphrite : qu’est-ce que c’est ?

La pyélonéphrite est définie comme l’infection bactérienne du rein. Il s’agit en effet d’une infection par des bactéries qui affectent les voies urinaires supérieures, donc le rein. En effet, selon l’anatomie humaine, de la femme précisément, les deux reins sont situés plus haut, sous le diaphragme.

Leur rôle est de filtrer le sang, soit 180 litres par jour pour donner de l’urine qui doit passer dans le bassinet ou pyélon, une partie spécifique du rein. Ensuite, l’urine doit passer par la vessie et l’uretère pour être évacuée à l’extérieur.

Cependant, lorsque l’urine ne circule pas normalement, notamment au niveau de l’uretère et de la vessie, des germes s’installent dans l’urine et déclenchent une première infection au niveau de la vessie. Lorsque ces germes ne sont pas complètement éradiqués, l’infection remonte jusque dans les reins. Précisément, c’est le pyélon du rein qui est infecté, d’où le terme pyélonéphrite.

La pyélonéphrite se présente sous plusieurs formes. On note essentiellement :

  • La pyélonéphrite aigüe, lorsqu’une infection touche un des deux reins ;
  • Pyélonéphrite obstructive, lorsque l’un ou les deux reins sont obstrués ;
  • Et la Pyélonéphrite chronique quant à elle concerne des infections urinaires récidivantes qui touchent les deux reins.

Lorsque la pyélonéphrite n’est pas immédiatement traitée, elle peut atteindre d’autres organes.Chez la femme enceinte, le traitement est crucial, car la vie du bébé et la santé de la mère sont menacées

. La Pyélonéphrite représente donc une urgence médicale qui doit être prise en charge au plus vite.

Les causes

Les causes de la pyélonéphrite pendant la grossesse sont diverses. Les causes sont entre autres les suivants :

  • La remontée de bactéries de la vessie vers les reins qui peut survenir à la suite d’une cystite qui n’a pas été bien traitée. C’est le cas par exemple de la bactérie Escherichia coli causant la cystite qui peut suivre l’uretère jusqu’aux reins. La cystite étant une infection urinaire ;
  • Obstruction des voies urinaires qui favorise la stagnation de l’urine ;
  • Prédisposition de l’anatomie des femmes favorise la pyélonéphrite. En effet, la petite longueur de l’uretère favorise grandement l’introduction des germes pathogènes dans la vessie.
  • Une malformation de l’appareil urinaire peut également constituer une cause de l’apparition de la pyélonéphrite chez la femme enceinte.

Les facteurs de risques de la pyélonéphrite chez une femme enceinte

Les facteurs de risques sont liés à la période de grossesse pendant laquelle le diamètre de la vessie connait des modifications. Cela entraine donc un ralentissement des fonctions urinaires.

Aussi, les spécificités anatomiques et physiologiques pendant la grossesse favorisent davantage le risque qu’une pyélonéphrite se développe. Les femmes enceintes sont donc amenées à être préventives face à cette pathologie.

Par ailleurs, des rapports sexuels non protégés constituent aussi un facteur de risque pour que des germes anormaux prolifèrent dans l’urine. La constipation prolongée peut également favoriser le passage de germes dans les canaux urinaires. La constipation étant un malaise souvent vécu pendant la grossesse.

En outre, les femmes qui font des infections urinaires répétées ou encore les femmes atteintes de drépanocytose sont sujettes à la pyélonéphrite. Les femmes qui présentent un diabète antérieur à la grossesse ou un diabète gestationnel peuvent facilement contracter la pyélonéphrite.

Le diabète est un facteur qui encourage la prolifération du sucre présent dans l’urine, ce qui favorise ainsi le développement des germes.

Symptômes et complications de la pyélonéphrite pendant la grossesse

Les symptômes en cas de pyélonéphrite sont les mêmes chez une femme enceinte que chez tout autre individu. Les signes avant-coureurs de la maladie sont ceux généralement observés en cas d’infection urinaire. Toutefois, il existe des symptômes spécifiques à la pyélonéphrite.

Surtout, la pyélonéphrite est une forme grave d’infection urinaire. En cas de grossesse, la pyélonéphrite peut engendrer des conséquences très néfastes. Les répercussions sont observées à la fois chez la mère et chez le bébé.

Les symptômes de la pyélonéphrite pendant la grossesse

La pyélonéphrite étant une résultante de la cystite mal ou non traitée, elle présente au départ les mêmes symptômes que celle-ci. Les symptômes primaires qui pourraient aboutir à une pyélonéphrite sont ceux qui suivent :

  • La sensation de brulure, de pincement ou de douleur lorsqu’on urine ;
  • Envie régulière d’uriner qui dépasse le plus souvent la normale ;
  • Une sensation de pesanteur au niveau du bas du ventre qui peut s’étendre à des douleurs persistantes à la même partie ;
  • L’urine trouble ou brouillée avec une odeur nauséabonde ;
  • Parfois, des traces de sang dans l’urine qui se manifeste par une coloration orangée.

Quand bien même ces symptômes seraient désagréables, ils sont sans réels dangers. Une prise en charge immédiate pourrait éviter qu’ils aboutissent à une pyélonéphrite. Surtout, il serait plus facile qu’une cystite débouche sur une pyélonéphrite, car les symptômes sont très proches des sensations pendant la grossesse.

Par exemple, la pesanteur au niveau du bas ventre ou la fréquence de l’envie d’uriner. Il est donc primordial de faire très attention à ces symptômes et de contacter un médecin en cas de suspicion.

Cependant, les symptômes deviennent plus graves et ne doivent pas être pris à la légère en cas de pyélonéphrite. En cas de pyélonéphrite, il est remarqué chez la femme souffrante des douleurs très intenses au niveau du bas du dos, notamment les reins.

Ces douleurs s’affichent aussi au niveau de l’abdomen et de l’organe sexuel. La fièvre à plus de 40 degrés, des frissons, des vomissements et la diarrhée sont aussi des signes qui s’ajoutent. Ces symptômes sont bien plus inquiétants, car cela témoigne de la présence d’une inflammation au niveau des reins.

Complications de la pyélonéphrite pendant la grossesse

D’autant plus que la pyélonéphrite est une forme grave d’infection urinaire, les conséquences qu’elle engendre sont tout aussi néfastes. D’abord, la cystite étant difficile à diagnostiquer chez la femme enceinte peut virer en quelques jours vers une inflammation des reins. Cette inflammation cause une forte intensité de fièvre qui amène à une hospitalisation d’urgence :

  • On parle d’hospitalisation d’urgence, car la patiente doit être mise sous surveillance en raison de la fièvre et des douleurs intenses persistantes et du risque de propagation des germes pathogènes dans les autres organes. En effet, lorsqu’il y a inflammation, le sang draine plus facilement les microbes dans tout l’organisme. Ce phénomène est appelé septicémie et peut être mortel pour la mère et l’enfant ;
  • En outre, la pyélonéphrite peut être à l’origine des contractions. On parle alors d’un risque d’accouchement prématuré. Dans ce cas, le bébé nait avec un très faible poids, ce qui le rend vulnérable pour une croissance hors utérus. Parfois, dans des cas très graves, il y a un risque de mort in utero ;
  • Par ailleurs, l’enfant à naitre peut hériter des germes pathogènes dans l’utérus ou à l’accouchement, ce qui lui sera nuisible.

Il y a aussi le risque pour la mère qu’un abcès rénal ou autour des reins s’installe. Il s’agit là d’une pyélonéphrite obstructive qui peut conduire vers une pyélonéphrite chronique. Ces deux cas sont à éviter. Ce sont les formes les plus graves de pyélonéphrite.

Diagnostic et bilan et traitement de la Pyélonéphrite pendant la grossesse

Pyélonéphrite et grossesse

Seul le diagnostic peut confirmer l’état de santé d’une femme atteinte de la pyélonéphrite. Pour ce faire, il est recommandé de se tourner vers un professionnel qui sera en mesure de faire les analyses et bilans médicaux nécessaires.

Par ailleurs, le traitement de la pyélonéphrite se fait le plus souvent par une ingestion d’antibiotiques. Selon la gravité de l’infection, le médecin peut proposer un mode de traitement.

Le diagnostic et le bilan de la pyélonéphrite

Une pyélonéphrite peut s’identifier au travers des signes cliniques objectivement reconnus. Cependant, une analyse d’urine et de sang, ainsi que des échographies permettent de faire un diagnostic avéré et exact.

Cas d’une pyélonéphrite aigüe

Dans le cas d’une pyélonéphrite aigüe, le médecin procède au test urinaire à partir d’une bandelette afin de détecter les leucocytes et la présence de nitrites. Lorsque le test est positif, il réalise automatiquement un examen cytobactériologique des urines (ECBU). L’ECBU va montrer les germes et leucocytes présents dans l’urine. Il permet essentiellement d’identifier la bactérie en cause et les antibiotiques auxquels elle est sensible.

Cas d’une pyélonéphrite grave

Dans le cas d’une pyélonéphrite grave, un bilan sanguin est réalisé. Ce bilan concerne le NFS qui met en évidence l’augmentation des globules blancs (leucocytes) en rapport avec l’infection. Le dosage de la créatinine est également mesuré afin d’étudier le fonctionnement des reins. Il est également fait une recherche de marqueurs de l’inflammation et la recherche des hémocultures pour vérifier la présence de signe de gravité.

Par ailleurs, une échographie abdomino-pelvienne et un uroscanner peuvent être réalisés. L’abdomino-pelvienne permet de faire visualiser les reins, les voies urinaires et la vessie dans les 24 h en cas de pyélonéphrite aigüe très douloureuse, de persistance des symptômes après ingestion d’antibiotiques pendant trois jours, ou de récidive de pyélonéphrite aigüe.

Cet examen permet de mettre en évidence la dilatation anormale des voies urinaires, la présence d’un calcul (lithiase) ou une complication, tel un abcès rénal.

L’uroscanner intervient dans trois cas :

  • Lorsqu’il existe un doute sur la présence d’un obstacle ;
  • Quand il y a une absence d’amélioration malgré les traitements appliqués ;
  • Ou lorsqu’il y a un risque de complication.

L’uroscaner consiste en effet à faire un scanner de la vessie et des reins en associant une injection d’iode, dénommé uroscanner. Cet examen permet de déterminer précisément les atteintes au niveau du rein et détecter subtilement les obstacles éventuels. En cas d’obstruction des voies urinaires hautes, l’avis d’un urologue est indispensable ainsi qu’une discussion de mise en place d’une sonde double J.

En dépit de tous ces examens, le test urinaire par le biais de bandelettes est une obligation pour toute femme enceinte. À chaque consultation prénatale, les médecins procèdent au test urinaire par bandelette en vue de prévenir la survenue d’une infection urinaire durant toute la grossesse.

Traitement de la pyélonéphrite pendant la grossesse

En cas de pyélonéphrite, le traitement par antibiotiques est la solution de référence

. Elle précède même au test urinaire, l’ECBU et tous les autres examens biologiques et l’imagerie médicale. L’antibiothérapie permet de faire une prise en charge urgente de la pyélonéphrite. Des antibiotiques à ingérer sont prescrits au premier plan.

Les médicaments prescrits sont le plus souvent :

  • Céfotaxime (claforan) 3x1g, qui peut être poursuivi jusqu’à 48 heures d’apyrexie associée à un contrôle d’uroculture (test d’urine) à 48 h ;
  • Oroken200 qui peut servir de relais avec la prise d’un comprimé matin et soir pendant 14 jours avec un contrôle d’uroculture 48 heures après l’arrêt du médicament ;
  • Clamoxyl3X2 g/j qui peut être associé au céfotaxime (Claforan) 3x1g pour éliminer une listeria lorsque sa présence est soupçonnée.

Par ailleurs, lorsque l’état clinique de la patiente ne s’améliore pas dans les 48 heures qui suivent, le médecin procède en fonction de l’antibiogramme à une antibiothérapie sous forme de perfusion à étaler sur 5 jours. C’est le cas de l’aminoglycoside de type Nétromycine 4-6 mg/kg à injecter toutes les 24 heures, sans bien évidemment dépasser 5 jours.

Aussi, la réhydratation peut être complétée aux traitements par antibiotiques. La réhydratation est d’ailleurs recommandée même si la patiente n’est pas à jeun. Le médecin infuse 2 litres de Compensal 5 % que la patiente devra boire beaucoup, et ce, chaque jour.

En cas d’apparition des signes de choc septique tels que la tachycardie, la polypnée, la tension artérielle pincée, une surveillance de la diurèse (processus par lequel l’individu élimine son urine) s’impose. Cette situation impose aussi un remplissage par soluté de Ringer et un éventuel transfert en réanimation.

La prévention de la pyélonéphrite chez une femme enceinte

Au regard des conséquences de la pyélonéphrite, il est souhaitable qu’une femme enceinte prenne ses précautions en ce qui concerne la prévention de la maladie. Il ne s’agit pas de se faire traiter au préalable pour éviter la pyélonéphrite.

La femme étant sensible et prédisposée à la pyélonéphrite, il lui faut surtout avoir de simples gestes quotidiens pour écarter le risque d’une infection urinaire.

Les gestes à adopter pour prévenir la pyélonéphrite pendant la grossesse

Les comportements à adopter pour prévenir une pyélonéphrite sont divers. Ils résultent des habitudes du quotidien qui sont améliorées dans un contexte d’évacuation de plus de toxine possible et d’aération des voies urinaires. Ces gestes aident à éviter les infections urinaires bénignes, mais peuvent prévenir la pyélonéphrite en cas de grossesse.

Les gestes à adopter sont entre autres :

  • Boire suffisamment d’eau, à raison de 1,5 L au minimum par jour ;
  • Uriner dès que le besoin se fait ressentir pour pouvoir éliminer les germes pathogènes ;
  • Uriner au moins 5 fois par jour :
  • S’essuyer de l’avant vers l’arrière après voir fait une miction ;
  • Éviter les toilettes publiques ;
  • Porter des sous-vêtements fabriqués en coton, les entretenir soigneusement et les renouveler fréquemment (tous les 3 mois) ;
  • Uriner immédiatement après chaque rapport sexuel ;
  • Limiter le plus possible l’usage de spermicides ou de diaphragme ;
  • Laver régulièrement les parties intimes en évitant l’utilisation des décapages, qui eux sont destructeurs de la flore vaginale. Si l’utilisation du savon est nécessaire, il faut opter pour des savons très doux ;
  • Limiter la consommation du café, du thé, des cressons, des asperges et des aliments épicés. Ceux-ci peuvent irriter la vessie.

En dehors des gestes hygiéniques, la femme enceinte peut procéder à une autosurveillance par bandelettes urinaires réactives. Elle peut le faire facilement régulièrement ou lorsqu’elle soupçonne des symptômes d’une infection urinaire, notamment la cystite. Le test est positif lorsqu’il est remarqué une présence de globules blancs ou de nitrites.

Si le résultat obtenu est douteux par deux fois, il est recommandé de faire appel à un médecin. Surtout, aucune automédication ne devrait être employée, au risque de générer des complications.

Conclusion

Les reins sont des organes vitaux. Il urge alors de se rendre au plus vite à l’hôpital pour des examens appropriés dès lors que vous ressentez des symptômes de la pyélonéphrite. Aussi, un traitement immédiat s’impose pour que la mère ne puisse transmettre l’infection au bébé par le placenta.

De même, après un rétablissement de la pyélonéphrite, il est recommandé à la femme tous ces gestes en plus du suivi régulier par un néphrologue. En effet, lorsqu’une femme a un antécédent lié à la pyélonéphrite, il y a le risque qu’elle soit infectée de nouveau.

Se faire suivre par un spécialiste est un moyen plus sûr d’observer de près le fonctionnement de l’ensemble du mécanisme urinaire et de réagir au plus tôt lorsqu’une éventuelle infection comme la pyélonéphrite se profile.

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