Santé

Bilharziose : causes, symptômes et traitements

Les pays tropicaux du globe sont réputés pour être le lieu de prolifération de nombreuses maladies et infections. La bilharziose est l’une de ces dernières. Maladie d’origine infectieuse, la bilharziose est une maladie responsable de milliers de morts en Afrique et dans les zones chaudes du monde. Quelles en sont les causes et comment la soigner ? Focus !

Généralités sur la bilharziose

La bilharziose existe en plusieurs formes, on parle en réalité des bilharzioses. Les bilharzioses sont en effet, un ensemble de maladies appartenant au groupe des Schistosoma. Ce sont des maladies qui ont fait leur apparition depuis des millénaires. Cette théorie est prouvée par le nombre important d’hiéroglyphes retrouvés en Égypte, qui décrivent les symptômes de cette maladie.

Encore appelées schistosomiases ou schistosomes, les bilharzioses sont des maladies infectieuses. Ces pathologies résultent d’une infection parasitaire, causée par des vers provenant de la famille des Schistosoma. Ce sont des maladies très présentes dans les zones chaudes à savoir, les zones tropicales et subtropicales comme :

  • L’Afrique ;
  • L’Asie ;
  • L’Amérique du Sud ;
  • Le bassin méditerranéen.

D’après une enquête de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), cette maladie entraîne un lourd impact, aussi bien sur le plan sanitaire que sur le plan économique. Lorsqu’elles s’attaquent à un enfant, les bilharzioses peuvent entraîner un retard de croissance, suivi ou non d’un trouble de l’apprentissage. Quand c’est plutôt un adulte qui est ciblé par cette pathologie, ce dernier peut connaître un frein dans sa capacité de travail et même mourir.

Plus de 200000 personnes meurent chaque année, en raison d’une bilharziose. Il s’agit de la deuxième parasitose la plus meurtrière après le paludisme. Cependant, en dépit des nombreuses conséquences que cette maladie entraîne sur les plans économique et sanitaire, elle fait partie de la catégorie des maladies tropicales négligées.

Mécanisme de développement de la bilharziose

La bilharziose prend racine après une infection par les larves de schistosomes. Ces dernières étant très fréquentes dans les eaux douces, il existe un très grand risque d’infection pour les personnes qui ont l’habitude de s’y baigner. Il en est de même pour les simples piétons qui traversent une mare d’eau stagnante, les femmes qui font leur lessive au bord des fleuves et bien d’autres. Personne n’est à l’abri d’une potentielle infection, quelles que soient les précautions prises à cet effet.

Un contact de courte durée, de quelques minutes à peine suffit déjà à vous infecter. Ce risque élevé d’infection est dû sans doute à la capacité des larves à pénétrer votre peau facilement. Une fois la peau traversée, ces larves intègrent la circulation sanguine ou lymphatique. À cette étape, elles se laissent transporter par le sang ou la lymphe. Leurs destinations finales sont les poumons, où elles poursuivront leur croissance. Une fois à l’âge adulte, les schistosomes continuent leur migration dans les vaisseaux sanguins, où ils passeront le reste de leur vie.

À l’intérieur de ces vaisseaux, les schistosomes femelles pondent des milliers d’œufs qui seront logés dans le système veineux de l’hôte. Ces œufs sont la vraie raison expliquant la maladie de la bilharziose. En réalité, les vers parasites en eux-mêmes ne sont en rien nocifs à l’organisme. Ce sont plutôt les œufs qui entraînent une réaction expliquant les symptômes de la maladie. En effet, ces œufs libèrent des substances qui entraînent la formation de nombreuses lésions. Il s’agit des granulomes bilharziens, encore appelés les bilharziomes.

Les différents types de bilharzioses

Il existe plusieurs variétés de schistosomes pathogènes pour l’espèce humaine. Chacune de ces variétés est responsable d’un type précis de bilharziose.

La bilharziose intestinale

Ce type de bilharziose est causé par le schistosoma mansoni, une variante du schistosome qu’on retrouve principalement en Afrique et en Amérique du Sud et du centre. L’infection dans ce cas, se fait aussi par contact avec l’eau qui contient des mollusques. Ces derniers sont des hôtes intermédiaires de cette maladie. Les signes cliniques de la bilharziose intestinale se retrouvent principalement dans l’intestin. Cette catégorie de bilharziose se déroule en trois principales phases.

D’abord, la phase de contamination se fait par pénétration cutanée de la larve parasite qui en est responsable. Cette phase de la maladie se manifeste par une éruption cutanée et l’apparition d’une dermatite cercarienne, encore appelée prurit.

Ensuite, on a la phase d’invasion. Au cours de cette phase qui dure plusieurs semaines, les larves achèvent leur croissance et migrent à travers l’organisme. Cette phase est caractérisée par une augmentation drastique du taux des polynucléaires éosinophiles dans le sang. Le tableau clinique engendré par cette phase est très complexe et protéiforme.

Enfin, nous avons la phase d’état qui est la plus longue. Au cours de cette phase, les œufs du parasite s’enchâssent dans les organes et induisent des lésions.  Lors d’une bilharziose intestinale, les organes touchés principalement sont le tube digestif et le foie.

En effet, pendant cette bilharziose, le parasite, lorsqu’il atteint l’âge adulte, vient se loger dans les capillaires mésentériques dont le drainage est assuré par le système porte-digestif. Le symptôme principal qui caractérise cette phase est la diarrhée qui, dans des cas graves, peut se transformer en dysenterie. En dehors de ce principal symptôme, d’autres tels que les troubles gastriques et la nausée sont fréquemment observés.

La bilharziose urinaire ou uro-génitale

La bilharziose urinaire est le fruit d’une infection au parasite S. haematobium. Il s’agit d’une variante du schistosome, qui trouve abris très souvent dans les bullins. Elle est qualifiée de parasite des plexus veineux urinaires et génitaux. Au cours de cette bilharziose, la femelle du parasite pond des œufs dans la sous-muqueuse des organes ciblés. La ponte massive de ces œufs provoque à la longue, une formation de granulomes.

Au fil du temps, les granulomes peuvent faire l’objet d’une évolution ou d’une régression. Dans le premier cas, on peut noter l’apparition de lésions tissulaires irréversibles. Dans le second cas, ces lésions peuvent plutôt être évitées.

Cette variante de la bilharziose sévit particulièrement dans les zones subtropicales. Elle évolue selon un cycle parasitologique particulier, qui nécessite l’intervention d’un hôte intermédiaire. L’hôte intermédiaire dans ce cas est souvent un mollusque gastéropode d’eau douce de la famille des Bulinus.

La bilharziose rectale

La bilharziose rectale est une forme de bilharziose, provoquée par le schistosoma intercalatum qu’on retrouve en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Ce type de bilharziose entraîne une rectorragie, qui se manifeste par des saignements au niveau du rectum. Elle est aussi à la base d’anémie, de fatigue ainsi que de douleurs ano-rectales.

La bilharziose artério-veineuse

La bilharziose artério-veineuse est une forme aggravée de la bilharziose intestinale, qui entraîne des complications sur le foie. Les parasites responsables de ce type de bilharziose sont au nombre de deux. D’une part, nous avons le Schistosoma japonicum qui se retrouve principalement dans les régions du sud-est de l’Asie telles que la Chine, et l’Indonésie. D’autre part, nous avons le Schistosoma mekongi, qu’on retrouve uniquement au Cambodge et au Laos.

La bilharziose artério-veineuse est la plus grave des bilharzioses, en raison du fait que dans ce cas, les parasitent arrivent à pénétrer la circulation artérielle. Ce type de bilharziose se caractérise par une attaque du foie et de la rate. Elle peut aussi entraîner une jaunisse ou ictère, une ascite, ainsi que des hémorragies digestives. L’évolution de cette maladie est particulièrement rapide et elle peut atteindre de nombreux organes dont le cerveau.

Les causes de la bilharziose

Les bilharzioses ont pour cause une espèce de ver parasite en particulier. Ce ver parasite est appelé le Schistosoma. Il se trouve généralement dans les cours d’eau douce. L’infection au Schistosoma se fait par voie cutanée. Ce dernier, une fois dans l’organisme de son hôte, s’installe dans le système circulatoire. Dans la famille des Schistosomes, cinq espèces de vers différents sont responsables des bilharzioses.

  • Le Schistosoma haematobium qui est responsable de la bilharziose uro-génitale ;
  • Le Schistosoma mansoni qui est responsable de la bilharziose intestinale et parfois de celle hépatosplénique ;
  • Le Schistosoma japonicum qui est responsable de la bilharziose intestinale ;
  • Le Schistosoma mekongi qui engendre la bilharziose intestinale accompagnée parfois de complications hépatiques ;
  • Le Schistosoma intercalatum qui est à la base de la bilharziose rectale et de celle génitale.

Les risques pour vous d’être pris pour cible par une infection parasitaire sont minimes, lorsque vous n’habitez pas dans une région tropicale. Il peut cependant arriver que l’on observe la prolifération de ces vers parasites dans certaines régions non tropicales. Ce cas est observé en particulier pendant les périodes de chaleur intense, comme la canicule ou la saison d’été.

Symptômes de la bilharziose

La bilharziose se manifeste en trois phases que sont : l’infection, l’invasion et la phase d’état. Les symptômes de ce mal varient donc en fonction de chaque phase. Au cours des deux premières phases, le parasite pénètre le corps de son hôte à travers la peau et migre ensuite à travers son organisme.

Ainsi, au cours de la phase de passage transcutané encore appelée la phase d’infection, on assiste à une inflammation de la peau. Cette dernière se fait à travers l’apparition d’une dermatite cercarienne dans les 24 heures qui suivent l’infection. Cette inflammation peut être asymptomatique, mais parfois, elle se manifeste par divers signes.

En effet, elle peut se traduire par une éruption de taches rouges appelées les macules et de papules, suivies de démangeaisons. Ces premiers signes sont éphémères en général, car ils disparaissent au bout de seulement quelques jours.

La phase d’invasion est celle qui suit celle de l’infection. Cette phase peut aussi passer inaperçue, mais il lui arrive de s’exprimer aussi par certains signes. Ces signes sont de nature allergique et s’accompagnent des maux tels que :

  • Une fièvre légère encore appelée la fièvre des safaris ;
  • Des coups de sueurs nocturnes ;
  • Des céphalées ;
  • Une toux accompagnée parfois de difficultés respiratoires ;
  • Une urticaire ;
  • Des diarrhées chroniques allant jusqu’à la dysenterie ;
  • Des myalgies ou des douleurs articulaires.

Dans certains cas assez rares, on peut aussi assister à des symptômes comme une hépatomégalie, qui se traduit par l’augmentation de la taille du foie. La splénomégalie qui signifie une augmentation de la taille de la rate, peut aussi être observée dans ces cas. Ces deux symptômes sont particuliers, et ne doivent être constatés que par un examen médical adéquat.

Au cours de la dernière phase qui est la phase d’état, les symptômes varient en fonction du type de bilharziose. Comme il a été dit précédemment, il existe plusieurs types de bilharzioses et chacune d’elles a ses symptômes spécifiques.

Prévention et traitement de la bilharziose

En dépit de son fort taux de mortalité et des risques élevés de contamination, la bilharziose est une maladie qui peut être évitée et soignée.

Prévention de la bilharziose

La question de la prévention de la bilharziose a fait l’étude de nombreuses recherches à ce jour. Cependant, malgré les efforts consentis en la matière, aucun vaccin n’a pu être élaboré. La prévention de la bilharziose se fait donc à deux égards. D’une part, vis-à-vis des personnes en voyage vers les zones d’endémie et d’autre part, par rapport aux personnes vivant dans des zones endémiques.

Par rapport à la première catégorie, la prévention se résume en un seul conseil : éviter à tout prix un contact direct avec de l’eau douce stagnante. Pour y arriver, il faudra se priver de certaines activités comme les baignades, même lorsqu’il s’agit d’une rivière. Il faut aussi éviter de marcher dans de l’eau pieds nus. Au cas où, un contact avec de l’eau douce stagnante serait inévitable, il est conseillé de bien se nettoyer après, avec de l’alcool ou de l’eau savonneuse.

En ce qui concerne les personnes vivant dans des zones endémiques, la prévention va au-delà de simples conseils. En effet, dans ces zones-là, il faut aussi procéder à une prophylaxie médicamenteuse. Cette dernière va consister soit en une chimioprévention, soit en une chimioprophylaxie.

Cette prévention se fait de façon spécifique à l’égard de certaines personnes comme les enfants d’âges scolaires et les adultes qui sont considérés comme plus exposés que d’autres.  En plus, les personnes à risque doivent subir un traitement antiparasitaire à intervalle régulier d’un an, à titre préventif.

Le traitement de la bilharziose

Il n’existe pas beaucoup de traitements contre les bilharzioses humaines. Le principal traitement ayant fait ses preuves et qui est réellement efficace est l’utilisation du praziquantel. Il s’agit d’un produit simple à administrer à une fréquence d’une ou deux prises par jour. En plus de son efficacité, ce traitement a le mérite d’être peu coûteux et il n’implique pas d’effets secondaires.

Cependant, le praziquantel est beaucoup plus efficace contre les vers adultes. Il convient donc de bien évaluer le moment où il doit être administré. Dans les cas où on assiste à une complication de la maladie, d’autres traitements peuvent intervenir comme un traitement chirurgical ou médicamenteux.

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