Parapharmacie

Auto-anticorps antithyroïdiens : présentation, typologie et dosage

Les troubles de la thyroïde, particulièrement ceux auto-immuns, sont très répandus. Les symptômes et les causes de ces derniers sont multiples que les spécialistes recommandent de procéder à des dosages d’auto-anticorps antithyroïdiens. L’interprétation et la compréhension de ces tests, bien que très efficaces, représentent encore un défi pour de nombreuses personnes. Que sont alors ces auto-anticorps antithyroïdiens ? Quels sont les types les plus couramment utilisés ? Quelles sont leurs valeurs de référence ? Quelles sont les indications de ces dosages et comment interprète-t-on leurs résultats ?

Auto-anticorps antithyroïdiens : présentation

Les anticorps sont généralement des protéines produites dans le sang par le système immunitaire en réponse à des corps étrangers (antigènes). Ils permettent donc de défendre l’organisme en cas de menaces extérieures telles que les infections ou les maladies. Cependant, il est possible que dans certains cas des auto-anticorps soient produits. Autrement dit, il s’agit d’anticorps dirigés à tort contre les cellules de l’organisme lui-même.

Les anticorps anti-thyroïdiens quant à eux sont produits lorsque le système de défense de l’organisme attaque par erreur la thyroïde. C’est une petite glande endocrine aplatie en forme de papillon située dans la région antérieure (avant) du cou. Elle sécrète plusieurs hormones dont la lévothyroxine (encore appelée T4 ou L-thyroxine) et la triiodothyronine (ou T3). Ces dernières régulent essentiellement la vitesse à laquelle le corps utilise l’énergie.

Lorsque les auto-anticorps antithyroïdiens interfèrent avec le processus normal de sécrétion des hormones précitées, ils provoquent des affections thyroïdiennes. On parle alors de maladies auto-immunes de la thyroïde. Parmi les plus courantes figurent la thyroïdite de Hashimoto ou la maladie de Graves-Basedow.

Auto-anticorps antithyroïdiens : typologie

L’organisme peut produire divers types d’auto-anticorps antithyroïdiens. Chacun d’eux interfère de façon différente dans le processus des hormones de la thyroïde. Les plus connus sont :

  • Les auto-anticorps anti-thyroglobuline ;
  • Les auto-anticorps anti-thryroperoxidase ;
  • Les auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH.

Les auto-anticorps anti-thyroglobuline

La thyroglobuline est une molécule produite par la thyroïde. Elle est aussi un précurseur des hormones thyroïdiennes (T3 et T4). En outre, l’organisme est capable de stocker l’iode sous une forme donnée de cette molécule.

Les auto-anticorps anti-thyroglobuline (également appelés anti-TG) sont donc des anticorps qui ciblent les molécules de thyroglobuline. En d’autres termes, ils attaquent les protéines de la thyroglobuline et peuvent ainsi provoquer l’altération de la glande thyroïde.

La mesure des concentrations de ces protéines constitue un marqueur utilisé pour le diagnostic de plusieurs types de cancer et maladies auto-immunes thyroïdiennes. Par exemple, elles sont présentes chez la plupart des personnes atteintes de la thyroïdite de Hashimoto et de myxœdème idiopathique.

Les auto-anticorps anti-thyroperoxydase

La peroxydase thyroïdienne ou thyroperoxydase (TPO) est une glycoprotéine de haut poids moléculaire, située à l’intérieur des cellules folliculaires de la glande thyroïde. Elle représente également une enzyme essentielle à de nombreux mécanismes thyroïdiens, notamment la production d’hormones (T3 et T4) à partir de l’iode.

Les auto-anticorps anti-thyroperaxydase (également appelés anti-TPO) sont des anticorps dirigés contre la peroxydase thyroïdienne. En réalité, ils bloquent l’utilisation de ce nutriment par la TPO. Cela provoque évidemment une hypothyroïdie, caractérisée par une faible concentration des hormones thyroïdiennes dans le sang.

Par la suite, les auto-anticorps anti-TPO provoquent une inflammation susceptible de détruire la glande thyroïde. Ils sont tout aussi capables de pousser celle-ci à former des nodules ou à s’agrandir.

On peut détecter leur présence grâce à une simple prise de sang. Les experts associent ces anticorps à des maladies telles que celle Hashimoto et de Graves-Basedow.

Les auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH

La Thyroid Stimulating Hormone (TSH), encore appelée thyréostimuline est une hormone responsable de la régulation des taux d’hormones thyroïdiennes. Elle déclenche le processus de production de ces hormones tout en se liant à ses récepteurs. On retrouve généralement ces derniers à la surface des cellules folliculaires de la thyroïde.

Les auto-anticorps qui attaquent ces récepteurs de la TSH (anti-RTSH) sont en effet capables d’imiter l’action de l’hormone TSH. Ils provoquent alors la production accrue des hormones thyroïdiennes, et par conséquent une hyperthyroïdie. Ces anticorps sont également connus sous l’appellation « immunoglobulines stimulant la thyroïde ». Ils sont très souvent aussi associés à maladie de Basedow.

Auto-anticorps antithyroïdiens : dosage

Le dosage des auto-anticorps antithyroïdiens est un test réalisé pour plusieurs raisons. Il ne nécessite généralement aucune préparation et les valeurs de concentrations révélées peuvent indiquer des troubles ou non de la glande thyroïdienne.

Dosage des auto-anticorps antithyroïdiens : indications

Le dosage des anticorps anti-thyroïdiens peut aider au diagnostic des troubles thyroïdiens auto- immuns. Plus rarement, il est également requis en association avec d’autres tests en cas de surveillance d’une tumeur de la glande.

En général, il permet de déterminer la présence de ces substances ainsi que leur quantité dans le sang. Aussi, le test aide à faire la distinction entre les maladies auto-immunes et les autres pathologiques qui affectent la thyroïde. Par conséquent, il sert à orienter le traitement. Particulièrement, un dosage spécifique de chacun des anticorps est recommandé pour de multiples raisons.

Anti-TG

Le dosage des auto-anticorps anti-thyroglobuline est nécessaire lorsqu’une victime présente les symptômes qui évoquent une maladie thyroïdienne.

Hyperthyroïdie

Les manifestations en cas d’hyperthyroïdie incluent :

  • Des tremblements dans les mains ;
  • Des sensations de fatigue et de faiblesse ;
  • Une perte de poids inexpliquée ;
  • Une anxiété, irritabilité ou nervosité ;
  • Une tachycardie ;
  • Une transpiration excessive ;
  • Une intolérance à la chaleur.

En présence de ces symptômes, le médecin peut recommander de faire un dosage des anticorps anti-TG.

Hypothyroïdie

Les victimes d’une hypothyroïdie peuvent avoir des troubles digestifs, la constipation, la fatigue, les dérèglements du cycle menstruel (oligoménorrhée et aménorrhée). Elles peuvent également présenter un gonflement autour des yeux, une peau sèche ou des cheveux secs. De plus, les signes suivants indiquent qu’un dosage des anti-TG est nécessaire.

  • Prise de poids ;
  • Dépression ;
  • Sensation de froid ;
  • Douleurs articulaires ;
  • Troubles de la mémoire.

Le dosage des auto-anticorps TPO a une sensibilité plus élevée et une spécificité égale à celle du dosage des anti-TG. Ce dernier est donc requis dans le diagnostic d’une maladie thyroïdienne auto-immune lorsque celui des anti-TPO donne des résultats négatifs. Toutefois, une grande suspicion demeure.

Anti-TPO

Le dosage des anticorps anti-TPO peut être nécessaire lorsque la victime présente un goitre thyroïdien. Autrement dit, on remarque dans son cou une hypertrophie de la glande thyroïde sous forme de masse. Les experts recommandent également ce dosage dans le cas où d’autres tests d’évaluation du bon fonctionnement de la glande thyroïde sont altérés. En outre, il peut être nécessaire si le patient signale des symptômes pouvant suggérer une hypothyroïdie ou une hyperthyroïdie. On précise que leurs manifestations sont les mêmes notées pour le dosage de l’anti-TG.

Par ailleurs, le test d’anticorps anti-TPO est utile pour évaluer les patients atteints d’une thyroïdite de Hashimoto ou de la maladie de Graves-Basedow. De même, le médecin peut l’exiger lorsque les victimes souffrent d’autres maladies auto-immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde ou l’anémie pernicieuse (maladie de Biermer). En réalité, les symptômes de ces pathologies peuvent indiquer un trouble de la glande thyroïdienne.

Les dosages anti-TPO sont aussi courants en cas de suspicion d’un cancer de la thyroïde. Enfin, on peut les recommander dans le cas d’une grossesse ou lorsqu’on a des antécédents cliniques, notamment des avortements répétés.

Anti-récepteurs de la TSH

La présence de ces auto-anticorps est en réalité beaucoup plus associée à la maladie de Basedow. Par conséquent, le médecin peut recommander le dosage de ces substances pour confirmer le pronostic ou le diagnostic de la pathologie.

De plus, il peut être utile pour la forme type de cette dernière. Chez les femmes enceintes atteintes de cette même maladie, on doit procéder à un dosage de routine. Cela permet d’effectuer un suivi adéquat pour préserver la santé du bébé encore fœtus.

Dosage des auto-anticorps antithyroïdiens : interprétations des valeurs

Auto-anticorps antithyroïdiens

Les dosages d’auto-anticorps antithyroïdiens sont tous réalisés dans un laboratoire d’analyse. Ils nécessitent un prélèvement de sang des veines. Le professionnel fait passer l’aiguille dans le bras du patient puis prélève le sang. Les victimes doivent de préférence faire ces tests le matin ou à jeun.

Valeurs normales et valeurs faibles

Les valeurs de référence sont :

  • Auto-anticorps anti-TPO : inférieures à 35 UI/ml ;
  • Auto-anticorps anti-TG : inférieures à 20 UI/ml ;
  • Auto-anticorps anti-récepteurs de la TSH : inférieures à 1,75 UI/L.

Les faibles valeurs d’auto-anticorps ne doivent pas être préoccupantes. L’absence de ces substances de leurs concentrations basses indique simplement qu’aucun anticorps n’est présent. Par conséquent, il n’existerait pas de trouble thyroïdien. Cela peut tout de même indiquer que la maladie est due à des causes autres que l’auto-immunité.

Valeurs élevées

On enregistre des concentrations élevées de ces substances dans la maladie de Graves-Basedow (70 à 90 % de cas) et dans la thyroïdite de Hashimoto (90 à 99 % de cas). La distinction entre les deux maladies est cependant aisée. En fait, la première indique typiquement une hyperthyroïdie, alors que la thyroïdite de Hashimoto une hypothyroïdie.

De leur côté, les auto-anticorps antithyroïdiens dirigés notamment contre les récepteurs de la TSH, (anti-récepteurs de la TSH) sont propres à la maladie de Basedow. La stimulation de ces récepteurs induite par des anticorps favorise la synthèse de T3 et T4. Cela peut ainsi configurer le tableau clinique de l’hyperthyroïdie, souvent associée au goitre.

Cependant, le dosage des anti-récepteurs de la TSH peut également avoir une interprétation spécifique pendant la grossesse. De fait, la détection de ces auto-anticorps, compte tenu de leur capacité à traverser le placenta, peut conduire à suspecter la présence d’une hyperthyroïdie fœtale. Cela permet aussi de prédire la survenue d’une thyréotoxicose néonatale.

On peut également observer des concentrations modérément élevées d’auto-anticorps antithyroïdiens chez des personnes en bonne santé qui ont une fonction thyroïdienne normale. Néanmoins, on recommande de surveiller ces victimes dans le temps. Celles-ci peuvent présenter à la longue un risque élevé de souffrir d’un dysfonctionnement futur de la thyroïde.

Dosage des auto-anticorps antithyroïdiens : facteurs affectant les résultats

Environ 10 % des personnes en bonne santé présentent des valeurs élevées d’auto-anticorps antithyroïdiens après le dosage. Ce pourcentage augmente particulièrement chez les femmes ou les personnes âgées.

Bien que cela n’indique pas une maladie thyroïdienne en cours, il représente un facteur de risque pour son développement futur. Pour cette raison, on opte généralement pour des contrôles périodiques.

Les autres facteurs qui peuvent influer sur les résultats du dosage sont l’utilisation de produits riches en vitamines ou de suppléments à base de biotine la veille de l’examen. C’est une substance utilisée pour renforcer les ongles et les cheveux.

Toutefois, certains médicaments sont susceptibles d’affecter les résultats des dosages d’auto-anticorps antithyroïdiens. Dans ce cas, on recommande de toujours informer le médecin avant le test, principalement lorsqu’on prend des médicaments, des herbes ainsi que les vitamines les suppléments.

Enfin, l’état de grossesse a plus d’une fois affecté les valeurs d’auto-anticorps antithyroïdiens obtenus. Dans ce cas aussi, il est recommandé d’en avertir l’examinateur, surtout si l’on est ou pense être enceinte.

 

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