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Les polyglobulies : classification, causes, symptômes, traitement

La polyglobulie, encore appelée « polycythémie » est un trouble qui se caractérise par une augmentation du nombre de globules rouges circulants. Par conséquent, cela entraîne une accumulation du taux d’hémoglobine. Parfois, on observe aussi l’augmentation des autres composants du sang que sont les globules blancs et plaquettes. Il existe deux principales formes de polyglobulie, l’une qualifiée de fausse et l’autre de vraie. Chacune d’elles peut se développer en raison de plusieurs facteurs. Lesquels ? Quelles sont les manifestations des polyglobulies ? Comment les diagnostiquer ? Quelles sont les options de traitement ? Voici des réponses à ces questions !

Polyglobulies : description et composition sanguine

Comme énoncé plus haut, le terme polyglobulie désigne toute augmentation générique du nombre de globules rouges dans le sang. Cet événement, dans la pratique clinique, se traduit généralement par une augmentation de l’hémoglobine plasmatique et de l’hématocrite. Ce dernier étant le volume occupé par les globules rouges constitue un déterminant phare de la viscosité sanguine.

Le sang est constitué d’un seul composant liquide (55 % du volume sanguin) défini comme du plasma. Ce dernier est composé :

  • D’eau,
  • De protéines comme l’hémoglobine,
  • D’électrolytes (potassium ou sodium).

En outre, le sang se compose de cellules sanguines (45 %) qui constituent ensemble l’hématocrite (HTC ou Ht). Ce sont :

  • Les globules rouges, les plus nombreux (44 %) : encore appelés érythrocytes, ils transportent l’oxygène vers toutes les cellules du corps.
  • Les plaquettes, qui favorisent la coagulation.
  • Les globules blancs (leucocytes) qui protègent l’organisme des agents extérieurs.

Par ailleurs, voici un tableau renseignant les valeurs de références de ces divers composants.

Composants Valeurs normales
Hématocrite (Ht) Hommes : 40 à 55 %
Femmes : 35 à 52 %
Érythrocytes Hommes : 4,5 et 6 millions/mm3

Femmes : 4,0 à 5,2 millions de cellules par microlitre (4,05 à 5,2 × 1012/l)

Hémoglobine (Hb) Hommes : 13 et 18 g/100 dl
Femmes : 14 g/100 dl
Plaquettes 140 000 à 450 000 par microlitre (140 à 450 × 109/l)
Leucocytes 4 500 à 11 000 par microlitre (4,5 à 11 × 109/l)
Ces valeurs peuvent varier selon les laboratoires

Polyglobulies : classification et causes

On distingue deux formes de polyglobulies : la polyglobulie relative et la polyglobulie absolue.

Polyglobulie relative

On parle de polyglobulie relative lorsque le volume des globules rouges circulants n’est faussement augmenté que par rapport à un volume plasmatique réduit. Autrement dit, l’augmentation de la concentration des premiers dans le sang fait suite à une diminution du volume plasmatique. Par exemple, c’est le cas lors en présence d’une déshydratation sévère due aux pathologies et symptômes suivants :

  • Vomissements,
  • Diarrhée,
  • Transpiration abondante,
  • Brûlures graves,
  • Diabète insipide,
  • Famine (affaiblissement progressif de l’organisme dû à la malnutrition),
  • Diabète décompensé,
  • Acidocétose diabétique,
  • Choc hypovolémique.

Les hématies (globules rouges) même si elles restent de façon numérique inchangées, elles apparaissent plus concentrées. En effet, la partie liquide du sang diminue (volume du plasma).

Polyglobulie absolue

On parle de polyglobulie absolue lorsqu’il y a augmentation de l’hématocrite, du nombre d’érythrocytes et parfois aussi du nombre de plaquettes et de globules blancs. C’est la forme la plus fréquente des polyglobulies. Elle peut être subdivisée en :

Polyglobulie primaire

Encore appelée, polyglobulie réelle ou maladie de Vaquez-Oslere, elle est et est liée à un dysfonctionnement de la moelle osseuse. C’est l’organe responsable de la synthèse et de la maturation des éléments corpusculaires du sang. On assiste alors à une production excessive et incontrôlée de cellules sanguines, mais à un fonctionnement mature et normal. On distingue la polyglobulie primaire vraie et la polyglobulie primaire familiale congénitale.

Polyglobulie primaire vraie

Elle survient en raison d’un dysfonctionnement de la moelle osseuse. En réalité, à cause de cela les cellules responsables de la production de celles sanguines se mettent à proliférer de manière incontrôlable. Il faut préciser qu’elles le font, quelles que soient les valeurs d’érythropoïétine (faibles). Ces dernières entraînant la formation de nombreuses cellules matures, notamment les globules rouges, globules blancs et plaquettes.

Ce dysfonctionnement est un néoplasme de la moelle osseuse, défini comme un néoplasme myéloprolifératif chronique. De fait, il a un début et un développement lents et progressifs. Par ailleurs, c’est une maladie rare, car elle a une incidence de 2 cas pour 100 000 habitants. Elle touche principalement les hommes et survient généralement vers l’âge de 60 ans.

La cause associée est une mutation du gène JAK-2 dans les cellules souches hématopoïétiques de la moelle osseuse. Par exemple, elle est présente chez plus de 90 % des patients atteints. Cette mutation rend ces cellules insensibles à l’action de divers facteurs de croissance, dont l’érythropoïétine. Elles se multiplient donc de manière incontrôlable.

Polyglobulie primaire familiale congénitale

Aussi appelée érythrocytose familiale ou érythrocytose primitive congénitale, c’est une maladie héréditaire autosomique dominante. Elle est causée par une mutation du gène du récepteur de l’érythropoïétine.

Le terme autosomique dominant signifie qu’il suffit d’hériter d’un seul gène alterné de l’un des deux parents pour manifester la maladie. L’érythropoïétine est une hormone produite physiologiquement dans les reins qui, une fois liée à son récepteur, est capable de stimuler l’érythropoïèse. C’est un processus qui conduit à la production de globules rouges.

Dans cette pathologie, la mutation du récepteur de l’érythropoïétine entraîne son hypersensibilité à l’érythropoïétine. En effet, une fois lié à celle-ci, le récepteur ne connait pas le mécanisme d’arrêt physiologique. Il continuera alors à produire des globules rouges en excès.

Polyglobulie secondaire

Cette forme est liée à une augmentation de la production d’érythropoïétine comme mécanisme de compensation d’un état d’hypoxie chronique. Cet état est caractérisé par la diminution de la quantité d’oxygène aux organes). Ce mécanisme favorise l’augmentation de la quantité d’hémoglobine circulante et par conséquent celle de la vitesse de transport de l’oxygène.

En outre, la polyglobulie secondaire est la forme la plus fréquente de polyglobulie. Elle peut aussi dépendre de la synthèse accrue d’érythropoïétine, en tant que mécanisme compensatoire de l’hypoxie. Outre ce facteur, voici quelques autres causes de cette forme.

Rester longtemps sur une haute altitude

En montagne, la quantité d’oxygène présente dans l’air est inférieure à la quantité présente à basse altitude. Par conséquent, une plus petite quantité d’oxygène sera transportée vers les organes. Cette condition stimule la production d’érythropoïétine.

Pour cette raison, les habitants des régions montagneuses ont un nombre plus élevé de globules rouges. De plus, chez les personnes qui séjournent plus ou moins longtemps en montagne, un mécanisme de compensation de l’hypoxie s’active en quelques jours. Par la suite, cela stimule la production d’un plus grand nombre de globules rouges.

Insuffisance respiratoire chronique

Cette affection est due à des maladies chroniques telles que la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO). Dans ce cas, en raison de lésions pulmonaires, la quantité d’oxygène transportée dans le sang est faible.

Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS)

Chez les patients présentant des troubles respiratoires pendant le sommeil, une situation d’hypoxie chronique peut survenir. Cela engendre une polyglobulie secondaire.

Fumer

Le tabagisme à long terme peut entraîner une réduction de la quantité d’oxygène, en raison de l’augmentation de la carboxyhémoglobine. Cela porte atteinte à la liaison de l’oxygène à l’hémoglobine.

Hémoglobinopathies

On observe des changements structurels de l’hémoglobine qui réduisent la capacité à transporter l’oxygène (méthémoglobinémie).

Malformations cardiaques

Dans ces cas, on note un mélange de sang bien oxygéné du ventricule gauche et de sang non oxygéné du ventricule droit. C’est le cas par exemple dans la tétrade de Fallot.

Autres facteurs

En outre, comme causes de la polyglobulie secondaire, on peut citer l’augmentation de la synthèse d’érythropoïétine, non dépendante de l’hypoxémie. Cela s’observe dans les cas suivants :

  • Tumeurs qui sécrètent de l’érythropoïétine (cancer du rein ou du foie),
  • Thérapie de testostérone,
  • Utilisation d’érythropoïétine à des fins de dopage,
  • Surdosage en érythropoïétine exogène (utilisée dans l’insuffisance rénale chronique).

Polyglobulies : manifestations

L’augmentation des globules rouges

peut souvent passer inaperçue, sans symptômes évidents, et donc persister pendant de longues périodes. Il n’est donc pas rare qu’une personne atteinte de cette maladie l’ignore. Toutefois, les symptômes ont tendance à apparaître très lentement et à des stades avancés. Principalement, on observe ce phénomène lorsque le volume élevé de globules rouges est présent depuis longtemps ou à des taux particulièrement élevés.

Les manifestations qui peuvent alors survenir chez les personnes atteintes de polyglobulie sont :

  • Vertige ou étourdissement,
  • Maux de tête, parfois très intenses
  • Vision floue,
  • Sensation de fatigue, fatigue, épuisement,
  • Peau rouge, surtout sur le visage
  • Transpiration excessive,
  • Démangeaisons,
  • Bourdonnement dans les oreilles (acouphènes).

Les victimes peuvent aussi avoir des saignements inhabituels, tels que l’épistaxis (saignements de nez) ou saignement des gencives. Aussi, elles peuvent souffrir d’engourdissement ou de picotements dans différentes parties du corps.

Polyglobulies : complications

Un excès de globules rouges circulants rend le sang plus visqueux et cela entraîne inévitablement des altérations du flux sanguin physiologique. L’une des principales conséquences d’avoir un sang plus visqueux est le risque élevé de formation de thrombus, ou de caillots sanguins. Ces derniers sont constitués de plaquettes agrégées, de globules rouges piégés et de fibrine. Ils adhèrent aux parois internes des vaisseaux sanguins ou du cœur.

Ces caillots ont normalement une signification positive, car ils sont nécessaires à la cicatrisation des lésions vasculaires. De plus, ils sont capables d’arrêter rapidement la perte de sang des vaisseaux sanguins. Dans certains cas, les thrombus peuvent se former même en l’absence d’un réel besoin (lésion tissulaire), comme en raison de l’hyperviscosité du sang.

Aussi, le risque de développer une thrombose dans la polyglobulie est plus élevé lorsqu’il est associé à une augmentation du nombre de plaquettes. La complication la plus fréquente de la polyglobulie est donc la formation de thrombus, notamment dans les veines des membres inférieurs.

Cette affection est connue sous le nom de thrombose veineuse profonde des membres inférieurs (phlébite).

Symptômes de la phlébite

Cette maladie peut se manifester par :

  • Des douleurs dans le membre atteint, généralement sourdes et mal définies plus rarement aiguës et sévères. Elles s’aggravent avec le mouvement, la marche et la palpation profonde.
  • Sensation de lourdeur dans le membre, qui s’aggrave avec la marche.
  • Œdème du membre (gonflement dû à la collecte de liquides), dans de nombreux cas, il apparaît plus gonflé que dans le controlatéral.
  • Augmentation locale de la température du membre.

Enfin, on a la dilatation des veines collatérales superficielles, qui peuvent alors devenir visibles et palpables.

Complications de la thrombose veineuse profonde

La thrombose veineuse profonde peut à son tour entraîner des complications, telles que le développement d’une embolie pulmonaire. Cette maladie est potentiellement mortelle. Malheureusement, la thrombose peut également affecter d’autres parties et dans certains cas, c’est le développement d’une complication thrombotique grave. Ce sont notamment des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.

Dans certains cas, il y a également la possibilité que la polyglobulie évolue avec vers la myélofibrose idiopathique et la leucémie aiguë myéloïde.

Polyglobulies : diagnostic

Les polyglobulies

La polycythémie est souvent une maladie absolument asymptomatique et peut donc être découverte par hasard lorsque des tests sanguins réalisés pour d’autres raisons.

On parle de polyglobulie lorsque le taux d’hémoglobine est supérieur aux valeurs de référence. Par exemple, chez l’homme il doit être > 18 g/dl avec un taux d’hématocrite > 55 %. Chez les femmes, ce taux dépasse 16 g/dl d’hémoglobine et 52 % d’hématocrite.

Ces deux indices, bien qu’ils ne l’indiquent pas directement, sont une expression indirecte du nombre de globules rouges présents dans le sang. Par conséquent, plus il y a d’hémoglobine et d’hématocrites, plus le nombre de globules rouges sera élevé.

L’augmentation du nombre de globules rouges seule (non accompagnée d’une augmentation de l’Hb ou de l’Hct) n’est pas un indice. Pourquoi cela ? Eh bien, un nombre élevé d’érythrocytes peut survenir chez des personnes atteintes de maladies telles que la thalassémie mineure.

Une fois le diagnostic de polyglobulie établi, il est nécessaire de procéder à sa classification correcte, ou de distinguer les formes.

Polyglobulie relative ou absolue

En cas de polycythémie relative, il sera nécessaire d’identifier les causes de la déshydratation. En revanche, pour la polycythémie absolue, il faut faire un diagnostic différentiel entre la forme primaire et la forme secondaire. À cet effet, il est indispensable de procéder à :

  • Une anamnèse pour identifier d’éventuelles affections morbides pouvant justifier la présence d’une hypoxémie,
  • Des examens diagnostiques approfondis en fonction de la suspicion clinique : radiographie pulmonaire, échocardiographie, échographie abdominale.

On peut réaliser un dosage de l’érythropoïétine qui sera élevé dans les formes secondaires et faibles dans les formes primaires.

Polyglobulie vraie

En cas de suspicion de polyglobulie vraie, il faudra faire des investigations de niveau supérieur avec des frottis sanguins périphériques. Ils permettent de rechercher des changements morphologiques dans les cellules. Aussi, on peut aller à la recherche de la mutation du gène JAK-2. Dans certains cas, il peut être nécessaire d’effectuer une biopsie de la moelle osseuse (BOM).

Polyglobulies : traitements

Le traitement de la polycythémie diffère selon la cause. Dans certains cas, il est possible de viser la résolution de la cause déclenchante, avec pour conséquence le dépassement de l’état de polyglobulie. Par contre, chez certains patients cela n’est pas possible et l’objectif thérapeutique vise donc à réduire le nombre de globules rouges. Cette initiative vise à prévenir les symptômes et les complications associées.

Les options de traitements les plus employées pour réduire le nombre de globules rouges circulants sont les suivantes.

Thérapie de saignée

C’est un traitement qui implique un prélèvement de sang avec une procédure très similaire à celle qui se produit pour le don de sang. Cela élimine l’excès de globules rouges de la circulation sanguine.

Médicaments

Il faut souligner que les médicaments utilisés pour réduire le nombre de globules rouges dans le sang ne doivent être pris que sur prescription médicale. En réalité, ils sont susceptibles de provoquer des effets secondaires très importants.

Parmi les plus fréquents, figurent :

  • L’hydroxyurée (oncocarbure),
  • Les Interférons,
  • Le Ruxolitinib,
  • Le Busulfan.

Pour éviter la formation de thrombus, dans certaines situations particulières, le médecin peut recommander la prise d’antiagrégants plaquettaires. On peut citer l’acide acétylsalicylique à faible dose.

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