Santé

Légionellose : formes, causes, symptômes, traitement

La légionellose est une pathologie potentiellement grave qui fait une moyenne de 1500 victimes par année en France. Non contagieuse, elle affecte principalement les personnes d’âge supérieur à 50 ans et celles présentant un facteur de risque. Elle survient en réponse à l’infestation de l’organisme par une bactérie transmise à l’homme par voie respiratoire.

Les manifestations de la légionellose sont nombreuses et varient suivant le degré de sévérité de la maladie. Elles comprennent des symptômes communs aux pneumopathies comme la toux et les difficultés respiratoires. En milieu hospitalier, le traitement de la légionellose repose généralement sur une médication.

Légionellose : présentation

La légionellose correspond à une pneumopathie infectieuse découverte dans les années 1976. On la désigne également en souvenir de ses origines par les appellations « maladie du légionnaire » ou « pneumonie légionelles ». En effet, les premiers cas de légionellose dans le monde étaient apparus durant un congrès organisé par L’American Legion. À l’époque, elle avait fait environ 182 victimes et causé la mort de 29 congressistes.

Depuis lors, la légionellose n’a cessé de faire des victimes dans le monde. Elle figure du fait de sa gravité, parmi les maladies à déclaration obligatoire dans de nombreux pays. Il y a par exemple, la France, le Canada et la Belgique.

On distingue, à ce jour, plusieurs formes de légionellose. Une bactérie spécifique est responsable de leur survenue et elles font plusieurs milliers de victimes dans le monde chaque année. Elles surviennent rarement chez les enfants et n’ont généralement aucun impact sur le pronostic vital.

Légionellose : formes

On répertorie selon le degré de sévérité de la légionellose deux formes, à savoir : la légionellose bénigne et la légionellose sévère.

Légionellose bénigne

La légionellose bénigne également connue sous le nom de fièvre de Pontiac correspond à la forme la plus fréquente. Elle représente près de 90 % des cas de légionellose et s’apparente à un simple syndrome grippal. Elle est sans gravité et n’entraîne presque jamais de décès. Pour cela, elle est sous-diagnostiquée et souvent non traitée. Dans la plupart des cas, cependant, les symptômes de la légionellose bénigne régressent spontanément au bout de quelques jours.

Légionellose sévère

La légionellose sévère est moins fréquente que la légionellose bénigne. À l’opposé de cette dernière, elle entraîne de nombreux désordres pulmonaires. En effet, dans la légionellose sévère, les bactéries responsables de la maladie prolifèrent à l’intérieur des alvéoles pulmonaires. Il s’ensuit alors une perturbation des échanges de dioxyde de carbone et d’oxygène dans le sang.

Ordinairement, la légionellose sévère survient dans un contexte de vulnérabilité de l’hôte. Elle présente une issue péjorative dans 10 % des cas et entraîne d’importantes complications chez les victimes immunodéprimées. Non traités, les symptômes perdurent et évoluent vers des pneumopathies graves.

Légionellose : causes

La principale cause connue de la légionellose quelle que soit la forme considérée est l’exposition aux légionelles. Il s’agit de bactéries présentes naturellement dans la boue et l’eau qui peuvent être transmises à l’homme. Voir plus d’informations à leur propos dans les sections suivantes.

Légionelles : caractéristiques générales

Les légionelles regroupent différentes espèces de bactéries antédiluviennes de genre Legionella. Elles sont de Gram négatif et les réseaux hydriques constituent les principaux points favorables à leur croissance. Par conséquent, elles colonisent fréquemment :

  • Les dispositifs de climatisation ;
  • Les tours aéroréfrigérantes ;
  • Les brumisateurs de la vapeur d’eau ;
  • Les pommeaux de douches ;
  • Les dispositifs sanitaires de distribution d’eau chaude.

Dans l’ordre normal des choses, les légionelles se multiplient à une température moyenne de 35 °C. À des températures faibles (inférieur à 10 °C) ou à contrario trop élevées (supérieur à 60 °C), elles sont détruites. Outre la température, nombre de facteurs interfèrent dans la croissance des légionelles dans l’eau. Il y a principalement les dépôts de tartre, la corrosion, les dépôts minéraux et organiques et les biofilms bactériens.

Légionelles : espèces responsables de la légionellose

Le genre bactérien Legionella se compose de plus de soixante espèces de légionelles. Cependant, seulement quelques espèces peuvent causer la légionellose. Il s’agit principalement de la :

  • Legionella pneumophila ;
  • Legionella longbeachae ;
  • Legionella micdadei ;
  • Legionella bozemanii.

Les autres espèces de légionelles malgré leur virulence sont rarement associées à la survenue de cette pathologie.

Légionelle : mode de transmission

La transmission de la légionelle à l’homme se fait par voie respiratoire et principalement par inhalation d’aérosol contaminé. En effet, à l’intérieur des réseaux d’eau contaminés, se forment généralement de fines gouttelettes de vapeurs respirables. Ces dernières également appelées « aérosols » assurent la diffusion de la légionelle dans l’air. L’homme peut alors contracter la bactérie rien qu’en inspirant l’air contaminé.

À ce jour, on n’a répertorié aucun cas de transmission de légionellose par voie orale. Il en est de même pour la transmission interhumaine. Théoriquement, une personne ne peut donc contracter la légionellose après avoir été en contact avec une personne ou une eau infectée. Par ailleurs, la transmission de la légionellose de la mère à l’enfant durant la grossesse se fait rarement.

Légionellose : facteurs de risque

Légionellose

Les facteurs de risque de la légionellose sont nombreux. Ils comprennent principalement :

  • le degré de virulence de la souche bactérienne ;
  • les pneumopathies ;
  • le tabagisme ;
  • l’immunodépression ;
  • la transplantation ;
  • les maladies chroniques comme le diabète et l’insuffisance rénale.

D’ordinaire, au contact de la bactérie légionelle, les personnes présentant un facteur de risque sont plus enclines à souffrir de la légionellose.

Degré de virulence de la souche bactérienne

Les souches bactériennes de légionellose sont réparties en plusieurs groupes selon leur niveau de virulence. Ainsi, on distingue les souches de légionelles de sérogroupe 1 et les souches de légionelles de sérogroupe 2. Toutes ces variantes de légionelles sont virulentes. Cependant, les souches de légionelles de sérogroupe 1 seraient plus virulentes que les autres.

Elles constituent, en réalité, un facteur important de risque de la légionellose. En effet, les personnes ayant contracté une légionelle de sérogroupe 1 sont les plus exposées à la maladie. Comparativement aux personnes infectées par les légionelles de sérogroupe 2, on retrouverait dans ces populations beaucoup plus de cas de légionellose.

Pneumopathies

Les pneumopathies regroupent un ensemble de maladies ayant trait aux poumons. Elles traduisent, pour la plupart, un dysfonctionnement de l’appareil respiratoire et affectent préférentiellement les adultes. Peu importe leur gravité, elles rendent le patient vulnérable aux maladies comme la légionellose.

Lorsque l’hôte contracte une légionelle alors qu’il présente déjà une pneumopathie, les alvéoles pulmonaires sont plus rapidement affectés. La maladie se déclenche alors plus rapidement que chez un sujet sain et s’accompagne souvent de signes de gravité. La plupart des complications de la légionelle surviennent habituellement dans un environnement de comorbidités respiratoires.

Tabagisme

Le tabagisme est une composante du mode de vie qui se caractérise par des prises chroniques et répétées de tabac. Il participe à la survenue de plusieurs maladies chroniques et pneumopathies en particulier. Par exemple, la broncho-pneumopathie chronique obstructive, l’insuffisance respiratoire et l’emphysème pulmonaire. Dernièrement, on l’a également identifié comme un facteur de risque de la légionellose.

Plusieurs études ont relevé une prédominance de cas de légionellose dans les populations de fumeurs. Les personnes exposées au tabagisme présenteraient donc, comparativement aux autres, un risque important de faire la légionellose. Il est à noter, par ailleurs, que le tabagisme passif est tout aussi nocif que le tabagisme actif. Par conséquent, même les personnes ne fumant pas, mais résidant à proximité de fumeurs présentent un risque important de légionellose.

Immunodépression

L’immunodépression traduit une déficience importante du système immunitaire. Elle s’accompagne d’une altération de la qualité des réactions de défense dans l’organisme. En effet, la fonction principale du système immunitaire est d’orchestrer les mécanismes physiologiques de défenses. Il assure entre autres la suppression des antigènes quand ils intègrent l’organisme. Il concourt aussi à la prévention de plusieurs maladies.

Dans les conditions physiologiques normales, le système immunitaire empêche le déclenchement de la légionellose en supprimant la légionelle. Cependant, en cas d’immunosuppression, il se trouve dans l’incapacité d’éliminer la bactérie. Par conséquent, la probabilité qu’elle atteigne les alvéoles pulmonaires et cause la légionellose connaît une majoration. Pour cette raison, l’immunodépression est considérée comme facteur majeur de risque de la légionellose.

D’après plusieurs études concordantes, chez les personnes immunodéprimées ayant contracté une légionelle, le risque de légionellose est doublé. Elles se doivent donc d’éviter de s’exposer aux légionelles en adoptant des mesures préventives idoines.

Transplantation

En médecine générale, la transplantation désigne une opération caractérisée par un transfert de tissus corporels à un individu. Elle est généralement réalisée pour pallier une affection précise et comporte de nombreux risques. L’un des plus redoutés est la suppression de l’immunité. En effet, pour empêcher l’organisme de lutter contre les tissus greffés, on met généralement le patient sous immunosuppresseurs. Par conséquent, le système immunitaire n’accomplit plus ses fonctions ce qui rend le malade vulnérable face à plusieurs maladies infectieuses.

Dans le cas d’une légionellose, par exemple, l’organisme ne lutte pas contre les légionelles. Elles évoluent alors très rapidement et infectent les alvéoles pulmonaires dans un plus court délai. La transplantation constitue au vu de cela un facteur prépondérant de risque de légionellose. Pour cela, on recommande aux personnes transplantées d’éviter de s’exposer aux légionelles.

Maladies chroniques (diabète, insuffisance rénale)

Les maladies chroniques, dont le diabète et l’insuffisance rénale affaiblissent le système immunitaire. Elles altèrent la qualité des réponses immunitaires contre le non-soi favorisant ainsi la multiplication des bactéries dans l’organisme. Elles représentent, par conséquent, des facteurs de risque importants de la légionellose. Les populations de personnes souffrant d’une maladie chronique sont globalement plus enclines à faire la maladie que les autres.

Légionellose : symptômes

La légionellose se manifeste par des symptômes variés. Ces derniers peuvent être répartis en trois groupes. Il s’agit des :

  • Symptômes généraux ;
  • Symptômes pulmonaires ;
  • Symptômes extra-pulmonaires.

Pour chaque classe de symptômes, voir plus d’informations dans les rubriques ci-dessous.

Symptômes généraux

Les symptômes généraux de la légionellose correspondent à des manifestations non spécifiques à l’infection de l’organisme par les légionelles. Ils peuvent être retrouvés dans le cadre de plusieurs autres maladies. Il s’agit généralement de symptômes peu sévères et facilement modulables, par exemple :

  • une altération générale de l’état avec une sensation de mal-être inexpliqué ;
  • un malaise ;
  • des céphalées ;
  • une forte fièvre.

Dans la légionellose sévère, la température du corps excède 40 °C dans près de 50 % de cas. La plupart du temps, elle s’accompagne de frissons.

Symptômes pulmonaires

Les symptômes pulmonaires de la légionellose concernent comme l’indique leur nom les poumons. Ils sont un peu plus sévères que les symptômes généraux de la maladie. Ils regroupent :

  • Une toux qui peut être sèche ou parfois non. Dans le dernier cas, elle s’accompagne de la production de substances expectorantes ;
  • Une dyspnée qui entraîne des difficultés à respirer ;
  • Les signes d’une embolie pulmonaire ;
  • Une hémoptysie qui se traduit par l’observation de traces de sang dans les crachats.

Dans certains cas graves, la légionellose peut entraîner des symptômes pulmonaires plus graves tels qu’un angor thoracique.

Symptômes extra-pulmonaires

Les symptômes extra-pulmonaires de la légionellose se rapportent à des organes autres que les poumons. Ils sont parfois très redoutés. Il s’agit, principalement :

  • Des manifestations neurologiques comme la confusion, la désorientation, l’obnubilation, la léthargie, le coma, les délires et les hallucinations ;
  • Des douleurs musculaires (myalgies) d’intensité variable ;
  • Des troubles digestifs tels que la diarrhée, les nausées, les vomissements et les douleurs abdominales.

Certains des signes extra-pulmonaires comme le coma requièrent une intervention médicale en urgence. Autrement, le pronostic vital du patient pourrait être impacté.

Légionellose : traitement

Le traitement de la légionellose repose généralement sur l’administration d’antibiotiques au malade. Divers antibiotiques peuvent être utilisés. Cependant, en première intention on utilise souvent la fluoroquinolone.

Le tableau ci-dessous résume les principaux antibiotiques à utiliser en cas de légionellose ainsi que leurs posologies usuelles et modes d’administration.

Antibiotiques Posologie usuelle recommandée Mode d’administration
Lévofloxacine 500 mg toutes les 24 h Per os ou par voie intraveineuse
Azithromycine 500 mg toutes les 24 h Voie orale
Ciprofloxacine 400 mg toutes les 8 h Voie intraveineuse
Clarithromycine 500 mg toutes 12 h Per os
Doxycycline 100 mg toutes les 12 h Per os ou par voie intraveineuse
Minocycline 100 mg toutes les 12 h Per os ou par voie intraveineuse
Ofloxacine 400 mg toutes les 12 h Per os ou par voie intraveineuse
Rifampicine 300 à 600 mg chaque 12 h Voie intraveineuse ou per os

Par ailleurs, selon le tableau clinique, les posologies usuelles des antibiotiques peuvent être revues.

 

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