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Antivitamines K (AVK) : les différentes molécules

Les antivitamines K sont une classe thérapeutique ayant démontré une grande efficacité dans la prise en charge de nombreuses affections. Il s’agit entre autres des thromboses veineuses profondes, des embolies pulmonaires, de la fibrillation auriculaire et de certaines pathologies vulvaires. Elles regroupent différentes molécules inégalement prescrites et quelque peu difficiles à manier.

Dans la population française où on estime que 400 à 550 000 patients reçoivent chaque année une antivitamine K, la fluindione, est la molécule la plus utilisée. Elle ne semble, cependant, pas être la molécule d’antivitamine K à préférer, car elle présente un risque rénal.

Antivitamines K (AVK) : présentation des différentes molécules

Cinq molécules d’antivitamines K sont présentes sur le marché pharmaceutique. Il y a :

  • L’Acénocoumarol ;
  • Le Phénindione ;
  • Le Tioclomarol ;
  • La Fluindione ;
  • La Warfarine.

Ces différentes molécules bien qu’ayant une action commune, présentent d’importantes différences pharmacologiques. De même, leurs dérivés commerciaux ne sont pas identiques. Voici des rubriques qui précisent les caractéristiques de chacune d’elles.

Acénocoumarol

L’acénocoumarol est une molécule coumarinique ayant pour principal dérivé commercial le « SINTROM ». Celui-ci provient du laboratoire ROVI PHARMA INDUSTRIAL SERVICES, S. A. ». Il représente 25 % des prescriptions totales d’antivitamines K en milieu clinique.

SINTROM : forme commerciale

Le Sintrom (acénocoumarol) est disponible sous la forme de comprimés ronds, blancs, plats à bords biseautés et quadrisécables. Il se décline dans une dose unique de 4 mg et on ne le retrouve pas sous une forme liquide. Chacune des faces du comprimé de Sintrom bénéficie d’une structure particulière.

Sur une face se trouve une barrette de fractionnement en forme de croix contenant dans chaque quadrant la gravure « A ». Sur l’autre, en revanche, se trouve simplement la gravure « CG ». Par ailleurs, les comprimés de Sintrom sont conditionnés dans des boîtes rectangulaires contenant entre 10 et 50 comprimés.

SINTROM : composition

Le principal ingrédient entrant dans la composition du Sintrom est l’Acénocoumarol qui est son principe actif. Outre lui, néanmoins, on retrouve à des proportions variables certains excipients communs dans les comprimés de Sintrom. Il s’agit, notamment :

  • de l’Amidon de maïs ;
  • de l’Amidon STA RX 1500 ;
  • du Magnésium stéarate ;
  • du Silice colloïdal anhydre.

Le Sintrom contient également des quantités non négligeables de lactose. Pour cela, on le déconseille aux personnes présentant une intolérance avérée aux produits lactosés.

SINTROM : mode d’administration et posologie usuelle

L’administration du Sintrom se fait par voie orale avec un grand verre d’eau. Il ne peut se faire ni par voie cutanée ni par voie veineuse. De même, on déconseille de mâcher les comprimés de Sintrom.

Les posologies usuelles du Sintrom dépendent du tableau clinique et de l’INR du patient. C’est généralement au médecin traitant qu’il revient de les définir. La durée du traitement est fonction de l’évolution des symptômes et peut s’étendre sur plusieurs mois.

SINTROM : effets secondaires

Les effets secondaires pouvant découler de l’utilisation de l’acénocoumarol sont nombreux. On les répartit selon leur récurrence en deux groupes. Ainsi, on distingue les effets secondaires fréquents et les effets secondaires rares de l’acénocoumarol.

SINTROM : effets secondaires fréquents

Ces effets secondaires concernent environ 1 à 10 patients sur 100 patients prenant les comprimés de Sintrom. Ils incluent principalement :

  • Les saignements ;
  • La présence de sang (noir, rouge) dans les selles ;
  • Les crachats et les vomissements sanglants ;
  • Les règles abondantes ;
  • L’essoufflement ;
  • La fatigue chronique ;
  • La formation d’hématome.

Il y a aussi la migraine et les malaises inexpliqués qui constituent des effets secondaires fréquents de l’acénocoumarol.

SINTROM : effets secondaires rares

Les effets secondaires rares apparaissent chez moins de 10 patients sur 10 000 patients utilisant l’acénocoumarol. Ils regroupent essentiellement les éruptions cutanées, les démangeaisons, la perte de cheveux, la jaunisse et les douleurs articulaires.

SINTROM : contre-indications

L’allergie à l’acénocoumarol ou à un autre des excipients entrant dans la composition du Sintrom constitue la principale contre-indication à ce médicament. Exceptée elle, on déconseille toutefois d’utiliser le Sintrom dans certaines conditions :

  • Les antécédents médicaux d’hypertension sévère et d’insuffisance ;
  • L’utilisation d’aspirine à forte dose ;
  • L’utilisation d’un produit contenant du millepertuis.

Par ailleurs, à moins de porter une valve cardiaque mécanique, une femme enceinte ne peut pas prendre de l’acénocoumarol.

Phénindione

La Phénindione est une molécule provenant de l’indane-1, 3 — dione, dont le dérivé commercial est la Pindione. Elle provient du groupe « MERCK LIPHA SANTE S.A.S » et obtient son autorisation de mise sur le marché en 1989.

En 2004, cependant, on va la retirer du marché pharmaceutique dans plusieurs pays. Elle représente moins de 2 % des prescriptions totales d’antivitamines K en milieu clinique.

Pindione : forme commerciale

À l’instar du Sintrom, la Pindione se présente sous la forme de comprimés blancs sécables. Elle existe dans une dose unique de 20 mg et est de coloration blanche. Dans les officines pharmaceutiques, on le retrouve dans des flacons de verre bruns pouvant contenir de 20 à 50 comprimés.

Pindione : composition

La substance active du Pindione, la Phénindione représente le principal ingrédient entrant dans la composition des comprimés de Pindione. En plus d’elle, cependant, d’autres excipients y sont présents. Il y a principalement :

  • Le lactose ;
  • L’amidon de blé ;
  • Le talc (E553b) ;
  • L’alginique acide (E400) ;
  • Le magnésium stéarate.

On retrouve également des traces d’amidon de pomme de terre dans les comprimés de Pindione.

Pindione : mode d’administration et posologie

L’administration de la Pindione se fait par voie orale avec de l’eau. Elle ne peut pas se faire par voie cutanée et voie intramusculaire, car le produit ne présente aucune variante liquide. On recommande d’avaler les comprimés de Pindione et de ne pas les mâcher.

Pour ce qui concerne la posologie usuelle, elle dépend de l’INR et de l’état clinique du patient. Il revient souvent au médecin traitant de la définir et de l’ajuster au besoin. Il en est de même pour la durée de traitement qui varie de quelques mois à quelques années.

Pindione : effets secondaires

Les effets secondaires associés à l’utilisation de la Pindione sont multiples et variés. Ils concernent différents organes. Dans le rang des plus courants, on compte les saignements et la formation d’ecchymoses. Les effets secondaires les moins courants de la Pindione regroupent quant à eux les réactions allergiques, la diarrhée et les troubles sanguins.

Pindione : contre-indications

Les principales contre-indications à l’utilisation de la Pindione incluent :

  • Une condition d’allergie au phénindione ou un autre ingrédient de la Pindione ;
  • La présence d’antécédents médicaux de problèmes hépatiques graves ;
  • La présence d’antécédents médicaux d’hypertension artérielle grave ;
  • La présence d’antécédents médicaux d’infections cardiaques.

Il y a aussi la grossesse qui peut constituer selon le cas considéré une contre-indication de la Pindione. Pour cela, les patientes enceintes doivent informer leur médecin qui se chargera d’évaluer les risques. Autrement, elles s’exposent ainsi que leurs fœtus à d’importantes complications.

Tioclomarol 

Le Tioclomarol ayant pour dérivé commercial l’Apegmone est une molécule autorisée sur le marché pharmaceutique de 1990 à 2010. Il détient comme la Phénindione une faible part des prescriptions médicales en milieu clinique.

Apegmone : forme commerciale

L’Apegmone est un médicament décliné sous forme de comprimés sécables de coloration blanche. Il existe dans une dose unique de 4 mg. Les tubes en aluminium représentent le contenant externe des comprimés d’Apegmone. Ils peuvent contenir entre 30 et 100 comprimés.

Apegmone : composition

L’Apegmone se compose du Tioclomarol et des excipients ci-après :

  • Le lactose ;
  • La gélatine ;
  • L’amidon de pomme de terre ;
  • L’amidon de blé ;
  • L’acide alginique.

Il contient aussi des traces parfois indétectables de stéarate de magnésium.

Apegmone : mode d’administration et posologie

L’Apegmone s’administre par voie orale avec de l’eau uniquement et en dehors des repas. On déconseille de le prendre avec certains jus, car il existe un risque d’interaction. De même, étant donné que ce médicament n’existe pas sous une forme liquide, on ne peut pas l’administrer par voie cutanée ou intraveineuse.

À l’instar des antivitamines K susmentionnées, la posologie usuelle de l’Apegmone n’est pas fixe. Elle dépend de différents paramètres et la responsabilité de la définir revient au médecin traitant. La même règle s’applique à la durée du traitement qui varie également en fonction de divers critères.

Apegmone : effets secondaires

Les effets secondaires associés à l’utilisation de l’Apegmone sont nombreux. Ils comprennent principalement les manifestations hémorragiques de type hématomes et hémorragies. Exceptionnellement, on dénombre les effets secondaires tels que :

  • La diarrhée (avec ou sans stéatorrhées) ;
  • L’arthralgie isolée ;
  • L’alopécie ;
  • La nécrose cutanée ;
  • Les éruptions cutanées d’origine allergique ;
  • Les atteintes hépatiques.

Certains patients traités avec le Tioclomarol ont également présenté au long court des problèmes de vascularisation.

Apegmone : contre-indications

L’allergie au Tioclomarol et aux autres excipients constitue la contre-indication majeure à l’utilisation de l’Apegmone. Cependant, ce médicament est aussi proscrit en présence d’antécédents médicaux de troubles hépatiques et rénaux sévères. Par ailleurs, on le déconseille aux patients présentant une forte tension artérielle ou portant un enfant.

Fluindione 

La Fluindione dont le dérivé commercial est le Préviscan est une molécule obtenue à partir de l’indane-dione. Elle est la molécule la plus utilisée et représente près de 70 % des prescriptions totales d’antivitamines K. Elle dispose d’une autorisation de mise sur le marché attribuée en 1988 au laboratoire « MERCK SANTE ».

Previscan : forme commerciale

Le Previscan se décline sous la forme de comprimés quadrisécables de coloration rose ayant un aspect légèrement bombé. Il est disponible dans une dose unique de 20 mg. Les comprimés de Previscan possèdent des cassures cruciformes identiques sur les deux faces. On les retrouve dans des plaquettes thermoformées puis des boîtes contenant 8, 30 ou 100 comprimés.

Previscan : composition

Le principe actif du Previscan est la fluindione. Il contient, en dehors de lui, les excipients ci-après :

  • Le talc ;
  • L’acide alginique ;
  • L’amidon de pomme de terre séché ;
  • L’acide stéarique ;
  • L’oxyde de fer rouge (E172).

Le Previscan contient également les excipients à effets notoires comme l’amidon de blé séché et le lactose. Ces derniers peuvent causer d’importantes réactions allergiques.

Previscan : mode d’administration et posologie

Le Previscan s’administre par voie orale. On recommande simplement d’avaler les comprimés avec un verre d’eau, de préférence en dehors des repas. On ne peut prendre le Previscan par voie cutanée ou intramusculaire, car il n’existe pas sous une forme injectable.

Pour ce qui est de la posologie usuelle, elle est généralement de 20 mg au début du traitement. Au fil du temps, cependant, le médecin traitant peut l’ajuster en considérant la valeur de l’INR. Généralement, le traitement avec le Previscan dure des mois.

Previscan : effets secondaires

Les effets secondaires associés à l’utilisation de la Fluindione sont multiples et diversifiés. En fonction de leur type, on les répartit en plusieurs groupes.

Effets secondaires de type vasculaire

Il s’agit des effets secondaires les plus fréquemment observés en cas d’utilisation de la Fluindione. Ils regroupent des manifestations hémorragiques telles que les embolies de cristaux de lipides, les hématomes, les épistaxis et les gingivorragies. D’un patient à un autre, leur degré de sévérité peut varier.

Effets secondaires de type immunitaire

Les effets secondaires immunitaires découlant de l’utilisation du Previscan comprennent principalement :

  • La formation d’un œdème local classique ou d’un œdème de Quincke ;
  • La cytopénie ;
  • L’augmentation des ASAT, ALAT et des phosphatases alcalines ;
  • La néphrite tubulo-interstitielle provoquant une insuffisance rénale ;
  • Les urticaires et les démangeaisons.

Certains patients peuvent également présenter un eczéma, des éruptions papuleuses et une pustulose exanthématique aiguë généralisée.

Effets secondaires de type systémique et gastro-intestinal

Exceptionnellement, les patients qui prennent du Previscan peuvent aussi présenter des effets indésirables systémiques et gastro-intestinaux. Il y a, par exemple, les arthralgies isolées et les diarrhées. Dans certains cas, les diarrhées peuvent s’accompagner de stéatorrhées, dans d’autres non.

Previscan : contre-indications

Les principales contre-indications à l’utilisation du Previscan sont :

  • La présence d’une allergie à la fluindione ou à un autre excipient du Previscan ;
  • Les antécédents médicaux d’insuffisance hépatique sévère ;
  • L’utilisation d’un produit contenant de l’acide acétylsalicylique, du miconazole et des AINS Pyrazolés ;
  • L’utilisation d’un produit contenant des extraits de plantes comme le millepertuis.

La grossesse et l’allaitement constituent aussi des contre-indications à l’utilisation du Previscan.

Warfarine

La Warfarine ayant pour dérivé commercial le Coumadine est une molécule mise sur le marché par VIANEX S.A. Elle possède une autorisation de mise sur le marché valable dont le titulaire est « TEOFARMA S.R.L. ». La plupart des études disponibles sur les antivitamines K ont reposé sur elle. Cependant, elle représente seulement 10 % en moyenne des prescriptions totales d’antivitamines K.

Coumadine : forme commerciale

Le Coumadine est disponible sous forme de comprimés sécables de coloration rose et blanche. Il existe dans les doses de 2 et 5 mg et on le retrouve dans des plaquettes puis des boîtes. La contenance des boîtes de Coumadine varie de 20 à 100 comprimés.

Coumadine : composition

Le Coumadine se compose principalement de la Warfarine sodique et secondairement des excipients suivants :

  • L’acide stéarique ;
  • L’amidon de tapioca modifié ;
  • Le lactose monohydraté ;
  • Le magnésium stéarate.

Dans les comprimés de Coumadine, on peut aussi retrouver des traces de fer rouge oxyde.

Coumadine : mode d’administration et posologie

L’administration du Coumadine se fait par voie orale avec un verre d’eau. Elle peut se faire pendant ou en dehors des repas. En général, on recommande d’avaler les comprimés et de ne pas les mâcher.

La posologie usuelle, quant à elle varie d’un patient à l’autre. Seul le médecin traitant peut la définir en considérant différents paramètres. Il y a principalement la valeur de l’INR et le tableau clinique du patient. Pour ce qui concerne la durée du traitement, elle varie entre des semaines et plusieurs mois.

Coumadine : effets secondaires

À l’instar de tout produit pharmaceutique, le Coumadine peut entraîner de nombreux effets secondaires. Il y a par exemple :

  • Les hémorragies ;
  • Les douleurs articulaires ;
  • Les réactions allergiques ;
  • La chute des cheveux ;
  • La diarrhée.

Il est aussi possible que le Coumadine provoque des effets indésirables comme les nécroses cutanées localisées.

Coumadine : contre-indications

Les contre-indications du Coumadine sont proches de celles du Previscan. Dans ce cas, néanmoins, c’est plutôt l’allergie à la Warfarine et non à la Fluindione qui constitue une contre-indication au médicament.

Quelle est la molécule d’antivitamine K à préférer ?

La Warfarine (Coumadine) est la molécule d’antivitamine K à préférer. Elle présente, d’après plusieurs études scientifiques, une durée de vie supérieure à celle de toutes les autres molécules. Ce qui la rend beaucoup plus efficace que ces dernières.

Ensuite, à l’opposé des autres molécules, elle existe en deux doses. Elle bénéficie ainsi d’une certaine commodité et est plus facile à manipuler. En effet, pour les patients très résistants et ceux très sensibles, elle permet une administration et une adaptation aisée de la posologie d’usage.

D’autre part, la Warfarine est la molécule d’antivitamine K ayant démontré un risque rénal relativement faible. En effet, chez les patients traités avec cette antivitamine K, la prévalence des atteintes rénales est de 12,5 %. Or, chez les patients traités avec les autres antivitamines K et surtout la fluindione, il peut atteindre jusqu’à 36,7 %.

Un autre fait en faveur de l’utilisation de la Warfarine est que la plupart des atteintes rénales sévères concernaient les utilisateurs de fluindione. Pour finir, on préconise de préférer la Warfarine, car il s’agit de l’antivitamine K sur laquelle la plupart des recherches scientifiques ont porté. Elle a fait l’objet de diverses expériences et on dispose de données d’usage plus ou moins précises sur elle.

 

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