Parapharmacie

Chloroquine : Indications, contre-indications, interactions

La chloroquine (nivaquine) fait partie de la famille de médicaments appelés « antipaludiques ». Elle est à ce titre utilisée dans le traitement préventif et curatif du paludisme (malaria). Son mode d’action est de tuer les parasites responsables de la maladie tout en inhibant leur reproduction. Il va sans dire que son efficacité n’est plus une chose à démontrer, sauf dans certaines régions où une forte résistance des parasites est recensée.

Malgré la notoriété et la vulgarisation de la chloroquine (nivaquine), elle constitue un produit qu’il faut utiliser avec précaution afin de se préserver d’effets indésirables. Justement, en l’absence de mesures appropriées pendant l’emploi, des conséquences graves peuvent survenir comme des troubles de la vue, des crises convulsives, voire la mort. Quelles sont les informations à savoir avant de prendre ce médicament ? Voici quelques éléments de réponse.

Chloroquine (Nivaquine) : Indications

La chloroquine (nivaquine) est essentiellement utilisée pour prévenir ou guérir le paludisme. Elle peut cependant être prescrite pour des pathologies qui n’ont rien à avoir avec la malaria. C’est ainsi qu’on l’utilise dans :

      • La prévention des lucites (allergies au soleil)
      • Le traitement de la polyarthrite rhumatoïde (maladie des articulations)
      • Le traitement de certaines formes de lupus (maladie inflammatoire pouvant affecter plusieurs organes), etc.

Il faut dire que le mode d’action du médicament sur ces maladies reste encore flou. Par contre, concernant le paludisme, de nombreuses études sont menées et apportent une connaissance précise de l’utilité de la chloroquine dans son traitement préventif ou curatif. Dans ce cadre, l’activité de la substance seule pour prévenir le palu s’avère parfois insuffisante.

En réalité, dans certains pays, les parasites ont développé une résistance accrue à la chloroquine. Il importe donc de consulter son médecin sur les options de prévention utiles contre le paludisme avant d’effectuer un voyage. Aussi faut-il se renseigner sur les contre-indications du médicament.

Chloroquine (Nivaquine) : Contre-Indications

La chloroquine (nivaquine) est contre indiquée dans les cas suivants :

      • Hypersensibilité à la chloroquine ou à ses dérivés
      • Allergie au blé en dehors de la maladie cœliaque
      • Association avec des médicaments qui contiennent du citalopram, de la dompéridone ou de l’escitalopram (risques de troubles du rythme ventriculaire)
      • Maladie de la rétine
      • Allaitement

La contre-indication concernant la rétinopathie ne peut pas s’appliquer face à une urgence de traitement curatif du paludisme. Évidemment, il s’agit de cas où il n’existe pas d’autre traitement antipaludique disponible et les bienfaits estimés de la chloroquine (nivaquine) priment sur les risques encourus.

Chloroquine (Nivaquine) : mode d’administration et posologie

Ce médicament est disponible sous deux différentes formes à prendre par voie orale notamment les comprimés (de 100 mg ou de 300 mg) et le sirop. Naturellement, le sirop représente l’option la plus adaptée aux enfants de moins de 6 ans pendant que les comprimés sont réservés aux plus grands. Toutefois, on peut toujours écraser les comprimés et les mélanger à du yaourt (ou un liquide sucré) pour rendre la prise facile aux enfants.

Les comprimés doivent être avalés suivant une régularité précise (à la même heure de préférence) après le petit déjeuner ou le déjeuner. En réalité, il faut toujours manger avant l’administration du traitement afin d’éviter certains effets indésirables (nausées, troubles du sommeil).

Posologie

En ce qui concerne la posologie, elle dépend des objectifs du traitement. Ainsi, il existe une posologie usuelle pour :

      • Le traitement préventif du paludisme
      • Le traitement curatif du paludisme
      • Les autres indications du médicament

Le traitement préventif du paludisme

Avant d’énoncer une quelconque posologie, il reste utile de préciser que les doses à énoncer sont une indication qui ne remplace pas la prescription médicale. D’ailleurs, le médicament existe sous plusieurs formes dont seul le médecin peut évaluer les besoins pour chaque organisme.

Pour un traitement préventif du paludisme (en l’occurrence un voyage dans une région où vous serez exposé), le traitement commence le jour de départ et se poursuit sur 4 semaines après le retour. Avec des comprimés de 100 mg par exemple, il s’agira de prendre un comprimé par jour chez l’adulte. Avec les enfants, les dosages sont à calculer en fonction du poids. Ainsi, pour un profil de plus 30 kg, la formule est de 1,7 mg par kg chaque jour en une seule prise après le repas.

Le traitement curatif du paludisme

Lorsqu’il s’agit d’un traitement curatif de la malaria, la posologie se révèle plus importante qu’avec l’option prophylactique. Ainsi, un adulte prendra dès le premier jour, 6 comprimés de 100 mg en une seule fois, puis 6 h après, 3 comprimés du même dosage. Les jours 2 et 3, le patient prendra quotidiennement à heure fixe et en une dose, 3 comprimés de 100 mg.

Quand le patient est un enfant (entre 10 et 60 kg), le médecin lui-même fournit la posologie indiquée. Il tient essentiellement compte du poids de l’enfant au moment de la prescription. Que le malade soit un adulte ou un enfant, le traitement de la crise de paludisme s’étalera toujours sur au moins 3 jours. Le repos strict est alors indispensable pendant cette période.

Les autres indications du médicament

La chloroquine (nivaquine) est aussi indiquée pour d’autres pathologies qui n’ont rien à avoir avec le paludisme. Ainsi, lorsqu’il s’agit de :

      • Prévenir la lucite ; le patient prend usuellement entre 2 et 3 comprimés de 100 mg par jour. Ce traitement débute 7 jours avant l’exposition (au soleil) puis s’étale sur 15 jours.
      • Traiter du lupus ; le médecin prescrira une dose initiale de 1 à 2 comprimés par jour avant d’adapter le traitement en fonction des évolutions observées.
      • Traiter de la polyarthrite rhumatoïde ; le patient prendra 2 ou 3 comprimés de 100 mg quotidiennement comme traitement d’attaque. Une fois passé au traitement d’entretien, il s’agira de 1 ou 2 comprimés par jour.

Précisons que toutes ces indications concernent les profils d’adulte. Pour les enfants, les médecins décideront au cas par cas de la bonne marche à suivre. Par ailleurs, une utilisation du médicament comme moyen de prévention ne doit pas exclure l’association d’autres techniques notamment pour empêcher les piqûres de moustiques (insecticides, ports de vêtements longs après le coucher du soleil, moustiquaires…).

Lorsque les moyens de prévention ne suffisent pas à prévenir la crise de paludisme (en l’occurrence dans une région où les parasites résistent à la chloroquine), une consultation médicale d’urgence est requise afin de rechercher le parasite dans le sang. Ceci permettra au médecin de déterminer le traitement adéquat.

Chloroquine (Nivaquine) : effets secondaires

Chloroquine (Nivaquine)

Il s’agit de répercussions indésirables possibles après la prise du médicament. Ces effets ne surviennent pas systématiquement chez tous les patients. On peut ainsi les catégoriser selon leur fréquence d’occurrence :

      • Effets secondaires très fréquents
      • Effets secondaires fréquents
      • Effets secondaires rares
      • Effets secondaires très rares

Effets secondaires très fréquents

Ils surviennent au moins chez 10 % des patients et concernent essentiellement une intolérance intestinale du médicament. Cette intolérance peut se traduire par :

      • Des nausées
      • Des vomissements
      • Une insomnie
      • Des maux de tête
      • De la diarrhée
      • Des démangeaisons

Ces manifestations sont souvent légères et ne nécessitent pas de mesures particulières. Mais si elles se révèlent gênantes ou graves, consultez votre médecin au plus tôt.

Effets secondaires fréquents

Au moins 1 % des patients

ayant pris le médicament sont concernés par ces effets indésirables. Il s’agit de :

      • Éruption cutanée
      • Troubles de l’accommodation
      • Étourdissements
      • Vision floue
      • Réaction allergique (urticaire, œdème de Quincke)
      • Dépression

L’apparition de l’un ou l’autre de ces signes doit conduire à une consultation médicale sans conteste. Ils peuvent justement se révéler d’une dangerosité extrême.

Effets secondaires rares

Si ces effets indésirables sont rares (0,1 % des cas), leur niveau de gravité n’en demeure pas moins inquiétant. Des soins médicaux d’urgence sont requis pour empêcher d’éventuelles complications en cas d’apparition de ces signes. Il s’agit de :

      • Coloration ardoisée (en particulier des ongles et des muqueuses)
      • Psoriasis préexistant aggravé
      • Agitation, anxiété, troubles du sommeil
      • Confusion, hallucinations
      • Atteinte des nerfs, chute des cheveux, etc.

Effets secondaires très rares

Ils ne surviennent que très rarement au point où la fréquence d’occurrence est indéterminée. Il s’agit de :

      • Crises convulsives
      • Psychose
      • Torticolis
      • Réaction cutanée grave
      • Troubles du rythme cardiaque
      • Hypoglycémie
      • Bourdonnement d’oreilles
      • Surdité
      • Anomalie de la numération (formule sanguine)
      • Mouvements involontaires
      • Photosensibilité
      • Augmentation des transaminases, etc.

En cas de symptômes évocateurs de l’un ou l’autre de ces effets secondaires, il est recommandé de cesser immédiatement la prise du médicament avant la consultation médicale d’urgence. Cette mesure peut être d’une nécessité vitale.

Par ailleurs, le médicament peut provoquer (à des doses élevées sur un traitement prolongé), des troubles oculaires variables, des neuro-myopathies… Ces signes régressent généralement avec l’arrêt du traitement, mais peuvent se révéler exceptionnellement irréversibles.

Le cas particulier du surdosage

Il est recommandé de suivre à la lettre la posologie prescrite par le médecin. Lorsque vous oubliez de prendre une dose, ne prenez pas une double dose pour compenser. Prenez simplement le médicament dès que vous constatez l’omission et reprenez le schéma normal de traitement. Si vous doutez de la conduite à tenir, consultez votre médecin. En effet, le surdosage peut avoir des répercussions graves. Ceux-ci vont de simples maux de tête à une issue fatale selon le profil.

En cas de surdose accidentelle par la chloroquine avec un pronostic péjoratif, l’hospitalisation d’urgence est requise. La prise en charge préhospitalière sera vitale dans ces cas. Ainsi, en attendant l’ambulance, une perfusion IV avec une solution de remplissage peut être posée.

Pour les intoxications les plus sévères (signes d’hypotension, troubles du rythme et de la conduction…), un protocole thérapeutique particulier doit se mettre en place. Il inclut successivement l’administration d’adrénaline, l’intubation, la ventilation assistée, l’utilisation du diazépam, etc.  L’hémodialyse est inefficace pour la prise en charge de ce type d’intoxication.

Chloroquine (Nivaquine) : interactions avec d’autres substances

La chloroquine (Nivaquine) est susceptible d’interagir avec une variété de substances dans l’organisme. L’établissement d’une liste exhaustive de ces interactions est impossible. C’est pourquoi il importe de signaler les traitements en cours à son médecin en vue de connaitre les précautions à prendre.

En outre, toutes les associations de substances ne sont pas forcément dangereuses pour le patient. Il est donc plus utile de maitriser les interactions potentiellement dangereuses pour s’en éloigner. Voici une classification illustrative de ces éventualités :

      • Les associations hautement dangereuses (contre-indiquées)
      • Les associations déconseillées
      • Les associations qui doivent faire l’objet de précaution d’emploi

Les associations hautement dangereuses

Il s’agit de l’utilisation de la chloroquine avec du Citalopram, de l’escitalopram ou de la dompéridone. Ces associations présentent un risque exacerbé de troubles ventriculaires, notamment de torsades de pointe.

Les associations déconseillées

Elles concernent l’utilisation concomitante de la chloroquine avec :

      • Des médicaments connus pour induire une toxicité rétinienne comme le tamoxifène (risque d’aggravation des effets)
      • Des médicaments susceptibles de donner des torsades de pointes ou d’induire un allongement de l’intervalle QT (ex : antipsychotiques, antiarythmiques de classe IA et III, halofantrine, pentamidine, certains antibiotiques, luméfantrine…). Cette association majore le risque de trouble ventriculaire.

En cas de nécessité d’associer ces traitements, un suivi particulier doit être mis en place. Une surveillance ECG monitorée par exemple sera incontournable.

Les associations qui doivent faire l’objet de précaution d’emploi

L’utilisation de la chloroquine avec les substances qui suivent doit s’effectuer avec prudence. On distingue entre autres :

      • Les hormones thyroïdiennes (il existe un risque d’hyperthyroïdie clinique dans ces cas. Une surveillance des concentrations sériques de T3 et T4 est nécessaire)
      • Les antidépresseurs tricycliques (cette association accroit le risque d’arythmie ventriculaire)
      • La ciclosporine (cette association présente le risque d’augmentation des concentrations sanguines de ciclosporine et de créatininémie. Il faut contrôler la fonction rénale pendant les traitements et adapter la posologie au besoin).
      • Les topiques gastro-intestinaux antiacides et charbons (ces substances réduisent l’absorption digestive de la chloroquine. Une seule solution, prendre les topiques à intervalles éloignés de la chloroquine)
      • La cimétidine (risque de surdosage de la chloroquine à cause du ralentissement de son élimination)
      • Les proconvulsivants (il s’agit de la plupart des antidépresseurs. Ils présentent une variété de risques sévères qui justifient une évaluation des bénéfices avant d’envisager une association avec la chloroquine)

Au-delà des cas d’interactions médicamenteuses, plusieurs situations justifient la prise de précaution. Elles se regroupent au sein des mises en garde spéciales.

Chloroquine (Nivaquine) : Mises en garde spéciales

Chloroquine (Nivaquine)

Les mises en garde concernent les situations de :

      • Grossesse, allaitement, fertilité
      • Rétinopathie
      • Porphyrie
      • Hypoglycémie
      • Allongement de l’intervalle QTc
      • Cardiomyopathie
      • Insuffisance hépatique ou insuffisance rénale

Grossesse, allaitement, fertilité

Des études effectuées chez l’animal ont révélé une toxicité du médicament sur la reproduction. On dénote des conséquences graves allant de malformations oculaires à la mort fœtale.

Bien qu’il n’existe que peu de données pouvant permettre la transposition de ces résultats à l’espèce humaine, l’utilisation de la chloroquine chez la femme enceinte est contre-indiquée. En l’absence d’alternative thérapeutique plus sûre, le traitement sera envisagé avec une surveillance médicale accrue.

En ce qui concerne l’allaitement, il est prouvé que le médicament est excrété dans le lait maternel (jusqu’à 12,3 % de la dose maternelle quotidienne ajustée au poids). Ainsi, par précaution face au potentiel génotoxique important de la substance, il est déconseillé d’allaiter pendant le traitement.

Enfin, pour ceux qui envisagent la procréation, il semble judicieux de chercher d’autres traitements que la chloroquine. Des études chez l’animal ont associé son utilisation à une altération de la fertilité masculine. Le même impact chez l’homme n’est pas exclu.

Rétinopathie

La chloroquine est contre-indiquée chez les patients présentant une rétinopathie, sauf en l’absence d’alternative thérapeutique pour la guérison du paludisme. Il faut aussi veiller à ne pas laisser de place à des associations dangereuses à l’instar de chloroquine-tamoxifène. Des atteintes oculaires irréversibles pourraient se recenser dans ces cas. Un dépistage de facteur de risque doit s’effectuer chez les patients afin d’éviter toute complication ophtalmologique liée au traitement.

Porphyrie

L’utilisation de la chloroquine est déconseillée chez les personnes souffrant de porphyrie. Le médicament peut notamment déclencher une crise aigüe chez les patients atteints de porphyrie intermittente, favoriser la survenue d’une atteinte hépatique chez les sujets touchés par la porphyrie cutanée tardive, etc. En outre, chez les profils atteints de psoriasis, la prise de la chloroquine constitue un facteur d’aggravation des lésions.

Hypoglycémie

L’hypoglycémie est un sérieux risque quand on prend de la chloroquine (avec ou sans antidiabétiques).

Des cas de pertes de connaissance et même de mises en jeu du pronostic vital des patients ont été recensés dans ce cadre. C’est pourquoi les personnes traitées par chloroquine doivent être informées de ce risque ainsi que des signes associés à sa survenance. Un contrôle régulier de la glycémie est une mesure de grande utilité pour ces profils.

Allongement de l’intervalle QTc

L’allongement de l’intervalle QT congénital, la présence de maladie cardiaque, l’utilisation de traitement allongeant l’intervalle QT… constituent des situations qui exigent une prudence dans l’emploi de la chloroquine. En effet, cette substance vient exacerber le risque d’arythmies ventriculaires avec une probabilité d’issue fatale. L’âge constitue aussi un facteur de risque dans ce cadre. En cas de signes évocateurs d’une arythmie cardiaque, l’arrêt immédiat du traitement est requis.

Cardiomyopathie

Les patients chez qui des troubles de la conduction sont diagnostiqués doivent prendre de sérieuses précautions s’ils envisagent un traitement par chloroquine (nivaquine). Une surveillance des signes de cardiomyopathie est recommandée. Il va sans dire que l’occurrence de ces symptômes induit une interruption du traitement, car il existe un risque de complication en insuffisance cardiaque avec issue fatale.

Insuffisance hépatique ou insuffisance rénale

Une prudence au niveau de la posologie est nécessaire en cas d’insuffisance hépatique ou rénale. En cas de sévérité de ces atteintes, l’utilisation du médicament ne doit pas du tout s’envisager.

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