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Acné de grossesse : symptômes, causes, diagnostic, traitement, prévention

Au début d’une grossesse, les modifications hormonales qui ont lieu entraînent une série de dermopathies parmi lesquelles figure l’acné. Considérée comme une affection bénigne, parce qu’elle n’engage pas le pronostic vital, l’acné de grossesse touche néanmoins une femme sur quatre femmes enceintes. Elle est redoutée pour son caractère inesthétique, ses effets sur la qualité de la peau ainsi que ses répercussions d’ordre psychiques.

En milieu clinique, le traitement d’attaque de l’acné repose sur l’administration de rétinoïdes. Cependant, de nombreuses études ont prouvé que l’utilisation de rétinoïdes pendant la grossesse est associée à un risque important de tératogénicité infantile. Comment se débarrasser alors des lésions d’acnés quand on est enceinte ? Voici des éléments de réponse !

Acné de grossesse : causes

La principale cause de la survenue de l’acné de grossesse est une imprégnation hormonale. En effet, durant la grossesse la sécrétion des œstrogènes et des progestérones connaît une majoration importante. Les glandes sébacées de l’épiderme sont alors fortement stimulées et le sébum est produit en quantité extrêmement élevée. L’excès de sébum synthétisé va boucher les pores de la couche superficielle de la peau ; entraînant ainsi la formation des boutons d’acné.

Les sécrétions hormonales sont en hausse durant tous les trimestres d’une grossesse et même les premiers mois après la délivrance. Par conséquent, il n’est pas exclu que l’acné de grossesse apparaisse à tout terme de la grossesse. Cependant en général, la plupart des cas d’acnés de grossesse sont observés au cours du premier trimestre.

Acné de grossesse : facteurs de risque

Les facteurs de risque de l’acné de grossesse correspondent à des éléments qui accentuent la probabilité qu’elle survienne. Ils exacerbent les effets de l’imprégnation hormonale et sont donc favorables aux poussées acnéiques. Ils comprennent principalement :

  • Certaines habitudes alimentaires ;
  • L’usage de cosmétiques gras ;
  • La prise de stéroïdes anabolisants ;
  • L’exposition à certains produits industriels.

Voir dans les rubriques ci-dessous le mécanisme par lequel chacun des facteurs susmentionnés crée un environnement physiologique favorable à la survenue de l’acné de grossesse.

Habitudes alimentaires et acné de grossesse

Bien qu’une série de recherches soit effectuée sur les rapports entre l’alimentation et l’acné, une alimentation anti-acné n’a pas encore été formellement définie. Des divergences sont observées d’une recherche à une autre. Cependant, toutes les études effectuées à ce jour semblent s’aligner sur le fait que durant la grossesse, certaines habitudes alimentaires sont favorables à l’acné. Il s’agit de la consommation excessive :

  • D’aliments ayant un fort indice glycémique, par exemple le sucre de table, les aliments sucrés, les pâtes alimentaires et le riz blanc ;
  • De produits laitiers ;
  • Des aliments riches en graisses trans, par exemple les huiles hydrogénées ;
  • Des aliments riches en graisses saturées, par exemple l’huile de coco et les margarines ;
  • Des aliments qui causent ou entretiennent l’inflammation, par exemple les boissons gazeuses.

La consommation excessive de ces différents aliments peut favoriser des pics fréquents d’insulines. L’organisme fait alors l’objet d’une inflammation importante et les lésions d’acnés sont plus susceptibles de se développer. De même, les aliments de la plupart de ces catégories d’aliments sont susceptibles d’accentuer les changements hormonaux qui ont lieu durant la grossesse. Par conséquent, un environnement favorable à la formation des boutons d’acné est créé.

Cosmétiques gras et acné de grossesse

Les cosmétiques gras désignent des produits de beauté riches en matières grasses. Ils ne sont pas directement corrélés à la survenue de l’acné pendant la grossesse. Cependant, il a été remarqué que leur utilisation prolongée entraîne un remplissage des follicules pileux qui se bouchent. Le risque d’apparition des lésions d’acnés est alors considérablement augmenté.

Les follicules pileux correspondent, par ailleurs, à des petites poches cutanées où sont produits le sébum et les poils. Lorsqu’elles se remplissent, une rétention séborrhéique importante est observée et l’excès de sébum se dépose sur les différentes couches de la peau. On comprend alors pourquoi le risque de survenue des lésions acnéiques est optimisé.

Stéroïdes anabolisants et acné de grossesse

Les stéroïdes anabolisants (ou stéroïdes androgéniques) sont une classe pharmaceutique comprenant des médicaments dont la structure est proche de la testostérone. Ils optimisent les processus cellulaires de production protéique et entraînent une augmentation importante du volume musculaire. Ils sont utilisés en raison des différentes propriétés qu’ils possèdent pour l’entretien et parfois le développement des caractéristiques masculines majeures. Par exemple, la voix grave et la pilosité.

Bien qu’ils soient très efficaces, les stéroïdes anabolisants sont associés à plusieurs effets secondaires. Ils accroîtraient, par exemple, le risque de survenue des poussées acnéiques durant la grossesse. En effet, l’utilisation prolongée des stéroïdes androgéniques provoque une stimulation importante des glandes sébacées. Par conséquent, un excès de sébum est produit. C’est à cet excès de sébum qu’est due la hausse du risque d’acné en cas d’utilisation de stéroïdes anabolisants durant la grossesse.

Produits industriels et acné de grossesse

Certains produits chimiques (composés aromatiques halogénés, produits de dépigmentation, produits contenant du pétrole) fabriqués à l’échelle industrielle constituent un élément favorable à l’acné de grossesse. En effet, l’exposition à ces derniers pendant la grossesse peut entraîner des affections cutanées comme la folliculite.

Caractérisée par un remplissage des follicules pileux et une forte rétention séborrhéique, la folliculite provoque des dépôts importants de sébum sur la peau. Le risque d’apparition des lésions cutanées d’acnés est alors optimisé. Certes, ce risque est important, mais les acnés ne sont pas systématiquement observées dans tous les cas de folliculites. Cela implique que certaines femmes enceintes ayant une folliculite ne présenteront aucun bouton d’acné.

Acné de grossesse : symptômes

Acné de grossesse

À l’instar de la forme classique d’acné, l’acné de grossesse se manifeste par des symptômes qui varient d’une femme enceinte à une autre. En général, on recense :

  • L’apparition de petits boutons rouges et indolores ;
  • Un érythème cutané ;
  • L’apparition de points noirs qui correspond à de petites taches cutanées noires qui se forment sur la couche superficielle de la peau sans laisser aucune cicatrice ;
  • L’apparition des pustules qui à l’opposé des points noirs sont des points blancs ;
  • Une inflammation importante de la peau avec formation de comédons ou de kystes enflés.

L’acné de grossesse concerne principalement le visage. Ainsi, la plupart des symptômes décrits sont perceptibles sur le visage de la femme enceinte. Néanmoins, quelquefois, l’acné peut cibler d’autres parties du corps, notamment la poitrine et le dos. Dans ce cas, on parle de l’acné profonde qui est une forme d’acné particulièrement difficile à traiter.

Acné de grossesse : diagnostic clinique et diagnostic différentiel

Le processus de diagnostic clinique de l’acné de grossesse ainsi que les dermopathies auxquelles elle ne doit pas être confondue sont précisés ci-dessous.

Diagnostic clinique

Le diagnostic clinique de l’acné de grossesse se fait généralement par une simple observation. En effet, à la vue des symptômes cliniques présentés par le patient, le médecin peut poser son diagnostic par une examination physique. Bien sûr, d’autres critères tels que l’âge, les traitements actuels et l’état physiologique sont pris en compte le long du processus. De même, une anamnèse peut également être faite par le patient à la demande du médecin traitant.

Après l’examination des lésions acnéiques présentées par la femme enceinte, l’acné est classée en fonction de sa sévérité pour une meilleure prise en charge. Même si aucune analyse n’est requise pour confirmer le diagnostic de l’acné de grossesse, à des fins étiologiques le médecin peut demander plusieurs analyses hormonales. Par exemple :

  • Le dosage de la FSH ;
  • Le dosage de la testostérone libre ;
  • Le dosage des œstrogènes totaux ;
  • Le dosage de la progestérone totale.

En général, les analyses hormonales sont demandées lorsque la femme enceinte est obèse ou présente des comorbidités (alopécie androgénique, les ovaires polykystiques). Exceptionnellement, elles peuvent être complétées par des examens bactériologiques lorsque le médecin traitant suspecte une folliculite de bacilles Gram-négatif. Il est à noter, pour finir, que lorsque l’acné a des répercussions négatives sur le psychisme du patient, d’autres analyses spécifiques peuvent être réalisées. Elles permettront de mesurer l’impact de l’acné sur la psychologie de la femme enceinte.

Diagnostic différentiel

Il existe plusieurs affections cutanées auxquelles l’acné de grossesse est souvent confondue. Il s’agit principalement de l’acné fongique, du masque de grossesse et de la rosacée.

L’acné fongique

L’acné fongique aussi appelée « folliculite » est une mycose cutanée qui crée une inflammation importante des follicules pileux. Elle est généralement provoquée par un germe (Pseudomonas aeruginosa ou Staphylocoque doré), mais peut aussi résulter de l’infestation de la peau par un champignon. En fonction du type de champignons à l’origine de la folliculite, on distingue la folliculite à Pityrosporum et la folliculite à Malassezia.

Confondue à tort à l’acné de grossesse, l’acné fongique est caractérisée par la formation d’un furoncle rouge semblable à un petit bouton et susceptible de donner des démangeaisons. En général, en plus du furoncle, la folliculite crée un assèchement de la peau et des desquamations importantes. Elle peut affecter différentes parties du corps. Cependant, les régions pileuses sont les plus exposées (torse, dos, jambes). Il est alors rare de voir des lésions d’acnés fongiques sur le visage d’une femme enceinte, à moins qu’elle n’ait de la barbe au menton.

Le masque de grossesse

Le masque de grossesse également appelé « mélasma » est une affection qui comme l’acné est caractérisée par l’apparition de taches noires sur la peau. Elle est causée soit par une exposition prolongée au soleil ou par les modifications hormonales engendrées par la grossesse. Les taches de mélasma peuvent apparaitre partout sur le corps de la femme enceinte. Néanmoins, elles sont récurremment observées sur le front, le menton, les joues et le nez.

La particularité du masque de grossesse est qu’elle disparaît spontanément au terme de la grossesse ou lorsque les facteurs associés à sa survenue sont atténués. En théorie, il ne requiert donc aucun traitement spécifique. Cependant, pour atténuer les taches de mélasma qui sont connues pour être à l’origine de nombreux complexes, certains cosmétiques peuvent être utilisés. Il s’agit, par exemple, des crèmes antitaches qui sont proposées même dans les officines pharmaceutiques.

La rosacée

La rosacée encore appelée aussi couperose est une maladie chronique de la peau. Elle se manifeste par un érythème cutané qui s’accompagne de pustules et de points noirs. Elle affecte principalement le visage et peut entraîner un gonflement important des yeux.

En général, le traitement de la rosacée est fait avec des antibiotiques et certains médicaments utilisés pour pallier l’acné de grossesse, notamment les rétinoïdes. La maladie évolue souvent bien et les symptômes régressent au bout de quelques jours de traitement. Toutefois, cette médication peut créer des complications graves, pour cela un suivi médical est nécessaire.

Acné de grossesse : traitement

Acné de grossesse

L’érythromycine et le peroxyde de benzoyle sont les principaux moyens utilisés pour le traitement de l’acné de grossesse.

Érythromycine

L’érythromycine est un médicament appartenant à la famille des macrolides. Il s’agit d’un antibiotique utilisé pour la prise en charge de l’acné, mais aussi des infections ORL, des infections à chlamydia et des infections respiratoires. À l’inverse des rétinoïdes, elle n’a aucun effet tératogène et est indiquée, pour cela, même chez la femme enceinte.

Pour le traitement de l’acné de grossesse, l’érythromycine peut être administrée par voie orale, par voie cutanée et par voie intraveineuse. Par voie intraveineuse, la posologie d’érythromycine recommandée est de 2000 mg par jour. Elle peut être majorée de 1000 mg lorsque les symptômes persistent. Par voie orale, la posologie d’érythromycine à administrer dépend du dosage des comprimés. Pour un comprimé de 500 mg d’érythromycine, le malade peut prendre jusqu’à quatre comprimés par jour. En revanche, pour un comprimé de 1000 mg d’érythromycine, deux comprimés par jour suffisent. Quoi qu’il en soit, pour avoir plus de précisions sur la posologie exacte d’érythromycine à prendre, le patient doit s’adresser à son médecin traitant.

Il est à noter, pour finir, que le risque de sténose du pylore évoqué pour les nouveau-nés auxquels l’érythromycine est administrée directement ne concerne pas le fœtus. À ce jour, les données publiées sur l’utilisation d’érythromycine durant la grossesse sont toutes rassurantes.

Peroxyde de benzoyle

Le peroxyde de benzoyle est utilisé en deuxième intention pour la prise en charge de l’acné de grossesse. Il s’agit d’un kératolytique et d’un antibactérien administré par voie locale trois fois au moins par jour sur les parties acnéiques. Après son application, le peroxyde de benzoyle est métabolisé en acide benzoïque (additif alimentaire) au niveau de la couche inférieure de la peau. En cas d’utilisation du peroxyde de benzoyle par voie orale, la migration systémique des acides benzoïques est faible. Par conséquent, il ne présente aucun risque pour le fœtus de la femme enceinte.

 

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