Santé

Traitement des poux de tête : malathion versus ivermectine

Les infestations par les poux de tête sont des dermatopathologies fréquentes et répandues partout dans le monde. Elles affectent principalement les enfants ayant entre 3 et 11 ans ainsi que les personnes aux cheveux longs. Dans la plupart des cas, elles présentent un caractère bénin et une évolution favorable. Cependant, il arrive parfois qu’elles opposent une résistance aux traitements classiques reposant sur l’application d’insecticides topiques comme le malathion. Dans ces circonstances, on recourt à d’autres options thérapeutiques, notamment l’ivermectine.

Poux de tête : présentation

Les poux de tête ou pédiculose du cuir chevelu sont des affections courantes pourtant mal connues. Voici une tribune qui présente leurs manifestations, leurs étiologies, leurs complications et les examens permettant de les diagnostiquer.

Poux de tête : manifestations cliniques

Les poux de tête sont des affections acquises, non héréditaires et non congénitales. Sur le plan clinique, ils entraînent presque toujours des démangeaisons. D’intensités variables, ces dernières prédominent au niveau du cuir chevelu et s’accompagnent de symptômes variés. Il y a principalement la sensation de chatouillement et la formation de boutons.

La plupart des patients décrivent la sensation de chatouillement comme l’impression de sentir quelque chose bouger sur leur tête. À l’instar des démangeaisons, les boutons prédominent généralement sur le cuir chevelu et spécialement sur la nuque. Ils peuvent en raison du grattage incessant induit par les démangeaisons évoluer vers de petites plaies. Plus exceptionnellement, les poux de tête peuvent provoquer une forte irritabilité.

Poux de tête : étiologies

À l’image des poux du corps, les poux constituent les principales causes des infestations par les poux de tête. Il s’agit d’insectes parasitaires hématophages se nourrissant de sang humain. Il existe trois espèces de poux susceptibles d’infecter l’homme. Cependant, seule l’espèce « pediculus humanus capitis » est responsable des poux de tête. Voir plus d’informations à son propos dans les rubriques suivantes.

Pediculus humanus capitis: morphologie

Le pou de type Pediculus humanus capitis est un pou spécifique à l’homme. Il fait environ 2,5 mm de long et présente comme les autres espèces de poux, une tête et un corps.

La tête du Pediculus humanus capitis se compose de deux d’antennes présentant chacune cinq (5) segments. De même, on y retrouve une paire d’yeux et des pièces buccales permettant au pou de voir et de s’alimenter.

Le corps du Pediculus humanus capitis comprend quant à lui une région thoracique et une région abdominale. La région thoracique du Pediculus humanus capitis est soutenue par six (6) pattes courtes et fines. Ces dernières présentent à leurs extrémités une pince comprenant un pouce et une griffe. Cette configuration des pattes permet au pou de saisir plus facilement les cheveux de son hôte et de les grimper. Cependant, elle le rend incapable d’effectuer des sauts ou de marcher aisément sur une surface plane.

La région abdominale du Pediculus humanus capitis, pour finir, se compose de sept segments visibles. Six parmi eux possèdent des spirales disposées par paire par lesquelles le pou respire. Dans la septième spirale se trouvent l’anus et les organes reproducteurs de l’insecte.

Pediculus humanus capitis: cycle de vie

Le pou Pediculus humanus capitis contrairement à bon nombre d’insectes se reproduit très rapidement. En général, après un accouplement, les poux femelles pondent entre 5 et 10 œufs quotidiennement pendant environ 25 jours. Ces œufs appelés lentes vont éclore dans un délai de 8 jours et devenir adultes en moins de 15 jours.

À partir de ce moment, ils vivent dans les cheveux pendant deux à trois mois. Hors des cheveux, ces jeunes poux ne peuvent vivre que quelques jours.

Pediculus humanus capitis : mode de transmission

Le Pediculus humanus capitis ne peut ni sauter ni voler. Par conséquent, il se transmet principalement lors d’un contact direct ou indirect avec la tête d’une personne infectée. Dans le contact direct, on contracte le Pediculus humanus quand sa tête touche directement la tête d’une personne infectée.

Dans le contact indirect, en revanche, on contracte le Pediculus humanus capitis par l’intermédiaire d’accessoires utilisés sur la tête du patient. Par exemple :

  • Un peigne ;
  • Une brosse de cheveux ;
  • Une écharpe ;
  • Une peluche ;
  • Un bonnet.

Les cas de transmission du Pediculus humanus capitis de la mère à l’enfant sont extrêmement rares.

Poux de tête : facteurs de risque

Les facteurs de risque des poux de tête sont nombreux. Cependant, dans le rang des plus importants, on dénombre l’âge et le sexe féminin.

Âge

D’après plusieurs études concordantes, les enfants de 3 à 11 ans sont les plus susceptibles de contracter les poux de tête. La raison est que dans cette tranche d’âge, les enfants fréquentent pour la plupart des collectivités. Par exemple les écoles, les cantines scolaires, les crèches et les centres de vacances. Ils sont alors très enclins à contracter le Pediculus humanus capitis aussi bien par un contact direct ou indirect.

Sexe féminin

Le Pediculus humanus capitis responsable des poux de tête croît de façon optimale chez les personnes avec de longs cheveux. Ainsi, on estime que les femmes sont plus enclines à faire la maladie que les hommes. En effet, ce sont elles qui possèdent généralement de longs cheveux.

Poux de tête : complications

Les poux de tête comme les poux de corps sont des affections bénignes. Cela implique qu’ils n’ont aucun impact sur le pronostic vital et évoluent souvent bien. Il est possible, néanmoins, qu’ils entraînent dans certains cas rares un certain nombre de complications. Il y a, par exemple, les infections des sites de morsure par les poux et l’anémie.

Poux de tête : diagnostic

Le diagnostic des poux de tête repose uniquement sur un examen physique. Il ne nécessite aucun test d’imagerie ou examen biochimique. L’examen physique se déroule généralement dans un hôpital et repose sur une observation directe du patient. Il permet de rechercher la présence de poux et de lentes dans les cheveux et sur le cuir chevelu. D’habitude, il est indolore et dure moins d’une trentaine de minutes. C’est un professionnel de santé, notamment un médecin qui se charge généralement de le réaliser.

Traitement des poux de tête : options thérapeutiques

Pour traiter les poux de tête, on recourt principalement au malathion et à l’ivermectine. Il s’agit de deux molécules présentant des propriétés thérapeutiques spécifiques.

Malathion

Le malathion constitue le traitement de première intention des poux de tête. Voici plus d’informations à son propos.

Classe thérapeutique

Le malathion est une substance à effet thérapeutique appartenant à la classe des insecticides dits organophosphorés. Il élimine les poux spécifiques à l’homme en modifiant les mécanismes de transmission nerveux se déroulant en leurs seins. On estime qu’il provoque une inhibition de l’acétyle-cholinestérase.

Dérivé commercial

Le principal dérivé commercial du malathion est le « Prioderm » provenant du laboratoire MEDA MANUFACTURING. Il se décline sous la forme d’une lotion conditionnée dans un bocal en verre de 55 ou 100 ml. Outre le malathion, il contient divers ingrédients pharmaceutiques. À savoir :

  • Le Terpinéol ;
  • Le Pin de Sibérie ;
  • L’alcool isopropylique.

Ce médicament ne contient aucune substance pouvant causer une altération du cuir chevelu.

Mode d’administration et posologie

Le malathion s’administre par voie cutanée par application directe sur le cuir chevelu. On déconseille de l’inhaler ou de l’avaler. Pour ce qui est de la posologie usuelle, on recommande une application en deux temps à un intervalle moyen de 7 jours. Dans certains cas, 7 jours après la première application de malathion, les poux disparaissent déjà. On n’a alors plus besoin de procéder à la seconde application.

Par ailleurs, pour que le malathion agisse efficacement après application de la lotion, on recommande de patienter environ 8 heures avant de procéder au rinçage. Le rinçage doit idéalement se faire avec un shampoing non agressif et doux respectant la sensibilité du cuir chevelu.

Contre-indications

Les principales contre-indications à l’utilisation du malathion sont :

  • Les antécédents médicaux de convulsions ;
  • L’âge inférieur à 2 ans ;
  • L’allergie au malathion.

Il y a aussi l’allaitement qui constitue une contre-indication majeure à l’utilisation du malathion.

Effets indésirables

À l’instar de toute molécule thérapeutique, le malathion présente un certain nombre d’effets indésirables. Ces derniers sont essentiellement d’ordre cutané et gastro-intestinal. Ils n’apparaissent pas systématiquement chez tous les patients traités avec le malathion.

Les effets indésirables d’ordre cutané associés au malathion comprennent :

  • Une irritation cutanée ;
  • Un érythème ;
  • Un prurit ;
  • Une dermatite de contact ;
  • Une apparition de pellicules dans les cheveux.

Ces effets apparaissent pour la plupart à une fréquence rare ou indéterminée. Dans bon nombre de cas, ils disparaissent à l’arrêt du traitement. Les vomissements et les nausées qui surviennent rarement constituent les effets indésirables gastro-intestinaux associés au malathion.

Ivermectine

Traitement des poux de tête

L’ivermectine est un médicament dont les principales indications sont les anguilluloses gastro-intestinales, les microfilarémies à Wuchereria bancrofti et les gales. Cependant, il a également démontré des propriétés semblables à celles des insecticides. D’où son utilisation dans le traitement des poux de tête.

Classe thérapeutique

L’Ivermectine est une molécule thérapeutique appartenant à la classe des antihelminthiques. Il s’agit d’un dérivé des avermectines obtenues par fermentation des bouillons de la bactérie Streptomyces avermitilis. Chez les invertébrés, il a démontré une grande affinité pour certains canaux retrouvés au sein des cellules musculaires et nerveuses. Il y a essentiellement les canaux glutamate-dépendants et les canaux chlorure-dépendants.

Dérivés commerciaux

Les principaux dérivés commerciaux de l’ivermectine sont :

  • Ivermectine Arrow Lab ;
  • Ivermectine Biogaran ;
  • Ivermectine cristers ;
  • Ivermectine Eg ;
  • Ivermectine Mylan ;
  • Ivermectine Sandoz.

Ces médicaments contiennent tous de l’ivermectine et se déclinent principalement en comprimés. Ils proviennent, néanmoins, de différents laboratoires et leurs formulations diffèrent. Il est alors possible qu’ils ne contiennent pas les mêmes excipients. De même, d’un fabricant à l’autre, on peut retrouver l’ivermectine à des doses variées.

Mode d’administration et posologie

Dans le traitement des poux de tête, l’administration de l’ivermectine se fait principalement par voie orale. Elle doit idéalement se faire en une prise quotidienne avec un verre d’eau et à grande distance des repas. La posologie d’usage de l’ivermectine n’est pas fixe. Elle dépend de nombreux facteurs, dont le plus important est le poids. En général, on recommande d’administrer 200 µg environ d’ivermectine par kilogramme de poids par jour. La durée du traitement avec l’ivermectine dépend habituellement de l’évolution clinique du patient. Il revient généralement au médecin traitant de la définir.

Contre-indications

L’ivermectine, quel que soit le dérivé commercial considéré ne présente aucune contre-indication particulière. La seule circonstance où on proscrit son utilisation est l’existence d’une allergie confirmée à l’ivermectine. Dans ce cas, le recours à d’autres molécules est possible. La grossesse et l’allaitement ne constituent pas des contre-indications à l’utilisation de l’ivermectine.

Effets indésirables

L’ivermectine comme le malathion présente un certain nombre d’effets indésirables. Ces derniers sont temporaires et présentent dans la majorité des cas un caractère bénin. Il y a principalement :

  • Les dysfonctions hépatiques ;
  • La présence de sang dans les urines ;
  • La hausse du nombre de globules blancs ;
  • L’exacerbation des démangeaisons associées aux poux de tête ;
  • Les gonflements du visage.

Dans certains cas rares, l’ivermectine peut également causer de graves affections de peau. Il est rare que l’ivermectine entraîne des effets indésirables d’ordre gastro-intestinal.

Traitement des poux de tête résistants : quelle molécule choisir ?

Le malathion et l’ivermectine sont tous deux indiqués dans le traitement des poux de tête difficiles à traiter. Cependant, les résultats d’un essai multicentrique contrôlé suggèrent que l’ivermectine présente une efficacité supérieure à celle démontrée par le malathion sur les poux de tête résistants. Elle constitue donc une alternative de choix à la lotion de malathion ainsi qu’aux insecticides classiques.

L’essai en question a porté sur des patients souffrant de poux résistants aux insecticides topiques depuis au moins 2 semaines avant la date du recrutement. Les critères d’inclusion dans l’étude étaient l’âge et le poids respectivement supérieur ou égal à 2 ans et 15 kg. Au total, 812 patients ont constitué l’échantillon de cet essai.

On a réparti ces 812 patients suivant un procédé aléatoire en deux groupes. Un groupe recevait un traitement à base de malathion et l’autre groupe, un traitement à base l’ivermectine. Après 15 jours de traitement, on a observé un taux de rémission de 95,2 % dans la population des patients prenant de l’ivermectine. En revanche, dans la population des patients traités avec malathion on a observé un taux de rémission de 85,0 %.

 

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