Santé

Hallucinations : causes, typologie, diagnostic

Venant du latin hallucinatio qui signifie divaguer ou se tromper, le mot hallucination est un terme qui a été employé pour la première fois en 1660. Dans le jargon médical, plus précisément psychiatrique, il est défini comme le fait de percevoir ce qui ne possède pas de perception.

Cette appréhension de choses n’existant pas réellement peut concerner tous les sens. Il est donc possible que le patient entende des voix alors que personne ne parle ou voit des objets qui sont physiquement absents. Examinant un tel mécanisme, l’hallucination semble un trouble assez complexe. C’est pour cela que face à un cas hallucinatoire, il est conseillé de bien poser le diagnostic. Voici comment procéder.

Hallucinations : Diagnostic positif

Bien qu’il existe assez de sources sur l’hallucination, ce phénomène reste malgré tout un trouble difficile à diagnostiquer. De ce fait, lorsqu’un individu est suspecté d’avoir des hallucinations, il est déconseillé de le conduire vers un quelconque professionnel de santé.

Seuls un neurologue ou un psychiatre sont habilités à s’occuper de tels cas. Au cours de la consultation avec ce spécialiste, ce dernier va procéder à un diagnostic positif. L’objectif final est d’affirmer ou non l’existence de l’affection suspectée.

Le préalable pour poser le diagnostic

Il faut comprendre qu’il n’existe pas de symptômes préétablis permettant d’attester qu’un sujet possède effectivement des hallucinations. En réalité, ce n’est que sur la base de ce que le patient dira que le diagnostic sera posé.

Pour que l’individu ne soit donc pas réticent durant l’entretien clinique (de peur de passer pour un fou), il est essentiel que le médecin établisse avec lui une bonne relation. Afin d’inciter le sujet à s’exprimer, il serait bien qu’un membre de sa famille ou tout autre proche soit présent lors de la consultation.

Les dires de ce dernier pourraient d’ailleurs être également utiles s’il a l’habitude de passer du temps avec le patient. Qu’il s’agisse de la personne en cause ou de celui qui l’accompagne, le médecin doit comprendre que leurs propos ne peuvent être pris en compte que si les situations hallucinatoires ont été répétitives.

Cela sous-entend que le professionnel de santé devra accorder peu de valeur aux dires relatant des expériences hallucinatoires éphémères ou intervenues qu’une seule fois.

Les autres étapes préliminaires

Si malgré les conditions de qualité mises en place pour l’entretien clinique, le patient ne parvient pas à clairement relater ses perceptions ou demeure réticent, il y a de ces signes qui confirment l’existence d’hallucinations. Il s’agit par exemple du fait :

  • D’utiliser un casque de baladeur ou du coton pour boucher ses oreilles ;
  • De porter une ceinture de chasteté ;
  • De poser un acte imposé par une voix ;
  • D’interrompre brutalement la conversation avec le médecin ;
  • D’avoir un comportement indigné ou indifférent.

À cela s’ajoute ce que l’on appelle l’attitude d’écoute. Elle s’observe particulièrement lorsque le sujet possède des hallucinations auditives. Ce comportement se traduit par le fait que l’individu peut arrêter l’échange avec le psychiatre pour entamer une autre avec une voix que seul lui semble entendre.

Il peut également rester silencieux, avoir le regard fixe tout en étant figé comme s’il prêtait attention aux propos d’une personne.

Le déroulement de l’entretien clinique

La consultation est essentiellement basée sur des questions que le neurologue posera au patient. Ces dernières ont pour objectif de comprendre le problème et surtout d’en savoir plus sur ses origines. Ainsi, le spécialiste va en premier lieu s’intéresser aux symptômes.

L’individu va à ce niveau devoir donc présenter ses hallucinations en mettant l’accent sur leur contenu. C’est-à-dire :

  • Le type de propos qu’il entend ;
  • S’il parvient à reconnaître la voix ;
  • La nature des objets ou personnes qu’il voit ;
  • Si ses expériences hallucinatoires se ressemblent.

Toujours pour mieux cerner la cause du trouble, le médecin va ensuite poser des questions sur le mode de vie, les antécédents médicaux et affectifs du sujet, car ce sont des contextes susceptibles de favoriser la survenue de la pathologie.

Hallucinations: causes

Hallucinations

Les situations ou éléments qui pourraient être à la base d’une hallucination sont de divers ordres.

Les affections mentales

Les hallucinations constituent le plus souvent la conséquence ou une manifestation d’un problème de santé mentale. C’est pourquoi le psychiatre va au prime abord chercher à savoir si son patient possède une quelconque affection mentale. Les pathologies de cette catégorie qui sont couramment impliquées dans ce genre de trouble sont :

  • La dépression ;
  • Le trouble de stress post-traumatique ;
  • Le trouble bipolaire ;
  • Le trouble schizo-affectif ;
  • La schizophrénie.

En ce qui concerne cette dernière maladie, il faut préciser que près de 75 % des personnes qui en souffrent possèdent des hallucinations.

Les affections neurologiques

Lorsque le système nerveux et le cerveau deviennent dysfonctionnels à cause de certaines pathologies, cela peut provoquer des hallucinations. Ici, les affections dont il est question sont :

  • Le cancer du cerveau ;
  • L’épilepsie ;
  • Le délire ;
  • La narcolepsie ;
  • La démence.

À cette liste s’ajoute la maladie de Parkinson. Particulièrement dans le cas de cette affection, il est utile de notifier qu’il n’y a qu’un maximum de 30 % d’individus atteints qui présentent des signes d’hallucinations.

La consommation de substances

Il existe certains de ces produits qui sont qualifiés de psychoactifs. Leur consommation est donc susceptible de plonger un individu dans un état hallucinatoire. Il s’agit principalement des hallucinogènes comme :

  • La phenyclidine ;
  • Le cannabis ;
  • La psilocybine ;
  • L’acide d-lysergique.

La consommation excessive d’alcool, la prise d’amphétamines ou d’opiacés peut aussi provoquer ce même effet. Un sevrage de la combinaison ou de l’une de ces substances suite à leur usage prolongé peut également conduire à des hallucinations.

L’état sensoriel du patient

Plusieurs études ont déjà permis de constater que les personnes dont les capacités sensorielles sont partiellement ou totalement endommagées par des conditions médicales sont capables d’avoir des hallucinations.

C’est le cas par exemple du Syndrome de Charles Bonnet qui après avoir dégradé la vue du patient peut engendrer chez ce dernier des hallucinations, particulièrement visuelles. De ce fait, les conditions sensorielles relatives à l’ouïe et à la vue du sujet constituent des paramètres à prendre en considération pour poser le diagnostic.

Hallucinations : les autres causes ?

Il existe bien d’autres facteurs toujours d’ordre médical qui peuvent être à la base d’une hallucination. Ces exemples de causes concernent le fait de :

  • Souffrir du sida, d’infections, de migraines ou d’une insuffisance (hépatique ou rénale) ;
  • Avoir subi une intervention chirurgicale ;
  • Recevoir une dose de solution anesthésiante.

Par ailleurs, il est également possible que l’origine d’une hallucination n’ait rien à voir avec un facteur médical. Ce trouble peut en effet survenir suite à un événement douloureux comme un divorce, la perte de son travail ou d’un proche. Le fait d’avoir des insomnies constitue un autre paramètre à ne pas bafouer.

Les tests paracliniques

Avec certains patients, un seul entretien clinique peut suffire à obtenir des résultats fiables pour le diagnostic. Quant avec d’autres, il faudra d’abord renouveler la consultation. Il existe également de ces sujets avec lesquels aucune de ces solutions ne semble suffisante.

Dans ce cas, il devient indispensable de pousser plus loin pour comprendre ce que vit la personne en cause. C’est ainsi que le médecin se retrouve à effectuer des tests supplémentaires. On parle alors d’examens paracliniques.

Le plus souvent, le psychiatre demande ces analyses pour vérifier si les hallucinations sont liées à des convulsions, des maladies sous-jacentes ou des problèmes structurels dans le cerveau. Ces tests aident aussi à s’assurer que l’activité nerveuse électrique du patient est anormale ou si son trouble est relatif à des facteurs toxiques ou métaboliques.

Toutefois, en fonction de l’objectif visé, les examens réalisés par le médecin sont entre autres :

  • L’imagerie par résonance magnétique (IRM) ;
  • Le gaz de sang ;
  • La numération formule sanguine ;
  • Le scanner cérébral ;
  • L’alcoolémie ;
  • Le bilan hépatique ;
  • La ponction lombaire ;
  • L’électrocardiogramme ;
  • La radiothérapie pulmonaire ;
  • Les hémocultures ;
  • L’électroencéphalogramme (EEG) ;

Un examen urinaire, une amylasémie ou un ionogramme sanguin peuvent aussi se révéler nécessaires.

Hallucinations : Diagnostic différentiel

D’autres types d’affections prêtent parfois à confusion avec les hallucinations. Pour ne pas donc faire des conclusions erronées sur l’état de santé de son patient, il est important que le médecin procède à un diagnostic différentiel. Parmi ces pathologies, il existe quelques-unes avec lesquelles le spécialiste devra faire attention.

L’hallucinose

À considérer les termes hallucination et hallucinose, il est possible de croire qu’ils possèdent des significations synonymes. Pourtant, la situation est toute autre. En réalité, le mot hallucinose s’emploie pour faire référence au raisonnement critique que le patient fait sur son état.

Il faut en effet comprendre qu’ici, le sujet possède bel et bien des hallucinations. De son propre chef, il estime cependant que ses perceptions sont irréelles. Il pense que ces voix qu’il entend ou ces objets qu’il voit sont tout simplement le résultat de son imagination ou les effets secondaires d’un produit médical.

La simulation

Les états hallucinatoires sont des comportements qui peuvent être facilement reproduits. Certains individus utilisent cette faiblesse du trouble à leur avantage. Concrètement, ces sujets n’ont pas d’hallucinations, mais miment consciemment ces dernières pour obtenir des bénéfices.

La personne en cause peut réagir ainsi pour éviter la prison, attirer l’attention ou se faire hospitaliser (pour obtenir une prime par exemple). Dans de telles situations, le médecin doit faire preuve de discernement pour ne se laisser embobiner.

Cette tâche semble assez difficile lorsque le spécialiste est en face d’un simulateur classique. Il s’agit de cet individu-là qui imite un halluciné et qui a auparavant déjà eu un trouble de ce genre. Devant un sursimulateur, il s’avère plus aisé de déceler la mauvaise intention.

En effet, un tel patient ne possède pas d’antécédents psychiatriques. Les bénéfices en jeu, l’apparition brusque du trouble et l’exagération de ses supposées hallucinations sont des éléments qui mettent la puce à l’oreille.

L’illusion

Face à certains cas, il est parfois difficile pour le psychiatre de distinguer l’hallucination de l’illusion. Alors, il faut retenir que lorsqu’on parle d’illusion, le patient possède des perceptions qui existent réellement. Par contre, ces dernières dans le jargon de l’hallucination ne sont pas perceptibles, du moins à part par l’halluciné.

Le supplément de différenciation repose au niveau du fait que dans le cas de l’illusion, les appréhensions que possède le sujet sont erronées. Ainsi, il peut par exemple entendre des voix alors qu’il s’agit tout simplement de bruits d’objets. De même, il peut voir un fantôme alors qu’il s’agit d’un individu vêtu de blanc.

Par ailleurs, il faut ajouter que contrairement à ce qui se produit dans le cas de l’hallucination, celui qui possède des illusions ne demeure pas convaincu de ses perceptions. Il peut en effet reconnaître qu’il a des appréhensions erronées.

L’obsession

Ici, un sentiment, une idée ou une action intervient de manière brusque dans la pensée du sujet. Ce dernier lutte intérieurement pour se débarrasser de ses troubles.

L’interprétation

En plus de se confondre à l’hallucination, l’interprétation peut parfois être assimilée à de l’illusion. Aucun de ces troubles ne possède le même mécanisme. En réalité, dans le cas de l’interprétation, l’individu possède des perceptions qui existent réellement et qui sont aussi exactes.

Le problème se situe au niveau des conclusions qu’il tire de ses appréhensions. Cela frôle à peu près le pessimisme. Par exemple, le sujet peut comme toutes les personnes présentes sur le lieu voir un serpent. Il dira que ce dernier a été mis dans sa maison par des personnes qui en veulent à sa vie alors que le reptile s’y était tout simplement réfugié.

Hallucinations: typologie

Hallucinations

Pour évoluer dans son diagnostic, le psychiatre doit par la suite comparer les données obtenues sur l’état du patient à celles disponibles sur les types d’hallucinations. Cela permettra non seulement d’obtenir plus de précisions sur la forme hallucinatoire du sujet, mais aussi de mieux cerner les causes de son état.

Pour y arriver, il est avant tout nécessaire de posséder une bonne maîtrise des différentes catégories d’hallucinations.

Les hallucinations psychosensorielles

Dans l’univers des hallucinations, celles qualifiées de psychosensorielles sont les plus connues. Elles sont au nombre de cinq et chacune d’elles a rapport avec un sens. De plus, les perceptions concernant ce type de trouble portent sur un objet ou un élément extérieur.

Il faut ajouter qu’un individu peut souffrir d’uniquement de l’une de ces formes de troubles ou présenter un état qui en combine plusieurs.

Les hallucinations visuelles

Sur le plan visuel, les hallucinations que peut avoir un individu sont soit simples ou complexes. Dans le premier cas, l’individu ne parvient pas à clairement identifier ce qu’il voit. Il peut s’agir par exemple de :

  • Couleurs ;
  • Flashs ;
  • Lueurs ;
  • Formes ;

Dans le second cas, les perceptions du patient sont bien plus concrètes. Il peut par exemple voir :

  • Des animaux ;
  • Des objets animés ;
  • Une personne ;
  • Des scènes culturelles.

Bien qu’à ce niveau les visions du patient semblent plus franches, il peut avoir de la difficulté à les décrire s’il ignore ce dont il s’agit. Un point à ne pas négliger est que les hallucinations visuelles sont généralement liées à un trouble ophtalmologique ou une maladie neurodégénérative.

Les hallucinations auditives

Les hallucinations liées à l’ouïe sont qualifiées d’auditives. Ici, le patient entend des choses. Ces dernières peuvent être de type simple ou complexe. Ainsi, il peut s’agir de :

  • Bruits d’explosion ;
  • Sons musicaux ;
  • Bourdonnements ;
  • Tapotements ;

Dans cette catégorie de trouble, le type d’hallucination le plus souvent diagnostiqué est celui désigné de verbal. Il s’agit du fait que la personne entende des voix. Par ailleurs, il faut noter que ces divers sons se présentent au malade de diverses façons. Ceux-ci peuvent :

  • Venir de près ou de loin ;
  • Être des propos menaçants ou affectifs ;
  • Être inconnus ou non ;
  • Lui être destinés ou non ;
  • Être identiques, différents ou répétés.

En ce qui concerne les origines de ce type d’hallucinations, elles sont généralement relatives à un phénomène de défense névrotique. On parle alors de cause psychanalytique. Ces troubles peuvent être aussi provoqués par une lésion cérébrale. Il est dans ce cas question de facteur biologique.

Les hallucinations olfactives

Comme le qualificatif de ce type d’hallucinations le laisse déjà comprendre, le patient perçoit à ce niveau des odeurs. Ces dernières peuvent être aussi bien agréables qu’insupportables. Selon le cas, l’odeur perçue peut provenir ou non d’un élément spécifique.

Il est également possible que l’hallucination vienne d’une odeur (mauvaise ou non) du patient lui-même. De toute façon, les hallucinations olfactives sont des phénomènes peu fréquents. Elles sont le plus souvent dues à un dommage intervenu au niveau du système olfactif du patient.

Les hallucinations gustatives

Tout comme les précédentes, les hallucinations gustatives sont des cas rares. Elles possèdent généralement les mêmes causes que les hallucinations olfactives et sont parfois cumulées à ces dernières. Ici, l’halluciné possède des appréhensions gustatives qui sont souvent déclarées comme étant désagréables.

Ces sensations peuvent être spontanées ou remarquées après coup. Il s’agit dans ce dernier cas du fait que le patient ingurgite un aliment et que ce soit des minutes voire des heures après qu’il décèle son goût amer ou trop épicé (ou parfois sucré).

Les hallucinations cénesthésiques et tactiles

Il existe des hallucinations qui ont rapport avec le corps. Elles sont de deux ordres et il faut bien faire la distinction entre elles. Il y a d’un côté les hallucinations tactiles. Elles ont plus trait à la sensibilité cutanée du patient. De plus, ce sont des troubles qui peuvent être de type élémentaire ou élaboré.

Dans le premier cas, l’halluciné possède généralement des sensations de froid, de chaud ou de piqûres. Ces appréhensions peuvent atteindre un niveau si chronique que le patient peut se gratter.

Dans le second cas (élaboré), les perceptions paraissent extrêmes. L’individu peut en effet avoir l’impression qu’il y a des insectes sur sa peau ou voir une main qui le touche.

Les hallucinations cénesthésiques

Bien qu’elles soient catégorisées psychosensorielles, les hallucinations cénesthésiques constituent un type de trouble où les perceptions du patient ne sont pas externes. Ces dernières se produisent en réalité au sein de son corps. L’halluciné peut en effet avoir l’impression que la totalité ou une partie de son corps se transforme.

Il peut également déclarer qu’il y a un animal ou un esprit au sein de son corps. Par ailleurs, il est nécessaire de préciser que figurent dans cette sous-catégorie du trouble les hallucinations cénesthésiques génitales. Dans ce cas, le patient peut être persuadé qu’il existe un partenaire qui tient des relations intimes avec lui. Ces rapports peuvent être :

  • Consentant ou non ;
  • Contre nature ou ordinaires ;
  • Avec une ou plusieurs personnes connues ou non identifiables.

Il faut avouer qu’il s’agit d’un type de cas qui apparaît rarement, au point où certains spécialistes ignorent son existence.

Les hallucinations psychomotrices

Contrairement aux hallucinations psychosensorielles, celles désignées de psychomotrices ne reposent pas sur des perceptions extérieures. Tout se passe à l’intérieur du corps de l’halluciné, plus précisément au niveau de sa pensée ou dans sa tête.

Le patient a en effet l’impression qu’il existe une autre personne dans son corps qui lui dicte des actions, lui parle ou lui montre des images. Cette possession semble si excessive que la personne qui possède l’hallucination perd le contrôle sur sa vie intérieure.

 

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