Santé

HbA1c : diagnostic et suivi du diabète de type 2

L’hémoglobine est une molécule présente dans les globules rouges. Elle a pour fonction d’assurer le transport de l’oxygène vers les différentes cellules du corps humain. L’hémoglobine glyquée quant à elle, est une hémoglobine sur laquelle est fixé le sucre ou le glucose. Elle est connue sous la formule HbA1c.

L’importance de cette hémoglobine est qu’elle permet d’avoir des données sur la glycémie. Elle constitue donc un moyen de dépistage du diabète, notamment celui de type II. Elle est également utilisée comme un moyen de surveillance glycémique chez les diabétiques. Cependant, bien que l’efficacité de l’hémoglobine glyquée soit avérée, des erreurs peuvent toutefois survenir.

HbA1c : qu’est-ce que c’est ?

L’hémoglobine est une protéine composée de deux dimères globines. D’une part, l’hémoglobine A qui constitue environ 97% de l’hémoglobine chez l’adulte, et d’autre part l’hémoglobine A2 qui constitue environ 3% de l’hémoglobine totale. L’hémoglobine A (HbA) est composée de plusieurs charges distinctes parmi lesquelles, on retrouve la fraction A1c. Cette fraction se retrouve dans pas moins de 60% des hémoglobines glyquées.

La glycation elle-même constitue un processus au cours duquel, des résidus de glucose se fixent sur la partie extrême N-terminale des chaînes ß de l’hémoglobine. Il s’agit d’une réaction lente et non enzymatique, qui dépend du taux de glucose présent dans le sang. L’analyse de ce taux est favorisée par le contact du glucose avec les érythrocytes, qui sont les cellules intervenant directement dans le transport de l’oxygène. Cependant, il convient de préciser que la durée de vie de ces cellules est de 120 jours.

L’hémoglobine glyquée est donc un biomarqueur permettant d’évaluer la glycémie à un intervalle de 120 jours. L’intérêt de l’utilisation de l’HbA1c comme biomarqueur est qu’il permet à la fois de faire le dépistage du diabète et d’analyser l’efficacité des traitements chez les patients diabétiques tout en surveillant leur glycémie. Dans les deux cas, la molécule permet de prévenir efficacement les multiples complications qui pourraient résulter d’un dépistage tardif ou d’un traitement inefficace.

Plusieurs modes de dosages de cette hémoglobine permettent d’évaluer la glycémie. Ces diverses méthodes prennent en compte plusieurs paramètres qui indiquent entre autres, la nécessité de changer de traitement ou non.

HbA1c : comment se fait le dosage ?

Plusieurs dizaines de méthodes sont disponibles et peuvent être utilisées pour faire le dosage de l’hémoglobine glyquée. Cependant, la plupart d’entre elles sont vieilles et ne convergent pas vers l’analyse des mêmes paramètres. Pour éviter toute ambiguïté, une standardisation de la méthode de dosage de l’hémoglobine glyquée a été proposée par deux entités. Il s’agit du NGSP (National glycohemoglobin standardization program) et de L’IFCC (International fédération of clinical chemists).

Le NGSP propose une méthode de dosage de référence, basée sur d’anciennes recherches effectuées par le DCCT (Diabetes control and complication trial) et le UKPDS (United Kingdom prospective study). Les études réalisées par ces deux entités prônent le dosage de l’hémoglobine glyquée par l’utilisation du HPLC, qui est une mesure par la chromatographie à haute pression.

A l’opposé, l’IFCC propose un dosage basé sur la spectrométrie de masse. Cependant, cette méthode est coûteuse et n’est accessible qu’à un nombre restreint de laboratoires. Cet aspect rend la méthode peu courante. De plus, les résultats exprimés en mol sont difficiles à cerner. Ce qui donne un avantage à la méthode du NGSP, dont les résultats de dosage sont exprimés en pourcentage.

HbA1c : comment l’analyser pour le diagnostic et la surveillance du diabète de type 2?

Le taux normal de HbA1c se situe entre 4 et 6 % chez une personne non atteinte de diabète. Cette norme permet notamment de diagnostiquer plus facilement les patients ayant un risque accru d’être atteint du diabète de type 2. Trois organismes internationaux de référence en matière de santé ont d’ailleurs autorisé l’utilisation de l’hémoglobine glyquée comme outil de diagnostic.

Il s’agit notamment de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), de l’American Diabetes Association (ADA) et de la Société Suisse d’Endocrinologie (SSED). Ces trois organismes de référence se sont accordés sur la valeur-seuil de 6,5% d’hémoglobine glyquée pour le diagnostic du diabète de type 2.

En ce qui concerne la surveillance glycémique du diabétique, les valeurs varient en fonction de l’âge, de la situation clinique, des antécédents médicaux, etc. Ainsi, on note que pour la plupart des malades du diabète de type 2 (DT2), le taux d’hémoglobine glyquée doit être inférieur ou égal à 7 %. Chez les patients nouvellement diagnostiqués du diabète de type II et n’ayant aucun antécédent cardiovasculaire, le taux de HbA1c doit être inférieur ou égal à 6,5 %. Les recommandations font état d’un taux inférieur ou égal à 8 % pour :

  • Les patients ayant une morbidité avérée et ceux ayant une espérance de vie inférieure à 5 ans ;
  • Les patients ayant des complications macrovasculaires aiguës ;
  • Les malades de DT2 dont la durée d’évolution du diabète est supérieure à 10 ans ;
  • Les patients ayant des antécédents cardiovasculaires comme un accident vasculaire cérébral de moins de 6 mois, ou encore un infarctus du myocarde ;
  • Les patients atteints d’une insuffisance rénale chronique sévère ou en phase terminale.

Pour les patients atteints d’une forme modérée de l’insuffisance rénale chronique, l’objectif glycémique doit être de 7%. Ce pourcentage est également valable pour les malades de DT2 ayant des antécédents cardiovasculaires associés à des complications macrovasculaires non évolutives. Chez les personnes âgées, le taux de HbA1c varie entre 7% et 9 % en fonction de leur situation clinique. Chez les femmes enceintes atteintes du diabète de type II, le taux prescrit est de 6,5 %.

HbA1c : quels sont les avantages et les inconvénients ?

L’hémoglobine glyquée présente de multiples avantages par rapport à la glycémie à jeun notamment. D’abord, il n’est pas nécessaire pour le patient d’effectuer le dosage en étant à jeun. Cela se justifie par le fait que l’apport nutritionnel n’a aucune influence sur le résultat du dosage. Ensuite, il est possible d’effectuer le dosage de l’HbA1c à n’importe quel moment de la journée. D’autres avantages sont également à noter. Il s’agit :

  • D’une influence quasi inexistante de l’activité physique sur le dosage ;
  • D’une stabilité pré-analytique satisfaisante ;
  • D’une variabilité biologique intra individuelle-réduite.

Au titre des inconvénients de l’HbA1c, on peut citer son coût qui est largement supérieur à celui d’une glycémie à jeun. Ensuite, le dosage est susceptible d’être faussé par divers éléments tels que les facteurs altérant la glycation de l’hémoglobine, les problèmes liés à la durée de vie des globules rouges, l’intrusion des hémoglobines anormales, etc.

Les inconvénients liés à l’altération de la glycation de l’hémoglobine

Le taux d’hémoglobine glyquée est influencé par les taux plasmatiques de glucose récents. Ce type de situation plutôt fréquent, fausse la mesure de l’HbA1c qui ne correspond plus à la moyenne glycémique des 120 derniers jours. Ce phénomène est l’une des nombreuses explications aux variations des taux d’hémoglobine glyquée qui perturbent l’équilibre glycémique du patient.

À cela, il faut ajouter l’influence de la vitesse de glycation dans le taux d’HbA1c. En effet, cette vitesse varie d’un individu à un autre. Ainsi, l’organisme de certains individus les prédispose à être des glycateurs rapides, pendant que d’autres sont prédisposés à être des glycateurs lents. Il est également utile de signaler que le concept d’hémoglobine glyquée labile est à l’origine de multiples erreurs de dosage.

Les problèmes liés à la constitution des hémoglobines

Il est d’abord important de souligner que la mesure de l’hémoglobine glyquée peut être faussée par la durée de vie des globules rouges. En effet, la durée de vie d’un globule rouge est de 120 jours. C’est d’ailleurs cela qui favorise la réussite du processus de glycation. Cependant, la durée de vie des jeunes globules rouges est située entre 38 et 60 jours. Cette durée les rend moins susceptibles d’être atteints par les glucides, ce qui crée un déséquilibre dans la consistance des hémoglobines en glucose.

D’autres facteurs contribuent à la variation des taux de HbA1c. Il s’agit d’abord des origines ethniques. Certaines études réalisées aux États-Unis, ont révélé que les valeurs de l’hémoglobine glyquée n’étaient pas les mêmes chez les patients blancs que chez les patients d’origine afro-américaine. Ensuite, la grossesse constitue également un facteur de variabilité du dosage de l’HbA1c.

On remarque notamment qu’au second trimestre de la grossesse, le taux d’hémoglobine glyquée est en chute libre. Il se stabilise à nouveau au troisième trimestre. Il faut toutefois souligner qu’un dosage durant cette période pourrait manquer de fiabilité. Ces variations sont notamment dues aux troubles hormonaux qui font fluctuer les glucoses de façon accélérée.

La présence d’hémoglobine anormale

Certaines anomalies liées aux hémoglobines sont sources d’erreurs dans la mesure de l’HbA1c. Il s’agit d’abord des hémoglobines à la phase fœtale, qui ont pour effet d’augmenter considérablement les valeurs après dosage. À l’opposé, les hémoglobines S et C agissent sur le résultat du dosage, en réduisant les valeurs. Des études ont révélé que les populations noires sont plus exposées à ce type d’anomalies de l’hémoglobine.

Les autres facteurs susceptibles de fausser le dosage

Plusieurs médicaments sont susceptibles d’altérer l’efficacité du dosage de l’hémoglobine glyquée. Il s’agit d’abord de la prose des vitamines E et C. L’utilisation de la dapson dans le traitement anti-lépreux et des antirétroviraux comme ribavirine et interféron, sont susceptibles de sous-évaluer la valeur de l’HbA1c.

La présence de pathologies graves telles que l’insuffisance rénale sévère ou encore l’insuffisance hépatique grave, peut avoir une incidence négative sur la fiabilité des résultats du dosage. Dans le cas de l’insuffisance rénale sévère, l’altération de la mesure de l’hémoglobine peut provenir d’une acidose, ou encore d’une modification de la durée de vie des érythrocytes. Le cas de l’insuffisance hépatique est encore obscur. Elle entraîne toutefois une sous-estimation de la valeur du dosage.

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