Santé

PAPILLOMAVIRUS ET CONDYLOMES  : MODE DE TRANSMISSION, CIBLES, SYMPTÔMES, DIAGNOSTIC ET TRAITEMENT

Les condylomes (ou verrues) figurent parmi les infections sexuelles les plus fréquentes. Ils sont dus au papillomavirus et sont asymptomatiques dans 99 % des cas. Dans le reste des cas, ils sont particulièrement redoutés pour leurs symptômes. Ces derniers sont mal vécus par les patients infectés et ont des répercussions négatives sur leur quotidien. Pour cela, ils doivent être identifiés et traités à temps. Qu’est-ce que le papillomavirus ? Comment est-il transmis ? Qui peut faire une infection à papillomavirus ? Comment reconnaît-on les condylomes génitaux ? Quel est le traitement indiqué contre les condylomes ? Toutes les informations utiles sur les papillomavirus et les condylomes sont renseignées ici.

Papillomavirus : définition

Les papillomavirus sont un ensemble de virus à ADN appartenant à la grande famille des Papillomaviridae, seule famille des Zurhausenvirales. Ils sont de petites tailles (diamètre compris entre 52 à 55 nm) et sont dotés d’une capside organisée en symétrie icosaédrique. Leurs génomes sont composés d’un ADN à deux brins. Il est circulaire et on y dénombre plus de 7500 paires de bases nucléiques.

Dans la famille des Papillomaviridae, on retrouve plus de 118 virus. Ces derniers peuvent infecter l’homme et divers animaux. Il y a entre autres :

  • les lapins ;
  • les chiens ;

les bœufs ;

  • les singes.

Cependant, la plupart des papillomavirus, soit 96 sur 118 virus, infectent uniquement l’espèce humaine. Ils sont communément appelés papillomavirus humains ou Human PapillomaVirus (HPV). Dans leur rang, seulement ceux qui sont de type alpha ont des risques moins graves. Ils sont d’ailleurs à l’origine des condylomes génitaux. Notez que seuls le papillomavirus de type 6 et le papillomavirus de type 11 sont qualifiés de papillomavirus d’alpha.  

Papillomavirus : mode de transmission

Le virus du papillomavirus est transmis par contact direct de la peau ou des muqueuses en général durant les rapports sexuels. La transmission se fait indépendamment de la nature de la sexualité, de la protection utilisée et du niveau de pénétration.

Ainsi, transgenre (LGBT), bisexuelle, homosexuelle, et hétérosexuelle sont exposés au virus du papillomavirus lorsqu’ils tiennent des rapports sexuels. De plus, les contraceptions telles que le préservatif (féminin comme masculin) ne limitent aucunement la transmission du papillomavirus.

Par ailleurs, c’est un leurre absolu de penser qu’un rapport sexuel sans pénétration prémunit du papillomavirus. En effet, ceux qui sont responsables du condylome génital sont transmis même lors des rapprochements sans pénétration.

Papillomavirus : transmission non sexuelle

Il n’est pas exclu que le virus du papillomavirus puisse se transmettre autrement que par voie sexuelle. Certes, cela est rare, mais le virus peut également être contracté lorsque vous entrez en contact avec un objet contaminé. Ce dernier peut être un linge de toilette, un sous-vêtement ou un jouet sexuel.

La transmission non sexuelle est plus récurrente pour les cas d’infections à papillomavirus non génitaux. Il s’agit d’infections localisées aux régions telles que les mains et les pieds. Elles sont moins fréquentes et moins graves que les verrues génitales.

Condylomes : cibles

Les condylomes ne sont pas l’apanage de la gent féminine. Ils ciblent aussi bien les hommes que les femmes. Seulement, la prévalence des formes asymptomatiques est plus importante chez les femmes que les hommes. Ce qui donne l’impression que ce sont seulement les femmes qui peuvent en souffrir.

Les seules personnes moins susceptibles d’avoir les condylomes sont les jeunes enfants et les personnes qui ne sont pas sexuellement actives. Ceci pour la simple raison que les virus de papillomavirus humains responsables de condylomes sont essentiellement transmis par voie sexuelle.

Condylomes : différents types

PAPILLOMAVIRUS ET CONDYLOMES

En fonction de la présentation des verrues, on distingue trois types de condylomes. Il s’agit entre autres des :

  • Condylomes acuminés ;
  • Condylomes papuleux ;
  • Condylomes plans.

Une brève description de chacun de ces condylomes est faite dans les rubriques ci-dessous.

Les condylomes acuminés

Les condylomes acuminés aussi appelés papillomes sont les variantes les plus fréquentes. Ils se présentent sous forme d’excroissances cutanées et sont dotés de crêtes dentelées. Cela leur a d’ailleurs valu le nom commun : crête de coq.

Les papillomes peuvent être disséminés ou localisés, multiples ou uniques. Dans tous les cas, ils sont souvent bénins. Ils ne risquent pas contrairement à leurs congénères d’évoluer vers des formes graves.

Les condylomes papuleux

Les condylomes papuleux se présentent comme des saillies cutanées. Ils prennent la plupart du temps une couleur brune ou rosée. Rarement, ils peuvent se décliner dans la couleur naturelle de la peau.

La particularité avec les condylomes papuleux est que leur surface est totalement lisse. La majeure partie du temps, ils sont isolés. Cependant, quelques fois ils peuvent se développer en nappe. 

Les condylomes plans

Les condylomes plans sont les formes les plus rares de cette pathologie. Ils se matérialisent au travers de tâches circulaires de teintes roses ou rouges. En général, ils sont invisibles à l’œil à nu. Pour mettre en évidence leur présence, l’application de l’acide acétique dosée à 5 % peut s’avérer indispensable.

Condylomes : symptômes

Les infections sexuelles à papillomavirus se manifestent par plusieurs symptômes. Ces derniers sont remarqués au niveau de régions spécifiques, à savoir :

  • les organes génitaux (scrotum, pénis, vagin, vulve) ;
  • l’anus ;
  • le canal anal.

Ils diffèrent suivant le sexe de la personne infectée et apparaissent des semaines à une année après le rapport sexuel contaminant.

Symptômes de condylomes chez la femme

Les condylomes chez la femme se manifestent au début par l’apparition de lésions externes au niveau des lèvres et du clitoris. Ces dernières s’étendent au fil du temps au col de l’utérus et au vagin. Dans les cas où des rapports sexuels annaux sont tenus ou une immunodépression existe, elles peuvent toucher également l’anus.

Ces lésions ne piquent pas généralement. Néanmoins, elles peuvent s’accompagner dans certains contextes rares de démangeaisons et de saignements. Il est alors impératif de vérifier si une autre dermatose n’est pas associée au condylome.

Symptômes de condylomes chez l’homme

Les symptômes d’un condylome masculin sont différents selon que l’homme infecté est circoncis ou non. Ainsi chez celui qui n’est pas circoncis, les infections sexuelles à papillomavirus se manifestent par des lésions au niveau du gland, du prépuce ou du frein.

En revanche, chez l’homme qui est circoncis, elles apparaissent sur la verge et principalement le fourreau.

Les lésions anales peuvent dans les deux cas être observées chez l’homme infecté. Cependant, elles sont plus récurrentes chez les homosexuels. En plus de ces symptômes chez les hommes, le condylome peut s’accompagner de démangeaisons et de saignements.

Condylomes asymptomatiques : comment les reconnaître ?

PAPILLOMAVIRUS ET CONDYLOMES

Il est impossible pour une personne qui n’est pas un spécialiste de la santé de reconnaître un condylome asymptomatique. Ceci pour la simple raison que contrairement à un condylome externe il ne se manifeste par aucun signe visible à l’œil nu.

Seul un professionnel de la santé peut alors le reconnaître. Pour y arriver, il doit utiliser des outils spécifiques (un microscope optique par exemple) ou des moyens spéciaux de diagnostics.

Condylomes : diagnostic

En milieu hospitalier, en dehors de l’observation à l’œil nu, pour poser le diagnostic des condylomes, de nombreux moyens sont utilisés. Les plus courants sont :

  • l’examen au spéculum ;
  • l’anuscopie ;
  • l’urétroscopie ;
  • la biopsie.

Les principes sur lesquels repose chacun de ces moyens diagnostics sont présentés ci-dessous.

L’examen au spéculum

L’examen au spéculum offre un aperçu de la muqueuse vaginale, du col utérin et des sécrétions cervico-vaginales. Il est réalisé dans de nombreuses circonstances. Il peut s’agir du diagnostic d’une infection ou du contrôle d’hygiène par exemple. Dans le cadre du diagnostic d’un condylome en particulier, il est associé à un frottis cervico-vaginal.

Il met en lumière toutes les lésions ainsi que les cellules cancéreuses ou précancéreuses présentes au niveau de l’organe génital. Un examen au spéculum est généralement fait par un professionnel de santé et pour cela un plateau spéculum est requis. Il suffit amplement pour poser le diagnostic d’une infection à papillomavirus.

L’anuscopie

L’anuscopie est un examen qui consiste en l’analyse du canal anal et en l’introduction d’anuscope dans l’anus. Il permet d’identifier les lésions présentes à ce niveau. Il est peu recommandable pour le diagnostic de condylomes situés aux organes génitaux. Une anuscopie n’a pas besoin d’être couplée à un frottis. Elle suffit largement pour confirmer le diagnostic d’une verrue anale.

L’urétroscopie

L’urétroscopie est un examen fréquemment réalisé dans le cadre du diagnostic d’une infection sexuelle. Il se traduit par l’insertion d’un urétroscope dans l’urètre en vue de son exploration complète et directe à la recherche d’anomalies. Il n’est utile que pour poser le diagnostic de condylomes localisés au méat urétral ou au fond de l’urètre chez l’homme.

La biopsie

La biopsie est un moyen utilisé en dernier recours quand le diagnostic est incertain ou que les condylomes perdurent. Elle se fait sur la base d’un prélèvement de tissus qui sera par la suite analysé au microscope optique. Les tissus analysés sont prélevés au niveau des parties du corps où une infection à papillomavirus peut se développer. La biopsie est la méthode de diagnostic la plus précise. Elle renseigne sur la forme des condylomes et permet de mieux orienter leur prise en charge.

Condylomes : traitement

Le traitement d’une infection à papillomavirus repose sur la destruction des lésions au travers desquelles elle se manifeste. Il se fait au moyen d’une panoplie d’équipements et de produits pharmaceutiques. On dénombre selon le moyen utilisé différents traitements. Les plus utilisés sont :

  • le traitement basé sur le bistouri électrique ;
  • le traitement basé sur le laser ;
  • la cryothérapie ;
  • le traitement médicamenteux.

Le choix du traitement à utiliser dépend des condylomes à détruire et des particularités du malade.

Le traitement basé sur le bistouri électrique

Le traitement de condylomes à base d’un bistouri électrique consiste simplement en une électrocoagulation de la région infectée. En général, il est utilisé sur les lésions localisées au niveau de l’anus à condition que le rectum soit vidé.

Lorsque les condylomes sont profonds, l’électrocoagulation à l’aide d’un bistouri électrique se fait dans un bloc opératoire et le patient est totalement anesthésié. Par contre, quand ils ne sont presque pas étendus, une anesthésie locale est suffisante.

L’électrocoagulation avec bistouri électrique est efficace à environ 93 %. Elle est associée aux effets secondaires tels que la dépigmentation de la peau et l’apparition de cicatrices profondes. Le risque de récidive bien qu’il soit bas est présent et dépend de l’expérience et des compétences de l’opérateur. 

Le traitement basé sur le laser

Dans le cadre du traitement basé sur le laser, la destruction des condylomes est faite au moyen des rayons émis par un appareil spécifique. Une anesthésie générale ou locale est nécessaire avant l’intervention qui est menée par un professionnel. La médication à base de laser est efficace à près de 90 %. Le taux de récidive associé à celle-ci est de 35 %.

Les principaux effets secondaires de ce traitement sont les hyperpigmentations ou les hypopigmentations de la peau, les douleurs, et les cicatrices. Un ajustement du niveau de profondeur au cours de cette procédure par l’opérateur permettrait toutefois de prévenir les cicatrices.

La cryothérapie

La cryothérapie est une technique souvent plébiscitée par les dermatologues pour des condylomes à papillomavirus de petite taille. Elle gèle la peau pendant quelques secondes grâce à l’application d’azote liquide à l’aide d’un pulvérisateur spécifique. Les lésions disparaissent alors et les papillomavirus sont également détruits.

Le traitement de verrues avec la cryothérapie est efficace à près de 80 %. Ses principaux effets secondaires sont les douleurs et les ulcérations. Il laisse rarement des cicatrices et le risque de récidive est limité quand il est fait fréquemment.

Le traitement médicamenteux

Le traitement médicamenteux comme l’indique son nom consiste en la destruction des condylomes par des médicaments. Il est efficace à environ 85 % et il est associé à un faible taux de récidive.

Les médicaments utilisés dans le cadre de ce traitement contiennent des molécules susceptibles de modifier la réponse immunitaire. Il s’agit entre autres :

  • de l’imiquimod commercialisé sous le nom d’Aldara® en pharmacie ;
  • de la podophyllotoxine commercialisée sous le nom de Condyline 0,5 %® en pharmacie ;
  • du fluoro-uracile commercialisé en crème sous le nom de Efudix 5 %® en pharmacie.

Les effets secondaires de ces médicaments sont nombreux. Ils dépendent du principe actif du composé et des prédispositions du malade.

Condylomes : prévention

Le moyen le plus fiable de prévention des condylomes à papillomavirus est la vaccination. Son efficacité a été prouvée par de nombreuses études scientifiques et il est recommandé par l’OMS. Le vaccin anti-HPV permet de prévenir efficacement toutes les formes d’infections à papillomavirus humains.

Il est recommandé aux jeunes enfants, filles comme garçons âgés de 11 à 14 ans. Cependant, un rattrapage est possible jusqu’à l’âge de 19 ans. Les effets de la vaccination sont optimaux quand les premières doses du vaccin sont reçues avant le début de la vie sexuelle.

 

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