Santé

ALCOOLISME CHRONIQUE : SYMPTÔMES, CAUSES, DIAGNOSTIC, TRAITEMENT

L’alcoolisme chronique désigne un état pathologique caractérisé par la consommation continue ou périodique de quantités excessives d’alcool. Cet état peut se manifester par un besoin ardent et urgent de prendre de l’alcool ou une perte de contrôle.

Cependant, cet abus d’alcool a de multiples effets négatifs aussi bien sur la vie sociale que professionnelle du consommateur. En réalité, il provoque des altérations comportementales, physiques et psychologiques, pouvant ainsi nuire à l’état de santé de ce dernier. Quel est alors l’essentiel à retenir sur l’alcoolisme chronique ?

ALCOOLISME CHRONIQUE : GÉNÉRALITÉS

Au départ, l’alcoolisme est reconnu comme la dépendance à l’alcool sans une aggravation de l’état pathologique du buveur. Lorsque cette dépendance perdure, on peut alors parler d’un alcoolisme chronique. Dans ce cas justement, le consommateur éprouve désormais le besoin d’augmenter les doses, car son organisme devient dépendant et tolérant. S’il interrompt brutalement sa consommation, il présente alors des signes de sevrage notamment :

  • Des sueurs ;
  • Des tremblements ;
  • De la transpiration ;
  • Des nausées ou vomissements ;
  • Une grande fatigue chronique.

À la longue, l’alcoolique perd ses capacités lucides ainsi que de jugement. L’abus de cette substance, c’est-à-dire l’alcool, entraîne de graves répercussions sur son foie. L’alcoolisme chronique est donc le stade sévère de l’alcoolisme.

Bien qu’il n’y ait pas de quantités d’alcool moins bénéfiques ou encore bénéfiques pour l’organisme, les doses suivantes peuvent être considérées comme modérées.

  • 2 à 3 unités d’alcool chez l’homme ;
  • 1 à 2 unités d’alcool chez les femmes ;
  • 1 unité d’alcool chez les personnes âgées (12 grammes).

Autrement dit, une unité d’alcool, donc à 12 g, correspond à : une canette de bière de 330 ml, un verre de 40 ml de vin spiritueux et un verre de 120 ml de vin contenant peu d’alcool.

ALCOOLISME CHRONIQUE : CAUSES ET FACTEURS DE RISQUE

Il n’existe pas de cause profonde qui puisse réellement expliquer le risque de dépendance à l’alcool. Toutefois, les chercheurs estiment que cette dernière peut être favorisée par des facteurs génétiques, environnementaux et d’autres, liés à l’âge et au sexe.

FACTEURS GÉNÉTIQUES

Les gènes qui contrôlent le métabolisme de l’alcool sont le plus souvent responsables d’une augmentation ou d’une diminution du risque. Cela explique la probabilité retrouvée dans de nombreux cas d’alcoolisme chronique. En effet, les victimes ont le plus souvent des parents alcooliques (pères et/ou mères).

Plusieurs autres études ont également montré un risque élevé même chez les enfants de personnes alcooliques, adoptés par d’autres familles. Cela prouve davantage qu’il existe bien une prédisposition génétique dans le développement de l’alcoolisme, voire chronique.

CONSOMMATION À UN AGE PRÉCOCE

De nombreuses recherches ont démontré que la consommation d’alcool à un âge précoce peut influencer l’expression des gènes. Cela augmente ainsi le risque de dépendance. Dans ce cas, on peut parler d’une relation de cause à effet.

ANTÉCÉDENTS DE TRAUMATISME D’ENFANCE

Grâce à quelques recherches, les experts ont pu établir un lien entre des antécédents de traumatismes dans l’enfance et une consommation continue d’alcool. Aussi, l’absence de la famille pendant l’enfance et l’adolescence serait un facteur déterminant dans la manifestation de l’alcoolisme chronique. En ce sens, la dépression peut également provoquer une grande dépendance à l’alcool.

SEXE

Le constat fait après plusieurs études est que les hommes sont plus susceptibles de développer une dépendance à l’alcool que le sont les femmes. Dans le même temps, ces dernières sont les plus exposées aux maladies liées à la prise d’alcool, notamment celles du foie.

FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX

En général, les personnes qui ont des amis alcooliques ou des partenaires qui consomment régulièrement de l’alcool ont tendance à en prendre aussi. De plus, le fait de tomber sur des publicités vantant les soi-disant bienfaits de l’alcool peut susciter toute personne à consommer cette substance. Jusqu’au point d’en devenir dépendant. En outre, certains alcooliques, pour éviter leurs problèmes aussi bien d’ordre familial que professionnel, se réfugient dans la consommation de l’alcool, pour ainsi « noyer leurs soucis ».

Au fil du temps, comme pour toute autre substance, la recherche du plaisir induit par celle-ci provoque un besoin. Ce dernier consiste à résorber les signes de sevrage. La victime se retrouve alors prisonnière de ce qui pour elle constituait un refuge sûr.

ALCOOLISME : SYMPTÔMES

ALCOOLISME CHRONIQUE

Les symptômes de l’alcoolisme sont le plus souvent évolutifs, car à chaque consommation, l’organisme principalement le foie, s’altère. Ainsi, on distingue des manifestations immédiates et des manifestations à long terme.

MANIFESTATIONS IMMÉDIATES (ALCOOLISME)

Les premiers symptômes d’un trouble lié à la dépendance chronique à l’alcool sont si légers qu’ils passent souvent inaperçus. Par conséquent, il serait utile de connaître ces signes avant-coureurs, pour prendre en charge la victime. On rappelle néanmoins que les manifestations immédiates sont provoquées par une forte consommation si bien que l’organisme se voit dans l’incapacité de s’en débarrasser. Elles peuvent alors apparaître en fonction de la quantité ingurgitée et du poids de la victime.

DOSES ET SYMPTÔMES LIÉS

Les victimes peuvent ressentir pour une consommation de 20 à 50 mg/dl :

  • Une sensation de tranquillité ;
  • Une légère somnolence ;
  • Des troubles de la coordination motrice (dyspraxies) ;
  • Une incapacité à conduire.

Pour une consommation de 50 à 100 mg/dl :

  • Une altération du jugement ;
  • Une altération supplémentaire de la coordination motrice (stade moyen de dyspraxie).
  • Pour une quantité comprise entre 100 et 150 mg/dl :
  • Une difficulté à articuler comme une dysarthrie ;
  • Une altération de la marche ;
  • Une levée d’inhibition (déficit d’inhibition latente) ;
  • Des troubles de la mémoire.

À une dose de 150 à 200 mg/dl, ces personnes peuvent avoir des signes de délires (rires violents) et une léthargie (dans de rares cas). Pour une dose comprise entre 300 à 400 mg/dl, il est possible qu’elles perdent connaissance. Au-delà de cette dose, les victimes qui ont consommé excessivement l’alcool peuvent faire une overdose dont la complication est la mort.

Cette situation est plus susceptible de survenir surtout si les verres sont vidés d’un trait (chopes) et de façon successive. En effet, plus l’alcool passe dans les veines, plus cela provoque des arythmies cardiaques et des difficultés de respiration.

AUTRES SYMPTÔMES

Outre ces manifestations, la consommation chronique d’alcool peut provoquer des vomissements, une baisse de la pression artérielle et une hypoglycémie.

MANIFESTATIONS À LONG TERME (ALCOOLISME CHRONIQUE)

Une consommation chronique provoque le plus souvent des altérations du foie, mais aussi des troubles qui s’étendent à d’autres organismes. Ces signes sont considérés comme des complications de l’alcoolisme sévère.

HÉPATOPATHIE ALCOOLIQUE

Il s’agit d’une maladie inflammatoire qui touche le foie. Elle est la conséquence d’une consommation continue d’alcool qui s’accompagne souvent d’une accumulation hépatique de triglycérides (stéatose).

De plus, les personnes atteintes sont plus susceptibles d’avoir une insuffisance rénale. En outre, la capacité du foie à purifier le corps de toute substance toxique est réduite. Cela entraîne une encéphalopathie hépatique, une pathologie d’intoxication du système nerveux central. Et les complications peuvent être mortelles.

CIRRHOSE DU FOIE

À long terme, un alcoolique peut développer une cirrhose du foie. C’est une maladie qui résulte de la cicatrisation du foie due au remplacement du tissu hépatique normal par du tissu cicatriciel non fonctionnel. Par la suite, la victime perd considérablement du poids et son appétit est réduit. D’autre part, la présence de tissu cicatriciel provoque une augmentation de la pression dans les vaisseaux sanguins entourant le foie. On note aussi un gonflement de l’œsophage, de l’estomac et de ces vaisseaux sanguins en question.

PANCRÉATITE

La pancréatite se caractérise par une inflammation du pancréas pouvant survenir avec des douleurs abdominales aiguës et des vomissements.

DOMMAGES AU CERVELET

La consommation prolongée d’alcool est susceptible d’endommager le cervelet, une partie du cerveau qui contrôle les mouvements. Cela se traduit par des troubles de la coordination d’équilibre ou du tonus musculaire.

NEUROPATHIES

Une consommation continue et excessive d’alcool provoque des lésions nerveuses, celles-ci pouvant être responsables de l’apparition de tremblements généralisés. À long terme, la prise d’alcool peut également endommager la gaine de myéline qui tapisse les nerfs cérébraux, provoquant la maladie qu’on appelle la maladie Marchiafava-Bignami. Les personnes atteintes sont agitées, confuses et présentent des signes possibles de démence.

CARENCES EN VITAMINES

L’alcool est une substance qui peut réduire l’absorption de la vitamine B1 encore appelée la thiamine. Cette carence peut entraîner l’apparition de pathologies spécifiques, telles que l’encéphalopathie de Wernicke. Celle-ci se manifeste par une confusion ainsi qu’un trouble de la coordination pendant les mouvements oculaires et lors de la marche. On note dans quelques rares cas, une altération de l’absorption des folates, ce qui entraîne une anémie.

ANOMALIES FŒTALES

Ce type de manifestation se présente chez les femmes enceintes dépendantes à l’alcool. À la naissance, leurs nouveau-nés présentent les symptômes suivants :

  • Faible poids ;
  • Taille peu développée ;
  • Tour de tête réduit par rapport à la normale ;
  • Troubles cardiaques et musculaires ;
  • Déficience intellectuelle.

Au regard de ce qui précède, on déconseille fortement aux femmes de consommer de l’alcool pendant la grossesse.

ALCOOLISME CHRONIQUE : DIAGNOSTIC

Le diagnostic de l’alcoolisme chronique repose généralement sur des tests et examens médicaux. Si le médecin soupçonne un problème lié à l’alcool, il posera à la victime de nombreuses questions. Celle-ci devra aussi remplir un questionnaire.

TEST CUT-DOWN, ANNOYED, GUILTY, EYE-OPENER (CAGE)

Il s’agit de l’un des outils les plus utilisés dans le dépistage de l’alcoolisme. Le professionnel pose les questions suivantes :

  • Avez-vous déjà ressenti le besoin de réduire votre consommation d’alcool ?
  • Avez-vous déjà été dérangé par des personnes critiquant votre consommation excessive d’alcool ?
  • Vous êtes-vous déjà senti coupable ou mal à l’aise de boire de l’alcool ?
  • Avez-vous déjà bu un verre au réveil pour lutter contre l’anxiété ou éliminer une gueule de bois ?

Deux réponses affirmatives ou plus indiquent généralement la nécessité d’une étude plus approfondie par d’autres tests médicaux.

TESTS SANGUINS

Les tests sanguins effectués sont principalement :

  • Une numération globulaire complète ;
  • Un dosage de l’alcoolémie (indique la quantité prise au cours des dernières heures) ;
  • Une évaluation de la fonction hépatique ;
  • Une transferrine déficiente en glucides (CDT).

Cette dernière est considérée comme l’un des tests les plus fiables à l’heure actuelle, pour le diagnostic et la prévention des rechutes d’alcoolisme chronique.

ANALYSE DE L’URINE

L’EtG (ethylglucuronide) est marqueur direct de la consommation d’alcool, présent dans le sang environ 14 heures après la prise. Il peut donc permettre de diagnostiquer un alcoolisme chronique.

AUTRES EXAMENS

Outre les tests et analyses, on peut procéder à une échographie abdominale, en premier lieu, pour évaluer les conditions hépatiques. Il est toutefois possible de procéder à une biopsie avant cela.

ALCOOLISME CHRONIQUE : TRAITEMENTS

ALCOOLISME CHRONIQUE

La prise en charge de la personne alcoolique comprend la participation à des thérapies de groupe et à des entretiens individuels. Ceux-ci ont pour but de la motiver à arrêter la consommation d’alcool et de lui permettre de prendre conscience du problème. Aussi, les thérapies visent à l’accompagner et la soutenir pendant sa désintoxication. Voici quelques thérapies recommandées dans les cliniques spécialisées :

  • Thérapie individuelle et de groupe ;
  • Participation à des groupes de soutien.

Le patient alcoolique peut suivre des conférences sur le thème de la dépendance. Aussi, il peut suivre des travaux manuels, avec le soutien des membres de sa famille ainsi que des spécialistes chargés de son suivi.

 

Par moment, il peut être nécessaire d’avoir recours à quelques médicaments comme les sédatifs (benzodiazépines). Les professionnels peuvent toutefois recommander la naltrexone, le disulfirame, l’acide gamma hydroxybutyrique et l’acamprosate pour réduire le besoin urgent de boire. Mais également, le risque de rechute ainsi que les symptômes associés.

LA NALTREXONE

Ce médicament (drogue) est couramment utilisé seulement après une détoxification de l’alcool. Il agit en bloquant certains récepteurs du cerveau. Grâce à des conseils, cette drogue peut aider à réduire le besoin urgent d’alcool.

L’ACAMPROSATE

L’acamprosate est l’un des médicaments les plus recommandés dans le traitement de l’alcoolisme chronique. II aide à rétablir l’état chimique d’origine du cerveau avant la dépendance à l’alcool. Il faut noter que sa prise doit être associée à une thérapie.

LE DISULFIRAME

Le disulfirame provoque un malaise général provoqué par des nausées, des maux de tête et des vomissements chaque fois que la personne alcoolique consomme de l’alcool. Cela la pousse ainsi à arrêter cette prise.

Articles Liés

Bouton retour en haut de la page