Parapharmacie

Les rétinoïdes et le VEGF : classification et indications

Les rétinoïdes sont des molécules de synthèse dérivées de l’acide rétinoïque. Ils présentent de nombreuses fonctions physiologiques et on les utilise en médecine moderne pour traiter plusieurs dermatopathies. Il s’agit notamment du psoriasis, du sarcome de Kaposi et de l’eczéma.

Pour produire les effets thérapeutiques qui leur sont associés, les rétinoïdes modifient l’activité de certaines protéines, principalement le VEGF. Connu pour être un facteur de croissance majeur de l’organisme, le VEGF contribue à la vasculogenèse. Ainsi, il existerait de nombreux rapports entre lui et l’activité des rétinoïdes. Voici l’essentiel sur les rétinoïdes et le VEGF.

Rétinoïdes

Les rétinoïdes correspondent à des produits pharmaceutiques comprenant des molécules chimiques dérivés de la vitamine A. On les répartit en plusieurs groupes et ils possèdent diverses propriétés. D’un point de vue structurel, ils présentent une chaîne polyénique latérale dotée d’un cycle et d’un groupe polaire terminal. Ils constituent une approche thérapeutique efficace contre différentes pathologies communes.

Rétinoïdes : Classification

On distingue quatre principales classes de rétinoïdes. Il y a :

  • Les rétinoïdes de première génération ;
  • Les rétinoïdes de deuxième génération ;
  • Les rétinoïdes de troisième génération ;
  • Les rétinoïdes de quatrième génération.

On note d’importantes différences fonctionnelles et structurelles entre les rétinoïdes des différentes générations susmentionnées.

Rétinoïdes de première génération

Les deux principaux rétinoïdes de première génération sont le rétinol et la trétinoïne. Le rétinol est une molécule hydrophobe qu’on peut synthétiser en partant de l’isoprène. Il s’agit de l’une des formes fortement biodisponibles de la vitamine A. La trétinoïne quant à elle est la version acide de la vitamine A.

Outre le rétinol et la trétinoïne, les autres rétinoïdes de première génération sont l’isotrétinoïne et l’alitretinoïne. En général, les rétinoïdes de première génération sont peu rigides et non spécifiques. Ils ont la capacité de se lier à une pluralité de récepteurs rétinoïques. Ils présentent une forte flexibilité en raison des liaisons simples et doubles qu’ils possèdent.

Rétinoïdes de deuxième génération

L’étrétinate et l’acitrétine

qui représente son métabolite constituent les deux rétinoïdes de la deuxième génération. À l’instar des rétinoïdes de première génération, ils sont très flexibles. Ils possèdent des alternances de liaisons simples et doubles et ils sont peu spécifiques. Ils peuvent aussi se fixer à plusieurs récepteurs de rétinoïdes dans l’organisme.

Rétinoïdes de troisième génération

Le principal représentant de cette classe de rétinoïdes est le bexarotène. Dans l’organisme, son métabolisme dépend du CYP3A4. L’alimentation exerce une forte influence sur sa biodisponibilité. Outre lui, les autres rétinoïdes de troisième génération sont le tazarotène et l’adapalène.

À l’opposé des rétinoïdes de première et deuxième génération, les rétinoïdes de troisième génération sont très rigides. Ils sont spécifiques à certains récepteurs rétinoïques. Par conséquent, ils ne peuvent pas se lier à plusieurs récepteurs de rétinoïdes à la fois. D’ordinaire, ils offrent de meilleurs résultats que les rétinoïdes de génération précédente.

Rétinoïdes de quatrième génération

Le trifarotène est le seul rétinoïde de quatrième génération. Il possède une forte rigidité et se fixe uniquement aux récepteurs épidermiques de l’acide rétinoïque gamma. Pour ce fait, il permet d’obtenir des résultats nettement meilleurs par rapport aux autres rétinoïdes. De plus, on lui associe très peu d’effets indésirables.

Rétinoïdes : Formes commerciales

Deux formes commerciales de rétinoïdes sont disponibles dans les officines pharmaceutiques. Il s’agit des rétinoïdes à utilisation topique et des rétinoïdes à utilisation générale.

Rétinoïdes à utilisation topique

Les rétinoïdes à utilisation topique se déclinent généralement sous la forme de crèmes, de lotions ou de gels. On les applique directement sur la peau et spécifiquement sur la partie à traiter. Ces rétinoïdes agissent localement. Par conséquent, ils procurent les effets escomptés uniquement sur les parties où on les applique. Cependant, on ne peut utiliser les rétinoïdes à utilisation topique ni par voie orale ni par voie veineuse.

Rétinoïdes à utilisation générale

Par opposition aux rétinoïdes à utilisation topique, les rétinoïdes à utilisation générale se déclinent principalement sous forme de comprimés. On les retrouve parfois sous une forme injectable, mais jamais sous forme de crèmes ou de gels. Ils possèdent une activité systémique. De ce fait, elles agissent sur la quasi-totalité des systèmes de l’organisme. Généralement, ils présentent beaucoup plus d’effets secondaires que les rétinoïdes à utilisation topique. On recommande de les utiliser sur les lésions diffuses et étendues.

Rétinoïdes : Indications

Les rétinoïdes présentent de nombreux effets thérapeutiques. Ils interviennent dans la prise en charge de plusieurs affections cutanées. Il a notamment :

  • Le psoriasis ;
  • L’acné ;
  • Le sarcome de Kaposi ;
  • Le vieillissement cutané photo-induit ;
  • L’eczéma.

Plus rarement, on les utilise en association avec d’autres vitamines (vitamine C) pour stimuler les fonctions antioxydantes de l’organisme. De même, ils exercent un effet bénéfique sur les lésions cutanées caractéristiques du lymphome cutané.

Psoriasis

Le psoriasis est une maladie évolutive qui affecte les tissus cutanés. Il concerne principalement les adultes d’âge compris entre 18 et 35 ans. Il s’agit d’une pathologie multifactorielle qui survient en réponse à une défaillance du système immunitaire. Dans le rang des facteurs favorables à sa survenue, on compte principalement :

  • les antécédents de lésions cutanées ;
  • le stress ;
  • le tabagisme ;
  • l’obésité et le surpoids ;
  • l’alcoolisme chronique ;
  • les variations de température.

Plus rarement, la maladie résulte de la présence d’antécédents familiaux de psoriasis et de certaines carences vitaminiques. De même, il peut également faire suite à l’utilisation de certains médicaments, par exemple, les antipaludiques, les bêta-bloquants et le lithium.

Le psoriasis évolue par poussées et se manifeste par des lésions spécifiques. Ces dernières prennent l’aspect de plaques érythémateuses et squameuses. Elles sont épaisses, parfois argentées et s’accompagnent de différents symptômes. Notamment, une raideur articulaire, des démangeaisons, des brûlures, des clous épais et l’apparition de petites taches sombres.

Pour le traitement des lésions psoriasiques, il est possible d’utiliser deux rétinoïdes. Il s’agit du tazarotène topique et de l’acitrétine à usage général. On peut les associer à des traitements tels que la photothérapie. Ces rétinoïdes ont démontré une grande efficacité dans le traitement du psoriasis. Ils permettent aussi de prévenir les complications communes de la maladie. Dans ce sens, il y a par exemple :

  • la conjonctivite ;
  • le diabète de type 2 ;
  • l’obésité ;
  • l’hypertension artérielle ;
  • et le syndrome métabolique.

Dans les cas extrêmes, le psoriasis peut également induire la maladie de Crohn.

Acné

L’acné vulgaire résulte de l’inflammation des glandes sébacées. Il affecte principalement les adolescents et cible les régions telles que le dos, la poitrine et le visage. En général, il représente la conséquence d’une accumulation de sébum dans les follicules pilaires. Au nombre des facteurs qui sous-tendent son apparition, on compte principalement les désordres hormonaux et l’usage de certains cosmétiques.

Les lésions de l’acné vulgaire prennent généralement l’aspect de boutons blancs, de pustules et de kystes. Elles sont indolores, mais s’accompagnent parfois de légers érythèmes cutanés.

Pour les traiter, on utilise généralement un rétinoïde à usage systémique : l’isotrétinoïne. Ce dernier régule efficacement la sécrétion de sébum et provoque une régression des lésions au bout de quelques jours de traitement. Hormis lui, le trifarotène a également montré d’excellents résultats sur les lésions acnéiques.

Sarcome de Kaposi

Le sarcome de Kaposi est une lésion cancéreuse rare. Elle touche non préférentiellement les femmes et les hommes et présente une origine virale. En effet, c’est la conséquence d’une infection de l’organisme par deux virus transmis essentiellement par voie sexuelle. Il s’agit de « l’herpès virus humain 8 (HHV8) » et du « virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ».

Les symptômes évocateurs du Sarcome de Kaposi comprennent des lésions cutanées sous forme de tâches pourpres et rouges. Ces dernières prédominent sur les régions du corps telles que le nez, la bouche et la gorge. Dans certains cas, ces lésions peuvent s’accompagner d’une légère sensation de douleur.

Pour le traitement des lésions cutanées du sarcome de Kaposi, il est possible de recourir à un rétinoïde à utilisation topique. La plupart du temps, il s’agit de l’alitrétinoïne.

Vieillissement cutané photo-induit

L’héliodermie qu’on désigne aussi par l’appellation vieillissement cutané photo-induit est une altération de la peau. On l’associe à une exposition prolongée et répétée aux rayons solaires et elle survient principalement chez les adultes. Il se caractérise par le développement de lésions en relief et colorées sur la peau qui mincit. Dans la majorité des cas, ces lésions s’accompagnent de rides, de prurits et de points noirs. Pour traiter le vieillissement cutané photo-induit, on utilise souvent le trétinoïne à usage topique. Il stimule l’angiogenèse et provoque un épaississement de la couche superficielle de la peau.

Eczéma

L’eczéma est une pathologie chronique de la peau qui évolue sur plusieurs années. Il affecte non préférentiellement les hommes et les femmes, et il survient à tout âge. Les raisons précises qui sous-tendent l’apparition d’un eczéma sont encore mal connues. On sait, toutefois, que la maladie fait intervenir plusieurs facteurs, dont les antécédents familiaux, les antécédents de faiblesse immunitaire, de dermatopathologies et de stress.

L’eczéma se manifeste principalement par des lésions érythémateuses et douloureuses entraînant un assèchement de la peau et des démangeaisons. Pour la prise en charge de ces lésions, il est possible d’utiliser l’alitrétinoïne par voie orale. Il provoque une régression rapide des lésions et permet de prévenir les éventuelles complications de la maladie.

VEGF

VEGF

Le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) ou « facteur de croissance endothélial vasculaire » en français est une protéine organique. Il joue plusieurs rôles dans l’organisme et présente plusieurs propriétés bénéfiques. Cependant, on le retrouve également au cœur de l’apparition de plusieurs pathologies. Voici quelques informations importantes à son sujet.

VEGF : Classification

On distingue plusieurs classes de VEGF. Il y a principalement :

  • Le VEGF de type A ;
  • Le VEGF de type B ;
  • Le VEGF de type C ;
  • Le VEGF de type D ;
  • Le VEGF de type E.

Outre ces différentes classes de VEGF qui présentent des différences structurelles, il existe aussi les isoformes du VEGF.

VEGF : Fonctions physiologiques

La protéine VEGF accomplit de nombreuses fonctions physiologiques dans l’organisme. Elle intervient, notamment, dans :

  • L’angiogenèse qui est un processus durant lequel l’organisme produit de nouveaux vaisseaux en partant de vaisseaux préexistants ;
  • Les mécanismes physiologiques à l’origine de la vasodilatation qui provoque un élargissement important des vaisseaux sanguins ;
  • La lymphangiogenèse qui est un processus physiologique permettant la production de nouveaux vaisseaux lymphatiques en partant d’anciens vaisseaux lymphatiques ;
  • La vasculogenèse qui est un processus durant lequel l’organisme produit de nouvelles vésicules.

Par ailleurs, la protéine VEGF intervient également dans la maturation du système lymphatique vasculaire au niveau des poumons. Pour finir, on associe aussi la protéine VEGF aux processus physiologiques de l’angiogenèse embryonnaire.

VEGF : Rôles pathologiques

La protéine VEGF intervient dans le déclenchement de plusieurs maladies. Elle participe à la pathogenèse des maladies cutanées comme le psoriasis et l’eczéma par deux mécanismes clés. Premièrement, elle rend les vaisseaux sanguins de la peau extrêmement perméables. Deuxièmement, en favorisant l’angiogenèse, elle accentue le flux de cellules endothéliales et inflammatoires vers la peau.

Outre les maladies cutanées, la protéine VEGF favorise également la polyarthrite rhumatoïde en optimisant la perméabilité endothéliale. On l’associe également en raison de ses multiples propriétés au déclenchement de nombreuses autres maladies communes. C’est le cas, par exemple :

  • De la dégénérescence maculaire liée à l’âge ;
  • De l’angiosarcome ;
  • De la pré-éclampsie ;
  • De la lymphangioléiomyomatose ;
  • Certains cancers de la peau.

On associe de plus en plus la protéine VEGF à l’hypertrophie glomérulaire qui figure parmi les causes majeures d’une protéinurie.

Quels sont les effets des rétinoïdes sur le VEGF ?

Les rétinoïdes exercent un effet antagoniste sur le VEGF. D’après plusieurs études scientifiques, ils réduiraient à un pourcentage compris entre 46 et 58 la synthèse du VEGF.

Dans certains cas, ils inhibent totalement la production du VEGF entraînant une réduction complète de ses propriétés. Les effets antagonistes des rétinoïdes sur le VEGF sont perceptibles même à de faibles doses. En conséquence, on constate généralement à la première utilisation de rétinoïdes, une diminution de l’activité du VEGF. On émet donc l’hypothèse que l’inhibition de l’activité du VEGF participerait aux effets thérapeutiques des rétinoïdes.

Cette hypothèse ne fait que confirmer l’implication de la protéine VEGF dans la pathogenèse des dermatopathologies qui constituent les principales indications des rétinoïdes.

Outre les rétinoïdes, il faut noter qu’il existe aussi d’autres antagonistes de la protéine VEGF. C’est le cas, par exemple, des anticorps monoclonaux qui constituent des inhibiteurs des tyrosines kinases. Ils sont à l’image des rétinoïdes très efficaces dans la prise en charge de plusieurs maladies.

Cependant, ils ne sont pas exempts d’effets secondaires. Ils seraient responsables de maladies comme l’hypertension artérielle, la protéinurie et les troubles thrombo-emboliques. De même, ils peuvent aussi causer des irritations intenses de la peau.

 

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