Santé

Ostéopénie : clinique, physiopathologie, étiologies, traitement

L’ostéopénie est un état de fragilité osseuse fréquent à partir de 50 ans. Elle est à l’origine d’une déminéralisation du squelette et provoque des fractures spontanées ainsi que des tassements vertébraux. Généralement, elle résulte d’un processus de vieillissement naturel ou de modifications physiologiques non pathogènes. Cependant, elle peut également apparaître comme la conséquence d’une affection sous-jacente. On dit alors qu’elle est pathologique. Dans l’un ou l’autre des cas, le traitement de l’ostéopénie est requis pour la prévention de complications comme l’ostéoporose.

Ostéopénie : présentation

L’ostéopénie fait allusion à une condition de fragilisation osseuse. Elle associe une décalcification et une déminéralisation osseuse responsable de l’altération de la qualité des os. Elle provoque une perte légère (11 % au maximum) de densité osseuse et peut évoluer vers une ostéoporose. En effet, au-delà du seuil de 11 % de perte de densité on parlera non plus d’ostéopénie, mais d’ostéoporose.

L’ostéopénie apparaît alors comme une condition intermédiaire ou médiane entre l’os sain et l’ostéoporose. À proprement parler, l’ostéopénie n’est pas une maladie puisqu’elle survient naturellement avec l’âge chez toute personne. Toutefois, en réponse à certains facteurs, elle peut survenir précocement et présenter un caractère pathologique.

Qu’elle survienne spontanément ou non, l’ostéopénie n’a aucun impact sur le pronostic vital. Elle est asymptomatique et passe inaperçue dans la majorité des cas. En dépit de cela, son dépistage précoce et sa prise en charge rapide restent néanmoins nécessaires pour retarder l’ostéoporose.

Par ailleurs, l’ostéopénie est une condition acquise. Elle n’est ni congénitale, ni héréditaire, ni contagieuse. En outre, on estime qu’elle survient principalement dans les populations de personnes âgées. Les jeunes enfants et les adolescents sont donc moins enclins à en souffrir que les adultes. Pour finir, comparativement aux hommes, les femmes seraient les couches populationnelles les plus affectées.

Ostéopénie : clinique

L’ostéopénie est une condition asymptomatique dans la plupart des cas. Au début, elle n’entraîne aucun symptôme clinique particulier, ce qui rend son diagnostic difficile. Par contre, au stade avancé où elle peut demeurer asymptomatique, il est possible qu’elle provoque exceptionnellement quelques symptômes. Les plus importants incluent :

  • Les fractures spontanées du poignet et de la hanche ;
  • Les cassures du col fémoral ;
  • Les tassements vertébraux.

Ces symptômes n’apparaissent pas systématiquement chez tous les patients. De même, ils peuvent présenter une gravité variable selon le cas considéré.

Ostéopénie : physiopathologie

L’ostéopénie est la conséquence d’un déséquilibre entre les mécanismes physiologiques de résorption et de formation osseuses. Dans l’organisme, en effet, à l’instar de tout composant organique, l’os est une structure qui se renouvelle perpétuellement. Cela est possible grâce à divers mécanismes impliquant les ostéoclastes et les ostéoblastes. Ils assurent respectivement la destruction des vieux os et la formation de nouveaux os.

Dans l’ordre normal des choses, il existe un équilibre entre l’activité des ostéoclastes et des ostéoblastes. Les niveaux de résorption et de formation osseuses sont donc identiques. Dans l’ostéopénie, en revanche, il s’observe une rupture de l’équilibre existant entre les mécanismes de résorption et de formation osseuse. La résorption osseuse devient alors plus importante que la formation osseuse. Il s’ensuit alors une perte de capital osseux ainsi qu’une perte de densité croissante dans l’os. D’où l’ostéopénie.

Ostéopénie : étiologies

Quand elle n’apparaît pas suivant un procédé spontané, l’ostéopénie peut représenter la conséquence de diverses conditions pathologiques. Il y a principalement :

  • La carence en œstrogène ;
  • La maladie de Crohn ;
  • La colite ulcéreuse ;
  • Le diabète ;
  • La phénylcéturonie ;
  • La polyarthrite rhumatoïde ;
  • L’hyperthyroïdie.

Certaines maladies inflammatoires et d’autres maladies non mentionnées peuvent également constituer des étiologies de l’ostéopénie.

Carence en œstrogène

L’œstrogène est un stéroïde synthétisé dans l’organisme par le cortex surrénal, les ovaires, le placenta et les testicules. Il joue de nombreux rôles physiologiques et est indispensable au fonctionnement optimal de l’appareil reproducteur féminin.

D’après de nombreuses études scientifiques, il exerce un effet protecteur sur les os et empêche leur résorption accrue. Sa carence pourrait alors constituer une étiologie de l’ostéopénie.

Maladie de Crohn

La maladie de Crohn est une pathologie rare se caractérisant par une altération des fonctions digestives. Elle présente un caractère chronique et se manifeste au stade avancé par un certain nombre de symptômes, dont l’ostéopénie. On estime que près de 36 % de patients souffrant de la maladie de Crohn développeront une ostéopénie.

Colite ulcéreuse

La colite ulcéreuse définie comme une maladie chronique touchant le gros intestin est une affection rare. Elle provoque d’importantes douleurs abdominales, des crampes et de légères ulcérations stomacales. Dans les formes sévères, elle entraîne des manifestations de type ostéogénique. On estime à près de 32 % la prévalence de l’ostéopénie dans les populations de personnes souffrant de colite ulcéreuse.

Diabète

Le diabète est une maladie chronique se caractérisant par une élévation de la glycémie sanguine. Il résulte d’un défaut d’action ou de sécrétion d’insuline et peut survenir à tout âge. Le diabète de type 1 considéré comme juvénile est celui qui affecte principalement les jeunes sujets. Il dépend souvent de facteurs génétiques et fait intervenir rarement des facteurs comportementaux et alimentaires.

Le diabète de type 2 quant à lui touche préférentiellement les personnes âgées. Les facteurs favorables à sa survenue sont multiples et se rapportent aux habitudes de vie et à l’alimentation.

Indépendamment du type considéré, le diabète peut constituer une cause d’ostéopénie. En effet, il est responsable d’une altération de l’activité des ostéoblastes. Sur le long terme, il peut alors induire une réduction de la formation osseuse. Il se produit ainsi un déséquilibre entre les niveaux de formation et de résorption osseuses. D’où l’apparition d’une ostéopénie.

Phénylcéturonie

La phénylcéturonie fait allusion à une maladie génétique et non acquise responsable de la modification des taux de phénylamine. Elle est responsable de troubles psychiatriques, de retard de croissance et de déficience intellectuelle. Par accélération de la destruction osseuse et réduction de la formation osseuse, elle peut causer une ostéopénie. On estime que sur 10 patients souffrant de phénylcéturonie, au moins 1 patient fera une ostéopénie.

Polyarthrite rhumatoïde

La polyarthrite rhumatoïde est une affection multifactorielle affectant les régions articulaires. Elle présente un caractère évolutif et survient principalement chez les personnes âgées. Dans la forme classique, elle est responsable de réactions inflammatoires sévères pouvant évoluer vers une ostéopénie. Les manifestations ostéopéniques concernent environ 25 % des patients souffrant d’une polyarthrite rhumatoïde.

Hyperthyroïdie

L’hyperthyroïdie correspond à une condition où les hormones thyroïdiennes sont produites en excès dans l’organisme. Elle concourt à l’altération de la synthèse d’œstrogène et peut causer les maladies osseuses telles que l’ostéopénie. Les cas d’ostéopénie dans les populations de patients souffrant d’hyperthyroïdie sont toutefois rares. On estime que seulement un patient sur 100 patients souffrant d’hyperthyroïdie présentera une ostéopénie.

Maladies inflammatoires

Diverses maladies inflammatoires peuvent causer une ostéopénie. Il s’agit, principalement :

  • De la maladie cœliaque ;
  • Des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin grêle ;
  • Des maladies inflammatoires chroniques du gros intestin ;
  • De l’hypersensibilité au gluten avec inflammation du tube digestif.

Les mécanismes par lesquels ces affections induisent une ostéopénie sont variables. Ils dépendent des causes de l’inflammation et des spécificités (antécédents médicaux, terrain favorisant) liées à chaque patient.

Autres maladies

D’autres maladies autres que celles mentionnées plus haut peuvent également causer une ostéopénie. Il y a notamment :

  • La protoporphyria ;
  • L’hyponatrémie ;
  • Les maladies pulmonaires chroniques obstructives ;
  • La cirrhose ;
  • Les hépatites ;
  • L’insuffisance rénale ;
  • La défaillance cardiaque.

De plus en plus, on associe également l’ostéopénie au syndrome de fragilité, au bêta-thalassémie et à la drépanocytose.

Ostéopénie : facteurs de risque

Ostéopénie

Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque de survenue d’une ostéopénie. Dans le rang des plus importants, on dénombre :

  • La ménopause ;
  • La sédentarité ;
  • L’alcoolisme ;
  • Les carences en vitamines D et en calcium ;
  • L’IMC bas.

Il y a aussi les antécédents familiaux d’ostéopénie et l’âge avancé qui constituent des facteurs de risque de cette maladie.

Ménopause

La ménopause est une étape physiologique marquant la fin de la période reproductive chez la femme. Elle survient entre 45 et 50 ans et entraîne d’importantes modifications hormonales. Notamment la chute des niveaux d’œstrogènes qui augmentent le risque de survenue de l’ostéopénie.

Sédentarité

La sédentarité traduit une condition d’inactivité physique. Elle est à l’origine d’une faible mobilisation des os qui se fragilisent au bout d’un certain temps. Pour ce fait, on l’associe à une exacerbation du risque de survenue de l’ostéopénie.

Alcoolisme

Plusieurs études ont une récurrence des cas d’ostéopénie dans les populations de consommateurs d’alcool. De plus en plus alors on suppose que l’alcoolisme et surtout l’alcoolisme chronique sont des facteurs de risque d’ostéopénie. On n’a, toutefois, pas pu élucider le mécanisme qui sous-tend cet état de choses.

Carence en vitamine D et C

La vitamine D et le calcium sont les deux microéléments majeurs intervenant dans la constitution des os. Leur carence entraîne une déminéralisation accrue des os dont la structure et la densité changent. Il peut alors apparaître des maladies osseuses telles que l’ostéopénie.

IMC bas

L’IMC bas, c’est-à-dire inférieur à 18,5 kg/m, est un indicateur de maigreur. Or, la maigreur s’accompagne souvent de carences en nutriments de tout genre. Il est alors possible qu’elle provoque des déficits en vitamine D et en calcium. Cela est favorable à la survenue d’une ostéopénie.

Ostéopénie : traitement

Le traitement de l’ostéopénie repose sur une médication et le respect de certaines mesures hygiénodiététiques.

Médication

Dans la médication contre l’ostéopénie, on peut utiliser différents médicaments. Il y a essentiellement :

  • Les dérivés de la vitamine D ;
  • Les dérivés du calcium ;
  • Les bisphosphonates ;
  • Le Silicea 9 CH.

Pour les ostéopénies secondaires à une maladie, on peut en plus de la médication recourir à d’autres procédés spécifiques.

Dérivés de la vitamine D

Les dérivés de la vitamine D sont une classe thérapeutique regroupant des produits contenant des formes synthétiques de vitamine D. Dans l’organisme, ils présentent les mêmes propriétés que la forme naturelle de vitamine D. L’Axacalcitol et l’Hexafluoro-vitamine D constituent les principaux dérivés commerciaux de cette classe pharmaceutique. On les retrouve sous forme de comprimés, de poudres et de gélules.

Dans le traitement de l’ostéopénie, on peut utiliser toutes les formes commerciales des dérivés de vitamine D. Les posologies usuelles varient en fonction du poids du patient et du pourcentage de perte de densité osseuse. Elles peuvent au fil du temps connaitre des ajustements suivant l’évolution clinique du patient.

Dérivés du calcium

Les dérivés du calcium sont une classe thérapeutique constituée de produits contenant du calcium sous forme synthétique. Ils présentent des effets physiologiques similaires à ceux de la forme naturelle du calcium. À l’instar des dérivés de la vitamine D, on le retrouve sous forme de comprimés, de gélules et parfois de poudres.

Dans le traitement de l’ostéopénie, on peut utiliser toutes formes commerciales des dérivés calciques. Pour ce qui concerne la posologie d’usage, elle varie entre 1000 et 1500 mg par jour. Habituellement, c’est le médecin traitant qui la fixe en considérant les spécificités du patient.

Bisphosphonates

Les bisphosphonates sont des molécules à effet thérapeutique influençant la minéralisation et la structuration des os. Ils sont responsables de l’inhibition de l’activité des ostéoclastes et de l’optimisation de l’activité des ostéoblastes.

Dans le traitement de l’ostéopénie où ils ont démontré une grande efficacité, on les utilise à des doses variables. C’est généralement le médecin traitant qui les définit en considérant les spécificités du patient.

Silicea 9CH

Le Silicea 9CH est un produit homéopathique. On l’utilise largement en milieu hospitalier et il se décline sous forme de granules. Dans le traitement de l’ostéopénie, son administration systématique une fois par semaine a démontré une amélioration considérable de l’état des patients.

Mesures hygiénodiététiques

Pour optimiser les effets de la médication, il est important de respecter un certain nombre de mesures hygiénodiététiques. Pour commencer, il faut adopter une alimentation saine et équilibrée riche en calcium. Les principales sources alimentaires de calcium sont le lait, le fromage, les fretins, les crabes et les fruits de mer.

Outre les mesures alimentaires, il est également important de réaliser une activité physique régulière. Par exemple la marche, la course, la gymnastique ou même les sports d’équipe comme le football et le basket-ball. Le plus important, c’est de pouvoir bouger pendant au moins 30 minutes par jour. Pour finir, pour éviter que l’ostéopénie ne s’aggrave, il est impératif de réduire la consommation d’alcool. Il en est de même pour le tabac.

 

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