Santé

Les troubles psychiatriques iatrogènes : causes, méthodes de préventions et traitement

L’un des principes fondamentaux du traitement énoncé par Hippocrate est « De ne pas nuire ». Cependant, des histoires concernant des remèdes médicaux causant plus de mal que de bien ont été enregistrées depuis des temps immémoriaux. Un trouble iatrogène se produit lorsque les effets néfastes du régime thérapeutique ou diagnostique provoquent une pathologie indépendante de l’état pour lequel le régime est conseillé. Ces troubles peuvent également agir sur le mental de la victime, et nuisent grandement à ce dernier. Quels sont donc les causes, les méthodes de préventions ainsi que les traitements possibles pour les troubles psychiatriques iatrogènes ?

Troubles psychiatriques iatrogènes : présentation

Les maladies iatrogènes font référence à l’ensemble des effets néfastes qu’un traitement ou une procédure médicale peut provoquer chez un patient. Les troubles iatrogènes se produisent lorsqu’un traitement déclenche de nouveaux symptômes, autres que ceux qu’il est censé traiter. Ces troubles peuvent survenir avec ou sans mauvaise utilisation d’un médicament, et ce, quelle que soit la personne responsable de cette mauvaise utilisation.

Les troubles iatrogènes ne doivent donc pas être confondus avec les « erreurs médicales ». Les troubles iatrogènes sont la conséquence de la prise d’un certain médicament, même si l’indication et le dosage sont corrects. Il est ainsi possible d’être victime d’un trouble iatrogène sans que le médecin prescripteur soit fautif.

Les troubles psychiatriques iatrogènes sont des troubles iatrogènes qui affectent la santé psychologique et non la santé physique de la victime. En d’autres termes, ils agissent sur le mental de celui qui en souffre. Ces troubles comprennent entre autres :

  • Dépression, suicidalité
  • Crises de panique, anxiété et troubles de l’humeur
  • Insomnie
  • Léthargie
  • Syndrome sérotoninergique
  • Agitation, confusion
  • Hypocondrie
  • Dysfonction sexuelle
  • Psychose, hallucinations, manie
  • Émoussement émotionnel
  • Anhédonie
  • Dépendance aux drogues

Troubles psychiatriques iatrogènes : Causes

Les troubles psychiatriques iatrogènes peuvent avoir diverses causes. La plupart du temps, elles sont d’origine médicamenteuse (effets indésirables de médicaments, utilisations excessives, etc.). Toutefois, elles peuvent être également être dû à des erreurs ou négligences médicales, des procédures inappropriées, des traitements dangereux, etc.

Chez certains individus notamment les personnes âgées, ces troubles sont dus à l’altération des fonctions physiologiques (insuffisance hépatique, insuffisance rénale, déshydratation). Cette altération va agir sur le cycle allant de l’absorption à l’élimination de certains médicaments dans leurs corps, ce qui provoque donc des troubles indésirables.

Origine médicamenteuse

Les médicaments sont la principale cause des troubles psychiatriques iatrogènes. Toutefois, ils ne provoquent pas ces troubles par hasard, mais plutôt en cas de :

  • Surdosage (la prise anarchique de médicaments)
  • Automédication ou de poly médication
  • Allergie ou intolérance à certains comprimés ou substances médicamenteuses (les antalgiques, les antibiotiques, anti-inflammatoires, etc.)
  • Mauvais dosage

Médicaments responsables

Bien que les médicaments responsables de ces troubles soient très nombreux, il en existe certains qui reviennent le plus souvent. Il s’agit notamment des :

  • Neuroleptiques

Les neuroleptiques sont connus pour être des dépresseurs en cas d’utilisation prolongée. Ces tableaux dépressifs doivent être distingués de leurs effets inducteurs d’un syndrome ciné-hypertenseur et d’indifférence.

  • Antidépresseurs

Les antidépresseurs sont composés de certains principes actifs qui agissent sur le cerveau. En tant que médicaments psychotropes, ils ont un impact sur le corps et l’esprit. Leurs effets secondaires se manifestent principalement au niveau du comportement. En effet, les patients se plaignent souvent d’une agitation et d’une irritation inexpliquées.

Les répercussions les plus graves sont sans doute celles affectant la mémoire. Malheureusement, les antidépresseurs provoquent des lésions cérébrales, ce qui peut entraîner des chutes et même le suicide chez les personnes âgées.

  • Digitalines

Ils sont à l’origine de l’apparition de signes neuropsychiques tels que des troubles du sommeil, des maux de tête, une coloration de la vision, etc. Les altérations de la vigilance et les délires hallucinogènes peuvent être les premiers signes d’intoxication.

  • Pilules contre l’hypertension

Il existe plusieurs types de médicaments contre l’hypertension artérielle. Bien que ces médicaments aient pour but principal de lutter contre pression artérielle, ils peuvent toutefois être source d’accidents iatrogènes. Ils peuvent par exemple provoquer l’altération de la fonction rénale, la toux (sèche ou grasse), des troubles du comportement ainsi que des troubles psychologiques.

  • Contraceptifs oraux

Les contraceptifs oraux sont souvent responsables de l’apparition de troubles psychiques mineurs. Ces troubles sont souvent des manifestations dépressives, surtout dans le cas les produits contenant des progestatifs.

  • Antalgiques à base de morphine

Il est indéniable que les antalgiques de niveau 2 et 3 permettent de soulager les douleurs d’intensités modérées et sévères. Toutefois, ils doivent être utilisés avec prudence. En effet, vu qu’ils contiennent (presque) des opioïdes, ils sont souvent responsables de :

  • Problèmes de digestion
  • Difficultés respiratoires
  • Problèmes neuropsychologiques
  • Forte dépendance psychologique et physique (la dépendance peut entraîner une surdose involontaire et mortelle).

Ces troubles sont juste les plus observés et non les seuls que les antalgiques sont susceptibles de causer.

  • Antituberculeux

Ces médicaments peuvent être à l’origine d’épisodes de délires, dépressifs ou encore confuso-maniaques.

  • L-dopa

Ce médicament est susceptible de provoquer de l’anxiété, de l’agitation, une dépression ainsi que des troubles délirants chez un sujet souffrant de la maladie de parkinson. Ces troubles se manifestent généralement après plusieurs mois de traitement et sont plus fréquents chez les sujets déficients ou ayant des antécédents de troubles psychiatriques.

  • Corticoïdes

Les corticoïdes ayant les mêmes effets que dans le syndrome de Cushing peuvent provoquer des troubles psychiatriques iatrogènes. La plupart du temps, il s’agit de symptômes dépressifs modérés, parfois d’anxiété, d’euphorie, d’irritabilité ou d’insomnie. Plus rarement, on assiste à une mélancolie délirante ou encore un état maniaque. La schizophrénie est beaucoup plus rare, et se manifeste sous forme de graves crises d’hallucinations.

  • Médicaments anticholinergiques

Les anticholinergiques peuvent provoquer une psychose atropinique iatrogène. Le risque de ces effets secondaires resterait présent même avec les collyres anticholinergiques. L’usage de ces médicaments en milieu peut être à l’origine d’accidents toxiques qui ne seront pas reconnus, car lié à tort à la maladie psychiatrique en cours.

  • Hypoglycémiants

Ils peuvent être à l’origine des troubles psychologiques comme des manifestations dysphoriques et des altérations des fonctions intellectuelles. Ces troubles interviennent souvent en cas de surdosage.

  • Traitements antipaludiques

Les médicaments antipaludiques peuvent entraîner de l’anxiété voire de la dépression ainsi que de graves épisodes de délire. Ils peuvent également provoquer l’apparition d’épisodes dépressifs chez les patients qui suivent un traitement pour une maladie maniaco-dépressive.

Troubles psychiatriques iatrogènes : Préventions

Les troubles psychiatriques iatrogènes

Le risque iatrogène doit être pris en compte dans le traitement des personnes âgées et des enfants, qui constituent les personnes les plus touchées par les troubles psychiatriques iatrogènes. Cela est d’autant plus important lorsque le trouble iatrogène met en danger ou est susceptible de mettre en danger la vie du patient. Heureusement, il existe plusieurs moyens de préventions contre ces troubles.

Éviter la surmédication

La surmédication est un problème croissant chez tous les individus, notamment chez les vieux. Plus le nombre de médicaments prescrits est élevé, plus le risque iatrogène d’effets indésirables, d’interactions et d’hospitalisations augmente. Au fur et à mesure qu’une personne vieillit, les médecins et les praticiens ont tendance à poser des diagnostics supplémentaires de troubles, y compris de maladies mentales. Toutefois, il arrive qu’ils négligent entièrement l’identification des effets indésirables cumulatifs des médicaments. Par conséquent, ces effets indésirables sont généralement considérés comme des maladies à part entière et donc accompagnés d’autres médicaments. Le médecin traite alors le patient comme s’il souffrait de troubles multiples, alors qu’il s’agit en fait d’une surmédication. Ce phénomène est malheureusement devenu un modèle médical prédominant. Éviter la surmédication permet donc d’éviter les troubles iatrogènes.

Faire plus attention aux médicaments à risques

Il existe plusieurs médicaments qui sont connus comme étant des médicaments à risques. Les patients doivent être vigilants lors de l’utilisation de ces médicaments. Ils doivent respecter à la lettre le dosage prescrit et doivent se faire suivre par un médecin durant toute la durée du traitement. Aussi, lorsque cela est possible, les patients doivent toujours opter pour des médicaments alternatifs moins dangereux que ceux initialement proposés.

Chercher à connaître les effets secondaires des médicaments

Les médicaments tels que le méthylphénidate ainsi que certains antidépresseurs sont connus pour contribuer et provoquer des effets secondaires indésirables. Les médecins n’avertissent pas toujours leurs patients de ces effets secondaires, car ils sont trop occupés à vouloir les guérir du mal actuel dont ils souffrent. La drogue pour engourdir les symptômes n’est pas une véritable guérison. Avec plus d’attention et une meilleure compréhension des effets secondaires de chaque médicament, les patients pourraient éviter d’avoir à faire face à des effets indésirables.

Informer son médecin de ses antécédents médicaux

À chaque consultation avec son médecin traitant, il est primordial que le patient informe ce dernier de tout événement susceptible de modifier l’efficacité ou la tolérance à un traitement. S’il s’agit d’un nouveau médecin, il faudra que le patient lui fournisse ses antécédents médicaux au complet. Cela permettra au médecin de connaître les différentes maladies dont a souffert ou souffre le patient, afin qu’il puisse savoir quel médicament prescrire et lesquels éviter.

Troubles psychiatriques iatrogènes : Traitement

Il n’existe pas de traitement fixe contre les troubles psychiatriques iatrogènes.

Pour traiter les effets secondaires liés à un médicament ou à un traitement donné, il est généralement nécessaire d’arrêter le traitement/le médicament et de chercher une alternative à celui-ci. Par exemple, un antiulcéreux peut servir à remplacer des anti-inflammatoires, ou des antifongiques peuvent être prescrits pour remplacer des antibiotiques.

D’autres fois, il suffit de corriger le déséquilibre provoqué par le médicament en administrant d’autres médicaments qui sont bien évidemment sans effet secondaire. Cela doit être fait sous la supervision d’un médecin ou d’un praticien.

Un régime strict peut également être prescrit afin d’apporter au patient les éléments dont son corps a besoin pour mieux faire face à ses troubles.

 

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