Parapharmacie

HERCEPTINE : mode d’action, indications, effets secondaires

L’herceptine figure parmi les multiples médicaments utilisés pour le traitement du cancer du sein. Il se singularise par son mode d’action et fait bonne presse en raison de son efficacité. C’est sans aucun doute l’un des meilleurs traitements du cancer du sein qui existent. Cependant, il n’est indiqué que pour quelques types de cancers de sein et fait l’objet de quelques effets secondaires. Quel est le mode d’action de l’herceptine ? Quelles sont ses indications ? Quels sont ses effets secondaires ? Toutes les informations importantes sur l’herceptine sont renseignées ici.

HERCEPTINE : définition

L’herceptine (ou herceptin) est un anticorps monoclonal dont le principe actif est le « trastuzumab ». Il est commercialisé sous diverses enseignes depuis 1998 et se classe dans la famille des antinéoplasiques. Il a été développé par Genentech, une société américaine spécialisée en biotechnologie.

Herceptine est une imitation d’anticorps naturels intervenant dans la réponse immunitaire dirigée contre les cellules cancéreuses. En effet, les anticorps sont des composés protéiques fabriqués par les lymphocytes B du système immunitaire. Ils s’attaquent aux antigènes qui sont des éléments perçus comme étrangers à l’organisme. Pour chaque type d’antigène, un anticorps précis est produit.

L’idée de Genentech était de fabriquer artificiellement les anticorps dirigés contre les cellules cancéreuses afin de les utiliser pour le traitement du cancer du sein. Ils sont qualifiés de monoclonaux, parce qu’ils dérivent tous d’une seule et même population. Cette dernière est composée de cellules identiques obtenues d’un clone unique. Il n’y a donc aucun risque que les anticorps agissent différemment dans l’organisme.

HERCEPTINE : aspect et composition

L’herceptine se présente sous la forme d’une poudre pour solution. D’une teinte blanche virant sur la teinte jaune pâle, il est dissout pour servir à une perfusion intraveineuse. Le produit obtenu est conditionné dans des fioles spécifiques. Pour préserver son efficacité, l’herceptine est lyophilisé avant d’être scellé sous vide.

Chaque fiole d’herceptine est constituée de 440 mg de trastuzumab et des composés non médicamenteux suivants :

  • le dihydrate d’α ;
  • le L-tréhalose ;
  • le chlorhydrate de L-histidine ;
  • le L-histidine ;
  • le polysorbate 20.

L’herceptine ne contient aucun agent de conservation. Il est commercialisé avec une eau de nature bactériostatique pour injection. Il est conditionné dans une petite fiole de solution stérile.

HERCEPTINE : mode d’action

Le mode d’action de l’herceptine est simple. Une fois perfusé, il inhibe la composante externe du récepteur HER2. Également appelé récepteur ErbB2, le HER2 ou Human Epidermal Growth Factor Receptor-2 désigne un récepteur protéique transmembranaire. Il est codé par le HER2/neu qui est un proto-oncogène situé sur l’un des bras du chromosome numéro 17.

Le récepteur HER2 est indispensable à l’activation des tyrosines kinases dans l’organisme. Il est doté d’un facteur de croissance spécial. L’expression de celui-ci est accélérée pour certaines formes de cancers du sein. L’inhibition de la composante externe du récepteur par l’herceptine freine considérablement l’expression de ce facteur de croissance. Le cancer de sein évolue alors favorablement et une rémission est possible.

HERCEPTINE : indications primaires

Les indications primaires de l’herceptine sont les cancers précoce et métastatique du sein avec HER2 positif.

Le cancer précoce du sein HER2 +

Le cancer précoce du sein est souvent un cancer de stade 1 (1 A, 1B) ou de stade 2 A. La tumeur cancéreuse fait donc moins de 5 cm et au plus trois ganglions lymphatiques sont affectés par le cancer.

L’herceptine est utilisé en traitement du cancer précoce du sein quand une production de HER2 est observée. Suivant le cas clinique considéré, le mode d’administration de cette solution varie. En général, Elle est administrée seule après une chirurgie, une chimiothérapie (adjuvante ou néoadjuvante) ou une radiothérapie. Néanmoins, dans certains cas de cancers précoces de sein, le herceptine est administré :

  • En complément d’une chimiothérapie adjuvante conduite avec le cyclophosphamide et la doxorubicine. L’ensemble est combiné à une molécule telle que le paclitaxel.
  • En complément d’une chimiothérapie adjuvante conduite avec le carboplatine et le docétaxel en association à une molécule telle que le paclitaxel.
  • En association avec un anthracycline, quand aucune chimiothérapie n’a été faite par le patient.

Par ailleurs, selon le tableau clinique du malade, le traitement à base d’herceptine peut être associé à plusieurs autres médicaments. Par exemple, lorsque la patiente est ménopausée et fait objet à des troubles hormonaux, une hormonothérapie est associée à l’herceptine.

Le cancer métastatique du sein HER2 +

Par opposition au cancer précoce de sein, le cancer métastatique est une pathologie qui a évolué et atteint le stade 4. La tumeur cancéreuse est importante (au moins 5 cm) et le cancer s’étend à d’autres parties du corps comme :

  • les os ;
  • le foie ;
  • les poumons ;
  • le cerveau.

Le cancer métastatique du sein est plus susceptible d’engager le pronostic vital que le cancer précoce de sein. Quand il s’accompagne d’une production de HER2, un traitement à base d’herceptine est indiqué. Ce dernier est administré en monothérapie aux malades ayant fait objet à deux ou plusieurs protocoles de chimiothérapies en vue de traiter leur pathologie métastatique. Les chimiothérapies suivies par les malades doivent inclure, sauf en cas de contre-indications, au moins un taxane et une anthracycline. De même, les patients pour qui une hormonothérapie est nécessaire doivent l’avoir fait avant d’entamer la prise de l’herceptine. Une exception est faite seulement quand l’hormonothérapie ne leur convient pas.

Le traitement du cancer métastatique du sein à base d’herceptine peut aussi être fait en association avec d’autres médicaments dans des circonstances spécifiques. L’association d’herceptine la plus courante est faite avec le paclitaxel. Elle est indiquée aux patients n’ayant fait aucune chimiothérapie en vue de traiter leurs cancers métastatiques et pour lesquels les anthracyclines sont contre-indiqués.

Outre cette association, l’herceptine est associé quelques fois au docétaxel pour les patients qui n’ont fait aucune chimiothérapie en vue de pallier leur cancer. Plus rarement, il peut être combiné à un médicament de la catégorie des inhibiteurs de l’aromatases. Une telle combinaison est souvent faite pour les patientes ayant atteint la ménopause. Elles doivent posséder des récepteurs d’hormones positifs et elles ne doivent pas avoir subi auparavant un traitement par le trastuzumab.

HERCEPTINE : indication secondaire

La seule indication secondaire de l’herceptine est le cancer gastrique métastatique (adénocarcinome métastatique). Défini comme un cancer de l’estomac de stade avancé, le cancer gastrique métastatique est un cancer qui s’est propagé. Il est grave d’autant plus qu’il affecte les fonctions digestives de l’organisme et a une issue péjorative.

Comme les cancers précoce et métastatique du sein, le cancer gastrique métastatique s’accompagne de la production de HER2. Par conséquent, pour sa prise en charge, il est possible d’utiliser l’herceptine. Dans ce cas en particulier, il est rarement administré en monothérapie. La plupart du temps, il est associé aux produits pharmaceutiques suivants :

  • la capécitabine ;
  • le 5 — fluoro-uracile ;
  • le cisplatine.

Seuls les patients n’ayant reçu aucun traitement par le passé pour le cancer gastrique métastatique sont éligibles pour un traitement à base d’herceptine.

HERCEPTINE : contre-indications

HERCEPTINE

L’herceptine ne fait objet d’aucune contre-indication particulière. Cependant, son utilisation est déconseillée en cas d’allergie aux protéines de CHO (Cellules ovariennes de Hamsters Chinois), au trastuzumab ou à un quelconque composant de l’herceptine.

La prise de l’herceptine dans l’une ou l’autre de ces situations expose le patient à de graves complications. Il est probable qu’il fasse une violente crise allergique susceptible de provoquer son décès plus rapidement que le cancer lui-même. De ce fait, il est peu recommandable d’utiliser l’herceptine en automédication sans l’aval d’un oncologue.

HERCEPTINE : effets secondaires

L’herceptine comme tout médicament est enclin à entraîner des effets secondaires. Ces derniers varient d’un patient à un autre. Les plus importants sont :

  • l’anémie ;
  • l’infection ;
  • les troubles pulmonaires ;
  • les troubles cardiaques ;
  • les troubles de la coagulation sanguine ;
  • les troubles liés à une réaction à la perfusion.

Pour chacun de ces effets secondaires, les signes qu’il est possible que le patient ressente sont décrits dans les rubriques ci-dessous.

L’anémie

L’anémie est l’un des effets secondaires les plus redoutés de l’herceptine. Elle est caractérisée par une diminution brusque des taux d’hémoglobines sanguins et concerne environ 10 % des patients.

Une anémie peut résulter de nombreuses situations (la carence en fer ou la carence en vitamine B12 par exemple). Toutefois, dans le cadre d’un traitement à base d’herceptine, elle est la conséquence d’une destruction massive des globules rouges. Le mécanisme à l’origine de cet état de choses n’est pas encore entièrement élucidé.

Les symptômes par lesquels se manifeste une anémie sont multiples. Essoufflement, augmentation du rythme cardiaque, fatigue excessive, palpitations, et étourdissements sont les plus alarmants. Ils peuvent provoquer une crise si rien n’est fait dans l’immédiat. Pour cela, les patients sont tenus d’informer leur médecin traitant dans l’urgence dès qu’ils ressentent plusieurs signes d’une anémie. Il se chargera alors de poser un diagnostic précis et de leur administrer un traitement adéquat.

L’infection

Une infection est une pathologie de gravité variable causée par une invasion de l’organisme par des microorganismes (bactéries, virus, champignons). Elle peut survenir en réponse à un traitement à base d’herceptine. Dans ce cas, la température corporelle du patient monte brusquement et il ressent divers symptômes notamment, les frissons, la toux, la rougeur cutanée, l’apparition d’œdème, les maux de tête…

Les signes d’infection sont en général bien tolérés par les patients. Ils ne représentent pas une urgence et peuvent être calmés par des médicaments qui peuvent être acquis sans ordonnance. Malgré cela, il est impératif que le médecin traitant soit tenu au courant de l’apparition de ses symptômes dans les plus brefs délais. Ainsi, il pourra voir dans quelle mesure réajuster le traitement et limiter les risques.

Les troubles pulmonaires

Les troubles pulmonaires sont comme l’anémie l’un des effets secondaires les plus redoutés d’un traitement à base d’herceptine. Ils traduisent une atteinte des voies respiratoires ou une dégradation des fonctions respiratoires et peuvent engager le pronostic vital du malade. Les symptômes par lesquels ils se manifestent sont variés et dépendent du trouble pulmonaire considéré.

Dans le contexte particulier du traitement à base d’herceptine, les symptômes ressentis généralement par les malades sont l’essoufflement, la toux et un sifflement lors de la respiration. L’intensité de ces signes est exacerbée lorsque le patient présente un terrain favorable, c’est-à-dire qu’il souffre d’une maladie respiratoire telle que l’asthme.

La conduite à tenir lorsque des signes de troubles pulmonaires sont observés après un traitement à base d’herceptine dépend de nombreux facteurs. Le professionnel de la santé est la personne la mieux indiquée pour savoir ce qu’il y a lieu de faire. Pour cela, le patient a obligation de contacter son médecin traitant dès qu’il observe un ou plusieurs signes de troubles pulmonaires.

Les troubles cardiaques

Les troubles cardiaques correspondent à des pathologies résultant d’une atteinte ou d’un dysfonctionnement de la cavité cardiaque. Ils figurent parmi les troubles les plus graves et surviennent rarement à la suite d’un traitement à base d’herceptine. Cependant, quand ils doivent survenir, ils se manifestent par des signes variés. Les plus importants sont l’essoufflement, l’accélération du rythme cardiaque et l’enflure du bas des jambes et des pieds. L’intensité de ces signes varie selon les facteurs tels que la prédisposition génétique du patient, son état de santé et son âge.

Dans tous les cas, leur apparition à la suite d’un traitement à base d’herceptine n’augure souvent rien de bon. Pour cela, les patients ont pour instruction de contacter leur médecin traitant dans l’immédiat quand ils ressentent ses signes après leur perfusion intraveineuse. Au besoin, ils peuvent aussi se rendre sans plus tarder au service d’urgence de l’hôpital le plus proche d’eux.

Les troubles de la coagulation sanguine

Les troubles de la coagulation sanguine sont des affections afférentes au système circulatoire. Certes, il est rare qu’ils surviennent à la suite d’un traitement à base de l’herceptine, mais leurs symptômes ne doivent pas être pris à la légère.

En général, ils se manifestent par un saignement inaccoutumé du nez et une toux productive avec présence de sang dans les expectorations. Cependant quelquefois, ils entraînent l’apparition d’ecchymoses, le saignement des gencives et des traces de sang sont remarquées dans les urines. Pour prévenir l’exacerbation de ces signes, une consultation médicale est requise dans l’urgence.

Les troubles liés à une réaction à la perfusion

Chez certains patients, au terme de la perfusion de l’herceptine, une réaction inflammatoire est déclenchée. Il est alors sujet à des démangeaisons cutanées, à des fourmillements, à des rougeurs et à des brûlures. Ces signes sont en général localisés dans une région de la peau et sont sans risque pour la santé. La plupart du temps, ils diminuent avec l’application d’une crème anti-inflammatoire. S’ils persistent, une consultation médicale est nécessaire pour la sécurité du patient.

 

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