Santé

Œdème aigu du poumon (OAP) : sémiologie, étiologies, diagnostic

L’œdème aigu du poumon est une condition pathologique se caractérisant par une accumulation importante de liquide dans les organes pulmonaires. Il représente dans la plupart des cas la conséquence d’un dysfonctionnement cardiaque, mais peut également avoir une origine extracardiaque. Sur le plan clinique, il provoque des manifestations sévères pouvant évoluer vers une détresse respiratoire. En milieu clinique, sa prise en charge consiste en une hospitalisation et une médication. À domicile, pour minimiser les risques, une conduite spécifique est à tenir.

Œdème aigu du poumon (OAP) : présentation

L’œdème aigu du poumon, OAP est une pathologie dans laquelle il s’observe une infiltration de liquides dans les poumons. Plus particulièrement, dans les tissus extravasculaires, les espaces interstitiels et les alvéoles. Il survient principalement dans la population des personnes âgées et affecte non préférentiellement les femmes et les hommes. Il s’agit d’une pathologie acquise et cela implique qu’il n’est ni congénital ni héréditaire. De même, il est non contagieux.

Les étiologies des œdèmes aigus du poumon sont multiples et diversifiées. Elles peuvent être de nature cardiaque ou extracardiaque. En outre, on estime que la maladie survient généralement en présence d’un certain nombre de facteurs de risque. Ces derniers sont d’ordre alimentaire, environnemental et médical.

L’évolution d’un œdème aigu du poumon varie beaucoup d’un patient à l’autre. Dans tous les cas, il apparaît d’importants troubles d’échanges gazeux. En effet, dans l’œdème aigu pulmonaire, on observe une altération de la circulation pulmonaire. Le sang n’est donc plus correctement éjecté et va passer dans les poumons.

Les fonctions pulmonaires ainsi que les échanges gazeux connaissent alors une altération importante. C’est à cela que sont dues les différentes manifestations cliniques des œdèmes aigus du poumon.

Au sens médical du terme, l’œdème aigu du poumon est une maladie non bénigne. Il peut donc avoir un impact sur le pronostic vital du patient. Pour cela, on le considère comme une urgence médicale. Ainsi, dans les hôpitaux il fait l’objet d’une prise en charge immédiate et adaptée.

De plus, même à domicile, quand on observe des signes qui l’évoquent, il est important de respecter certaines lignes de conduite. Autrement, il peut survenir de graves complications.

Œdème aigu du poumon (OAP) : typologie

On distingue deux principaux types d’œdèmes aigus du poumon. Il s’agit de l’œdème aigu du poumon cardiogénique et de l’œdème aigu du poumon non cardiogénique.

Œdème aigu du poumon cardiogénique

L’œdème aigu du poumon cardiogénique est le type d’œdème pulmonaire le plus courant. Il représente près de 75 % des cas totaux d’œdèmes aigus du poumon diagnostiqués en milieu hospitalier. D’ordinaire, il présente une origine cardiaque. On estime qu’il est le résultat d’une modification des pressions hydrostatique et sanguine à l’intérieur des vaisseaux.

Œdème aigu du poumon non cardiogénique

L’œdème aigu du poumon non cardiogénique par opposition à l’œdème cardiogénique présente une origine extracardiaque. Il présente une faible prévalence et survient en réponse à une modification de la perméabilité des vaisseaux irriguant les poumons. D’habitude, il se développe en cas d’agression ou de lésion de l’organisme.

Œdème aigu du poumon (OAP) : sémiologie

Le tableau clinique d’un œdème aigu du poumon comprend divers symptômes. Ces derniers peuvent varier d’un patient à l’autre en fonction des étiologies de la maladie. Généralement, néanmoins, ils incluent principalement :

  • La dyspnée ;
  • La toux ;
  • La sensation d’étouffement ;
  • La cyanose ;
  • L’hémoptysie
  • L’état de détresse respiratoire.

L’œdème aigu du poumon peut également causer une modification de la tension artérielle de même qu’une accélération du pouls. Une hypotension provoquant une modération de la pression artérielle systolique à moins de 100 mmHg constitue un critère de gravité. Par ailleurs, dans certains cas extrêmes, le tableau clinique peut se composer de symptômes autres que ceux susmentionnés.

Dyspnée

Dans l’œdème aigu du poumon, la plupart des patients décrivent la dyspnée comme une difficulté à respirer. Elle est présente même en position assise et constitue l’un des symptômes les plus évocateurs de la maladie. En effet, elle apparaît à une intensité variable chez plus de 90 % des patients.

Habituellement, la dyspnée s’accompagne de divers symptômes cliniques. Il y a par exemple les sueurs intenses et la polypnée qui se traduit par un accroissement du rythme respiratoire. Quand elle est extrême, la dyspnée peut évoluer vers une angoisse importante, l’agitation et l’anxiété.

Toux

À l’instar de la dyspnée, la toux est aussi l’un des symptômes les plus évocateurs de l’œdème du poumon. Généralement, il s’agit d’une toux grasse et productive. Les expectorations sont roses et d’aspect mousseux. Dans les formes les plus graves, la toux peut être quasi constante et le patient peut présenter une écume buccale.

Sensation d’étouffement

La sensation d’étouffement représente une conséquence directe de la dyspnée extrême et de la toux. Elle est présente chez nombre de patients qui la décrivent comme une incapacité à respirer convenablement. Elle s’accompagne d’une difficulté à parler et à tousser.

On la considère comme un critère de sévérité de l’œdème aigu du poumon. Quand elle apparaît, des soins d’urgence sont requis sinon le risque de décès est accru.

Cyanose

La cyanose concerne au moins un patient sur deux patients souffrant d’œdème aigu du poumon. Il s’agit d’une coloration bleue des tissus cutanés résultant d’une faible oxygénation du sang. Dans la plupart des cas, elle vient en même temps qu’une pâleur, une torpeur et des marbrures périphériques.

Hémoptysie

Dans l’œdème aigu du poumon, l’hémoptysie apparaît au stade avancé. Elle est rarement franche et se traduit par le rejet de sang par la salive. Le sang provient généralement des voies pulmonaires et souvent il s’agit de traces et non de quantités importantes.

État de détresse respiratoire

L’état de détresse respiratoire concerne environ 25 % des patients souffrant d’œdème aigu du poumon. Généralement, on peut le prévenir avec des soins adaptés, car il n’apparaît qu’au stade avancé de la maladie.

Habituellement, il survient brutalement et le patient peine à respirer. Comme la sensation d’étouffement, il peut conditionner le pronostic vital du patient. Pour cela, il constitue une urgence médicale et requiert une intervention rapide.

Autres symptômes

Les autres manifestations cliniques par lesquelles un œdème aigu du poumon peut se manifester comprennent :

  • Les grésillements laryngés ;
  • Les douleurs angineuses ;
  • Les douleurs thoraciques ;
  • La respiration bruyante ;
  • L’asthme cardiaque.

Il y a, pour finir, les signes d’une insuffisance ventriculaire qui peuvent également apparaître. Il y a entre autres l’apparition d’œdèmes périphériques et la distension brusque des veines présentes dans le cou.

Œdème aigu du poumon (OAP) : étiologies

Œdème aigu du poumon (OAP)

Les étiologies des œdèmes aigus du poumon sont multiples et diversifiées. On les répartit suivant leur nature en deux groupes. Ainsi, on distingue les étiologies cardiaques et les étiologies extracardiaques.

Étiologies cardiaques d’un œdème aigu du poumon

La principale étiologie cardiaque d’un œdème aigu du poumon est l’insuffisance coronarienne aiguë. Il s’agit d’une condition pathologique se caractérisant par l’obstruction des artères coronaires par des plaques d’athérome. Elle est responsable d’une faible vascularisation du myocarde et provoque un défaut d’oxygénation du cœur.

Généralement, on l’associe à de nombreuses affections cardiaques, mais aussi à des apports excessifs de cholestérol LDL. C’est la première cause des œdèmes aigus du poumon de type cardiogénique.

Outre l’insuffisance coronarienne, d’autres étiologies cardiaques peuvent justifier la formation d’un œdème aigu du poumon. Il s’agit, principalement :

  • De l’infarctus du myocarde ;
  • De la cardiomyopathie dilatée ;
  • De la pathologie valvulaire aortique ou mitrale.

Il y a aussi les arythmies qui peuvent constituer une étiologie cardiaque de l’œdème aigu du poumon. En effet, elles peuvent, à l’instar des affections citées plus haut, induire une insuffisance coronarienne aiguë.

Étiologies extracardiaques d’un œdème aigu du poumon

La stimulation des médiateurs inflammatoires représente la principale étiologie extracardiaque d’un œdème aigu du poumon. On estime qu’elle est à l’origine de près de 90 % des cas d’œdèmes pulmonaires non cardiogéniques. Elle peut survenir en réponse à des agressions directes ou indirectes de l’organisme.

Les agressions directes pouvant entraîner la formation d’un œdème aigu du poumon se produisent souvent dans les conditions suivantes :

  • L’aggravation d’une infection pulmonaire ;
  • L’inhalation de quantité importante de fumées ;
  • Les noyades ;
  • Les antécédents médicaux de pneumopathies étendues ;
  • Les traumatismes thoraciques.

Les agressions indirectes associées à l’apparition d’un œdème pulmonaire s’observent quant à elles en cas de pancréatite ou de sepsis.

Œdème aigu du poumon (OAP) : facteurs de risque

Le risque de développer un œdème aigu du poumon connaît une exacerbation en présence de certains facteurs. Il s’agit, notamment :

  • De la malnutrition ;
  • Des antécédents médicaux de cirrhose ;
  • Des antécédents médicaux de syndrome néphrotique ;
  • De la présence d’une pathologie rénale sévère.

Il y a aussi l’âge qui constitue un facteur de risque majeur des œdèmes aigus du poumon. En effet, la maladie affecterait les personnes âgées plus que les jeunes.

Œdème aigu du poumon (OAP) : diagnostic

Le diagnostic d’un œdème aigu du poumon repose sur un examen clinique et un certain nombre d’examens complémentaires.

Examen clinique

L’examen clinique est le point de départ du diagnostic d’un œdème aigu du poumon. Il consiste en une observation directe du patient et ne nécessite l’usage d’aucune machine en particulier.

Durant son déroulement, le prestataire qui généralement est un médecin recherche les signes cliniques évocateurs de la maladie. Par exemple la dyspnée, les râles pulmonaires crépitants, la cyanose, etc. L’examen clinique dure généralement moins d’une heure et se réalise dans un hôpital.

Dans la plupart des cas, on l’accompagne d’un court interrogatoire si le patient est en mesure de parler. Il permet d’établir l’anamnèse de la maladie et peut donner des orientations étiologiques.

Durant l’interrogatoire, en effet, le médecin peut questionner le patient sur ses antécédents médicaux. Il peut alors voir s’il souffre d’une maladie susceptible de causer un œdème aigu du poumon. Ou sinon, il peut toujours voir s’il a subi une agression récente. L’examen clinique s’achève habituellement par la prise de quelques constantes. Notamment la tension artérielle qui connaît d’importantes modifications en cas d’œdèmes aigus du poumon.

Examens complémentaires

Dans le cadre du diagnostic d’un œdème aigu du poumon, divers examens peuvent compléter l’examen clinique. Il y a principalement :

  • La radiographie thoracique qui permet d’obtenir des images des différentes structures contenues par le thorax. Elle permet d’apprécier l’aspect des poumons en vue de dire ou non s’ils sont gonflés ;
  • L’ECG qui permet de préciser les étiologies de l’œdème aigu du poumon. Elle recherche les signes d’affections cardiaques telles que l’infarctus du myocarde, la cardiomyopathie dilatée et la cardiopathie hypertensive ;
  • Les examens sanguins tels que le dosage de marqueurs cardiaques (BNP/NT-proBNP) et des gaz du sang, l’ionogramme, la créatinine et l’urée. Ils permettent de confirmer le diagnostic de la maladie.

Il est possible que le médecin ne prescrive pas systématiquement l’ensemble de ces examens au patient. Tout dépend des orientations diagnostiques et étiologiques découlant de l’examen clinique.

Œdème aigu du poumon (OAP) : conduite à tenir à domicile

Œdème aigu du poumon (OAP)

La prise en charge des patients souffrant d’un œdème aigu du poumon repose sur une hospitalisation en réanimation cardiologique. La conduite à tenir quand le patient est encore à la maison dépend du tableau clinique.

Absence de signe d’hypotension et de choc

Lorsqu’on n’observe aucun signe clinique d’hypotension et de choc, la conduite à tenir est :

  • Mettre le patient en position assise avec les jambes pendantes ;
  • Administrer des nitrés par voie sublinguale au patient ;
  • Administrer LASILIX, solution buvable au patient (entre 40 et 80 mg en maximum 5 minutes).

À défaut du LASILIX, on peut administrer des ampoules de BURINEX au patient. La dose à administrer dans ce cas varie de 2 à 4 mg.

Présence de signe de gravité et d’une hypotension

Quand le patient présente une forme grave d’œdème aigu du poumon avec hypotension, il faut :

  • Prévenir rapidement le SAMU ;
  • Le maintenir en position assise avec les jambes pendantes ;
  • Lui administrer entre 20 à 40 mg LASILIX par voie intraveineuse directe.

Dans ce cas aussi, il est possible d’utiliser du BURINEX à la place du LASILIX.

Suspicion de causes coronariennes

En cas de suspicion de causes coronariennes, il faut pour commencer appeler le SAMU. Ensuite, il faut administrer de l’aspirine au patient per os. La dose d’aspirine à administrer peut varier de 250 à 500 mg. À défaut de l’aspirine, il est possible d’administrer la même dose d’Aspégic par voie intraveineuse directe au patient.

 

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