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CORTICOÏDES ORAUX EN PÉDIATRIE : INDICATIONS, CONTRE-INDICATIONS, PRÉCAUTIONS ET EFFETS SECONDAIRES

Les corticoïdes sont des hormones naturelles utiles à la transmission des messages chimiques et au développement de l’organisme humain. Grâce aux différentes avancées scientifiques, il est aujourd’hui possible de les fabriquer artificiellement.

Ayant prouvé leur efficacité dans le traitement de plusieurs pathologies de l’adulte, mais également en pédiatrie, ils sont le plus souvent utilisés comme des anti-inflammatoires oraux. Que sont réellement les corticoïdes oraux et quelle est leur utilité ? Pour quels traitements pédiatriques sont-ils recommandés ? Ont-ils des effets secondaires ? Tout ce qu’il faut savoir ici !

Corticoïdes oraux en pédiatrie : qu’est-ce que c’est ?

Les corticoïdes ou encore corticostéroïdes oraux sont des médicaments synthétiques dérivés du cortisol, une hormone naturelle produite par les glandes surrénales. Dans la majorité des cas, ils aident à calmer la réponse de l’organisme à une inflammation. Pourquoi oraux ? Oraux simplement parce qu’ils sont administrés le plus souvent par voie orale, sous la forme d’une pilule ou sous forme liquide.

Chez les enfants, ils sont employés dans le traitement de nombreuses affections causées par une inflammation : asthme, réactions allergiques, maladies inflammatoires de l’intestin grêle, arthrite juvénile, etc. Aussi, les corticoïdes sont d’une grande utilité dans la prise en charge des tumeurs ou de la dégénérescence musculaire (la myopathie de Duchenne).

En ce sens, il existe plusieurs types de corticoïdes à savoir :

  • Les corticoïdes systémiques ;
  • Les corticoïdes inhalés ;
  • Les corticoïdes topiques (intranasaux).

Corticoïdes systémiques

On administre les corticoïdes ou glucocorticoïdes systémiques pendant une courte période dans le cas où l’enfant fait une crise d’asthme grave. Ils peuvent se présenter sous forme de pilules, de comprimés ou de liquide. À défaut, on peut les administrer à l’enfant par injection intraveineuse.

S’agissant des effets secondaires des corticoïdes systémiques, ils peuvent inclure des changements de comportement, une augmentation de l’appétit, de l’acné, des champignons buccaux. Parfois, les enfants peuvent avoir des maux d’estomac ou des troubles du sommeil. Heureusement qu’à la fin du traitement, ceux-ci disparaissent le plus souvent.

Corticoïdes inhalés

Administrés grâce à un inhalateur, les corticoïdes inhalés servent à contrôler ou à prévenir l’asthme. Pour rappel, l’inflammation interne des bronches des poumons est l’une des causes majeures de l’asthme. Les corticostéroïdes inhalés ont pour ainsi action de réduire celle-ci.

Il convient de noter qu’ils sont employés à long terme pour leur efficacité. Ils peuvent en effet améliorer la qualité du sommeil et prévenir les crises d’asthme. Quant aux effets indésirables observés, ils sont légers et plus ou moins peu fréquents.

Corticoïdes intranasaux

Ces corticoïdes sont utilisés pour prévenir un écoulement nasal ainsi que la congestion provoquée par quelques formes d’allergies. Ils permettent aussi de traiter leurs symptômes. Les enfants atteints n’auront plus à prendre d’autres médicaments pour le traitement de ces affections.

Les corticoïdes intranasaux sont pulvérisés dans le nez. Cela explique d’ailleurs que leurs effets fréquents soient une irritation ou un saignement du nez lors de l’application. Il est alors conseillé d’arrêter l’administration pendant quelques jours, le temps de réduire ces effets.

Corticoïdes oraux : quelques exemples

Corticoïdes

Il existe actuellement de nombreux corticoïdes de synthèse aux propriétés anti-inflammatoires et immunosuppressives. Ceux-ci sont produits à partir de molécules d’origine animale ou végétale. Les médicaments diffèrent les uns des autres par l’intensité, par la spécificité de l’action anti-inflammatoire et par la durée d’action.

Parmi les différentes, on peut citer :

  • La cortisone ;
  • La prednisone ;
  • La prednisolone ;
  • La méthylprednisolone ;
  • La méprednisone ;
  • La béclométhasone ;
  • La triamcinolone,
  • La paraméthasone ;
  • La mométasone ;
  • Le budésonide ;
  • Le fluocinonide ;
  • La fluméthasone ;
  • Le flunisolide ;
  • La flutamortasone ;
  • La dextracetasone ;
  • La fludrocortisone.

Cette variété de corticoïdes est utilisée dans le traitement de diverses pathologies, toutes plus graves les unes que les autres.

Corticoïdes oraux en pédiatrie : mode d’action

Tel déjà évoqué plus haut, les corticoïdes ont été synthétisés en utilisant le cortisol naturel comme modèle. Par conséquent, cela a permis d’imiter l’une des fonctions de cette hormone particulière. Il s’agit de sa capacité à moduler les réponses inflammatoires et l’activité globale du système immunitaire. Pour cette raison, les corticoïdes sont aussi souvent appelés « anti-inflammatoires stéroïdiens ». Cela les distingue dans la classification des anti-inflammatoires des AINS (anti-inflammatoires non stéroïdiens).

En ce sens, le mécanisme par lequel les corticoïdes exercent leur action anti-inflammatoire et immunosuppressive est très complexe. Cela implique les différents processus biochimiques que les cellules subissent en réponse à des stimuli potentiellement dangereux. Ce sont par exemple les agents infectieux, les allergènes, les substances étrangères ou les cellules anormales.

Ce mécanisme consiste à déclencher la réponse immunitaire et à la maintenir jusqu’à ce que la cause soit éliminée. Ensuite, il peut l’atténuer afin qu’elle ne devienne pas nuisible à son tour. Cela se produit, par exemple, dans le cas des inflammations chroniques ou les maladies auto-immunes.

Plus précisément, les corticoïdes inhibent les processus cellulaires qui conduisent à la synthèse des substances pro-inflammatoires et immunostimulantes. Inversement, ils activent les processus cellulaires qui conduisent à la synthèse des substances anti-inflammatoires et immunosuppressives. Le résultat final de cette chaîne de réactions chimiques est le confinement de tous les événements de l’inflammation localisée. Aussi, cela inclut celui des réponses immunitaires généralisées qui sont responsables des symptômes de l’inflammation.

Corticoïdes oraux : quand sont-ils indiqués chez les enfants ?

L’effet des corticoïdes est en réalité symptomatique. Ils servent à soulager les douleurs associées à l’inflammation, et non à en guérir la cause. Le médecin de l’enfant atteint peut les prescrire pour un problème cutané grave. Une éruption cutanée causée par l’herbe à puces en est un exemple. De plus, cet enfant peut présenter des signes considérés comme des effets secondaires de ce médicament. Ceux-ci comprennent les nausées, les maux de tête, les étourdissements et l’anxiété.

Quelques pathologies fréquentes chez l’enfant

Voici en détail quelques pathologies pour lesquelles l’utilisation de ces substances peut être indiquée.

  • Maladies rhumatismales : polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, vascularite, lupus (néphrite lupique), polymyosite et dermatomyosite.
  • Maladies gastro-intestinales : colite ulcéreuse, maladie de Crohn et maladies du foie telles que l’hépatite auto-immune.
  • Maladies bronchiques et pulmonaires : asthme bronchique, pneumonie à Pneumocystis jirovecii et sarcoïdose.
  • Réactions allergiques sévères.
  • Maladies hématologiques : maladie du greffon contre l’hôte, anémie hémolytique acquise et purpura thrombocytopénique idiopathique.
  • Maladies rénales : syndrome néphrotique et glomérulonéphrite.
  • Maladies dermatologiques : urticaire, eczéma sévère et pemphigus.
  • Maladies du système nerveux central : sclérose en plaques et névrite optique épidémique.
  • Lésion traumatique de la moelle épinière.

Aussi, les corticoïdes oraux peuvent être utilisés presque chaque fois qu’un processus inflammatoire est en cours, quelle que soit son origine.

Autres indications

D’une part, les corticoïdes, en tant qu’immunosuppresseurs, sont employés généralement en association avec d’autres immunomodulateurs. Ils permettent ainsi de traiter des tumeurs du système hématopoïétique (leucémie, lymphome, myélome) et l’antirejet après une transplantation d’organe ou de moelle.

D’autre part, en raison de leur action sur la réponse immunitaire, ils sont recommandés comme traitement immunosuppresseur en transplantations. Ils sont aussi employés à ce titre comme adjuvant dans le traitement par agents cytostatiques ou radiothérapie.

Pour aller plus loin, les corticoïdes sont administrés suivant plusieurs voies :

  • Intraveineuse ;
  • Intramusculaire ;
  • Sous-cutanée ;
  • Intra-articulaire ;
  • Inhalation ;
  • Orale ;
  • Topique cutanée ;
  • Topique oculaire ;
  •  

La voie d’administration est choisie en fonction du type de maladie à traiter, de la rapidité d’action requise et de la durée du traitement.

Corticoïdes oraux en pédiatrie : contre-indications

Corticoïdes

Les corticostéroïdes sont contre-indiqués chez les enfants présentant les signes cliniques. Il s’agit entre autres :

  • D’une hypersensibilité aux médicaments ayant la même structure chimique ;
  • Des patients souffrant de diabète sucré ;
  • D’herpès oculaire ;
  • De tuberculose active non traitée ;
  • D’infections systémiques virales, bactériennes ou fongiques ;
  • D’ulcère gastroduodénal ;
  • De psychose ;
  • D’insuffisance hépatique ou rénale ;
  • De grossesse.

L’utilisation concomitante de glucocorticoïdes (corticoïdes) et de glucosides cardiotoniques augmente le risque d’arythmies cardiaques ou de toxicité digitalique associée à l’hypokaliémie. Aussi, il faudra réduire progressivement la dose pour éviter le risque d’insuffisance surrénale.

Par ailleurs, la prednisone est capable d’inhiber la croissance osseuse chez les enfants. En outre, l’utilisation des corticoïdes systémiques n’est pas recommandée pour le traitement de la névrite optique. Cela s’explique par le fait qu’ils augmentent le risque de nouveaux épisodes.

Corticoïdes oraux en pédiatrie : effets secondaires

Les effets secondaires des corticoïdes de synthèse dépendent principalement de leur action anti-inflammatoire et immunosuppressive. Ils partagent également à des degrés divers, les autres effets biologiques de l’hormone naturelle, à savoir :

  • Le métabolisme des glucides ;
  • Le métabolisme des protéines ;
  • Le métabolisme des lipides ;
  • Le métabolisme du tissu osseux ;
  • L’excrétion rénale du sodium et du potassium ;
  • La sécrétion d’acide gastrique ;
  • La crise sanguine (équilibre entre les différentes cellules et composants du sang) et le tonus de l’humeur.

En raison de l’interférence avec ces systèmes d’homéostasie de l’organisme, les corticoïdes peuvent provoquer :

  • Hypertension ;
  • Rétention d’eau ;
  • Hyperglycémie ;
  • Perte de potassium ;
  • Ostéoporose ;
  • Fonte musculaire ;
  • Fragilité capillaire ;
  • Retard de cicatrisation ;
  • Hyperlipidémie ;
  • Accumulation de tissu adipeux au niveau du visage, du cou et de l’abdomen ;
  • Ulcère gastro-duodénal ;
  • Augmentation de la coagulabilité du sang ;
  • Modifications hématologiques ;
  • Euphorie et insomnie.

En outre, avec un traitement prolongé, ces médicaments ont tendance à inhiber la production d’hormones naturelles par les glandes surrénales. Cela provoque ainsi un tableau d’insuffisance surrénale qui se manifeste avec de graves conséquences, surtout lorsque le traitement est interrompu. Un autre effet secondaire important de l’utilisation prolongée des corticoïdes est lié à leur action immunosuppressive qui augmente la sensibilité aux infections. Cela peut néanmoins être à dessein comme dans le cas d’un traitement antirejet ou anticancéreux.

Chez les petits atteints de myasthénie, une aggravation des symptômes d’inflammation a été observée au début de la corticothérapie. D’autre part, chez ceux présentant des problèmes hépatiques (y compris une cirrhose), cette dernière est associée à une rétention d’eau. Pour finir, on observe une cardiomyopathie hypertrophique chez les nouveau-nés.

Corticoïdes oraux en pédiatrie : précautions

Le traitement à base de corticostéroïdes doit impérativement être prescrit par un médecin. Toutefois, il existe d’autres précautions à prendre pour l’obtention d’un résultat efficace.

Avant le début du traitement

Avant de commencer un traitement basé sur des corticoïdes, il faut informer le médecin surtout si l’enfant prend déjà l’un des médicaments ci-après :

  • Des anticoagulants comme la warfarine ou Coumaphène ;
  • De l’aspirine ;
  • Des diurétiques (pilules d’eau) ;
  • De l’insuline ;
  • Du kétoconazole ;
  • Du Nizoral ;
  • De la phénytoïne (Dilantin) ;
  • De la rifampicine ;
  • De la toléandomycine.

Par ailleurs, il est souhaitable de toujours consulter le médecin, l’infirmière praticienne ou le pharmacien avant de donner tout autre médicament. Il s’agit notamment d’une vitamine sur ordonnance ou en vente libre.

Pendant le traitement

Après le début du traitement, en fonction de l’affection traitée, il existe d’autres précautions à prendre lors d’une corticothérapie :

  • Donner ce médicament avec de la nourriture ou du lait pour éviter les maux d’estomac.
  • Ne pas utiliser des doses plus élevées que celles recommandées.
  • Utiliser avec une extrême prudence chez les enfants atteints de tuberculose respiratoire ou d’infections systémiques non traitées.
  • Utiliser avec prudence chez les enfants souffrant d’hypertension, d’insuffisance cardiaque ou de dysfonctionnement rénal. Il a été démontré que l’utilisation prolongée est associée à la rétention d’eau et à l’hypertension.
  • Utiliser avec prudence chez les enfants souffrant de problèmes gastro-intestinaux (diverticulite, ulcère gastroduodénal ou colite ulcéreuse) en raison du risque de perforation.
  • Utiliser avec précaution chez les patients diabétiques, car il modifie la régulation du glucose, entraînant une hyperglycémie.
  • Utiliser avec précaution chez les enfants souffrant de cataractes, car il augmente la pression intra-oculaire. Pour cela, il faudra effectuer des examens oculaires de routine.
  • Utiliser avec prudence chez les enfants présentant des tendances thromboemboliques ou une thrombophlébite, des crises d’épilepsie.
  • Utiliser avec prudence chez les patients présentant des tendances thromboemboliques ou une thrombophlébite.

Chez les enfants présentant un dysfonctionnement de la thyroïde, des doses ajustées sont nécessaires. En effet, le métabolisme des glucocorticoïdes est augmenté en cas d’hyperthyroïdie et diminué en cas d’hypothyroïdie. D’ailleurs, l’utilisation à long terme de corticostéroïdes a été associée au développement du sarcome de Kaposi. Si cela se produit, il faudra envisager d’arrêter le traitement.

Le grand nombre de précautions à prendre a entraîné une phobie des corticostéroïdes chez les parents malgré l’efficacité de ces molécules.

Autres précautions

Compte tenu des nombreux effets secondaires potentiellement dangereux, l’utilisation des corticostéroïdes doit être :

  • Réservée aux cas où les autres anti-inflammatoires ne sont pas suffisamment efficaces ;
  • Limitée autant que possible en termes de dose et de durée de traitement ;
  • Recommandée localement, plutôt que par voie systémique, chaque fois que cela est indiqué ;
  • Interrompue progressivement (pas du jour au lendemain).

Chacune des différentes précautions est importante. En cas de doute, il convient de consulter le médecin.

Corticoïdes et la croissance de l’enfant

Corticoïdes

Des études récentes ont montré que les corticostéroïdes inhalés pour l’asthme peuvent ralentir la croissance de certains enfants pendant la première année de traitement. Toutefois, cela n’est que temporaire, parce que ces enfants ont fini par avoir une taille normale à l’âge adulte. Pour réduire le risque d’effets secondaires, le pédiatre devra prescrire la dose la plus fiable nécessaire pour contrôler les symptômes. La taille de l’enfant sera également mesurée régulièrement lors des visites médicales.

Quelques conseils supplémentaires

Les enfants qui prennent des corticostéroïdes peuvent contracter des infections plus facilement et doivent éviter les personnes malades ou infectées. S’ils sont exposés à la varicelle ou à la rougeole, il faudra prévenir immédiatement le médecin. Aussi, les parents doivent informer le dentiste qui traite leurs petits lorsqu’ils prennent parfois des corticostéroïdes pour l’asthme.

Il est également essentiel qu’ils connaissent le nom de tous les médicaments pris. Les parents doivent partager cette information avec toute personne impliquée dans les soins de leur enfant.

Par ailleurs, il faut toujours s’assurer d’avoir suffisamment de corticoïdes à portée de main pour gérer l’asthme. Chaque fois qu’on renouvelle l’ordonnance, il faut vérifier le nombre de fois qu’il faudra encore le faire.

S’il n’y a plus de renouvellement, la pharmacie habituelle peut avoir besoin de 2 ou 3 jours pour contacter le clinicien. Ce dernier pourra changer l’ordonnance. Pour toutes ces raisons, il est important de vérifier l’étiquette et la date d’expiration avant d’administrer chaque dose. En outre, il convient de demander au pharmacien ou dans l’officine ce qu’il faut faire des médicaments périmés ou inutilisés. Généralement, il n’est pas recommandé de garder des médicaments déjà arrivés à leur date de péremption.

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