Santé

La mucoviscidose : Physiopathologie, Causes, Symptômes, Traitement

Appelée cystic fibrosis en anglais, la mucoviscidose est une maladie qui existe depuis le Moyen Âge. Ce n’est qu’en 1936 puis en 1938 qu’elle a respectivement été décrite et identifiée comme une pathologie. Jusqu’en 2000, cette affection demeurait inconnue du grand public. Il a fallu que Grégory Lemarchand, un candidat de la Star Académy parle de cette affection pour que son existence soit révélée à tous. Avec la durée de vie que la mucoviscidose réduit à moins de 50 ans et près de 200 enfants français qui en naissent avec chaque année, il urge d’en dire plus sur cette maladie.

La mucoviscidose : Une pathologie rendant anormal le mucus

La fibrose kystique, plus généralement dénommée mucoviscidose peut se manifester à l’âge adulte ou à l’adolescence. Dans un tel cas, elle s’est alors révélée tardivement. En réalité, cette maladie survient avant l’âge de 6 ans, voire même durant les premiers mois de vie. Elle est présente dans tous les pays du globe.

Sa prévalence semble plus forte en Amérique du Nord et en Europe. Particulièrement en France, c’est 1 enfant sur 4 000 qui nait avec la pathologie. Cette dernière touche un grand nombre d’organes. Ses dégâts s’observent le plus souvent au niveau des organes respiratoires et digestifs comme :

  • Les poumons ;
  • Le pancréas ;
  • Les intestins.

La mucoviscidose entraîne à vrai dire une anomalie au niveau de l’organisme qui rend le mucus visqueux et épais. Étant alors produite par les muqueuses des dits organes, cette substance va s’accumuler dans leurs voies, affectant ainsi leur fonctionnement.

La mucoviscidose : Une maladie génétique liée à la mutation du gène CFTR

Sur un chromosome, spécifiquement l’autosome 7 se trouve le gène CFTR (Cystic Fibrosis Transmembrane Conductance Regulator). Il code une protéine qui porte le même nom. Cette dernière possède plusieurs fonctions dont la principale est d’assurer au sein des membranes des muqueuses l’équilibre entre le sel et l’eau. Ce qui favorise la fluidité du mucus.

Selon la physiopathologie de la mucoviscidose, ce dernier manque de fluidité en raison de la diminution de la concentration en eau au niveau des membranes. Il devient alors difficile pour la sécrétion de s’évacuer comme il se doit. Celle-ci s’emmagasine puis obstrue par conséquent les voies des différents organes.

Il faut dire que tout ce mécanisme est le fruit d’une mutation du gène CFTR. Près de 2 000 mutations sont capables d’intervenir au niveau de ce gène. Dans 70 % des cas, la fibrose kystique est liée à la mutation Delta F508.

Il s’agit d’une anomalie qui entraîne un mauvais repliement de la protéine codée. Il s’avère donc difficile que le transport du chlorure au sein de la paroi cellulaire soit normalement régulé.

Une affection autosomique récessive

La mucoviscidose n’est pas contagieuse. Pour qu’un enfant soit considéré comme véritablement atteint de cette maladie (c’est-à-dire avec présence de symptômes, car des individus sont asymptomatiques : les porteurs sains), il doit avoir reçu un chromosome portant le gène CFTR muté de chacun de ses deux parents.

C’est la raison pour laquelle la maladie est qualifiée d’autosomique récessive. Les géniteurs doivent donc être de vrais malades ou des porteurs sains. Dans les deux cas, le risque que l’enfant soit malade est de 1/4. Cette prévalence ne change pas quelle que soit la grossesse.

C’est-à-dire que lorsque les parents remplissent les conditions, le risque que l’enfant soit malade est toujours d’un quart. Il ne varie pas en fonction du geste. Tout cela laisse comprendre que l’enfant sera en pleine santé s’il reçoit de ses parents deux chromosomes portant le gène normal. En revanche, il sera un porteur sain s’il ne reçoit qu’un chromosome portant le gène CFTR muté.

La mucoviscidose : Une variabilité des signes cliniques

Les symptômes de la fibrose kystique dépendent de la catégorie d’individu affecté et du type d’organe touché.

Les signes cliniques selon l’individu malade

Lorsqu’il s’agit d’un adulte, les symptômes de la mucoviscidose se rapportent généralement à une :

  • Infertilité (chez la femme) ou stérilité (du côté de l’homme) ;
  • Fatigue chronique ;
  • Toux ;
  • Difficulté respiratoire ;
  • Déshydratation ;
  • Maigreur ;
  • Importance des expectorations.

Quand c’est un grand enfant qui est affecté, les signes cliniques sont :

  • Goût salé de la peau ;
  • Infections pulmonaires persistantes et chroniques ;
  • Diminution de l’appétit ;
  • Respiration sifflante ;
  • Vomissements ;
  • Vives quintes de toux ;
  • Constipation ;
  • Douleurs abdominales ;
  • Selles grasses et épaisses.

Du côté du nouveau-né, trois principaux éléments attirent l’attention. Il s’agit de la jaunisse, de la difficulté à prendre du poids et une expulsion tardive des premières selles.

Les symptômes en fonction de l’organe en cause

La mucoviscidose

Au niveau des organes, les poumons sont ceux qui sont les plus affectés par la pathologie. C’est d’ailleurs pour cette raison que leur atteinte accroît le risque de mortalité et de morbidité des malades. En réalité, lorsque le mucus s’emmagasine dans les voies pulmonaires, il provoque une inflammation des bronches. Ce qui occasionne avec le temps des lésions.

Cette même accumulation conduit au développement de microbes, une situation favorable à la survenue d’infections. Toutefois, l’association de ces événements entraîne :

  • Une toux d’abord sèche et ensuite chronique ;
  • Des vomissements ;
  • Des crachats ;
  • Des difficultés expiatoires ;
  • Des épisodes de bronchites chroniques ;
  • Des douleurs thoraciques ;
  • Des pneumopathies.

Il peut aussi apparaître au niveau du parenchyme pulmonaire une fibrose, des kystes et abcès.

Les manifestations digestives

En ce qui concerne le système digestif, les effets de la fibrose kystique sont présents au niveau de trois organes à savoir le pancréas, le foie et les intestins. À propos de ces derniers, il faut retenir qu’ils ne reçoivent plus les enzymes digestives. La digestion des aliments se retrouve alors compliquée. Ce qui se traduit par :

  • La constipation ;
  • Des vomissements ;
  • L’absence d’émission de méconium ;
  • Le reflux gastro-œsophagien ;
  • Une toux chronique ;
  • Le prolapsus rectal ;
  • Une hémorragie digestive.

Au niveau du foie, la mucoviscidose bouche les canaux qui assurent le transport de la bile. Ce phénomène se caractérise par :

  • Un ictère rétentionnel néonatal ;
  • Des hémorragies digestives ;
  • Une hypertension portale ;
  • Une insuffisance hépato-cellulaire ;

Des épisodes de décompensation œdémato-ascitique. La mucoviscidose provoque dans les canaux du pancréas un bouchon. La fonction endocrine et celle exocrine de cet organe prend alors un grand coup. Cela se manifeste par :

  • Une diarrhée chronique graisseuse ;
  • Un manque d’appétit ;
  • Un gonflement abdominal ;
  • Des troubles carentiels ;
  • Une anémie ;
  • Un retard pubertaire.

Une pancréatite chronique ou aiguë peut également apparaître.

Les manifestations génitales

Cette maladie génétique possède aussi des conséquences sur le plan génital. Ainsi, du côté de l’homme, la mucoviscidose engendre une hypoplasie ou atrophie des voies excrétrices de spermatozoïdes.

Elle est également à la base d’une atrésie bilatérale des canaux déférents. Du côté de la femme, la maladie entraîne des changements de la glaire cervicale.

La mucoviscidose : Un diagnostic systématisé

Dans de nombreux pays d’Europe y compris la France, le dépistage de la mucoviscidose est systématiquement effectué à tous les nouveau-nés. Celui-ci intervient dans un délai de 3 jours après la naissance sur la base d’un test désigné de Guthrie. L’examen consiste à doser chez l’enfant la concentration de trypsine contenue dans son sang.

Il s’agit d’une enzyme issue du trypsinogène et synthétisée par le pancréas. Normalement, lorsque cet organe fabrique la substance, il doit l’envoyer vers l’intestin grêle afin que celui-ci l’emploi dans la digestion des nutriments. Compte tenu du fait que dans le contexte de la maladie, les parois sont bouchées, l’enzyme ne peut pas être transportée vers les intestins.

Elle s’accumule alors dans le pancréas et sa teneur dans le sang se retrouve par conséquent en hausse. C’est ce résultat que doit d’ailleurs révéler le test. Pour l’effectuer, quelques gouttes de sang seront prélevées au niveau du talon du nouveau-né. Malgré que cet examen soit très populaire, il faut noter qu’il ne sert pas de moyen de confirmation de l’atteinte à la fibrose kystique.

Le test de sueur : L’examen de confirmation

Les individus souffrant de la fibrose kystique possèdent une sueur dont la teneur en chlore est au-dessus de la normale. Au cours du test, c’est donc la concentration en cette substance qui sera mesurée. Pour cela, il faut recueillir de la sueur sur la peau du nouveau-né.

Étant donné que chez les patients de cette catégorie, il est difficile d’obtenir ce liquide, celui-ci sera alors stimulé. Cette stimulation est faite au niveau des glandes sudoripares à l’aide de la pilocarpine. Une fois cette phase achevée, ladite sueur sera recueillie dans un tube ou sur du papier filtre.

Sa concentration peut dès ce moment être alors dosée. Une teneur en chlore supérieure à 60 mmol/L confirme la présence de la maladie.

L’analyse génétique

Cela est rare, mais le test sudoral peut aboutir à un résultat faux négatif. Cela signifie que l’on est conscient que l’enfant peut être malade (parce que peut-être ses parents sont porteurs sains), mais l’examen révèle un résultat négatif. La concentration en chlore se retrouve alors en dessous du seuil pathologique.

Une telle situation survient généralement lorsque le patient souffre de :

  • Néphronophtise ;
  • Dysplasie ectodermique ;
  • Glycogénose de type 1 ;
  • Fucosidose ;
  • Anorexie ;
  • Diabète insipide ;
  • Maladie cœliaque ;
  • Syndrome de Hurler.

Ce qu’il faut néanmoins retenir est que dans les cas du genre, les doutes ne peuvent être élucidés qu’avec une analyse génétique. Ici, des mutations du gène CFTR seront recherchées au niveau des deux chromosomes 7. Si des anomalies de repliement sont détectées, alors il faut conclure que l’enfant souffre de fibrose kystique.

Le diagnostic néonatal

En matière de mucoviscidose, il n’est pas nécessaire de patienter que l’enfant naisse avant de vérifier s’il est atteint ou non de la maladie. Ce diagnostic peut intervenir bien avant la naissance, et ce grâce à une technique appelée l’amniocentèse.

Il s’agit d’une analyse qui s’effectue sur le fœtus dans l’optique d’identifier les anomalies génétiques relatives à la pathologie. Une telle démarche peut être envisagée lorsque les parents sont des porteurs sains ou quand ceux-ci ont déjà eu un enfant malade.

La mucoviscidose : Une espérance de vie augmentée de près de 10 ans grâce à de nouveaux traitements

À ce jour, il n’existe pas de traitement capable de guérir la mucoviscidose. Autrefois, les traitements disponibles contre la maladie ne servaient qu’à soulager ses symptômes. C’est le cas des :

  • Antibiotiques pour calmer les infections ;
  • Corticoïdes et mucofluidifiants pour déboucher les bronches ;
  • Thérapies spéciales pour combattre l’insuffisance respiratoires.

Bien qu’ils offrent une certaine satisfaction, ces traitements ne garantissaient qu’une durée de vie limitée à 34 ans au patient. Désormais, celle-ci est augmentée de près d’une décennie grâce à des solutions plus spécifiques. Elles ciblent en effet les possibles causes de la maladie.

C’est le cas de la thérapie génique et des modulateurs de la protéine CFTR. Ces derniers désignent des molécules qui vont rétablir le fonctionnement de la protéine en question en agissant sur celle-ci. En ce qui concerne la thérapie génique, elle consiste à introduire dans les cellules du malade une copie du gène CFTR, mais saine.

Par ailleurs, la greffe de poumons n’est pas une alternative récente, mais elle offre aussi une certaine satisfaction en cas d’atteinte de la mucoviscidose.

 

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