Santé

Extrasystoles ventriculaires : causes, facteurs de risque et traitements

Les Extrasystoles ventriculaires (ESV) sont des contractions ventriculaires du cœur qui provoquent des battements supplémentaires. Ces battements viennent s’intercaler entre deux battements normaux, ce qui fausse le rythme cardiaque. Les extrasystoles ventriculaires touchent entre 40 % et 100% de la population mondiale. Cette incidence fait des ESV une pathologie bénigne dans la majorité des cas.

Cependant, une forme maligne des ESV peut conduire à une hospitalisation du malade, et pourrait même engager son pronostic vital. Cette forme sévère de l’extrasystole ventriculaire est reliée à plusieurs pathologies qui en favorisent la survenue. La connaissance de ces facteurs de risque et des options de traitements permet d’agir efficacement en cas de survenue de la maladie.

Extrasystoles ventriculaires : Présentation

De manière générale, les extrasystoles sont des battements de cœur qui surviennent prématurément. Ils peuvent provenir de trois organes que sont :

  • Les oreillettes ;
  • La jonction auriculo-ventriculaire.
  • Les ventricules.

Lorsque les extrasystoles (battements) proviennent des oreillettes, on parle d’extrasystole auriculaire. Lorsqu’elles proviennent de la jonction auriculo-ventriculaire, il s’agit alors d’une extrasystole jonctionnelle. Les extrasystoles ventriculaires désignent donc les battements anormaux qui proviennent des ventricules.

Étant donné que les extrasystoles touchent généralement des personnes en bonne santé, elles apparaissent de façon asymptomatique. Il s’agit là de la forme bénigne de cette maladie. La forme maligne est associée à diverses cardiopathies qui déterminent la gravité et le pronostic des extrasystoles. Dans le cas des extrasystoles ventriculaires, leur forme sévère révèle la présence de maladies électriques ou de maladies cardiaques en évolution.

Les maladies électriques se manifestent de façon brutale avec un risque de mort subite. Des mesures thérapeutiques agressives sont souvent utilisées pour tenter de les contrer. Quant aux maladies cardiaques sous-jacentes, elles se révèlent à travers les extrasystoles ventriculaires, et nécessitent également une prise en charge urgente. L’ensemble de ces pathologies constituent les facteurs de risque des ESV.

Extrasystoles ventriculaires : causes et facteurs de risque

Les extrasystoles ventriculaires n’ont pas de causes particulières en général. Cependant, lorsqu’elles surviennent chez une personne n’ayant aucun antécédent cardiaque, elles peuvent être associées à une consommation excessive de certains stimulants comme l’alcool, le tabac, la caféine, l’amphétamine et la cocaïne. Des causes médicamenteuses sont également évoquées chez certains patients. Les vasoconstricteurs ou encore les digitaliques, sont les principaux médicaments indexés.

Si les causes des ESV sont difficilement identifiables, ce n’est pas le cas des facteurs de risque. Ces facteurs sont nombreux et peuvent être classés suivant le mode de vie et les pathologies sous-jacentes.

Les facteurs de risque liés au mode de vie

Un mode de vie malsain crée les conditions favorables au développement des extrasystoles ventriculaires. La consommation abusive de l’alcool et du tabac sont les premiers facteurs de cette pathologie. Des études ont révélé que les personnes pratiquant une activité sportive de façon régulière présentent moins de risque d’être affectées par les ESV. La sédentarité est donc de toute évidence un facteur de risque.

Un environnement pollué favoriserait également la survenue d’extrasystole ventriculaire chez un individu. L’inhalation des particules fines se trouvant dans l’air pollué, est particulièrement identifiée comme un facteur.

Les facteurs de risques liés aux cardiopathies

Les facteurs de risque liés aux pathologies cardiaques sont nombreux. Ils sont directement associés à la forme maligne des ESV, et sont susceptibles de causer de graves complications. Ces facteurs de risque d’ordre pathologique concernent d’une part les maladies électriques du cœur, et d’autre part les maladies cardiaques.

Les maladies électriques

Parmi les maladies électriques pouvant favoriser la survenue des extrasystoles ventriculaires, il y a d’abord le syndrome du QT long. Ce syndrome est une anomalie du système électrique du cœur. Il résulte soit d’une mutation génétique soit de la prise de certains médicaments. Le QT long est une forme d’arythmie, qui se manifeste par des battements trop rapides pouvant avoir pour conséquence un évanouissement.

L’existence du syndrome QT long peut favoriser la survenue d’une extrasystole ventriculaire. Les extrasystoles ventriculaires peuvent faire suite à une repolarisation des ventricules. Lorsqu’il n’est pas vite diagnostiqué et traité, il peut causer la mort subite de la personne atteinte.

Ce syndrome s’oppose au syndrome QT court, qui lui est caractérisé par un intervalle court entre les ondes Q et T sur l’électrocardiogramme.

L’une des complications possibles de cette pathologie est la survenue d’une fibrillation ventriculaire causant une mort subite au malade. Tout comme le premier syndrome, le QT court est également un facteur de risque des ESV. Un troisième syndrome vient compléter la liste des maladies électriques favorisant les ESV. Il s’agit du syndrome de Brugada.

Découvert en 1992, ce syndrome est également une maladie génétique, touchant en grande partie les hommes. Cette pathologie dont la manifestation peut s’observer par électrocardiogramme accroît le risque de survenue d’extrasystole ventriculaire, mais surtout d’arythmie et de crise cardiaque. Par ailleurs, trois autres pathologies électriques peuvent être associées à la survenue des extrasystoles ventriculaires. Il s’agit de :

  • La torsade de pointe à couplage court ;
  • Le syndrome de repolarisation précoce ;
  • La fibrillation ventriculaire primaire.

La torsade de pointe à couplage court est un syndrome rare qui se manifeste par des syncopes et un risque élevé de fibrillation ventriculaire avec mort subite. Le syndrome de repolarisation précoce est caractérisé par une anomalie radiographique qui touche jusqu’à 5 % de la population mondiale.

La fibrillation ventriculaire quant à elle, est la forme d’arythmie cardiaque la plus grave. Elle est caractérisée par une incapacité des ventricules à se contracter. Cela crée une accélération des pulsations, qui bloque entièrement le flux sanguin.

Les maladies cardiaques

Les maladies cardiaques constituent les facteurs de risque les plus importants des ESV. Elles englobent notamment des pathologies telles que l’infarctus du myocarde, la maladie coronaire chronique, l’angor, la dysplasie, l’insuffisance cardiaque et l’hypertension artérielle.

Les extrasystoles ventriculaires et l’infarctus du myocarde

Les extrasystoles ventriculaires apparaissent au cours de deux phases de l’infarctus du myocarde. Elles surviennent d’abord pendant la phase aiguë de la pathologie. Elles sont même très fréquentes durant cette phase.

Au moins 60% des malades subissent des extrasystoles au stade aigu des infarctus du myocarde. Cette statistique est d’autant plus effrayante que le risque de fibrillation ventriculaire dû à la répétitivité des ESV est élevé.

Ensuite, les extrasystoles surviennent après l’infarctus du myocarde. À cette phase, elles permettent notamment d’évaluer le pronostic du patient. L’étude pronostique se fait sur base des données morphologiques et des fréquences de survenue des battements anormaux. Certaines études ont démontré que la répétitivité des ESV augmentait le risque de mortalité du patient par mort subite.

L’une de ces études révèle notamment que le risque de mortalité sans extrasystoles ventriculaires est de 2% après un infarctus du myocarde. Avec plus de dix extrasystoles ventriculaires par heure, le risque de mortalité grimpe à 5,5 %, tandis qu’il s’évalue à 4,8 % en cas d’ESV répétitive.

La maladie coronaire et l’angor de Prinzmetal

La maladie coronaire est caractérisée par l’obstruction des artères coronaires ou par un dépôt important de cholestérol dans les cavités des artères. Un blocage de la circulation sanguine résulte alors de cette obstruction. Le blocage du flux sanguin entraîne un infarctus du myocarde, ce qui favorise la survenue des extrasystoles ventriculaires.

L’Angor de Prinzmetal quant à lui, survient à la suite du spasme de l’une des artères épicardiques. Chez la majorité des patients, l’électrocardiogramme révèle entre autres des extrasystoles ventriculaires, dont la répétitivité pourrait entraîner des complications graves comme une fibrillation ventriculaire.

La dysplasie arythmogène du ventricule droit

Il s’agit d’une maladie qui affaiblit les capacités de pompage de sang oxygéné par le cœur, en s’attaquant au ventricule droit. Elle est révélée par des épisodes répétitifs d’extrasystole ventriculaire. Ces épisodes s’accélèrent lorsque le malade effectue une activité impliquant trop d’efforts. Une tachycardie ventriculaire et une fibrillation ventriculaire sont les complications pouvant survenir.

L’insuffisance cardiaque

L’insuffisance cardiaque (ischémique ou non) favorise la survenue d’extrasystole ventriculaire chez 70% des malades. Les ESV sont répétitives, polymorphes (et monomorphes dans certains cas), et altèrent les fonctions du ventricule gauche. Comme dans le cas des infarctus du myocarde, une trop grande répétitivité des extrasystoles augmente le risque de mortalité.

L’hypertension artérielle

L’hypertension artérielle est l’une des premières causes de décès dues aux maladies cardiaques. Une grande partie de ces décès survient de façon subite. Cela s’explique par les extrasystoles ventriculaires qui sont très fréquentes chez les malades, et apparaissent de façon répétitive.

Extrasystoles ventriculaires : quels sont les symptômes ?

Les extrasystoles ventriculaires se manifestent principalement par des sensations de battements de cœur manqués ou anormaux. Une instabilité hémodynamique est également à noter chez les patients atteints par la forme maligne des ESV. L’essoufflement et les palpitations sont également à noter, bien qu’ils soient rares dans les cas bénins.

Extrasystoles ventriculaires : comment faire le diagnostic

Le diagnostic des extrasystoles ventriculaires commence avec l’évaluation des symptômes. Cette première étape permet de faire un bilan étiologique, afin de déterminer le caractère bénin ou malin des extrasystoles. Un électrocardiogramme est ensuite réalisé, afin de rechercher des cardiopathies sous-jacentes. Cet examen permet notamment de connaître la morphologie des extrasystoles ventriculaires.

En fonction des données fournies par l’électrocardiogramme, l’examinateur cherchera les cardiopathies correspondantes. Il peut s’agir d’une dysplasie ventriculaire droite arythmogène, d’une maladie coronaire ou encore d’une repolarisation précoce.

Par la suite, un Holter électrocardiogramme des 24h est réalisé, pour faire une stratification du risque du rythme cardiaque.

Plusieurs aspects des extrasystoles ventriculaires sont observés durant cet examen. D’abord, une quantification du nombre d’extrasystole ventriculaire est effectuée, afin de mieux optimiser la surveillance médicale. La connaissance du nombre d’ESV permet aussi d’évaluer les options de traitements.

Ensuite, le caractère répétitif et polymorphe des ESV est évalué. Le caractère répétitif est déterminé par la présence de tachycardies ventriculaires non soutenues. Les tachycardies ventriculaires sont elles-mêmes, caractérisées par des salves d’extrasystole susceptibles de causer une perturbation du rythme cardiaque.

Quant au caractère polymorphe, il constitue un indicateur permettant d’éliminer l’hypothèse d’une extrasystole ventriculaire bénigne. Ce caractère permet aussi d’identifier et de prévenir les changements morphologiques des ESV, dus à un couplage long ou variable. L’ensemble de ces examens sont généralement suffisants pour poser un diagnostic. Toutefois, deux autres examens peuvent être réalisés afin de confirmer la cardiopathie en cause et de mettre en route un traitement.

Le premier examen est une épreuve d’effort, dont l’intérêt porte sur l’évaluation rythmique pure et l’évaluation étiologique. Ces deux évaluations permettent de valider ou d’infirmer l’existence d’une pathologie cardiaque. Le second examen est une stimulation ventriculaire programmée, qui permet d’avoir des indications sur les symptômes associés aux extrasystoles ventriculaires.

Extrasystoles ventriculaires : options de traitements

Les extrasystoles ventriculaires bénignes ne nécessitent pas de traitements. Dans la majorité des cas, elles disparaissent en quelques jours. Par contre, lorsque le diagnostic révèle une extrasystole ventriculaire bénigne, un traitement spécifique sera envisagé. Le traitement prescrit dépend de la cardiopathie ayant entraîné les ESV.

Ainsi, chez les patients ayant des maladies électriques du cœur comme le syndrome du QT court et le syndrome de Brugada, l’implantation d’un défibrillateur cardiaque est le traitement principal. Il permet de prévenir la mort subite à travers une régulation du rythme cardiaque. Il en est de même chez les patients ayant une insuffisance cardiaque et une dysplasie arythmogène du ventricule droit.

Des traitements médicamenteux sont également disponibles pour certaines cardiopathies. C’est le cas de la maladie coronaire chronique et de l’hypertension artérielle pour lesquelles, les bêtabloquants permettent de soigner l’anomalie cardiaque. Le traitement de la maladie de l’angor Prinzmetal est un dérivé nitré et un inhibiteur calcique.

Quant au traitement de l’infarctus du myocarde, il reste imprécis. Les antiarythmiques sont contre-indiqués chez les patients souffrant de la forme aiguë de la maladie. Chez les patients ayant des extrasystoles ventriculaires après un infarctus myocarde, seuls les bêtabloquants ne présentent aucun risque de mortalité.

Toutefois, leur effet sur les extrasystoles ventriculaires ne serait pas prouvé. La meilleure option de traitement est donc l’implantation d’un défibrillateur cardiaque. La décision doit cependant faire suite à une analyse minutieuse des ESV et des tachycardies ventriculaires, afin de réduire les risques de complication.

Une ablation par radiofréquence du site d’apparition des ESV, constitue également une option de traitement. Bien que le recours à ce traitement soit rare, il est efficace pour éliminer les fibrillations ventriculaires responsables de la mort subite. L’intervention se fait sous anesthésie locale et peut durer un peu plus d’une heure.

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