Santé

Hypothyroïdie fruste : causes, symptômes et traitements

L’hypothyroïdie fruste est la forme asymptomatique de l’hypothyroïdie. Elle est particulièrement notée chez les femmes et chez les personnes ayant plus de 60 ans. Elle se caractérise notamment par l’augmentation du taux de TSH et par le maintien à la normale du taux de thyroxine libre (T4). Elle est associée au développement de plusieurs pathologies cardiaques, d’où la nécessité d’avoir une prise en charge adéquate.

Hypothyroïdie fruste : Présentation

L’hypothyroïdie fruste est une variante de l’hypothyroïdie avérée. Elle est également connue sous la dénomination d’hypothyroïdie infraclinique, subclinique, asymptomatique ou occulte. Elle se distingue des autres formes d’hypothyroïdie par une élévation modérée de la TSH et par un taux normal de thyroxine. L’élévation du taux de TSH en cas d’hypothyroïdie fruste est supérieure à 4 mUl/l et inférieure à 10 mUl/l.

Lorsque le taux de la TSH est supérieur à 10 mUl/l, l’hypothyroïdie représente un facteur de risque potentiel pour plusieurs pathologies. La particularité de cette forme d’hypothyroïdie est que, le patient ne ressent aucun symptôme clinique.

Hypothyroïdie Fruste : quel taux de prévalence ?

Les données sur la prévalence de l’hypothyroïdie fruste ne sont pas toujours constantes. Elles varient en fonction du déficit de TSH, du genre, de l’âge ainsi que de l’origine géographique. De façon spécifique, sa prévalence est de 1,9 % chez les hommes, contre 3,3 % pour les femmes. Les études épidémiologiques révèlent également que les femmes âgées de plus de 60 ans sont particulièrement exposées à l’hypothyroïdie fruste.

Hypothyroïdie Fruste : Étiologie et complications

L’Hypothyroïdie avérée et l’hypothyroïdie fruste partagent presque la même étiologie. La seule particularité est que l’hypothyroïdie fruste est, le plus souvent causée par une maladie auto-immune notamment la thyroïdite d’Hashimoto. Cette maladie est une inflammation de la glande thyroïde. Elle se caractérise entre autres par une infiltration lymphocytaire. En outre, l’hypothyroïdie peut également faire suite à certains traitements comme :

  • Le traitement de l’hyperthyroïdie ;
  • La Thyroïdectomie ;
  • L’irradiation cervicale, etc.

L’ensemble de ces causes, qui sont communes aux diverses formes d’hypothyroïdie, augmentent les chances d’évolution de l’hypothyroïdie fruste vers une forme avérée. Cependant, c’est surtout une évolution de la maladie vers diverses complications qui est à redouter. Ces complications se révèlent le plus souvent chez les patients dont le taux de TSH est supérieur à 10 mUl/l. Les complications les plus fréquentes sont celles liées aux pathologies cardiaques, neuropsychiques, osseuses et neuromusculaires.

Les risques de complications cardiovasculaires

L’hypothyroïdie fruste ou infraclinique est susceptible d’évoluer vers des complications cardiovasculaires. Cette éventualité est renforcée par des dysfonctionnements observés au niveau de certains mécanismes.

En premier lieu, il s’agit de la rigidité artérielle associée à une résistance vasculaire majorée. Cette situation rend difficile la fluidité de la circulation sanguine, et augmente le risque de formation de thrombus.

En deuxième lieu, l’accélération du processus d’athérosclérose et une atteinte de la fonction endothéliale, renforcent l’idée d’un risque cardiovasculaire élevé. De plus, on note une élévation anormale du taux de cholestérol total chez les patients atteints d’hypothyroïdie infraclinique. En conséquence de ces dysfonctionnements et anomalies, les malades d’hypothyroïdie fruste sont exposés au développement d’une :

  • Maladie cardiaque d’origine ischémique ;
  • Insuffisance cardiaque ;
  • Dysfonction diastolique ;
  • Maladie coronarienne, etc.

Par ailleurs, il convient de préciser qu’il existe un risque de mortalité chez les patients en fonction du degré d’élévation de la TSH. En effet, le risque de mortalité dû à une maladie coronarienne est plus élevé chez les patients ayant une hormone TSH située entre 7 et 10 mUl/l. En dessous de ce seuil, le risque est plutôt modéré. Cette estimation fait de l’hypothyroïdie un facteur de risque aggravant des maladies coronariennes.

Les risques de complications neuropsychiques

Les patients atteints de l’hypothyroïdie infraclinique voient leur qualité de vie diminuer.de façon progressive. Cela est notamment dû à plusieurs troubles psychiatriques, à commencer par une hyperactivité et des trous de mémoire récurrents. Par la suite, on note des changements d’humeur et un manque de concentration en toute situation.

Les risques de complications neuromusculaires

Plusieurs études ont révélé que les sujets atteints d’hypothyroïdie fruste sont confrontés à la diminution de leur capacité d’exercice. Cela s’explique par une altération de leur fonction musculaire. Cette altération se traduit surtout par des crampes associées à des myalgies, mais également par une faiblesse musculaire.

Ces troubles musculaires ont pour conséquence majeure d’augmenter les demandes en oxygène de l’organisme durant une activité physique. Par ailleurs, les personnes en âge avancé subissant ces troubles, sont exposées à la réduction de leur mobilité et à des tremblements musculaires récurrents.

Les risques de complications osseuses

L’hypothyroïdie fruste ou infraclinique est associée au risque de développement de certaines maladies osseuses. En effet, des études ont révélé un lien entre les anomalies thyroïdiennes et la fragilité osseuse. En général, la fragilité osseuse est l’une des manifestations des maladies osseuses, en particulier de l’ostéoporose. En conclusion, l’hypothyroïdie fruste expose les malades au développement d’une maladie osseuse, ou à une complication grave en cas de préexistence de la maladie.

Hypothyroïdie Fruste : Stratégie de diagnostic

Les personnes atteintes de l’hypothyroïdie fruste ne présentent généralement pas de signes cliniques évocateurs. Cependant dans certains cas, l’apparition des signes suivants peut pousser le malade à entreprendre une consultation. Parmi ces signes, on peut citer le goitre, l’irradiation cervicale, la prise de traitement à risque comme amiodarone, le lithique, ou encore l’interféron.

Les personnes souffrant d’hypercholestérolémie et ayant des antécédents de maladies thyroïdiennes peuvent également être admises en consultation. Une fois en consultation, le médecin devra mettre en place une démarche diagnostique. Cette démarche doit débuter par une anamnèse. À travers cette première étape, le médecin évaluera la nécessité de réaliser un dosage de TSH.

Pour cela, il existe deux procédures. La première concerne les personnes adultes (exceptées les femmes enceintes), et la seconde est concoctée uniquement pour les femmes enceintes.

La stratégie diagnostique appliquée aux adultes en dehors de la grossesse

Le dosage systématique de TSH est prohibé. Il est important pour le médecin de s’assurer qu’il est en présence d’un sujet à risque. Lorsque ce préalable est respecté, et que la maladie est soupçonnée chez le patient, le dosage peut être réalisé. La mise en place ou non d’un traitement dépendra du résultat de ce dosage. Ainsi, si après le dosage, l’hormone TSH est inférieure à 4 mUl/l, le médecin doit conclure l’absence d’une hypothyroïdie.

Par contre, si le dosage indique un taux de TSH supérieur à 4 mUl/l, un nouveau contrôle à un mois doit être programmé. Toutefois, ce nouveau contrôle doit également inclure la mesure du taux de thyroxine libre (T4l).  Si les résultats de ce nouveau dosage indiquent un taux d’hormone TSH supérieur à 4 mUl/l et un taux de thyroxine libre, un nouvel examen doit être indiqué.

Cet énième examen consistera en un dosage des anticorps anti-TPO. Toutefois, ce dosage ne peut être mis en route que s’il est susceptible d’avoir une influence sur la prise en charge. Ainsi, si son résultat indique un taux très élevé de l’hormone TSH, le médecin évaluera la nécessité d’instaurer une prise en charge.

La stratégie diagnostique appliquée aux femmes enceintes

Le dosage de TSH ne peut être indiqué que chez les femmes à risque, c’est-à-dire chez celles qui ont des signes cliniques évocateurs, des antécédents thyroïdiens ou encore une auto-immunité. Contrairement à la première procédure où le seuil du TSH était fixé à 4 mUl/l chez les femmes, il est fixé 3 mUl/l. Si ce seuil est dépassé par une patiente en état de grossesse, un triple dosage sera effectué.

Il s’agit du dosage de l’hormone TSH, de la thyroxine ainsi que celui des anticorps anti-TPO. Le résultat de ces dosages orientera le médecin sur le mode de prise en charge qui serait plus bénéfique à la patiente.

Hypothyroïdie Fruste : Mode de traitement

Le traitement de base de l’hypothyroïdie est la substitution des hormones thyroïdiennes par lévothyroxine. Ce traitement est indiqué dans le but de normaliser le taux de TSH. Son efficacité dépend de la valeur de l’hormone TSH, ainsi que de la situation clinique du patient. Cependant, plusieurs études ont remis en cause cette pratique thérapeutique.

Ces études indexent notamment l’absence de définition du seuil à partir duquel, la substitution lévothyroxine doit être indiquée. De même, on note une indication des symptômes nécessitant ce traitement. Suivant, les conclusions de ces études, le traitement par thyroxine tel qu’il est pratiqué, comporte des risques de complications.

À titre illustratif, les patients suivant un traitement par lévothyroxine peuvent contracter une hyperthyroïdie (fruste ou franche) en raison du risque de substitution excessive. D’autres complications sont également évoquées à travers ces études, il s’agit notamment d’un affaiblissement de la densité osseuse, d’une fibrillation auriculaire et d’autres pathologies cardiovasculaires.

Malgré les diverses controverses portant sur le traitement par substitution de lévothyroxine, certaines recommandations sont faites pour atténuer les risques de complications. À cet effet, il est conseillé de traiter avec la lévothyroxine, uniquement lorsque la TSH est supérieure à 10 mUl/l. Il n’est en revanche pas conseillé d’entreprendre un traitement lorsque la TSH est située entre 5 et 10 mUl/l.

De façon particulière, le traitement de l’hypothyroïdie infraclinique chez les femmes enceintes est sujet à certaines recommandations. Ces recommandations se basent sur la faible influence d’une TSH supérieure à 2,5 mUl/l sur la grossesse. Ainsi, il n’est pas recommandé de traiter l’hypothyroïdie fruste chez une femme enceinte si, son taux de TSH n’excède pas un seuil alarmant.

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