Santé

Infections invasives à méningocoque : clinique, traitement, prévention

Les infections invasives à méningocoque (IIM) regroupent un ensemble de maladies résultant d’une infestation de l’organisme par un méningocoque. En France, chaque année, elles font environ 500 victimes et occasionnent près d’une soixantaine de décès. Elles entraînent des manifestations graves qui comprennent principalement une fièvre mal tolérée et un purpura.

La prise en charge des infections invasives à méningocoque repose essentiellement sur une antibiothérapie. Elle se fait dans l’urgence et parfois en absence d’un avis médical pour préserver le pronostic vital du patient. Une panoplie de mesures existe pour prévenir la survenue de ces infections et limiter leurs complications.

Infections invasives à méningocoque : présentation

Une infection invasive à méningocoque traduit une contamination de l’organisme par un agent infectieux : le méningocoque. Elle fait suite à la pénétration puis la multiplication de ce dernier dans un certain nombre de tissus humains. En fonction du tissu infecté, l’infection peut prendre des formes variées. De même, elle peut induire différents symptômes cliniques.

La mortalité et la morbidité associées aux infections invasives à méningocoque sont importantes. Elles prédominent dans la petite enfance (moins de 5 ans) et chez le jeune adulte (moins de 25 ans). En dehors de ces tranches d’âge, on ne dénombre presque pas de cas d’infections à méningocoque. Cela ne veut, cependant, pas signifier qu’un adulte de plus de 25 ans ne peut pas faire une IIM. Il en est de même pour un enfant d’âge compris entre 5 et 25 ans.

Les infections invasives à méningocoque provoquent des complications sévères pouvant affecter le pronostic vital. Pour cela, dans plusieurs pays, la France comprise, elles constituent des urgences médicales. À ce titre, elles sont à déclaration obligatoire et en milieu hospitalier l’administration de soins se fait dans l’immédiat. Des communications sont également faites pour inciter les populations à induire un traitement à domicile en cas de suspicion d’une IIM.

Infections invasives à méningocoque : agent infectieux

Le méningocoque qui constitue l’agent infectieux responsable des infections invasives à méningocoques est une bactérie diplocoque. Il se transmet suivant un mécanisme spécifique et figure parmi les bactéries les plus virales. Voir dans les rubriques ci-après plus d’informations à son sujet.

Méningocoque : présentation

De nom scientifique « Neisseria meningitidis », le méningocoque est une bactérie à Gram négatif. Il a été découvert dans les années 1887 par Anton Weichselbaum, un médecin autrichien. Il s’agit d’une bactérie sphérique présente dans le rhinopharynx uniquement chez l’être humain. Dans la population mondiale, on dénombre environ 10 % de personnes porteuses du méningocoque. Exceptionnellement, ce pourcentage peut atteindre entre 50 et 70 % dans certaines communautés. Notamment, les communautés très denses, dont les pensionnats et les casernes.

La plupart des personnes porteuses du méningocoque ne feront aucun accès d’infection invasive à méningocoque de leurs vies. Cependant, sur 400 personnes porteuses de la bactérie, environ une personne fera une IIM pour des raisons encore mal connues. On sait, toutefois, que dans les infections invasives, les méningocoques diffusent du rhinopharynx vers d’autres tissus. À l’intérieur de ces derniers, ils se développent et entraînent des manifestations cliniques allant des plus légères aux plus sévères. De même, on associe la survenue des IIM à un certain nombre de facteurs. Ils offriraient un environnement propice à la prolifération des méningocoques.

Méningocoque : différents sérogroupes

On distingue plusieurs sérogroupes de méningocoques. Ils possèdent les mêmes propriétés et disposent d’une structure commune. Cependant, on les retrouve généralement dans des pays spécifiques, il y a entre autres :

  • Le méningocoque de sérogroupe A ;
  • Le méningocoque de sérogroupe B ;
  • Le méningocoque de sérogroupe C ;
  • Le méningocoque de sérogroupe Y ;
  • Le méningocoque de sérogroupe W135.

Voir les différences géographiques qui existent entre ces sérogroupes de méningocoques dans les sections ci-après.

Méningocoque de sérogroupe A

 

Le méningocoque de sérogroupe A est l’un des premiers sérogroupes de méningocoques identifiés. Il prédomine dans la ceinture méningitique qui s’étend de l’Atlantique à la mer Rouge. Il s’agit d’une région géographique bien délimitée qui regroupe une dizaine de pays. À savoir le Soudan, le Tchad, le Niger, la République centrafricaine, le Cameroun, le Nigeria, le Bénin, le Burkina Faso, le Togo et le Mali. Dans une mesure moindre, elle comprend également la Mauritanie et le Sénégal.

Dans l’ensemble de ces pays, les infections invasives à méningocoques A sont endémiques. Chaque année, elles sont responsables d’épidémies sévères qui d’ordinaire surviennent durant la seconde moitié de la saison sèche. Ainsi, on note dans la ceinture méningitique, une hausse de la mortalité et de la morbidité liées aux IIM entre février et mai. Beaucoup plus rarement, on rencontre les méningocoques de sérogroupe A en Asie. En France, cependant, on ne les trouve presque jamais.

Méningocoque de sérogroupe B

À l’instar du méningocoque de sérogroupe précédent, le méningocoque de sérogroupe B figure parmi les premiers méningocoques identifiés. On le rencontre principalement dans les pays américains et européens. En France, il s’agit des sérogroupes de méningocoques les plus contractés. Dans les pays de la ceinture méningitique, on ne le rencontre presque jamais.

Méningocoque de sérogroupe C

À l’image du méningocoque de sérogroupe B, le méningocoque de sérogroupe C figure parmi les plus observés en France. Il est présent majoritairement en Europe et presque absent dans les pays asiatiques. Il en est de même, en Afrique et en Amérique où il provoque parfois des bouffées épidémiques légères. Il est faiblement représenté.

Méningocoque de sérogroupe Y

Le méningocoque de sérogroupe Y est l’un des méningocoques les plus rares et les moins documentés. On le trouve principalement dans certains pays européens, dont la France. Dans les autres continents, il passe souvent inaperçu et ne fait presque pas de victimes.

Méningocoque de sérogroupe W135

Le méningocoque de sérogroupe W135 est l’un de ceux découverts récemment. Il a fait son apparition pour la première fois dans les 2000 dans un contexte de pèlerinage musulman. En effet, on l’a diagnostiqué en mars 2000 chez un certain nombre de pèlerins arrivant de la Mecque. Après, en 2001, on l’a incriminé dans plusieurs épidémies observées au Niger et au Burkina Faso.

Aujourd’hui, le méningocoque de sérogroupe W135 est endémique. Il apparaît en saison sèche et plus précisément d’octobre à avril, dans les pays ci-après :

  • Le Niger,
  • Le Burkina Faso ;
  • Le Nord-Cameroun ;
  • Le Tchad.

En général, il cohabite avec les méningocoques de sérogroupes A. Par ailleurs, on l’observe rarement dans le reste du monde, que ce soit en Asie, en Europe ou en Afrique.

Méningocoque : mode de transmission

Le méningocoque indépendamment du sérogroupe considéré est une bactérie sensible ayant un mode de transmission simple. Il se transmet généralement d’une personne à une autre au moyen de la salive par un contact direct et très étroit. Les baisers, la toux et les éternuements constituent les principales situations où le risque de transmission du méningocoque connaît une optimisation.

À l’opposé des idées reçues, le méningocoque ne se transmet pas à l’homme par les animaux. Pour cette raison, les animaux ne sont pas porteurs de ces bactéries. De même, le méningocoque ne se transmet ni par un aliment ni par un breuvage alimentaire. Par ailleurs, le risque de transmission du méningocoque de la mère à l’enfant est très faible.

Infections invasives à méningocoque : facteurs de risque

Infections invasives à méningocoque

Les principaux facteurs de risque des IIM ne sont autres que les facteurs favorables à la prolifération des méningocoques dans l’organisme. Il y a principalement :

  • Le déficit immunitaire ;
  • Le VIH ;
  • Le tabagisme ;
  • L’habitat de vie.

Outre ces facteurs, on associe également la survenue des IIM aux facteurs comme le surmenage et les maladies chroniques.

Infections invasives à méningocoque : formes communes

Les infections invasives à méningocoque les plus populaires sont la méningite cérébrospinale et la méningococcémie. Les autres formes d’infections invasives à méningocoque surviennent très rarement.

Méningite cérébrospinale

La méningite cérébrospinale est certainement l’infection invasive à méningocoque la plus sévère de toutes. On lui associe un taux de mortalité de plus de 50 % en l’absence de traitement. De même, elle entraîne dans une proportion de 10 % environ des séquelles graves, dont la destruction du cerveau. Elle est la conséquence d’une infestation des membranes et des fluides cérébraux par le méningocoque. En général, elle affecte l’ensemble des fonctions de la moelle épinière et du cerveau.

Méningococcémie

La méningococcémie (ou septicémie) traduit une infection générale de l’organisme par un méningocoque. Elle se caractérise par une dissémination du méningocoque dans le sang qui le diffuse à tous les tissus de l’organisme. La sémiologie de la méningococcémie est dense et regroupe les signes d’une altération générale de la santé. Le patient ressent un mal-être général. À l’instar de la méningite, la méningococcémie provoque des décès importants. En l’absence d’un traitement, elle cause le purpura fulminans responsable de décès dans environ 40 % des cas.

Infections invasives à méningocoque : clinique

À la clinique, les symptômes qui peuvent caractériser les infections invasives à méningocoque sont nombreux. Cependant, deux principaux symptômes reviennent souvent. Il s’agit de la fièvre et du purpura.

La fièvre

Dans les infections invasives à méningocoques, la fièvre est extrêmement importante. Elle excède de loin les 38 °C et s’accompagne de différents signes. Notamment, une sensation importante de froid, des frissons et des claquements de dents. Plus tard, elle va entraîner une soif importante et une accélération importante du pouls et de la respiration.

Dans le cadre des infections invasives à méningocoques, en particulier, elle cause une transpiration abondante. Le patient ressent un mal-être général et présente des signes d’une altération générale de l’état de santé.

Le purpura

Le purpura est l’un des signes les plus évocateurs des infections invasives à méningocoque. Il s’agit d’une altération cutanée qui se caractérise principalement par une hémorragie de la peau. Il se caractérise par la formation de plaques violacées et de taches de sang sur la peau. Dans les infections invasives à méningocoque, le purpura peut affecter tout le corps. Cependant, la peau des pieds est souvent le principal organe touché.

Infections invasives à méningocoque : traitement

Le traitement des infections invasives à méningocoque repose essentiellement sur une antibiothérapie. Voir dans le tableau ci-dessous, des informations portant sur les antibiotiques les plus efficaces contre les IIM.

Nom générique/commercial Posologie Niveau d’efficacité Contre-indications

 

Rifampicine (Rifampicine) Enfants :

– Moins d’un mois : 5 mg par kilogrammes

– Plus d’un mois : 10 mg par kilogrammes

Adultes : 600 mg par jour

90 à 95 % – Grossesse

– Allergie à la

– Rifampicine.

 

Ceftriaxone

(Céphalosporine ou ceftriaxone)

Enfants jusqu’à 15 ans : 125 mg par jour

 

Adultes de 15 ans et plus : 250 mg par jour

90 à 95 % – Allergie à la céphalosporine
Ciprofloxacine

(Quinolone ou cipro)

 

Enfants : 20 mg/kg

 

Adultes : 500 mg

90 % à 95 % – Allergie aux quinolones

– Allaitement

– Grossesse

 

Azithromycine

(macrolide ou zithromax)

Enfants : 10 mg/kg

 

Adultes : 500 mg

 

90 % – Allergie au macrolide

 

À défaut de ces antibiotiques, pour le traitement des IIM, on peut également utiliser l’amoxicilline ou la ceftriaxone. Ils ont démontré, cependant, une faible efficacité comparativement aux autres antibiotiques. De même, il convient de préciser que les posologies précisées pour chaque antibiotique ne sont pas figées. Le médecin traitant peut décider de les ajuster selon le tableau clinique du patient.

Par ailleurs, vu le risque important de complications lié aux IIM, on autorise une automédication en présence du moindre soupçon. Ainsi, à domicile et en absence d’un prélèvement, il est possible d’induire une antibiothérapie en cas de suspicion d’IIM. Après cela, il faut bien entendu appeler le SAMU ou un professionnel de santé pour une meilleure prise en charge.

Infections invasives à méningocoque : prévention

Le principal moyen de prévention des infections invasives à méningocoque est la vaccination. En effet, pour la plupart des sérogroupes de méningocoques, il existe des vaccins préventifs. Il suffit donc de se faire vacciner, pour réduire considérablement le risque de faire une IIM. En matière d’efficacité, le vaccin contre les IIM a fait ses preuves dans plusieurs populations.

Dans certains pays du monde, la vaccination contre les infections invasives à méningocoques est obligatoire. C’est le cas par exemple de la France. Là-bas, les vaccinations contre le méningocoque du sérogroupe sont rendues obligatoires pour les nourrissons depuis 2018.

Par ailleurs, toujours dans l’optique de réduire la morbidité liée aux IIM, on recommande aux professionnels de santé de se vacciner systématiquement.

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