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Inhibiteurs de la pompe à protons : indications, formes, effets secondaires

Les inhibiteurs de la pompe à protons constituent une récente famille de médicaments utilisés pour résoudre les problèmes gastro-intestinaux. En effet, ces molécules présentent un mode d’action principalement tourné vers la réduction sur une longue durée de la production d’acidité gastrique. Très efficaces dans leur rôle, elles supplantent toute autre classe de produits destinés au même usage (les antihistaminiques H2 en l’occurrence).

Toutefois, tout traitement médicamenteux comporte des risques qu’il faut connaitre en vue de prendre ses précautions. Concernant les IPP, diverses répercussions indésirables, dont la démence ont été associées à leur utilisation non encadrée. Dans quels cas doit-on s’intéresser à ce traitement ? Quelles mesures prendre pour limiter les risques qui y sont liés ? Voici quelques éléments de réponse.

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Indications

Les IPP comme leur nom l’indique inhibent l’enzyme gastrique appelé pompe à protons. Celui-ci étant le catalyseur de l’échange des ions H+ et K+, son inhibition empêche la sécrétion d’acide dans l’estomac. Ainsi, les IPP sont indiqués pour traiter :

  • L’ulcère gastro-duodénal (en association avec des antibiotiques)
  • Le reflux gastro-œsophagien (selon la gravité du RGO, le traitement peut s’étaler sur des mois. Ainsi, le soulagement n’est pas généralement constaté en début de traitement.)
  • Le syndrome de Zollinger-Ellison
  • La dyspepsie (douleur ou malaise ressenti dans la région supérieure de l’abdomen)
  • Certaines formes de stress, etc.

En outre, ces médicaments se prescrivent pour prévenir divers risques graves comme l’infarctus, l’accident vasculaire cérébral, les récidives d’ulcère ou de RGO, etc. L’utilisation des IPP peut encore se justifier lorsqu’elle accompagne un traitement antiinflammatoire. Justement, les AINS, l’aspirine, ou les corticoïdes sont susceptibles de fragiliser le mucus stomacal et par conséquent la muqueuse gastrique face aux acides. Les inhibiteurs de la pompe à protons viennent donc limiter les attaques acides.

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : contre-indications

Les IPP sont contre-indiqués en cas de :

  • allergie à l’un de leurs composants
  • insuffisance hépatique sévère (la prescription sera possible à faible dose selon le rapport-bénéfices/risques)
  • utilisation de traitements antirétroviraux ou antiagrégant plaquettaire (les IPP réduisent l’action de ces médicaments)
  • risques d’infection entérique ou pulmonaire

Par ailleurs, il est important d’éviter de prolonger le traitement sur une trop longue période afin de réduire les risques d’effets secondaires.

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Formes et mode d’action

La famille des IPP se compose actuellement de cinq molécules d’efficacité équivalente. On distingue notamment :

  • le pantoprazole
  • l’oméprazole
  • l’ésoméprazole
  • le rabéprazole
  • le lansoprazole.

Toutes ces molécules se prennent le plus souvent par voie orale (comprimés, gélules, sachets). Certaines sont d’ailleurs disponibles sous forme de médicament générique. Le recours aux solutions injectables est réservé pour les cas graves. Quelle que soit la pathologie traitée, il reste utile de respecter la prescription médicale, surtout en termes de dosages pour éviter les complications.

Mode d’action

L’action des IPP dans l’organisme se résume à l’inhibition de l’enzyme gastrique H+, K+— ATPase appelée pompe à protons. À cet effet, les IPP dans le microcanal où le pH est inférieur ou égal à 2 sont ionisés et modifiés en molécules actives. Celles-ci se connectent en liaisons covalentes avec un groupe de la sous-unité A de la pompe.

Une fois la pompe inhibée, il faut une synthèse de nouvelles pompes avant la reprise d’activité de sécrétion d’acide. Ce renouvellement des pompes requiert entre 18 à 24 h pour l’organisme ce qui fait qu’une prise unique de comprimé permet une inhibition sur 24 h de la pompe à protons.

Les inhibiteurs de la pompe à protons ne sont actifs qu’en milieu acide. Ainsi, ils n’ont pas d’effets concrets ou directs sur la pompe extragastrique localisée notamment au niveau du rein et colon. Même lorsqu’ils sont sous forme injectable, les IPP ne se transformeront en métabolite actif que dans l’estomac. Ils n’atteindront jamais la concentration suffisante pour inhiber l’enzyme au niveau du microcanal.

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Effets secondaires possibles

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP)

Les répercussions indésirables de ces médicaments peuvent se classifier en trois grands groupes que sont :

  • les effets secondaires à court terme
  • Les effets secondaires à long terme
  • Les autres possibilités de répercussions

Les effets secondaires à court terme

Les IPP sont considérés comme des médicaments très peu toxiques au point où ils sont prescrits pour les petits enfants. Cependant, s’ils sont bien tolérés la plupart du temps, quelques effets secondaires légers et transitoires peuvent se manifester à court terme. Rappelons-le, il ne s’agit que de possibilités, et non de certitudes pour tous ceux qui suivent le traitement. On recense entre autres :

  • Des céphalées, des douleurs abdominales
  • De la flatulence, des étourdissements ou vertiges
  • Des éruptions cutanées
  • De la constipation prolongée ou de la diarrhée
  • Un allongement de la durée des règles chez la femme,
  • L’anxiété, des palpitations cardiaques, etc.

Ces signes disparaissent d’eux-mêmes après le traitement.

Les effets secondaires à long terme

Ces risques sont relativement faibles, mais restent graves en cas de survenance. Sur le long terme, on distingue essentiellement :

  • Le risque infectieux
  • Les risques cardiovasculaires
  • Le risque de fracture osseuse
  • Le risque de cancer
  • Les risques de perturbation du microbiote intestinal

Le risque infectieux

Des complications infectieuses ont été associées à ce traitement lorsqu’un usage à long terme s’effectue. Il s’agit notamment de :

  • Pneumonie (risque accru dans les 30 premiers jours du traitement)
  • Prolifération bactérienne dans l’intestin grêle (entérocolite à clostridium difficile chez certains patients fragiles en raison de la modification de la composition du microbiote intestinal.)
  • Péritonite bactérienne (une vulnérabilité sous-jacente constitue un facteur déterminant dans ce cas)
  • Prolifération fongique dans l’intestin grêle, etc.

Les risques cardiovasculaires

Les inhibiteurs de la pompe à protons semblent favoriser une dégradation fonctionnelle de l’endothélium des vaisseaux sanguins. Il s’agit là d’un facteur de risque d’accident cardiovasculaire chez les patients sous le traitement par IPP. Le lien direct entre les IPP et la survenance de ces risques demeure toutefois assez discuté. En effet, ces médicaments ont été utilisés chez plusieurs patients à problèmes cardiovasculaires pour leur offrir une protection gastrique sans pour autant créer des dommages supplémentaires.

Le risque de fracture osseuse

L’utilisation à long terme des IPP induit une résorption osseuse qui aboutit à l’accroissement d’un risque de fracture de la hanche. Ce risque est encore plus prononcé chez la femme fumeuse. Le problème étant lié à la diminution de l’absorption du calcium, des précautions sont à prendre à ce propos.

Le risque de cancer

L’inhibition de sécrétion d’acide gastrique favorise la prolifération de certaines bactéries dans l’estomac. Lorsqu’il s’agit de l’Helicobacter pylori, un cancer gastrique est possible. En effet, cette bactérie est connue pour provoquer au minimum des graves ulcères chez les patients prédisposés génétiquement.

Les risques de perturbation du microbiote intestinal

Ces risques sont en lien direct avec le risque infectieux. En effet, l’utilisation des IPP altère le pH gastro-intestinal et induit une modification de 20 % des groupes bactériens présents. Ainsi, des infections de tous ordres peuvent survenir avec récidives et antibiorésistance.

En outre, le manque d’acidité perturbe l’assimilation des nutriments tels que le fer, la vitamine B12, le calcium ou le zinc. Des cas d’hypomagnésie (baisse du taux de magnésium dans le sang provoquant des tremblements, des battements cardiaques irréguliers, des crampes musculaires), de carence en vitamine B12 et fer sont ainsi recensés.

Toujours par rapport à la réduction des acides gastriques, les défenses par rapport aux allergènes s’en trouvent démunies. Cela se traduit par le risque de développement de pathologies allergiques (allergie alimentaire en l’occurrence) chez les nourrissons. Concernant les adultes, la fragilité des profils ayant des allergies préexistantes s’augmente considérablement.

Les autres possibilités de répercussions

Elles sont de divers ordres :

  • Suite à des études menées sur plusieurs années, les IPP sont désormais associés à la démence et à l’insuffisance rénale chronique chez les personnes âgées lorsque le traitement reste prolongé
  • La survenance de colite microscopique constitue aussi un risque
  • Des cas de néphrites interstitielles aigües sont décrits

Pour finir, il existe un risque accru de développement de polypes sans cancer. Ils disparaissent néanmoins avec l’interruption du traitement.

Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : Précautions

On peut les classer en deux groupes :

  • Les précautions à prendre avant le traitement
  • Les précautions à prendre pendant le traitement

Les précautions à prendre avant le traitement

Il s’agit a priori d’informer le médecin de tous les facteurs pouvant constituer un risque de complication pendant le traitement. On pense notamment à :

  • L’existence de pathologies pouvant être aggravées
  • L’utilisation de médicaments interagissant, etc.

Le médecin saura alors la marche à adopter avant de mettre en place le traitement. Par exemple, il est en principe indispensable d’éradiquer l’Helicobacter pylori avant de démarrer la prise d’IPP au long cours.

Les précautions à prendre pendant le traitement

Pendant l’utilisation d’inhibiteurs de la pompe à protons (IPP), il est important de :

  • Contrôler, au moins une fois par an, le taux de magnésium (surtout pour les patients de plus de 65 ans ou sous traitement hypoglycémiant)
  • Prendre des suppléments oraux de magnésium au besoin
  • Doser la vitamine B12 en cas de troubles neurologiques, cognitifs ou hématologiques
  • Diminuer progressivement les doses pour l’arrêt en associant si possible un anti H2 (pour éviter un rebond)
  • Éliminer une colite microscopique en cas de diarrhée

Par ailleurs, si vous ressentez un effet secondaire gênant autre que ceux mentionnés, il est recommandé d’arrêter le traitement et de consulter votre médecin en urgence.

 

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