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La migraine chez l’enfant : Causes, diagnostic et traitements

La migraine est une pathologie qui touche aussi bien les adultes que les enfants et les adolescents. Bien qu’elle soit connue du grand public, elle ne fait malheureusement pas l’objet d’une grande attention. Lorsqu’elle apparaît chez les enfants et les adolescents, elle est considérée et soignée à tort comme un mal passager.

Pourtant, il s’agit d’un problème de santé qui peut affecter gravement la qualité de vie des plus jeunes. Pour éviter toute complication due à cette maladie, il est nécessaire d’en connaître au préalable les causes, les manifestations et les options de traitements.

Migraine : Présentation

Les migraines chez l’enfant et l’adolescent constituent un mal de tête caractérisé par une série de crises douloureuses. La migraine se différencie des simples maux de tête par les nombreux symptômes qu’elle possède. Elle agit généralement en trois étapes. La première étape est celle de l’apparition des signes annonciateurs d’une céphalée. Ces signes prémonitoires apparaissent quelques heures (ou quelques jours dans certains cas) avant le déclenchement de la première crise migraineuse. Cette étape s’accompagne d’un grand inconfort chez le malade et d’un déficit neurologique.

La seconde phase est celle durant laquelle la douleur se déclenche chez la personne migraineuse. Elle s’accompagne d’une grande sensibilité au bruit et à la lumière notamment.

La dernière phase de la crise migraineuse fait apparaître divers symptômes éprouvant le malade psychologiquement et physiquement.

Considérée comme la première cause d’apparition des céphalées chez les plus jeunes, la migraine touche entre 5 % et 10 % des enfants d’une part. D’autre part, elle atteint entre 10 % et 15 % des adolescents. Les symptômes et la gravité de la migraine varient en fonction de l’âge, mais surtout en fonction du type de migraine en cause. Il existe en effet une classification des diverses formes de migraine qui se présente comme suit :

  • Migraine sans aura ;
  • Migraine avec aura ;
  • Migraine hémiplégique ;
  • Migraine basilaire ;
  • Migraine ophtalmique ;
  • Migraines chroniques ;
  • Pathologies pouvant être associées à migraine, etc.

Ces diverses formes de migraines appartiennent à la catégorie des céphalées primaires. Leur critère de distinction tient compte des signes cliniques qu’ils présentent. Cependant, elles partagent presque toutes les mêmes causes d’apparition.

Migraine : Causes

La migraine chez l’enfant et l’adolescent pourrait être due à plusieurs phénomènes neurologiques qui sont classés en plusieurs théories. Ainsi, il existe une théorie neurogène qui est historiquement opposée à la théorie vasculaire.

Les causes d’origines neuronales

D’après la théorie neurogène, la migraine serait due à un dysfonctionnement des neurones. Ceci aurait pour conséquence des modifications vasculaires. Cette théorie réfute donc la thèse qui érige les modifications vasculaires comme origine principale du mal. Le dysfonctionnement neuronal à la base des crises migraineuses, serait caractérisé par une plus forte sensibilité du cortex cérébral des patients migraineux à certains stimuli.

En clair, les enfants et les adolescents migraineux seraient très sensibles à toute stimulation impliquant la vision et l’ouïe notamment. Ce serait donc cette hypersensibilité aux stimulations sensorielles qui serait responsable des crises migraineuses.

Toutefois, les études n’ont pas encore pu déterminer les raisons de l’hyperactivité neuronale chez les patients migraineux. Ce vide a amené certains scientifiques à s’intéresser à une éventuelle origine vasculaire de la migraine.

Les causes vasculaires de la migraine

À l’opposé de la thèse neurogène, certains scientifiques soutiennent la théorie selon laquelle, les migraines seraient dues à une anomalie dans la régulation vasculaire. Suivant cette approche, les crises migraineuses seraient dues à une augmentation du diamètre des vaisseaux sanguins présents au niveau des artères extracérébrales. Ce phénomène appelé vasodilatation est en principe naturel au même titre que la vasoconstriction.

Toutefois, la vasodilatation ayant entraîné la crise migraineuse présente la particularité d’être douloureuse et d’avoir été stimulée par un élément extérieur au cerveau. Parallèlement, la vasoconstriction, qui constitue la diminution du diamètre des vaisseaux sanguins serait également à la base des symptômes neurologiques observés durant la première phase de déroulement de la crise.

La théorie vasculaire et celle qui est neurogène constituent les approches les plus considérées concernant l’origine des migraines. Toutefois, elles présentent quelques limites qui ont poussé les scientifiques à chercher des approches complémentaires pour expliquer les causes de la migraine. L’une d’entre elles est la théorie neurovasculaire. Cette approche fait le lien entre le phénomène neuronal responsable de la migraine et les modifications vasculaires observées.

La seconde approche est l’activation du STV (système trigémino-vasculaire). Le STV est constitué du ganglion trijumeau, de noyaux cérébraux et des vaisseaux des méninges. Son activation provoquerait une vasodilatation due à la libération de certains neurotransmetteurs. Ces approches complémentaires permettent donc de mieux cerner les causes de la maladie, qui possède également plusieurs facteurs de risque.

Migraine : Facteurs de risque

Les facteurs de risque constituent l’ensemble des éléments qui créent un environnement favorable à l’apparition des crises migraineuses chez les plus jeunes. Plus facteurs ont été identifiés et se présentent comme suit :

  • Facteurs psychologiques ;
  • Les facteurs environnementaux ;
  • Les facteurs liés au mode de vie ;
  • Les facteurs hormonaux, etc.

Les facteurs psychologiques sont liés à divers états chez l’individu. L’anxiété et le stress sont particulièrement indexés en ce qui concerne ce facteur. L’état de tristesse prolongé suite à une tragédie est également susceptible de favoriser les migraines chez l’enfant et l’adolescent.

Les facteurs environnementaux peuvent être confondus à des facteurs sensoriels. Ils concernent notamment l’intensité de la lumière et des bruits dans l’environnement immédiat des plus jeunes. Les odeurs fortes, la chaleur et le changement climatique viennent compléter la liste des facteurs environnementaux.

Les facteurs liés au mode de vie quant à eux concernent d’abord le régime alimentaire. Chez les enfants surtout, une alimentation riche en gras, en chocolat, en fromage et en certains fruits constitue de potentiels déclencheurs de la migraine. En plus du régime alimentaire, le manque de sommeil, le stress lié aux activités scolaires ou universitaires peut être source de migraine chez les plus jeunes.

Relativement aux facteurs hormonaux, la période pubertaire crée des circonstances favorables à l’apparition de cette pathologie. Chez les filles en adolescence, les périodes de menstruation pourraient favoriser l’apparition des migraines. D’autres situations telles qu’un traumatisme et une activité sportive trop intense constituent également des facteurs d’apparition de la maladie, qui peut se manifester de diverses manières.

Migraine : Symptômes

La migraine chez l’enfant

Les migraines se distinguent des autres types de céphalées par plusieurs signes cliniques qui accompagnent les douleurs ressenties au niveau du crâne. Toutefois, les manifestations de la migraine chez l’enfant et l’adolescent varient en fonction du type de migraine.

La migraine sans aura

La migraine sans aura est également connue sous l’appellation de migraine commune. C’est le type de migraine le plus fréquent, notamment chez l’adolescent. Il se caractérise principalement par des douleurs (pulsatiles) à la tête et dont l’intensité augmente en fonction des mouvements du migraineux. D’autres symptômes sont associés à cette douleur, il s’agit notamment des nausées, des vomissements, des douleurs abdominales, etc.

La migraine avec aura

Cette forme de migraine est caractérisée par des prodromes. Elle se distingue de la migraine commune par l’apparition de signes annonciateurs des crises migraineuses. Ces signes sont essentiellement des troubles d’ordre neurologique. Dans la plupart des cas, les migraineux ont des troubles visuels.

Le trouble visuel le plus fréquent est le scotome scintillant. Il se caractérise par la présence de points brillants dans le champ de vision de l’enfant ou de l’adolescent. Dans certains cas, on note une vision floue chez le malade. Les troubles visuels s’accompagnent de troubles sensitifs caractérisés par des fourmillements au niveau de plusieurs membres.

Des troubles auditifs sont également remarqués avant le déclenchement de la crise. Ils se manifestent par des bourdonnements, des sifflements et dans de rares cas, des hallucinations auditives. L’ensemble de ces signes sont transitoires à l’apparition de la migraine elle-même. Toutefois, les caractéristiques de cette migraine rejoignent celles de la migraine sans aura.

Migraine hémiplégique

La migraine hémiplégique est l’une des formes rares de la pathologie. Elle constitue un mixte entre la forme commune de la migraine et celle avec aura. Elle possède toutefois une aura qui constitue d’ailleurs sa caractéristique première. Il s’agit de l’aura caractérisée par des troubles moteurs. Ainsi, la migraine hémiplégique se manifeste notamment par des engourdissements et de la faiblesse musculaire.

Cependant, il est important de préciser que les troubles moteurs sont associés au moins à l’un des autres troubles neurologiques (visuels, sensitifs). Il existe deux formes de migraines hémiplégiques. D’abord la migraine hémiplégique familiale, qui affecte plusieurs membres d’une même famille est considérée comme une maladie génétique. Ensuite, la migraine sporadique qui affecte des personnes n’ayant pas d’antécédent familial.

Les migraines basilaires et ophtalmiques

La migraine basilaire est une forme de migraine qui se caractérise par des symptômes tels que :

  • le vertige ;
  • les troubles moteurs
  • et des troubles sensitifs.

Ces symptômes sont généralement associés à d’autres signes tels qu’une ataxie et un trouble de la conscience.

Les migraines ophtalmiques quant à elles, sont essentiellement caractérisées par des troubles visuels. On parle de migraine avec aura visuelle. Les manifestations visuelles sont toutefois associées aux troubles neurologiques.

Les autres formes de migraine

Les autres formes de migraine rassemblent la migraine chronique et les pathologies pouvant être associées aux migraines. Est considérée comme chronique toute migraine présente depuis trois mois au moins et qui dure en moyenne deux semaines (15 jours) par mois. Il faut également préciser que cette migraine doit présenter les signes cliniques d’une céphalée migraineuse.

Les pathologies pouvant être associées à la migraine sont de plusieurs ordres. Il y a d’abord le vertige paroxystique de l’enfant. Il s’agit d’un trouble de l’équilibre qui se caractérise un changement de position de tête dû à une illusion de mouvement ressenti par l’enfant. Vient ensuite d’autres pathologies telles que le vomissement cyclique, la migraine rétinienne, la migraine abdominale, la colique infantile. La prise en charge de ces migraines nécessite un diagnostic médical.

Migraine : Diagnostic

Le diagnostic de la migraine chez l’enfant et l’adolescent présente parfois quelques difficultés. Ces dernières sont liées à l’incapacité des malades à exprimer convenablement leur plainte. La méconnaissance par l’enfant ou l’adolescent des symptômes prémonitoires à l’apparition de la crise complique également le diagnostic. Cependant, il est tout de même possible de détecter le mal chez les plus jeunes à travers certains examens.

En raison de la difficulté des jeunes patients à bien exprimer leur plainte, une imagerie par résonance magnétique (IRM) ou un scanner peuvent être proposés. Toutefois, ces examens sont prescrits en première intention que chez les patients ayant moins de 6 ans. Ils peuvent tout de même l’être chez les enfants de plus de 6 ans en seconde intention après un interrogatoire.

L’interrogatoire doit porter sur les symptômes transitoires afin d’éliminer les autres formes de céphalées. Cette phase permet également de poser un diagnostic différentiel afin d’éliminer la présence de pathologies neurologiques plus graves. Pour cela, les parents doivent être interrogés sur la fréquence de survenue des migraines et leurs manifestations.

La prise en compte des facteurs environnementaux et génétiques permettra également d’établir un diagnostic efficace. Des antécédents médicaux (traumatismes crâniens, intervention chirurgicale au cerveau, etc.) et familiaux doivent être recherchés. L’efficacité du diagnostic permet d’offrir un traitement sûr au patient.

Migraine : Traitements

Le traitement de la migraine chez les jeunes commence par l’élimination de certains facteurs de survenue. Les facteurs psychologiques sont les premiers sur lesquels il est possible d’agir pour un résultat optimal. Ainsi, il est important d’enclencher un processus visant à réduire chez l’enfant et l’adolescent, les sources de stress, d’anxiété et de tristesse.

Les facteurs liés au mode de vie et à l’environnement immédiat de l’enfant doivent également être supprimés. L’élimination de ces divers facteurs permettra de réduire les manifestations prémonitoires à la crise migraineuse. Il sera donc plus facile d’envisager un traitement de fonds afin de traiter la crise elle-même.

Le traitement de la crise est essentiellement médicamenteux. Ainsi, on prescrit notamment des antalgiques comme l’ibuprofène et le paracétamol lorsque les migraines sont passagères. L’ibuprofène doit être prescrit en première intention chez l’enfant ayant plus de 6 mois. La dose varie entre 10 mg/kg et 30 mg/kg. Le comprimé peut être pris deux à quatre fois par jour. Quant au paracétamol, la dose varie entre 10 mg/kg et 60 mg/kg pour quatre prises par jour.

En cas de crise avec douleurs intenses, le diclofénac et le naproxène sont prescrits. Les deux médicaments se prennent au plus trois fois par jour pour une dose de 1 mg/kg pour le diclofénac et de 10 mg/kg pour le naproxène. En fonction de la persistance de la crise, le médecin traitant peut prescrire un traitement complémentaire. Il est conseillé de tenir un agenda de migraine afin de faciliter la prise en charge.

 

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