Parapharmacie

Malarone : indications, contre-indications et précautions

Le paludisme, ou encore malaria, est une pathologie infectieuse causée par une espèce de parasites dits protozoaires. Bien que très rare dans les pays à climats tempérés, cette maladie demeure courante dans ceux tropicaux et subtropicaux. Chaque année des millions de personnes sont infectées et d’autres en meurent. Parmi les options médicamenteuses les plus utilisées, on retrouve la Malarone, un médicament comprenant deux substances actives : l’atovaquone et le proguanil. Comment agit-il dans l’organisme ? Quelles sont ces autres indications ? Comment l’administre-t-on ? Quelles sont les précautions à prendre et les interactions possibles ? Enfin, quels sont les effets secondaires de ce médicament ?

Malarone : description

La Malarone appartient à une classe de médicaments appelés les « antipaludéens ». Chaque comprimé contient deux principes actifs qui sont l’atovaquone (250 mg) et le chlorhydrate de proguanil (100 mg). Les excipients contenus dans le noyau comprennent généralement :

  • La cellulose microcristalline,
  • Le poloxamère 188,
  • Le glycolate d’amidon sodique de type A,
  • L’Hydroxypropyl Cellulose,
  • Le stéarate de magnésium,
  • La povidone K30.

Quant au procédé d’enrobage des comprimés, les ingrédients utilisés sont le polyéthylène glycol 8000, l’oxyde de fer rouge, l’hypromellose, le macrogol 400 et le dioxyde de titane. En outre, les comprimés se présentent sous forme de pelliculés ronds de couleur rose et portent l’inscription « GX CM3 » gravée sur une face. Ils sont disposés dans des emballages en blisters (12 comprimés par plaquette).

Malarone : indications

Étant un antipaludéen, la Malarone est utilisée essentiellement à la fois dans la prévention (prophylaxie) et le traitement du paludisme. C’est une maladie qui se transmet par la piqûre d’un moustique vecteur infecté par le Plasmodium falciparum, le parasite. Le médicament prévient alors le paludisme en tuant ce parasite en question, même si les personnes ont déjà été infectées (traitement).

Par ailleurs, les comprimés de Malarone comprennent des substances qui sont des schizonticides hématiques et hépatiques dirigés contre des schizontes à Plasmodium falciparum. On peut ainsi les recommander dans tous les cas où l’agent pathogène peut être résistant à d’autres médicaments antipaludiques.

Malarone : contre-indications

Les professionnels déconseillent la prise de la Malarone si le patient est allergique à l’une des substances actives. Aussi, il ne devrait pas utiliser le médicament s’il est hypersensible à l’un des excipients contenus dans celui-ci. En plus, les victimes atteintes de maladie rénale sévère ne doivent pas employer Malarone à des fins de prophylaxie du paludisme à Plasmodium falciparum. Il s’agit par exemple des patients atteints d’insuffisance rénale grave avec une clairance de la créatinine inférieure à 30 mL/min. Les personnes prises en charge doivent avoir au moins 12 ans.

Compte tenu de l’activité biologique des principes actifs de la Malarone, il serait préférable d’éviter l’utilisation pendant la grossesse et l’allaitement. Aussi, il n’y a pas eu d’essais cliniques particulièrement significatifs, visant à évaluer l’innocuité du médicament pour la santé fœtale. Dans ces cas, il est souhaitable d’avertir le professionnel de santé. En outre, les femmes allaitantes ou en état de grossesse doivent être suivies de près par leur médecin.

Malarone : mécanisme d’action et efficacité

L’action de la Malarone s’exprime à travers ses deux principes actifs : atovaquone et proguanil. Ceux-ci inhibent la reproduction des parasites dans le corps humain suite à l’infection par piqûre du moustique vecteur.

L’action spécifique des deux principes actifs

Spécifiquement, le chlorhydrate de proguanil agit en bloquant la production du dihydrofolate réductase, une substance clé dans la reproduction des parasites du paludisme. Avec l’atovaquone, il devient très efficace dans la prophylaxie de cette maladie.

En fait, cette substance est une naphtoquinone, un composé organique dérivé du naphtalène chimiquement similaire à l’ubiquinone des protozoaires. Cette dernière est une enzyme située dans la membrane de Plasmodium falciparum. L’atovaquone, en association avec le proguanil, permet aussi de bloquer le transport des électrons au niveau mitochondrial. Ces principes empêchent ainsi la synthèse nucléique chez le parasite du paludisme. En d’autres termes, la Malarone est capable d’inhiber la reproduction de l’agent infectieux responsable du paludisme.

De plus, l’association entre les deux substances semble déterminer l’émergence de propriétés qui rendent la prophylaxie encore plus efficace. On empêche les schizontes des hépatocytes d’atteindre leur cycle érythrocytaire. À la fin de leur activité biologique, après une demi-vie (supérieure à 10 heures), le proguanil et l’atovaquone sont éliminés. Le premier est excrété à travers les reins et l’autre par l’intestin.

Les études réalisées

L’efficacité de l’antipaludéen Malarone a été démontrée par une étude de recherche de dose et deux études randomisées contrôlées contre placebo. Au cours de celles-ci, les chercheurs ont pu évaluer l’association atovaquone et proguanil dans la prévention de la parasitémie palustre. Les participants étaient des personnes qui résident dans des zones endémiques à Plasmodium falciparum.

Dans deux des études menées sur 479 adultes résidant au Kenya et en Zambie, la grande efficacité de la Malarone est ressortie. En effet, parmi les participants qui ont suivi 10 semaines de prophylaxie, ceux traités par atovaquone et proguanil ont été affectés de manière significative. Ils sont toutefois moins nombreux que ceux du groupe témoin traité par placebo.

De même, on a une troisième étude menée sur 265 enfants âgés de 4 à 16 ans résidant au Gabon. Parmi les participants qui ont terminé les 12 semaines de traitement prophylactique prévues, on a pu remarquer ceci. Les enfants traités par Malarone qui ont développé une parasitémie palustre étaient inférieurs à ceux du groupe témoin.

Malarone : dosage

Malarone

Il est recommandé de toujours prendre Malarone exactement comme le médecin ou le pharmacien l’a indiqué. En cas de doute, il faudra les consulter.

Posologie

La dose recommandée chez l’adulte est 1 comprimé une fois par jour, à prendre comme suit. Pour la prévention du paludisme, le schéma posologique de la population pédiatrique peut varier selon le poids. Chez les adultes, il faudra :

  • Commencer à prendre les comprimés 1 ou 2 jours avant de se rendre dans une zone non affectée par l’épidémie.
  • Continuer à prendre Malarone tous les jours tout au long d’un séjour.
  • Continuer la prise de Malarone pendant sept jours supplémentaires après le retour dans une zone exempte de paludisme.

Quant au traitement, la dose conseillée chez l’adulte est de 4 comprimés une fois par jour pendant trois jours. Pour les enfants, la dose varie aussi en fonction du poids corporel. Par exemple, voici le schéma posologique :

  • Enfants pesant 11 à 20 kg : 1 comprimé une fois par jour pendant 3 jours,
  • Enfants de poids 21 à 30 kg : 2 comprimés une fois par jour pendant 3 jours,
  • Enfants dont le poids se situe entre 31 et 40 kg : 3 comprimés une fois par jour pendant 3 jours,
  • Enfants de plus de 40 kg : voir posologie pour adultes (4 comprimés pendant 3 jours dose unique journalière).

Malarone est déconseillé pour le traitement du paludisme chez les enfants qui pèsent moins de 11 kg. Dans ce cas, il faudra avertir le professionnel afin qu’il adopte une autre formulation de prise en charge.

Mode de prise et quelques conseils

Les patients sous traitement à base de Malarone peuvent prendre ces comprimés avec de la nourriture ou une boisson contenant du lait si possible. En outre, il est préférable de les consommer à la même heure chaque jour par voie orale. En cas de vomissements, voici les attitudes à adopter.

Pour la prévention du paludisme

Si les victimes vomissent dans l’heure qui suit la prise de Malarone, elles doivent prendre une autre dose, car il est important de bien suivre la cure. Si elles prennent des comprimés supplémentaires en raison de vomissements, elles auront peut-être besoin d’une autre ordonnance.

Il est en fait particulièrement important que l’on emploie des moyens de protection quand on vomit après la prise des comprimés. Les populations peuvent alors utiliser des répulsifs et des moustiquaires. En raison de la faible quantité absorbée, le médicament Malarone peut ne pas être efficace à 100 % comme il aurait dû.

Pour le traitement du paludisme

Dans le cas où les patients vomissent ou ont la diarrhée, il faudra informer le médecin qui devra effectuer des tests sanguins réguliers. Comme mentionné plus haut, le Malarone ne sera pas efficace si seulement une quantité réduite a été absorbée. Les tests pourront aussi révéler si le parasite du paludisme a été éliminé du sang ou non.

Malarone : précautions à prendre lors de la prise

Le plan de traitement ou de prévention à base de Malarone doit être défini par le médecin, en accord avec l’OMS. On devra prendre en compte :

  • Les caractéristiques physiopathologiques du patient,
  • La présence éventuelle de pathologies qui pourraient compromettre la sécurité du médicament,
  • La zone géographique du patient.

Plus précisément, les patients atteints de maladies hépatiques et rénales doivent prendre le médicament sous surveillance médicale stricte. Cela va permettre de limiter l’apparition d’effets secondaires désagréables. Parallèlement à la prophylaxie, il conviendrait de mettre en place toutes les règles d’hygiène nécessaires pour limiter le risque de piqûre.

Ainsi, on réduit la probabilité de la pénétration du protozoaire dans l’organisme de l’hôte. Si la thérapie s’avère inefficace, il serait souhaitable d’évaluer différentes stratégies. On recommande de toujours lire la notice afin de vérifier les contre-indications et les différents détails à connaitre sur le médicament.

Conservation

Malarone, à l’instar de tous les médicaments, doit être gardé hors de la vue et de la portée des enfants. Aussi, il est déconseillé de l’utiliser après sa date de péremption (indiquée généralement sur la boîte). Cependant, le médicament ne nécessite pas des formes de conservation particulières. De plus, il ne faut pas jeter Malarone sur les ordures ménagères, dans l’évier ou dans les eaux usées. La protection de l’environnement passe également par cela.

Conduite et usage de machines

Si les patients se sentent étourdis après la prise de Malarone, ils ne devraient pas conduire de véhicules. En effet, ce médicament provoque des étourdissements chez certaines personnes. Si cela arrive, les personnes concernées ne doivent en aucun cas conduire un véhicule ou utiliser une machine. De même, elles ne sont pas autorisées à participer à des activités qui pourraient les mettre en danger, elles, et d’autres personnes.

Malarone : surdosage

Malarone

Si le patient prend une dose de Malarone qu’il n’aurait dû, il devra immédiatement demander conseil à son fournisseur de soin ou pharmacien. En cas d’oubli d’une dose, il faudra prendre celle suivante dont on s’en souvient. Il est nécessaire de bien suivre le traitement et de ne pas prendre une double dose pour compenser celle oubliée. Aussi, cette dernière doit être prise à une heure habituelle.

D’autre part, les personnes sous traitement doivent continuer à prendre Malarone comme le professionnel le leur a prescrit. Elles devront suivre le traitement avec une protection maximale. L’arrêter plus tôt peut exposer au risque de contracter le paludisme. En réalité, il faut sept jours pour être sûr que tous les parasites présents dans le sang après piqûre ont été tués.

Malarone : interactions médicamenteuses

Certains médicaments peuvent affecter le mécanisme d’action de Malarone. Ce médicament est tout aussi susceptible de réduire ou d’augmenter l’efficacité des substances prises en concomitance. Elles comprennent :

  • La métoclopramide (traitement des nausées et des vomissements),
  • Les inhibiteurs de la protéase pour le traitement du VIH,
  • La warfarine et les médicaments qui inhibent la coagulation du sang (anticoagulants oraux),
  • Les antibiotiques tels que la rifampicine, la tétracycline et la rifabutine,
  • L’étoposide (utilisé dans le traitement du cancer).
  • Les médicaments à base de trisilicate de magnésium (ils ont une absorption systémique réduite induite par le chlorhydrate de proguanil).

On recommande alors d’informer le médecin si l’on prend éventuellement ces médicaments. Il sera en mesure d’évaluer si Malarone ne convient pas.

Malarone : effets secondaires

Comme tous médicaments, Malarone peut provoquer des effets indésirables. Toutefois, ils ne surviennent pas chez tous les patients. Ils sont classés suivant la fréquence à laquelle ils se manifestent chez ces derniers.

Effets indésirables fréquents

Ils peuvent affecter plus d’une personne sur 10. Sont inclus les maux de tête, les vomissements, les nausées, les maux d’estomac, la diarrhée. Certaines victimes ressentent des vertiges, ont des troubles du sommeil, font de la dépression ou des rêves étranges. D’autres peuvent souffrir d’une perte d’appétit, de fièvre, de toux, de neutropénie (peu de globules blancs), d’anémie ou d’hyponatrémie (faible taux de sodium).

Effets indésirables peu fréquents et rares

Sont qualifiés d’effets secondaires peu fréquents ceux qui surviennent au moins chez une personne sur 100. On peut citer les palpitations, une augmentation de l’amylase qui est une enzyme sécrétée dans le pancréas, l’anxiété, la chute des cheveux. Aussi, on peut observer les gonflements de la bouche. Les effets rares quant à eux apparaissent chez une personne environ sur 1000. Ils comprennent les hallucinations ou l’inflammation du foie.

Effets secondaires de fréquence inconnue

Certains effets indésirables sont apparus chez peu de personnes bien que leur fréquence exacte reste inconnue. Il s’agit de la tachycardie, de la vascularite (inflammation des vaisseaux), de la cholestase (obstruction des voies biliaires) et les convulsions. Quelques victimes ont eu des attaques de panique, des ulcères dans la bouche, des convulsions, des cauchemars. La sensibilité au soleil, les vésicules, les pertes de peau, les troubles mentaux et une pancytopénie (réduction des cellules sanguines).

Réactions allergiques

Elles comprennent les éruptions cutanées et les démangeaisons, l’oppression dans la gorge ou la poitrine ainsi que des difficultés à respirer. Les victimes présentent une respiration sifflante, un gonflement des lèvres, du visage, des paupières et d’autres parties du corps. Les réactions cutanées sévères comme les cloques, la desquamation de la peau, les taches sombres sont aussi fréquentes. Ce sont des signes d’hypersensibilité au médicament Malarone.

En cas d’apparition de ces différents symptômes, on recommande aux patients de contacter leur fournisseur de soin de toute urgence. En outre, ils doivent déclarer tout effet secondaire non mentionné. Cela constitue des informations essentielles à étudier et à évaluer pour une meilleure administration du médicament et pour une plus grande sécurité.

Malarone : précautions de prévention du paludisme

Toute personne peut contracter cette maladie infectieuse grave si elle n’est pas traitée. En plus de prendre Malarone, voici quelques recommandations à suivre pour éviter la contagion du paludisme, surtout la piqûre des moustiques.

  • Utiliser un insectifuge sur les zones de peau exposées.
  • Porter des vêtements de couleur claire qui couvrent la majeure partie du corps, surtout après le coucher du soleil. En fait, c’est le moment pendant lequel se reproduisent le plus des moustiques.
  • Fermer les portes et les fenêtres au coucher du soleil si elles ne sont pas équipées de moustiquaires imprégnées.
  • Dormir dans une chambre dans laquelle l’on sera protégé par des moustiquaires.
  • S’endormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide.
  • Utiliser des insecticides sous toutes les formes (plaquettes, prises électriques, sprays) pour débarrasser la pièce des insectes. On empêche ainsi les moustiques d’entrer.

Pour plus d’informations, le médecin ou le pharmacien sont les personnes de choix vers lesquelles il faudra se rapprocher. Malgré ces précautions nécessaires, il est toujours possible d’attraper le paludisme. Certains types d’infections paludéennes provoquent des symptômes après une longue période de temps. La maladie peut alors se manifester après plusieurs jours, semaines ou même mois après un séjour dans les zones à risque. Il s’agit notamment de la fièvre, des maux de tête, de la fatigue et des frissons. On recommande de les signaler au plus vite afin qu’une prise en charge adaptée soit mise en œuvre par les fournisseurs de soin.

 

Articles Liés

Bouton retour en haut de la page