Parapharmacie

Antalgie et morphine : indications, voies d’administration, dosage, effets, précautions

Lorsqu’un individu présente des signes de douleurs, ce sont des médicaments courants comme le paracétamol ou l’aspirine qui lui sont administrés afin de lui offrir un mieux-être. Dans certains cas, ces traitements classiques peuvent se révéler inefficaces. Il faut alors dans ce genre de situation solliciter le recours d’un produit plus sûr. Le choix est à ce propos souvent porté sur la morphine. En raison de son action forte, cette substance doit être utilisée avec beaucoup de tactique. Voici donc tout ce qu’il y a à apprendre sur la morphine.

Morphine : Présentation

Terme en référence au dieu grec du sommeil Morphée, la morphine est une expression employée pour désigner le principal alcaloïde de l’opium. Ce dernier provient de nombreuses espèces végétales. C’est principalement du Papaver somniferum (pavot somnifère) qu’il est tiré. Au final, c’est de cette même plante qu’est issue la morphine.

Le processus d’obtention de cette substance consiste d’abord à recueillir à l’opium (qui à son état d’origine possède un aspect laiteux) en faisant des incisions au niveau des bulbes du pavot. Le suc, une fois desséché, subit un processus d’extraction donnant ainsi naissance à la morphine, mais sous forme de sel chlorhydrique.

En raison de cette origine, la morphine est considérée dans de nombreux pays comme un stupéfiant. C’est pour cela qu’elle n’est commercialisée dans les officines que sur ordonnance.

Morphine : un puissant antalgique

Depuis qu’elle a été découverte en 1804, la morphine n’a pas cessé de faire ses preuves dans le domaine thérapeutique. Elle est en effet employée comme anesthésique, antitussif puis en traitement des symptômes de l’œdème aigu du poumon. La fonction qui lui est la plus connue est celle qui consiste à apaiser la douleur.

Dans la catégorie des produits traitant ce type d’affection, la morphine est le plus vieux remède qui existe. Il faut dire que cette substance n’est pas qu’un simple antalgique. C’est l’un des plus puissants qui s’emploie dans le secteur médical et une référence parmi ces derniers.

En réalité, tous les antalgiques sont d’après l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) répartis en trois niveaux. La morphine figure parmi ceux du troisième palier à l’instar de :

  • La péthidine ;
  • L’hydromorphone ;
  • L’oxycodone ;
  • Le fentanyl ;
  • La nalbuphine.

Les antalgiques de ce palier sont désignés d’opioïdes majeurs ou forts.

Morphine : un alcaloïde disponible sous plusieurs formes

La morphine peut être utilisée aussi bien chez l’adulte que chez l’enfant. Pour les deux types de patients, le médecin a le choix entre les :

  • Solutions injectables ;
  • Suspensions ;
  • Gouttes ;
  • Comprimés ;
  • Sirops ;
  • Capsules ou gélules.

En dehors des injectables, toutes les autres formes de morphine sont des produits oraux. Ces derniers se regroupent en deux catégories. Il existe d’une part les formes à libération immédiate, car elles agissent en 30 voire 45 minutes comme :

  • Le Sevredol ;
  • L’actiskenan ;
  • L’oramorph.

Les médicaments incluent dans cette catégorie possèdent une action qui dure 4 heures. D’autre part, il y a les morphiniques à libération prolongée qui ne font effet que 90 minutes au moins après leur administration. C’est le cas de :

  • Moscontin ;
  • Kapanol LP ;
  • Skenan LP.

Ici, le temps d’action des morphiniques est plus long, car il varie entre 12 et 24 heures.

Antalgie et morphine : Indications

Tout comme les autres produits de sa classe thérapeutique, la morphine est un antalgique qui s’utilise en dernière intention. Concrètement, les cliniciens font recours à son action que lorsque les antalgiques des premier et deuxième paliers se sont avérés inefficaces.

C’est pour cela que cette substance est identifiée comme solution de traitement des douleurs intenses comme celles liées aux :

  • Calculs rénaux ;
  • Formes sévères du rhumatisme ;
  • Brûlures profondes ;
  • Cancers ;
  • Fractures ;
  • Ou survenant après une intervention chirurgicale.

Il est nécessaire de préciser que l’usage de la morphine ne possède aucunement pour objectif de précipiter la mort d’un individu. Cette substance est certes largement administrée aux patients se trouvant à la fin de leur vie.

Dans ce genre de situation, elle n’a que pour effet de soulager les douleurs intenses ou la détresse respiratoire du sujet durant sa maladie jusqu’à son dernier souffle. La morphine ne provoque donc pas la mort. De même, son utilisation ne signifie pas que l’affection responsable des douleurs est grave.

Antalgie et morphine : Contre-indications

Parmi les antalgiques opioïdes forts existant, il y en a que six y compris la morphine qui soient disponibles en France. Particulièrement à propos de cette dernière, il faut préciser que la loi du pays exige de l’employer que pour des douleurs sévères n’étant pas de source cancéreuse.

Mieux, si le traitement doit être administré de façon orale, la réalisation d’un contrat est en amont nécessaire. Ce document doit en effet attester du fait que le patient a donné son consentement en ce qui concerne l’utilisation du produit. Le malade doit également avoir été instruit sur les effets secondaires et les mesures d’usage de la substance.

De plus, cette dernière devra être employée qu’une fois que l’origine des douleurs a été identifiée. De façon générale, la morphine est un traitement déconseillé en cas de :

  • Allaitement ;
  • Insuffisance hépato-cellulaire sévère ;
  • Utilisation agoniste-antagoniste morphinique ;
  • Troubles convulsifs ;
  • Hypersensibilité à la morphine ;
  • Alcoolisme aigu ;
  • Antécédents d’intervention chirurgicale biliaire ou hépatique ;
  • Diverticulose sigmoïdienne ;
  • Traumatismes crâniens ;
  • Syndrome abdominal aigu ;
  • Insuffisance respiratoire décompensée.

L’opioïde peut toutefois être utilisé en cas d’insuffisance respiratoire ou rénale, de grossesse ou chez les personnes âgées. Dans l’un ou l’autre de ces cas, une surveillance du patient ou l’emploi d’un dosage faible du produit en début de traitement est recommandé.

Antalgie et morphine : Modes d’administration et dosage

Antalgie et morphine

Il existe trois principaux moyens par lesquels la morphine peut être administrée à un individu à savoir par voie :

  • Orale ;
  • Sous-cutanée ou intramusculaire ;
  • Intraveineuse.

Lorsque la voie orale est préférée, les comprimés ou capsules doivent être avalés en entièreté. Le dosage journalier recommandé au début du traitement est de 1 mg/kg. Spécifiquement pour les seniors, une telle dose devra être diminuée de moitié.

Par ailleurs, si c’est un médicament à effet immédiat qui sera préféré pour cette forme de consommation, la dose totale quotidienne peut être répartie en 5 ou 6 prises. Lorsque c’est un produit à action de type retard qui est privilégié, une administration échelonnée en deux ou trois prises semble suffisante.

Les autres formes de consommation et leur principe

Une administration par voie sous-cutanée ou intramusculaire est préférée lorsque le patient se trouve dans une situation l’empêchant d’avaler un médicament comme un état de coma. De plus, il s’agit d’une forme de consommation de la morphine qui n’est adaptée que pour les cas d’analgésie postopératoire ou de douleurs aiguës.

Toutefois, il faut retenir qu’ici, le patient reçoit la morphine suivant la technique de la titration. Celle-ci consiste à administrer l’opioïde milligramme par milligramme jusqu’à obtention d’une dose suffisamment élevée et efficace permettant de soulager l’antalgie. Il s’agit d’une solution qui aide à avoir très vite le contrôle sur la douleur.

Un tel processus s’effectue dans une salle spécialisée sous la surveillance d’un professionnel de santé. Quant au dosage à choisir, il est généralement le même que celui préconisé dans le cadre de l’utilisation par voie orale.

En ce qui concerne le dernier mode d’administration de la morphine, c’est-à-dire celui relatif à l’injection par voie intraveineuse, il faut retenir qu’il est réalisé à l’aide d’une pompe suivant une méthode qualifiée de PCA. Ici, tout se fait selon le ressenti du patient lui-même.

En effet, il est mis à la disposition de ce dernier un certain dispositif. Lorsque le sujet possède des sensations douloureuses, il n’aura qu’à appuyer sur un bouton qui va lancer l’injection de la morphine. Grâce à cette commande, le malade peut contrôler la dose en fonction du niveau de douleur ressentie.

Il faut par ailleurs préciser que la quantité de morphine susceptible d’être envoyée par la pompe est de 1 à 3 mg toutes les 10 minutes. Quant à la dose journalière de l’antalgique que le sujet doit recevoir, elle est de 0,3 mg/kg.

Antalgie et morphine : Effets secondaires

Malgré son efficacité, la morphine est une substance à laquelle l’organisme peut négativement réagir, et ce, même lorsqu’elle est administrée à des doses normales. Il s’agit là des effets secondaires de l’antalgique et ceux-ci sont de divers ordres. Suite à la consommation de la morphine, le patient peut présenter des signes de troubles digestifs comme les :

  • Nausées ;
  • Spasmes digestifs ;
  • Vomissements.

Ce sont des malaises qui surviennent lorsque le produit est administré de façon prolongée. Il est toutefois possible de soulager ces maux. Cet antidouleur peut également être source de troubles hormonaux comme un :

  • Dysfonctionnement érectile ;
  • Retard de l’éjaculation ;
  • Déséquilibre de l’axe hypothalamo-hypophysaire.

Des changements au niveau de la libido peuvent aussi se faire remarquer.

La morphine : le point sur les autres effets néfastes

L’administration de la morphine peut également provoquer des effets indésirables sur le plan neurologique. Il est possible de donner en exemple :

  • Les hallucinations ;
  • L’hyperalgésie ;
  • La sécheresse buccale ;
  • La rétention urinaire ;
  • La somnolence ;
  • La dépression respiratoire.

D’autres effets secondaires de la morphine sont par ailleurs considérés comme étant assez graves. C’est le cas de :

  • La baisse de la tension artérielle ;
  • L’extrême réduction de la circonférence de la pupille ;
  • Des convulsions ;
  • Des réactions allergiques comme l’enflure de la gorge ;
  • La faiblesse ;
  • La peau froide et moite ;
  • Des étourdissements ;
  • La nervosité.

En présence de l’un ou plusieurs de ces signes, il est conseillé d’arrêter ou d’interrompre le traitement.

Analgésie et morphine : cas du syndrome de sevrage

Administrer des doses plus ou moins élevées de morphine à un individu ne constitue pas en soi un problème. Avec certains patients, une telle démarche peut provoquer une sorte de dépendance physique. Le sujet ressent en réalité le besoin de recevoir de façon régulière l’antalgique afin de soulager ses douleurs.

Une fois que ces dernières se sont estompées et que l’administration du médicament est arrêtée ou que sa dose est réduite, le malade peut présenter des signes de sevrage. Il s’agit entre autres de :

  • Céphalées ;
  • Sudation excessive ;
  • Crampes abdominales ;
  • Trouble du sommeil ;
  • Anxiété ;
  • Vomissements ;
  • Diarrhées ;
  • Agressivité.

Tous ces signes ne durent environ que 8 jours. Passée cette période, le patient recouvre son état d’avant le début du traitement. De plus, il est possible de soulager ces symptômes avec des produits tels que les bêtabloquants, les antagonistes du glutamate, les hallucinogènes ou les benzodiazépines.

Mieux, le clinicien peut les prévenir en réduisant progressivement les doses administrées au malade.

Antalgie et morphine : une possible dépendance psychologique ?

Antalgie et morphine

Compte tenu du fait que la morphine provoque une dépendance physique, il est possible de croire que cette substance pourrait également causer une dépendance sur le plan psychologique. Ce besoin incontrôlé de ne pas pouvoir se passer de l’opioïde existe d’ailleurs, mais pas dans le secteur médical.

Aucune donnée clinique n’a à ce jour déjà relayé une telle situation. L’hypothèse de la survenue d’un tel effet secondaire dans le contexte médical n’est cependant pas à écarter. C’est pour cela qu’il existe des astuces pour prévenir un tel risque. Il est en effet recommandé au clinicien d’administrer les doses à des heures fixes et de façon régulière.

Il est également possible d’expérimenter la technique de la rotation. Cette dernière a pour principe de changer par intervalles réguliers la morphine par un autre opioïde de même catégorie thérapeutique.

Antalgie et morphine : Précautions d’usage

Certains effets secondaires de la morphine peuvent être prévenus. C’est le cas de la constipation. Il est possible de mettre le patient à l’abri de ce malaise en lui faisant des micro-lavements ou une correction diététique. Les nausées peuvent également être évitées.

Ici, la démarche d’éviction consiste à consommer des neuroleptiques. Généralement, ce sont des signes passagers. Par ailleurs, il faut ajouter qu’il existe une précaution d’usage en cas de surdosage à la morphine bien qu’une telle situation soit rare.

Il faut en effet comprendre qu’il n’est pas possible de donner un seuil fixe équivalent à une dose excessive de morphine. Chez certains patients, ingurgiter 1000 mg de cette substance peut sembler insignifiant à leur organisme alors qu’avec d’autres, 150 mg du produit sont source de symptômes graves.

Toutefois, il faut retenir que lorsque le malade présente des signes d’hypotension, de dépression respiratoire ou cardio-respiratoire, l’hypothèse de la surdose peut être évoquée. Dans ce contexte, il faut au plus vite administrer à l’individu de la naloxone, car mort peut s’en suivre.

Il s’agit d’un antidote spécifique de l’opioïde concerné. L’administration s’effectue par voie intraveineuse à une quantité de 0,4 voire 0,8 mg. Par ailleurs, face à un cas de troubles psychiques ou d’hallucinations, il est préférable de réduire la dose de morphine.

 

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