Santé

HYPERTHYROÏDIE : causes, symptômes, diagnostic et traitements

L’hyperthyroïdie est une maladie caractérisée par la sécrétion excessive d’hormones thyroïdiennes (T3 et T4) produites par la glande thyroïde située au niveau du cou. Ce trouble peut se manifester sous diverses formes avec des symptômes qui altèrent considérablement la qualité de vie d’une personne. Son diagnostic et son traitement précoces s’avèrent ainsi requis.

Malheureusement, l’hyperthyroïdie peut survenir sous sa forme asymptomatique avant de se compliquer de manière brusque. On parle d’hyperthyroïdie infraclinique ou fruste, fréquemment constatée chez les personnes âgées (ayant plus de 60 ans notamment). Que faire alors pour se prémunir de tout danger ? Voici tout ce qu’il faut savoir sur le sujet.

Hyperthyroïdie : causes

Les causes recensées de l’hyperthyroïdie sont assez variées. En effet, ce trouble peut résulter de :

  • La maladie de Graves-Basedow
  • Le goitre multinodulaire
  • Un nodule unique, autonome et hyperfonctionnel
  • Les thyroïdites
  • Certains traitements médicamenteux ou hormonaux
  • Le tabagisme, etc.

Chaque cause potentielle est le plus souvent associée à une tranche d’âge donnée ou à un profil précis. Ainsi, chez les jeunes, la maladie de Basedow apparait comme l’origine prédominante du mal. Avec les personnes âgées par contre, la cause la plus évoquée est l’existence d’un nodule ou d’un goitre nodulaire. Il apparait donc comme essentiel de comprendre les liaisons entre ces causes évoquées et l’hyperthyroïdie.

La maladie de Graves-Basedow

Encore appelée goitre diffus toxique, la maladie de Basedow se caractérise par la production d’anticorps dans l’organisme qui interfèrent avec l’action de la TSH (thyroid stimulating hormone). De ce fait, la thyroïde se trouve stimulée à produire davantage de T3 (trio-iodothyrominie) et de T4 (thyroxine) provoquant l’hyperthyroïdie.

La maladie de Basedow se manifeste par des signes clairs, dont le goitre, une atteinte des yeux (l’exophtalmie et yeux secs), la dermopathie infiltrante, etc. Elle touche majoritairement les femmes et conduit dans 70 % des cas à l’hyperthyroïdie. L’hérédité fait partie des origines souvent associées à ce mal.

Le goitre nodulaire toxique ou maladie de Plummer  

Le goitre toxique uni ou multinodulaire peut parfois résulter de mutations du gène du récepteur de la TSH entrainant une stimulation thyroïdienne continue. Les symptômes recensés dans ce cadre sont entre autres un gonflement du cou, une gêne pour déglutir, des douleurs, un essoufflement, etc. Contrairement à la maladie de Basedow, le goitre toxique n’est pas une affection auto-immune. Les anticorps interférant avec la TSH ne sont donc pas observés.

Les thyroïdites

Ce sont des maladies inflammatoires de la thyroïde qui provoquent un excès d’hormones thyroïdiennes, voire des douleurs au niveau de la base du cou. On distingue notamment la thyroïdite d’Hashimoto, la thyroïdite granulomateuse subaiguë et la thyroïdite lymphocytaire silencieuse (une variante de la thyroïdite d’Hashimoto). Les causes de ces diverses inflammations sont multiples. Il peut s’agir d’infections virales, de maladies auto-immunes ou même d’un terme de grossesse (thyroïdite post-partum).

Généralement, les thyroïdites partent d’elles-mêmes en quelques mois après leur survenance. Les patients ne prennent donc que des traitements destinés à soulager l’inflammation et les éventuels troubles cardiaques.

Les traitements (médicamenteux ou hormonaux)

L’hyperthyroïdie peut résulter de certains traitements. C’est notamment le cas lors de la prise de médicaments riches en iode tel l’amiodarone ou d’inhibiteurs de point de contrôle (check-point inhibitors) utilisés en cancérothérapie. De même, l’ingestion ou la prise d’hormones thyroïdiennes suivant une posologie top élevée (pour traiter une thyroïde paresseuse par exemple) peut provoquer l’hyperthyroïdie.

Le tabagisme

Plusieurs études menées chez des patients atteints de la maladie de Basedow révèlent l’impact négatif du tabac sur l’apparition de l’hyperthyroïdie. En effet, la consommation du tabac augmente le risque de complications de la maladie de Basedow et par ricochet le risque de survenance de l’hyperthyroïdie. Des problèmes d’irritation des yeux et d’exophtalmie ont par exemple été fréquemment recensés.

Hyperthyroïdie : Symptômes

HYPERTHYROÏDIE

Il n’est pas rare de constater une absence de symptômes chez les patients âgés de plus de 60 ans. En effet, la maladie survient chez eux généralement sous sa forme modérée appelée hyperthyroïdie infraclinique ou fruste. Cependant, dès que le mal devient sévère, certains symptômes s’en accompagnent notamment :

  • L’accélération du rythme cardiaque, les palpitations,
  • Des bouffées de chaleur avec transpiration et soif excessive
  • Des troubles du système digestif
  • Des troubles du système nerveux et de l’état général, etc.

L’accélération du rythme cardiaque indique un pouls fréquemment supérieur à cent battements par minute au repos. Le patient se plaint généralement de palpitations, d’essoufflement ou de « battements » dans la poitrine. En ce qui concerne les bouffées de chaleur, il s’agit de troubles de la régulation de la température du corps. Le malade transpire trop facilement et a les mains moites. Il craint la chaleur excessive et réclame beaucoup d’eau (à cause d’une grande soif).

Pour les troubles du système digestif, ils se manifestent par un transit intestinal accéléré causant la fréquence des elles voire la diarrhée (plus rarement). En outre, nous avons les troubles du système nerveux et de l’état général du patient. Ils se caractérisent par les tremblements (notamment au niveau de la main), les difficultés à trouver le sommeil, l’anxiété et la nervosité, l’irritabilité, la fatigue permanente, la faiblesse musculaire (bras et cuisses), la baisse du désir sexuel, etc.

Le cas de troubles oculaires (yeux anormalement écarquillés qui piquent) et de gonflement de la peau des jambes sont classifiés parmi les symptômes particuliers de l’hyperthyroïdie liée à la maladie de Basedow.  

Hyperthyroïdie : les complications

Elles sont rares, mais existent. Elles peuvent être :

  • Cardiaques (insuffisance cardiaque, fibrillation auriculaire…)
  • Psychiatriques (dépression, agitation, délire, confusion…)
  • D’ordre général (une perte de poids importante allant jusqu’à plusieurs kilos par semaine malgré une augmentation de l’appétit, la peau fine et les cheveux cassants qui tombent…)

Il existe en outre une forme de complication particulière dénommée la crise thyréotoxique. Il s’agit d’une intoxication par les hormones thyroïdiennes qui se produit lorsque la thyroïde s’emballe et relâche rapidement une grande quantité de T3 et T4. Le danger ici s’avère la possibilité d’aboutissement au coma si le symptôme n’est pas traité en urgence. Autrefois, cette crise était toujours mortelle, mais aujourd’hui sa prise en charge efficace est possible.

Par ailleurs, étant donné qu’un excès de T3 et T4 diminue l’absorption du calcium au niveau des os, les cas d’hyperthyroïdie non traités peuvent se compliquer en ostéoporose. 

Hyperthyroïdie : Diagnostic

HYPERTHYROÏDIE

Le diagnostic de l’hyperthyroïdie requiert des examens sanguins. En effet, l’anamnèse seule ne peut suffire à détecter cette maladie dont la forme peut être infraclinique. Ainsi, le médecin va réaliser un bilan sanguin pour doser les hormones thyroïdiennes T3 et T4 ainsi que la TSH. Dès qu’il recense des taux de T3 et T4 anormalement élevés puis un taux de TSH fortement diminué, il établit son diagnostic. Précisons que dans les cas d’absence de symptômes, la seule baisse du taux de TSH suffit pour tirer les conclusions.

Des examens complémentaires seront ensuite prescrits par le médecin, pour détecter cette fois-ci les causes de la maladie. Il peut s’agir d’une recherche d’anticorps (soupçon de la maladie de Basedow), d’une échographie du cou (recherche de nodules) ou d’une scintigraphie (examen particulier). Pour évaluer les impacts de la maladie sur l’organisme, un bilan ophtalmologique et un bilan cardio-vasculaire sont indiqués. 

La scintigraphie de la thyroïde (un examen particulier)

La scintigraphie thyroïdienne est un examen particulier pour déterminer la cause d’une hyperthyroïdie. Celui-ci consiste à administrer une substance faiblement radioactive appelée traceur au patient. La substance (habituellement de l’iode radioactif ou du technétium 99) va se fixer dans la thyroïde en plus ou moins grande quantité déterminée par l’activité de la glande.

Le traceur est généralement administré par injection intraveineuse. Il peut toutefois être pris par voie orale dans le cas spécifique de l’iode 123. Pour calculer la dose de traceur fixée à la thyroïde, il suffira de placer le détecteur de radiations (gamma-camera) contre la peau, au niveau du cou. Si la quantité de traceur capturée est anormalement élevée, on conclut à l’hyperthyroïdie.

La dernière étape de l’examen consistera alors à réaliser une « photographie » de la thyroïde avec un appareil spécial pour dépister la véritable cause de la maladie. Dans les cas de nodule, on observe une accumulation de l’iode en un point localisé. Pour la maladie de Basedow, l’hyperfixation de l’iode est visible dans toute la thyroïde.

Hyperthyroïdie : Traitements

Les traitements possibles de l’hyperthyroïdie varient selon les causes détectées ainsi que la présence de facteur de risques. Ainsi, un patient à risque de maladie cardiaque peut se faire traiter l’hyperthyroïdie légère, habituellement ignorée chez d’autres patients.

Hyperthyroïdies : traitement par cause

Il s’agira particulièrement de s’intéresser aux traitements en cas de :

  • Maladie de Basedow
  • Nodules thyroïdiens
  • Thyroïdites
  • Prise d’amiodarone

Maladie de Basedow

Pour traiter la maladie de Basedow et par ricochet l’hyperthyroïdie, une prescription d’antithyroïdiens de synthèse est généralement requise sur 12 à 18 mois. Cependant, la maladie peut récidiver dans les 6 mois suivant la fin du traitement médicamenteux. Dans ces cas, si le caractère chronique du mal est établi, l’ablation ou la neutralisation de la thyroïde sera nécessaire. On envisage aussi un suivi ophtalmologique des problèmes d’yeux constatés.

Nodules thyroïdiens

Lorsque la cause du mal est nodulaire, le traitement démarre par des médicaments visant à harmoniser le taux d’hormones thyroïdiennes dans le sang. Ensuite, une opération chirurgicale sera réalisée en vue d’enlever tout ou partie de la thyroïde selon la taille des nodules. Certains patients préfèrent la neutralisation de la thyroïde par de l’iode radioactif.

Thyroïdites

L’hyperthyroïdie provoquée par une inflammation de la thyroïde disparaît généralement de lui-même au bout de quelques mois. Les patients prennent donc un traitement visant à soulager les inflammations ou les symptômes cardiaques, le temps de guérir complètement. Une surveillance rigoureuse de toute évolution de la maladie reste indiquée.

Prise d’amiodarone

Lorsque la maladie survient à cause d’une interaction médicamenteuse, la prise de ce médicament est automatiquement interrompue. Dans ce cas précis, l’amiodarone sera remplacé par une autre substance. Précisons qu’avant toute prescription d’amiodarone, le médecin réalise un examen des risques en vue de prévenir toute hyperthyroïdie. En l’absence de risques, le patient doit tout de même s’abstenir d’une alimentation riche en iode notamment en prenant le sel sans iode ajouté et en évitant les compléments alimentaires contenant des algues. 

Hyperthyroïdies : Implications des différents types de traitement

HYPERTHYROÏDIE

Qu’il s’agisse de traitement médicamenteux, de neutralisation par iode radioactif ou d’intervention chirurgicale, les traitements de l’hyperthyroïdie présentent des implications qu’il importe de comprendre avant de s’y engager.

Les antithyroïdiens de synthèse

Ce sont des médicaments (BASDENE, NEO-MERCAZOLE, THYROZOL, PROPYLEX) qui bloquent la production des hormones thyroïdiennes par la thyroïde. Ils servent ainsi à contrôler les symptômes de maladie en attendant un traitement chirurgical ou encore une neutralisation par iode radioactif. Le médecin fixe la posologie indiquée au cas par cas. Les antithyroïdiens de synthèse ne sont pas sans effets secondaires.

En réalité, ils peuvent impacter divers organes à travers les démangeaisons, les rougeurs cutanées, la fièvre, la baisse anormale des globules blancs (exposition du patient aux maladies infectieuses), les douleurs articulaires, etc. Ces effets indésirables sont potentiellement dangereux même s’ils sont rares. Une surveillance médicale par des analyses de sang régulières est indiquée. En outre, le patient doit immédiatement interrompre le traitement en attendant la consultation médicale dès qu’il constate une fièvre, un signe d’infection, etc.

La neutralisation de la thyroïde par l’iode radioactif

La thyroïde hyperactive a la propriété de capturer de fortes quantités d’iodes. Pour donc la neutraliser définitivement, on administre de l’iode radioactif au patient. Cet iode, une fois capturé, détruira les cellules contenant la thyroïde. Pendant l’élimination desdites cellules, de fortes quantités de T3/T4 sont libérées aggravant temporairement les symptômes de la maladie. Peu à peu, l’iode radioactif est éliminé dans les urines.

Ce traitement est contre indiqué chez les femmes enceintes et chez celles qui allaitent. Ainsi, un test de grossesse négatif est exigé avant l’administration d’iode radioactif aux femmes en âge de procréer. Celles-ci doivent en outre utiliser un moyen de contraception efficace le long du traitement et pendent les mois qui le suivent. Pour les hommes, il est recommandé d’attendre au moins trois après le traitement avant d’envisager une procréation.  

La chirurgie pour traiter l’hyperthyroïdie

L’intervention chirurgicale sert à enlever une partie de la thyroïde (contenant des nodules) ou sa totalité. Dans ce dernier cas, le patient devra prendre des hormones thyroïdiennes de synthèse durant toute sa vie afin de compenser l’absence d’hormone naturelle. Il faut dire que ces hormones de synthèses sont peu chères et sans effets secondaires. Ils sont également indiqués pour les patients ayant subi une neutralisation de la thyroïde par l’iode radioactif.

Les interventions chirurgicales sont rares comparativement à l’utilisation de l’iode radioactif. Elles demeurent cependant indiquées chez les femmes souffrantes et qui désirent avoir d’enfants dans un délai rapproché. Ce traitement est aussi indiqué chez les patients présentant un goitre volumineux.

Hyperthyroïdie et Grossesse

L’hyperthyroïdie chez la femme enceinte doit être rapidement dépistée et traitée. En effet, les hormones thyroïdiennes maternelles jouent un rôle prépondérant dans le fonctionnement de la thyroïde du fœtus. Un suivi médical systématique sur le plan thyroïdien est indiqué pour les femmes enceintes :

  • Ayant des antécédents personnels ou familiaux de problèmes thyroïdiens
  • Souffrantes d’une maladie auto-immune
  • Précédemment traitées pour une hyperthyroïdie.

Prise en charge de la femme enceinte

Si l’hyperthyroïdie survient pendant la grossesse, des répercussions peuvent rapidement s’observer sur l’enfant à naître. On distingue notamment un retard de croissance du fœtus, un accouchement prématuré, voire une fausse couche. Le traitement doit donc être précoce pour éviter ces éventualités.

On pourra opter pour le traitement médicamenteux (antithyroïdien de synthèse) à la dose minimale pour obtenir un taux normal d’hormones thyroïdien dans le sang. Le fœtus sera en outre surveillé par échographie durant toute la grossesse pour soigner toute apparition de goitre. En cas de signes d’hyperthyroïdie après la naissance, ceux-ci disparaîtront d’eux même en quelques semaines.

Traitement de l’hyperthyroïdie chez la femme qui allaite

Le traitement médicamenteux chez la femme qui allaite est déconseillé. Elle doit trouver une nouvelle option de nutrition du nourrisson. En effet, les antithyroïdiens de synthèse peuvent passer dans le lait maternel et entrainer des effets négatifs sur l’enfant. Cependant, avec une surveillance efficace du bébé, la mère peut prendre du propylthiouracile à faible dose pendant qu’elle allaite. Suivre les recommandations du médecin demeure utile dans ce cadre.

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