Santé

Amibiase : formes cliniques, causes, symptômes, diagnostic, traitement

L’amibiase est une infection parasitaire qui s’installe dans le gros intestin. Très fréquente dans les pays tropicaux, l’amibiase est une maladie asymptomatique chez un grand nombre de personnes. Toutefois, elle peut se manifester par une diarrhée discrète allant à une dysenterie aiguë qui pourrait se révéler très grave.

Cette maladie est due à un agent pathogène, une amibe du nom de : Entamoeba histolytica ou dysenteriae. Elle est présente dans le monde entier et ne connait pas de saison avant de sévir. Du point de vue statistique, l’amibiase fait partie des trois principales maladies parasitaires très morbides après le paludisme et la bilharziose.

Cet article vous présente les formes cliniques de l’amibiase, les facteurs qui sont responsables de sa survenue et les symptômes observés chez le malade. Vous y découvrirez également les méthodes efficaces de son diagnostic ainsi que le traitement à faire en cas de contraction. Vous y retrouverez aussi les pratiques incontournables pour prévenir l’amibiase.

Les formes cliniques de l’amibiase

Les amibes pénètrent dans l’organisme par voie orale. On distingue deux formes cliniques de l’amibiase. Il s’agit de l’amibiase intestinale ou colique et l’amibiase hépatique.

Le parasite responsable de l’amibiase intestinale traverse la paroi du gros intestin. Il peut, de fait, atteindre le foie. Ce qui entraine l’amibiase hépatique. L’amibiase hépatique peut évoluer vers d’autres formes encore plus compliquées donnant lieu à des amibiases extradigestives qui se présentent sous plusieurs formes.

Parmi les complications que pourrait engendrer l’amibiase hépatique, on note entre autres : l’amibiase pleuropulmonaire, l’amibiase péricardique, l’amibiase cutanée, l’amibiase cérébrale ou encore l’amibiase génito-urinaire et splénique.

Notons que l’amibiase hépatique survient généralement lorsque l’amibiase intestinale n’a pas été traitée. On peut donc à juste se demander l’origine de cette maladie.

Causes de l’amibiase

L’amibiase est une maladie provoquée par l’amibe Entamoeba histolytica qui est un parasite spécifique de l’homme. Ce parasite est un protozoaire qui peut s’entourer d’une fine coque pour former un kyste de quelques microns de diamètre.

En effet, les kystes formés se développent dans l’intestin grêle en donnant naissance à la forme végétative. Ce sont les trophozoïtes. Ces derniers traversent la paroi du gros intestin, s’y prolifèrent pour devenir la forme plus résistante connue sous l’appellation d’Entamoeba histolytica.

L’environnement

L’environnement peut jouer également un rôle majeur dans la survenue de cette maladie. Il est bien de savoir que l’amibiase causée par le parasite Entamoeba Histolytica est fréquente surtout dans les pays tropicaux, les régions où les conditions socio-économiques de même que l’hygiène ne sont pas bonnes. Cela dit, la déficience des mesures sanitaires (l’eau non potable, les matières fécales, etc.) favorise l’amibiase.

D’après la physiopathologie de l’amibiase, on remarque que le trophozoïte amibe, qui se nourrit de bactéries de et de tissus, prolifère et colonise la lumière et la muqueuse du côlon. Il faut souligner qu’il ne peut aussi envahir les tissus et les organes.

Les trophozoïtes d’Entamoeba histolytica peuvent adhérer à la muqueuse intestinale et lyser les cellules épithéliales intestinales et les polynucléaires macrophages du côlon. Ce faisant, ils conduisent à la dysenterie avec présence de sang et de mucus dans les selles.

Les trophozoïtes jadis présents dans le gros intestin peuvent pénétrer dans les ramifications de la veine leur ayant permis de traverser la paroi intestinale. Ils migrent alors vers le foie où ils produisent des abcès nécrotiques.

Par ailleurs, du foie, l’infection peut se propager vers le poumon. À ce moment, commencent les complications de l’amibiase hépatique. Il est bien de savoir que les kystes présents dans les selles peuvent être transmis d’une personne à une autre lorsque l’on n’y prend pas garde.

Dans ce même ordre, l’amibiase peut se transmettre indirectement par la nourriture ou par l’eau et les mains malpropres. Il est par ailleurs possible de la contracter sexuellement par la voie oroanale.

Avez-vous souvent de la diarrhée ? Est-ce réellement de l’amibiase ou d’autres troubles ? Il faut donc que vous parveniez à l’identifier clairement grâce à ses symptômes.

Symptômes de l’amibiase

L’amibiase est souvent silencieuse, notamment asymptomatique chez la majorité des individus. Cependant, ceux-ci émettent de façon chronique des kystes dans les selles. Après quelques semaines suivant l’infection, l’amibiase peut se traduire par des diarrhées et des douleurs abdominales selon le degré. Les symptômes à l’étape de l’amibiase intestinale diffèrent de ceux de l’amibiase hépatique.

Symptômes de l’amibiase intestinale

L’amibiase intestinale ou colique se traduit par une diarrhée avec des selles contenant du sang et des glaires. On parle de la diarrhée glairo-sanglante appelée la dysenterie amibienne.

La dysenterie amibienne

Elle est très fréquente dans les milieux tropicaux et se manifeste par des émissions de glaires sanglantes avec peu de selles parfois 4 à 6 fois par jour. Celles-ci contiennent généralement du sang, du mucus et des trophozoïtes vivants. Elle provoque des douleurs abdominales qui peuvent être légères ou très insistantes.

Elle se manifeste aussi par une forte fièvre. Une douleur abdominale à type de spasme accompagne le plus souvent la colite amibienne. Dès lors, une colite fulminante compliquée par mégacôlon toxique ou une péritonite pourrait surgir.

L’infection chronique amibienne du colon

L’infection chronique amibienne du colon peut sembler être une maladie intestinale inflammatoire. Toutefois, elle se manifeste par une diarrhée intermittente non dysentérique. Elle est accompagnée de douleurs abdominales, des mucus, des flatulences conduisant à une perte de poids en l’espace de quelques jours.

On remarque également parfois des masses palpables et sensibles ou une lésion annulaire au niveau du cæcum et du côlon ascendant.

Qu’en est-il donc l’amibiase hépatique ?

Symptômes de l’amibiase hépatique

Encore appelée maladie amibienne extra-intestinale, l’amibiase hépatique est causée par une infection du côlon. Dans ce cas, elle peut malheureusement vite se propager en touchant d’autres organes.

L’amibiase tissulaire (hépatique) touche principalement le foie. Toutefois, le cerveau et le poumon peuvent aussi être atteints. Après la contamination, cette maladie peut se manifester quelques semaines plus tard ou même plusieurs années.

Comme indiqué, l’amibiase hépatique est progressive se manifestant d’abord par la dysenterie. Elle se caractérise par :

  • l’abcès du foie qui augmente son volume ;
  • la fièvre élevée ;
  • l’ébranlement du foie douloureux ;
  • des douleurs et de la toux à l’inspiration profonde ;
  • des douleurs à irradiations scapulaires droites…

Par ailleurs, on peut remarquer aussi une forte transpiration ou des nausées. Les frissons, des vomissements, une asthénie sont aussi symptomatiques. Quant à l’ictère, il est souvent inhabituel ou discret lorsqu’il survient.

Remarquons que l’abcès du foie peut se manifester chez un individu n’ayant présenté aucun symptôme préalable de la maladie. Quant aux lésions cutanées qui surviennent, elles sont localisées soit au niveau des fesses ou du périnée et peuvent évoluer à un stade chronique.

Avec l’évolution de l’amibiase hépatique lorsqu’elle n’est pas vite prise en charge, l’infection peut atteindre le poumon.

Amibiase pulmonaire

Elle est rarement primitive. L’amibiase pulmonaire se localise à la base droite secondaire à un abcès amibien du foie. En effet, elle se manifeste comme une pneumopathie aiguë de bas. Parmi les effets symptomatiques, on remarque :

  • La toux ;
  • L’expectoration ;
  • La fièvre ;
  • L’altération de l’état général, etc.

Par ailleurs, l’évolution de l’amibiase hépatique peut affecter d’autres organes dont les signes cliniques dépendent de la localisation : les formes cutanées, génitales et péricardiques. Rassurez-vous, ce sont des formes rares et exceptionnelles.

Il est donc impératif de se référer à un médecin lorsque vous avez l’un et/ou l’autre de ces symptômes pour l’établissement du diagnostic.

 

Diagnostic de l’amibiase

Tout d’abord, le médecin doit s’assurer avec un questionnaire adressé au patient s’il vient d’un pays tropical. L’examen clinique repose essentiellement sur la palpation de l’abdomen. Toutefois, chaque forme de la maladie demande des examens spécifiques.

En cas d’amibiase intestinale

Lorsqu’il s’agit de l’amibiase colique ou intestinale, un examen parasitologique des selles doit être fait. Il permet en effet de mettre en évidence la présence d’une amibe microscopique dans les selles fraichement émises.

Pour s’assurer de la présence des amibes, il est indispensable de répéter l’analyse des selles dès leur émission lorsque la recherche est négative. Sachez bien que pour identifier les amibes intestinales, il est nécessaire de pratiquer au moins 3 prélèvements de selles.

Ceci peut s’expliquer par le fait que les antibiotiques, les antiacides, les antidiarrhéiques, les lavements et les produits de contraste rx intestinaux empêchent la récupération facile des parasites.

À cet effet, vous devez éviter d’utiliser ces produits tant que les selles ne sont pas encore examinées. Une chose très importante à ne pas négliger est la différenciation de l’amibe Entamoeba histolytica des autres amibes que vous pourriez trouver dans les selles.

Les amibes Entamoeba dispar, Entamoeba moshkovskii et Entamoeba bangladeshi sont difficilement identifiables sur le plan morphologique par rapport à Entamoeba histolytica.

En revanche, d’autres amibes non pathogènes au microscope peuvent être confondues facilement à E. histolytica. Il s’agit de :

  • Coli ;
  • Hartmanni ;
  • Polecki ;
  • Endolimax nana ;
  • Iodamoeba butschlii.

Soyez-en rassuré, les analyses moléculaires basées sur la PCR et les tests immunoenzymatiques de dosage des antigènes fécaux aident à les différencier.

Un autre examen possible est la rectoscopie. Grâce à cet examen, le médecin pourra mettre en évidence des ulcérations de la muqueuse rectale. Les examens sérologiques sont aussi indispensables pour diagnostiquer l’amibiase intestinale.

En résumé, lorsqu’il s’agit de l’amibiase intestinale, on peut pratiquer les tests ci-après :

  • Examen microscopique des selles, la recherche d’adn du parasite ;
  • Rectoscopie ;
  • Sérologie, etc.

Grâce à la prise de sang, le médecin pourra diagnostiquer les formes extra-coliques.

En cas d’amibiase hépatique

Le diagnostic des infections extra-intestinales amibiennes n’est pas du tout aisé. Dans le cas de l’amibiase hépatique, il n’est pas possible de mettre en évidence le parasite dans les selles. Les trophozoïtes sont très rares à retrouver dans le pus.

Vu l’augmentation très importante du nombre de globules blancs dans le sang, la sérologie doit être pratiquée. Celle-ci permettra de mettre en évidence les anticorps dirigés contre le parasite de l’Entamoeba histolytica.

En cas de suspicion d’abcès du foie, il est possible de pratiquer également l’échographie, une TDM ou une IRM. La scintigraphie hépatique permettra, en outre, d’établir un diagnostic lorsque l’infection est récente.

En somme, lorsqu’il s’agit de l’amibiase hépatique, le diagnostic s’établit grâce aux tests suivants :

  • Examen radiologique pulmonaire ;
  • Hémogramme ;
  • Vs augmentée supérieure à 80 mm ;
  • Echographie ;
  • Recherche des acaa sériques : positive,
  • Scanner abdominal.

Rappelons que l’amibiase intestinale présente une évolution très favorable lorsque vous êtes sous traitement. Toutefois, même après votre guérison, il est nécessaire de faire examiner toujours vos selles pour éviter les rechutes.

En ce qui concerne l’amibiase hépatique, son évolution est drastique. Lorsqu’elle n’est pas vite diagnostiquée et prise en charge, elle peut provoquer une augmentation du volume des abcès et leur rupture. Malheureusement, dans ce cas, le risque de décès est possible.

Que vous souffriez de l’amibiase intestinale ou extra-intestinale, il faut vous faire soigner au plus vite.

Le traitement de l’amibiase

Les traitements en cas d’infection amibienne varient selon sa forme : intestinale, hépatique. Les amibiases aiguës sont traitées par la prise d’antiparasitaires à large spectre et d’amoebicides de contact agissant localement dans la lumière du tube digestif.

Par ailleurs, l’OMS préconise pour les patients des zones où le mal n’est pas endémique, le traitement des porteurs asymptomatiques avec des agents de contact. Soulignons qu’il s’agit d’un traitement visant à réduire le risque de transmission.

Amibiase aiguë intestinale

Le traitement avec FASIGYNE 500/FLAGENTYL 500. Il s’agit d’un traitement pour adulte avec 3 comprimés en une prise pendant 5 jours.

FLAGYL cp 250 mg, 500 mg, Suspension buvable 125 mg/c à café. Ce traitement peut se faire chez tout le monde. Lorsqu’il s’agit d’un adulte, il faut prendre 1,5 g par jour pendant 7 à 10 jours.

Quand il s’agit d’un enfant, 40 mkKgJ en 3 prises pendant 7 jours est prescrit. Toutefois, lorsque ce traitement provoque des problèmes alimentaires, il faut plutôt se soumettre au GLAGYL ou TIBERAL IV en milieu hospitalier.

On peut faire suivre par 10 jours d’INTETRIX avec 2cp pour l’adulte. La prise doit être faite le matin et le soir. Lorsqu’il s’agit d’un enfant : forme granulée, 2 mesures/5 kg par jour en 2 ou 3 prises. Toutefois, il faut savoir que ce dernier item est de plus en plus sujet à polémiques.

Amibiase hépatique

Lorsqu’un patient présente les symptômes gastro-intestinaux ou de l’amibiase extra-intestinale, on peut le traiter avec des médicaments disponibles.

Le Déhydroémétine est recommandé sur 10 jours (IM, SC). Per os, il peut se faire sur une durée de 15 jours. Par ailleurs, on peut traiter également l’amibiase hépatique avec Métronidazole et Tinidazole

  • Métronidazole (Flagyl – R): chez l’adulte, il faut 1 à 2 g par jour sur une période de 8 à 10 jours. Chez l’enfant, il est prescrit 40 à 50 mg/kg en 4 fois. La durée du traitement varie entre de 7 à 10 jours ;
  • Tinidazole 2 g par voie orale 1 fois par jour chez un adulte. Chez l’enfant dont l’âge est supérieur à 3 ans, 50 mg/kg maximum 2 g par voie orale 1 fois par jour. Le traitement se fait pendant 3 jours pour les symptômes gastro-intestinaux légers ou modérés. Par contre, il se fait pendant 5 jours pour les symptômes gastro-intestinaux graves et 3 à 5 jours en cas d’abcès hépatique amibien.

Les contre-indications et recommandations

Toutefois, il est impératif de noter que le métronidazole et le tinidazole sont contre-indiqués pour une femme en état de grossesse. De même, l’alcool doit être évité lorsque vous êtes sous l’un ou l’autre de ces traitements en raison d’un possible effet antabuse.

Pour traiter les patients présentant des symptômes digestifs significatifs, il faut une réhydratation par des liquides et des électrolytes. Il faut que vous sachiez que le métronidazole et le tinidazole n’éradiquent pas les kystes du parasite Entamoeba histolytica.

En conséquence, il convient d’envisager un autre médicament oral capable de les éradiquer totalement. On peut donc utiliser :

  • Iodoquinol 650 mg par voie orale 3 fois par jour. Sa prise se fait après le repas chez l’adulte. En revanche, chez l’enfant, il faut 13 mg/kg maximum 2 g par voie orale et ce, 3 fois par jour. Que ce soit chez l’un ou l’autre, le traitement avec Iodoquinol doit durer 20 jours ;
  • Paromocynine 8 à 11 mg/kg par voie orale 3 fois par jour au cours des repas, pendant 7 jours ;
  • Diloxanide fuorate 500 mg par voie orale 3 fois par jour chez l’adulte pendant 10 jours. En ce qui concerne l’enfant: 7 mg/kg par voie orale 3 fois par jour durant 10 jours également.

L’amibiase peut provoquer d’autres maladies invasives qui vont se propager dans le corps ou être transmises à d’autres sujets. Alors, il est donc nécessaire de traiter les patients asymptomatiques qui éliminent des kystes d’Entamoeba histolytica par la paromocynine, l’iodoquinol, le fuorate de diloxanide.

À l’instar des autres médicaments, le traitement par la prise des antiparasitaires imidazolés peut faire surgir quelques effets secondaires comme les nausées et les vomissements.

Un mois, après la fin de ces traitements, un contrôle de l’efficacité du traitement par examen parasitologique des selles est nécessaire pour prévenir une éventuelle rechute.

Conseils pratiques pour la prévention de l’amibiase

La prévention de l’amibiase concerne plus particulièrement l’hygiène. Pour ce faire, on doit prévenir la contamination de l’alimentation et de l’eau par les selles. Il faut aussi éviter de manger les aliments crus sans exclusion des salades, des légumes, de l’eau qui pourraient être contaminés surtout en des milieux peu développés. La désinfection de l’eau est donc obligatoire avant de la boire.

Les kystes, n’étant pas résistants à un certain degré de chaleur, l’ébullition de l’eau pourrait les tuer. Lorsque vous touchez un objet sale ou après une poignée de main, il faut éviter de porter les mains à la bouche sans les avoir lavées à l’eau et au savon.

Vu qu’il existe de nombreux cas de porteurs sains, la mise au point de méthodes permettant de révéler la présence des kystes d’Entamoeba histolytica est nécessaire.

En somme, l’amibiase est une infection qui peut partir d’une simple diarrhée, de douleurs abdominales et s’exacerber plus tard lorsqu’elle n’est pas vite diagnostiquée. Son traitement repose sur la prise d’un antiparasitaire imidazolé.

Dans tous les cas, lorsque vous avez les symptômes, il faut vous adresser au médecin. Sachant que tous les médicaments ont des effets secondaires parfois néfastes, la meilleure solution consiste à prévenir la maladie en suivant les conseils hygiéniques.

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