Parapharmacie

La vitamine K chez le nouveau-né : Utilité et Posologie

Chez l’individu adulte, les carences en vitamines constituent des situations peu courantes, car l’alimentation assure la plupart de ses besoins nutritionnels. Du côté du nouveau-né également, les cas d’avitaminoses sont peu fréquemment diagnostiqués, car le lait maternel lui apporte une grande partie de ces nutriments. De plus, au cours de la grossesse, sa mère par le biais du placenta lui fournit une quantité suffisante de vitamines. Il existe cependant de ces substances comme la vitamine K qu’aucun de ces deux moyens ne permet véritablement de couvrir l’apport. Alors, il faut les en administrer au bébé. Voici la démarche à adopter dans ce contexte.

La vitamine K chez le nouveau-né : Une substance indispensable à la coagulation du sang

La vitamine K désigne une substance liposoluble qui participe à l’homéostasie du calcium. C’est-à-dire qu’elle est impliquée dans le processus métabolique de fixation sur les os du calcium. La fonction essentielle de cette vitamine concerne la coagulation. Elle intervient dans ce contexte à la synthèse d’anticoagulants naturels à savoir les protéines Z, S et C.

De plus, elle participe à l’activation et à la synthèse de diverses protéines plasmatiques de la coagulation que sont les facteurs VII, IX et X puis la prothrombine. Ainsi, grâce à la vitamine K, le sang peut bien coaguler en cas de saignements.

Les différents types de vitamine K

La vitamine K existe sous deux formes et chacune d’elles assure un des rôles reconnus à la substance. Ainsi, il y a d’une part la phylloquinone (impliquée dans la coagulation) communément appelée vitamine K1. Il s’agit d’une vitamine K alimentaire, car elle est essentiellement fournie par les aliments comme :

  • Les petits pois ;
  • Le brocoli ;
  • La carotte ;
  • L’asperge ;
  • Le chou-fleur, vert et de Bruxelles ;
  • La poire ;
  • L’épinard ;
  • L’huile de soja et celle de canola ;
  • Les algues.

D’autre part, on retrouve les ménaquinones, un groupe de composés se référant à la vitamine K2. Comparativement à la vitamine K1, celle dite K2 (qui participe à la calcification des tissus) est essentiellement produite par les bactéries du tube digestif au niveau de l’intestin grêle.

Toutefois, la quantité de vitamine K2 fournie par l’organisme ne satisfait pas toujours les besoins en vitamine K. Il faut alors miser sur l’alimentation pour couvrir ceux-ci. Dans ce cas, les produits à consommer sont le yaourt, l’huile de poisson, le fromage et le lait.

La vitamine K chez le nouveau-né : Un moyen de prévenir la carence et les hémorragies

Chez le sujet adulte, la carence en vitamine K est possible, mais elle est rare, car la plupart des aliments du quotidien renferment cette substance. De plus, cette avitaminose semble plus facile à prendre en charge quand il s’agit d’un individu âgé.

En revanche, chez le nouveau-né, une absence de vitamine K dans le sang s’avère plus fréquente et plus dangereuse. Elle s’identifie par des saignements au niveau :

  • De la bouche ;
  • Des selles ;
  • De l’urine ;
  • De la peau ;
  • Des voies génitales ;
  • De l’intestin ;
  • De l’estomac.

Les ecchymoses constituent également un élément diagnostique de la carence en vitamine K chez le nouveau-né.

La nécessité d’injecter la vitamine K au nouveau-né

Il est certes vrai que la vitamine K est naturellement produite par l’organisme et fournie par l’alimentation. Cependant, il faut comprendre que suite à sa naissance, le bébé devra d’abord être âgé au moins d’une semaine avant que les bactéries de son intestin ne se mettent à synthétiser le coagulateur.

Même en ce qui concerne l’alimentation, il faut retenir que le nutriment est faiblement disponible dans le lait maternel. De plus, même si la mère approvisionne le fœtus durant la grossesse en vitamine K, cette dernière passe en très petite quantité à travers le placenta. Ce qui fait qu’à la naissance, l’organisme du bébé ne contient presque pas de vitamine K.

Sans oublier qu’il faudra attendre la diversification alimentaire pour enfin pouvoir bien satisfaire extérieurement les apports en vitamine K de l’enfant. En attendant ce moment, le bébé est exposé au risque du syndrome hémorragique du nouveau-né (SHNN). Ce sont des épisodes de saignements qui peuvent apparaître au niveau du cerveau ou des intestins et survenir suite à une petite plaie.

Ils se manifestent généralement au cours de la première semaine après la naissance et souvent durant les 24 h suivant celle-ci. Sur 100 000 nouveau-nés, 4 à 11 sont concernés par le syndrome. Un tel désordre sanitaire provoque dans 40 % des cas des dommages au cerveau et conduit dans une proportion de 10 % à la mort du bébé.

Compte tenu des dangers associés à la carence en vitamine K chez le nouveau-né, il s’avère indispensable d’administrer à ce dernier la substance, et ce durant les premières semaines de sa vie. Cette supplémentation permet de faire passer à un au plus sur 100 000 le nombre de bébés susceptible d’être atteint du SHNN.

La vitamine K chez le nouveau-né : Une supplémentation en posologie 4 h, 4 jours et 4 semaines

La vitamine K chez le nouveau-né

La posologie de supplémentation de la vitamine K afin de prévenir les hémorragies par carence en vitamine K (HCVK) varie d’un pays à un autre. En France, la Société Française de Néonatologie (SFN) recommande d’effectuer les administrations suivant le rythme 4 h, 4 jours et 4 semaines pour un bébé allaité. Cela signifie qu’une :

  • Première dose devra être administrée le jour de la naissance et plus précisément durant les 4 premières heures de vie ;
  • Deuxième dose doit être donnée au cours de la première semaine de vie et précisément dans les 4 jours après la naissance. Le délai peut toutefois aller jusqu’à 7 jours.
  • Troisième dose doit être reçue par l’enfant à un mois de vie.

Pour chacune de ces administrations, le dosage reste le même, soit de 2 mg. La prophylaxie se fait par injection intramusculaire ou par voie orale.

Une posologie dépendante de l’état du bébé et de son alimentation

D’après la SFN, il existe des recommandations spécifiques en ce qui concerne la posologie de supplémentation de la vitamine K chez les bébés :

  • Prématurés ;
  • À risque ;
  • Nourris au lait industriel ;
  • Soumis à l’allaitement mixte.

Pour la première catégorie de nouveau-nés, la posologie dépend de la masse corporelle du sujet à la naissance. Ainsi, le bébé prématuré pesant plus de 2,5 kg à la naissance, sa première dose de vitamine K est de 1 mg. Quand son poids se situe en dessous de 2,5 kg, le dosage adapté est de 0,4 mg/kg.

En ce qui concerne les doses restantes, il revient au médecin traitant de définir leur quantité. Toutefois, il faut retenir que toutes les administrations doivent s’effectuer par injection intraveineuse ou intramusculaire. C’est le même mode d’administration qui doit être choisi chez le bébé né à terme, mais présentant un risque de développer une HCVK ou un SHNN.

Pour la posologie, la première dose est de 1 mg et les autres seront déterminées suivant les facteurs de coagulation. Parlant de ces dits nouveau-nés à risque, il s’agit de ceux ayant :

  • Un manque d’oxygène à la naissance ;
  • Une incapacité à avaler ;
  • Un ictère néo-natal.

À cette liste s’ajoutent les bébés dont les mères ont eu à suivre au cours de leur grossesse un traitement à base d’anticoagulants ou d’antiépileptiques. En ce qui concerne par ailleurs les nouveau-nés alimentés à la fois au lait maternel et celui dit infantile, leur posologie d’administration de la vitamine K est la même que celle des bébés allaités.

Quant aux enfants nourris uniquement au lait industriel, la dernière dose ne constitue pas une obligation. Elle peut être donc abandonnée.

La vitamine K chez le nouveau-né : Les règles de précaution

Bien vrai, la vitamine K s’avère plus importante chez certains bébés comme ceux :

  • Nés par césarienne ;
  • Avec un faible poids à la naissance ;
  • Uniquement nourris au lait maternel ;
  • Possédant des hématomes à la naissance ;
  • Nés par forceps ou assistance par ventouse.

Néanmoins, tous les nouveau-nés sont concernés par la supplémentation de cette substance. Même si l’injection de vitamine K est source de douleurs, de rougeur et d’enflure au lieu où elle a été effectuée, elle reste la meilleure voie d’administration. Avec ce mode, l’effet du produit s’avère en effet optimisé.

Malgré cela, certains parents s’opposent à l’injection de la vitamine K à leur nouveau bébé, car ils l’assimilent à une vaccination. Pourtant, il s’agit de deux différentes opérations. Toutefois, dans de telles situations, l’équipe médicale opte pour l’administration de la vitamine K par voie orale. Elle s’effectue à l’aide d’une pipette.

Il faut par cependant préciser qu’en plus d’être moins efficace, la vitamine K prise oralement expose entre l’âge de 2 semaines et 6 mois le bébé à une carence en vitamine B. Ce qui peut être également source d’hémorragies tardives.

Un traitement complémentaire en cas de besoin

La supplémentation de la vitamine K réduit certes les risques d’hémorragies chez le nouveau-né, mais ce n’est que dans une très grande proportion et donc pas à 100 %. Il faut en effet comprendre que ces doses peuvent ne pas être satisfaisantes pour l’organisme de certains bébés.

C’est pour cela qu’il est conseillé aux parents de rester vigilants avec leurs enfants, même lorsque ces derniers ont déjà reçu de la vitamine K. Concrètement, les géniteurs doivent être attentifs à toute forme de saignement, et ce jusqu’à l’âge de 6 mois.

Face à un signe à risque, ils doivent le plus vite conduire le bébé chez un médecin qui se chargera de lui prescrire un traitement complémentaire.

Les interactions avec la vitamine K

La vitamine K inhibe l’action de certains produits. De même, il existe certains médicaments qui réduisent l’effet de ce coagulateur. Il s’agit de ceux destinés à traiter :

  • Les convulsions ;
  • Le cholestérol ;
  • Les lipides (limiter leur concentration sanguine).

Les antibiotiques diminuent aussi l’activité de la vitamine K surtout s’ils sont consommés sur une longue période. Pour maintenir alors l’effet de la vitamine K, il faut faire attention à ces interactions au moment de l’administrer au nouveau-né.

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