Santé

Hypertrichose du sujet féminin: causes et traitements

De la même famille que l’hirsutisme et la folliculite, l’hypertrichose est une pathologie qui affecte le système pileux. Elle se caractérise par une abondance de poils sur le corps et est très fréquente chez les femmes. Ses origines sont essentiellement génétiques et médicamenteuses. Pour que le traitement de cette pathologie soit efficace, il est important qu’elle soit diagnostiquée le plus tôt possible. Comment reconnaît-on les signes de l’hypertrichose chez les femmes ? Quelles sont les complications possibles ? Comment peut-on se débarrasser de cette affection du système pileux ?

L’hypertrichose : de quoi s’agit-il ?

Principalement caractérisée par un développement trop important de poils, l’hypertrichose fait partie des rares pathologies qui portent atteinte au système pileux. Le terme « hypertrichose » est tiré de deux mots grecs que sont « hyper » signifiant excès et « trikhos » qui signifie littéralement poils.

La principale différence entre l’hypertrichose et les autres maladies de la même catégorie est qu’elle peut affecter autant les hommes que les femmes, même si les femmes y sont plus exposées. En fonction des causes et de bien d’autres facteurs, l’augmentation des poils sur le corps peut être généralisée ou localisée. La plupart du temps, c’est dans les zones déjà pourvues de poils que la pilosité augmente.

Il est très important de distinguer l’hypertrichose chez la femme de l’hirsutisme avec lequel elle a un nombre important de caractéristiques en commun. En premier lieu, l’hirsutisme est une pathologie propre aux femmes alors que l’hypertrichose est commune aux deux sexes. Ensuite, en cas d’hirsutisme, les poils abondants peuvent apparaître dans des zones qui sont dépourvues de poils (épaules, dos, visage). Pour finir, l’hypertrichose n’est liée à aucun changement hormonal, tandis que l’hirsutisme est principalement causé par un excès d’hormones androgènes.

Les différents types d’hypertrichose chez la femme

Les hypertrichoses sont classées en deux grandes catégories principales que sont les hypertrichoses congénitales et celles dites noncongénitales. Voyons ici les particularités de chacune de ces catégories.

Les hypertrichoses congénitales

La plupart des hypertrichoses de cette catégorie sont provoquées par des anomalies génétiques. Les plus fréquentes sont :

  • L’hypertrichose lanugineuse congénitale: elle se manifeste essentiellement par l’apparition de poils fins dont la taille est comprise entre 3 et 5 cm. Ces poils apparaissent sur la totalité du corps de la femme. Cette forme d’hypertrichose se transmet génétiquement par un gène autosomal. La plupart des femmes qui en souffrent naissent avec une importante pilosité.
  • L’hypertrichose prépubère : sa principale manifestation est une augmentation exponentielle de la croissance des poils sur le corps de la femme. L’hypertrichose prépubère se déclenche généralement pendant l’adolescence ; ses origines réelles ne sont pas connues à ce jour. Plus l’âge de la femme augmente, plus les poils à la base du crâne, les cheveux, les cils et les sourcils se développent avec une vitesse de plus en plus grandissante.
  • Le syndrome d’Ambras : il s’agit de la forme la plus grave des hypertrichoses congénitales. Il est très rare et ses manifestations affectent l’ensemble du corps de la femme. Toutes les parties du corps sont atteintes à l’exception des paumes de mains, du bout des doigts et des lèvres. Ces poils sont habituellement gris-argenté ou encore blond clair. Les poils du cuir chevelu, les sourcils et les cils sont ceux qui se développent le plus. Leur taille peut aller de 10 à 25 cm.

Dans la catégorie des hypertrichoses congénitales, on peut également citer l’hypertrichose nasi, l’hypertrichose cubiti et enfin celle qui se met en place dans le dysraphisme.

Les hypertrichoses non congénitales

Elles n’ont pas une origine héréditaire à la différence des hypertrichoses congénitales. Parmi les plus courantes, on peut notamment énumérer :

  • L’hypertrichose médicamenteuse: comme le nom l’indique, c’est la prise de certains médicaments ou ingrédients actifs qui provoque l’augmentation des poils terminaux sur le corps de la femme. Les médicaments les plus souvent en cause sont le minoxidil (utilisé contre la perte de cheveux) et le diazoxide (prescrit pour une régulation de la glycémie). Généralement, la pilosité revient à la normale lorsque le traitement médicamenteux est arrêté.
  • Le syndrome paranéoplasique: cette forme d’hypertrichose non congénitale est très rare et accompagne le plus souvent le développement de certaines tumeurs malignes. Le développement des poils dans ce cas se fait de manière assez brusque. Le cou, le haut du dos, le visage sont les premières parties affectées. Lorsque les poils commencent à se développer dans le syndrome paranéoplasique, cela veut généralement dire que la pathologie sous-jacente a atteint un stade très avancé. Les chances de guérison sont alors très
  • L’hypertrichose symptomatique: ici, l’augmentation de la pilosité est essentiellement liée à des troubles du métabolisme ou encore à des maladies systémiques. Le visage et les zones des joues latérales sont les plus exposés par cette forme de la maladie. Parmi les pathologies pouvant conduire à une hypertrichose symptomatique, on peut citer le SIDA, l’hyperthyroïdie, les anomalies du système nerveux central, la malnutrition et certaines tumeurs malignes des organes du corps de la femme.

Une autre forme d’hypertrichose non congénitale est l’hypertrichose acquise. Elle touche les zones cutanées du derme et est provoquée par un certain nombre de facteurs irritants. Ici, la majorité des poils velus se transforment en poils terminaux. Les facteurs irritants incluent généralement les pressions, les frottements, les cicatrices et certaines inflammations de la peau.

Les origines de l’hypertrichose

La génétique et les médicaments sont les deux causes les plus fréquentes des hypertrichoses. En ce qui concerne les médicaments, ceux dont les effets sont les plus importants sont la ciclosporine, la phénytoine et le minoxidil. Comme les symptômes disparaissent lorsque la prise du médicament est arrêtée, il est alors très facile d’identifier le médicament responsable de la pathologie.

Ici encore, il est essentiel de faire une différence avec l’hirsutisme qui est souvent le produit d’un excès d’hormones androgènes. Cependant, les manifestations de l’hypertrichose peuvent évoluer vers d’autres complications, si les organes génitaux de la femme se mettent à sécréter des hormones masculines, notamment la testostérone.

Par ailleurs, des études ont prouvé que certains cancers comme celui des ovaires et celui de la thyroïde peuvent jouer un rôle dans le déclenchement d’une hypertrichose. Aussi, l’hypertrichose peut elle-même être considérée comme un signe annonciateur d’une autre maladie telle que la dermatomyosite ou encore l’anorexie mentale. Les maladies les plus susceptibles de déclencher une hypertrichose chez la femme sont la porphyrie, l’hypothyroïdisme et la maladie de Basedow.

Enfin, le risque de développer une hypertrichose serait plus important chez les personnes qui sont exposées à l’hexachlorobenzène (HCB), un ancien pesticide.

Comment se passe le diagnostic de l’hypertrichose chez la femme ?

Il est important de consulter un médecin lorsque les premiers signes potentiels d’une hypertrichose apparaissent. Ce dernier essaiera en premier lieu de déterminer les symptômes majeurs et d’établir leur évolution au fil du temps. La première étape du diagnostic est donc généralement une anamnèse. Ce sont les résultats de ce premier examen qui détermineront les tests supplémentaires à réaliser.

Les éléments dont le médecin a besoin pour établir un diagnostic sûr sont essentiellement l’âge de la patiente, le type de ses cheveux et de ses poils, son modèle capillaire, la localisation de ses cheveux, ses antécédents familiaux et médicaux.

Ensuite, des analyses sanguines peuvent être réalisées pour déterminer les taux des hormones masculines dans le sang de la femme. Ces analyses permettront non seulement d’identifier la cause réelle de l’hypertrichose, mais aussi d’écarter d’autres hypothèses telles que celle de l’hirsutisme.

Dans les cas où c’est une tumeur qui est suspectée, il est possible de réaliser une échographie ou une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM), afin de détecter la localisation de cette tumeur.

Comment prévenir l’hypertrichose chez la femme ?

La possibilité de prévenir l’hypertrichose dépend du type de la pathologie. Par exemple, la prévention des hypertrichoses congénitales n’est tout simplement pas possible. À la limite, on peut juste traiter les symptômes.

Pour ce qui est des hypertrichoses non congénitales, il est possible de les prévenir en stoppant la prise des stéroïdes et la prise des médicaments qui contiennent des hormones. Cependant, il est important de préciser qu’il existe des médicaments ne contenant pas d’hormones, mais qui sont impliqués dans le déclenchement des hypertrichoses. Il faut donc prendre l’avis d’un médecin avant l’utilisation d’un médicament.

À noter que les femmes ne doivent absolument pas avoir honte ou peur de consulter un médecin pour un problème d’abondance de la pilosité.

Les moyens de traitement de l’hypertrichose

Le meilleur moyen pour déterminer le traitement le plus efficace contre une hypertrichose est d’en déterminer la cause exacte. En dehors de la cause de l’hypertrichose, le choix du traitement doit également reposer sur l’état de santé général de la patiente, ainsi que sur ses exigences personnelles. L’avis de la patiente est absolument à prendre en compte.

À court terme, une épilation laser ou une oblitération électrique peuvent se montrer efficaces. Certaines femmes peuvent aussi opter pour une décoloration des cheveux.

Lorsque la maladie est provoquée par la prise de certains médicaments, il suffit d’en arrêter la prise. Dans des cas exceptionnels, le médecin pourra prescrire à la femme des médicaments alternatifs.

Pour les cas de tumeurs sous-jacentes responsables de l’hypertrichose, la chirurgie est l’option la plus fiable. Si la chirurgie n’est pas possible, il faudra opter pour une chimiothérapie ou une radiothérapie. Par ailleurs, le traitement doit être mieux adapté, si la pathologie est associée à un trouble du système nerveux. Il peut également être envisagé un traitement réducteur de la production des hormones masculines pour limiter les complications de l’hypertrichose.

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