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Pancréatite aigüe : origines, symptômes et traitements

La pancréatite aiguë est une inflammation du pancréas. Elle peut se développer rapidement et régresser spontanément en quelques jours. Dans les cas sévères, elle peut persister sur plusieurs semaines : on parlera de pancréatite chronique. Qu’elle soit légère, modérée ou à un stade avancé, la pancréatite aiguë requiert en général une hospitalisation. De l’origine aux symptômes en passant par les traitements, faisons le tour de cette affection.

Origine de la pancréatite aiguë

Le pancréas est une glande qui a une double fonction : endocrinienne et exocrine. Il intervient dans la régulation du niveau de sucre dans le sang à travers la sécrétion d’hormones telles que l’insuline et le glucagon. Dans le cadre de la fonction exocrine, il s’agit de la production d’un liquide responsable de la digestion des aliments : le suc pancréatique. Ce liquide est composé d’enzymes notamment :

  • L’amylase ;
  • La lipase ;
  • La trypsine.

L’amylase est responsable de la digestion des glucides, la lipase de la digestion des lipides et la trypsine de la digestion des protéines. Ces enzymes produites par le pancréas s’activent normalement dans le tube digestif et procèdent à la synthétisation des nutriments. L’inflammation aigue du pancréas peut avoir plusieurs causes parmi lesquelles on retrouve souvent la lithiase vésiculaire (les calculs biliaires) et la consommation abusive de l’alcool.

La lithiase vésiculaire

Dans environ 40 % des cas, la lithiase vésiculaire est à l’origine de la pancréatite aiguë. C’est la formation de petits dépôts solides dans la vésicule biliaire. La pancréatite aiguë est parfois causée par la pénétration des calculs dans le canal cholédoque qui empêchent la circulation du suc pancréatique. L’obstruction du canal est généralement temporaire et peut entrainer quelques petites lésions facilement réparables. Cependant, si le liquide est bloqué pendant une longue période, les enzymes sécrétées procèdent à la digestion des cellules pancréatiques. Cela entraine donc une inflammation aiguë du pancréas.

La consommation excessive d’alcool

La consommation excessive d’alcool peut être à l’origine de l’inflammation aiguë du pancréas dans environ 30 % des cas. Plus la fréquence de consommation augmente, plus le risque de développer une pancréatite aiguë s’accroit également. Chez les hommes, la prise en excès de l’alcool est évaluée à quatre verres au minimum par jour et chez la femme à trois verres.

Les effets exacts de l’alcool sur le pancréas ne sont pas encore bien connus. Toutefois, quelques spécialistes ont émis des avis sur la question. Bien que cela ne soit qu’une spéculation, certains affirment que l’alcool est transformé en substances chimiques très nocives pour le pancréas, ce qui provoque des lésions. Dans une seconde théorie, l’alcool peut entrainer l’obstruction des canalicules pancréatiques, ce qui va développer une pancréatite aiguë.

Les causes très rares

Outre la lithiase biliaire et la consommation abusive d’alcool, d’autres facteurs très rares peuvent causer une pancréatite aiguë. Il s’agit :

  • Des médicaments tels que l’azathiopine, la valproate de sodium… ;
  • De l’hypertriglycéridémie ;
  • De l’hyperparathyroïdie ;
  • De la consommation du tabac ;
  • D’un traumatisme au niveau de l’abdomen ;
  • Du cancer du pancréas ;
  • Des oreillons ; etc.

Les manifestations de la pancréatite aiguë

La manifestation de violente douleur dans le haut de l’abdomen est le principal symptôme observé chez toutes les personnes atteintes de la pancréatite aiguë. Dans certains cas, cette douleur peut s’étendre jusqu’au dos. Si l’inflammation aiguë du pancréas est provoquée par la lithiase biliaire, l’apparition de la douleur est subite et peut atteindre en quelques minutes son intensité optimale.

Par contre, lorsque l’alcool est à l’origine de la pancréatite, la douleur se développe progressivement sur plusieurs jours. Une fois que la douleur est présente, elle reste stable et avec la même intensité, quelle que soit l’origine de l’affection. Par ailleurs, les nausées, les vomissements et la fièvre peuvent apparaître par la suite. De même, l’abdomen est la plupart du temps ballonné. La prise de simple calmant ne suffit pas souvent à atténuer la douleur.

Lorsque la pancréatite n’est pas rapidement prise en charge, elle peut entrainer les complications ci-après :

  • Un pseudo-kyste du pancréas ;
  • Une pancréatite aiguë nécrosante ;
  • Une infection pancréatique ;
  • Une défaillance des autres organes.

Ces complications peuvent laisser des séquelles importantes chez les patients.

Le pseudo-kyste du pancréas

Un pseudo-kyste du pancréas est une collection du suc pancréatique accumulée au sein ou en dehors de l’organe. Cette complication subvient en général quatre semaines après l’apparition de la pancréatite aiguë. Lorsqu’elle n’est pas vite résorbée, elle peut s’infecter et engendrer un problème encore plus grave.

La pancréatite aiguë nécrosante

La nécrose des tissus du pancréas est la conséquence d’une pancréatite aiguë négligée. Ayant subi de graves dommages, certaines parties du pancréas se dégénèrent progressivement. Suite à cela, le liquide peut migrer dans la cavité de l’abdomen et diminuer le flux sanguin. Une hypotension artérielle peut en découler et conduire à un trouble cardiaque ou vasculaire.

L’infection pancréatique

L’infection pancréatique peut subvenir à la suite d’une pancréatite nécrosante. Le médecin pose un diagnostic dans ce sens lorsqu’il constate une dégradation de l’état général du patient. De plus, l’apparition d’une fièvre en particulier lorsque les manifestations initiales de l’affection ont commencé à s’estomper peut également être un signe alarmant.

La défaillance des autres organes

La pancréatite aiguë peut entrainer une défaillance des autres organes lorsqu’elle est sévère. En effet, les lésions du pancréas peuvent provoquer un dysfonctionnement du cœur, des reins ou des poumons. D’où le développement de certaines maladies telles que l’insuffisance rénale, les problèmes cardiovasculaires et les gênes respiratoires. Dans certains cas, ces complications peuvent être fatales.

Le diagnostic et le traitement de la pancréatite aiguë

À travers les symptômes et les antécédents médicaux du patient, le médecin peut poser un diagnostic concluant. En outre, pendant l’auscultation il peut constater d’autres signes tels l’absence ou l’atténuation des bruits intestinaux et la rigidité des muscles de la paroi de l’abdomen. Des examens cliniques tels que les analyses sanguines et d’imageries sont souvent réalisées pour évaluer le stade de l’inflammation afin d’entamer un traitement adapté.

Les analyses sanguines

Un examen du sang n’est pas en général suffisant pour établir un véritable diagnostic, cependant la découverte de certains éléments peut être révélatrice : un taux élevé des enzymes du pancréas ou des globules blancs. Par ailleurs, la détection de certains troubles biologiques permet d’évaluer le niveau de l’inflammation et d’identifier les causes.

Les examens d’imageries

Suite au résultat obtenu après les examens sanguins, le spécialiste peut prescrire des examens complémentaires notamment radiologiques.

La radiographie

Une ASP (radiographie de l’abdomen sans préparation) peut montrer une occlusion intestinale ou dans des cas très rares une lithiase biliaire. Quant à la radiographie thoracique, elle peut révéler une infection des tissus pulmonaires collabés ou la présence de liquide dans la cavité du thorax.

L’échographie

L’échographie est effectuée au niveau de l’abdomen pour écarter tout soupçon relatif à la présence de calculs dans les canaux biliaires. Il en général prescrit chez tous les patients en particulier ceux qui développent pour la première fois cette affection. Cet examen ne permet pas clairement d’avoir une vue d’ensemble sur le pancréas.

La tomodensitométrie (TDM)

La tomodensitométrie est un scanner abdominal qui permet d’explorer dans les moindres détails le pancréas afin d’évaluer l’ampleur des lésions. Le spécialiste procède dans certains cas à l’injection d’un agent de contraste pour avoir une meilleure visibilité de l’ensemble de l’organe. Cet examen est prescrit chez les personnes qui souffrent d’une pancréatite aiguë avancée. Par ailleurs, la précision des clichés de la tomodensitométrie aide le médecin à établir un diagnostic fiable et à déceler aisément les éventuelles complications.

La cholangiographie par résonance magnétique (CPRM)

La CPRM est effectuée lorsque le spécialiste suspecte la présence de calculs dans les canaux du cholédoque. Cet examen offre également la possibilité d’écarter d’autres causes notamment une dilatation, un rétrécissement ou une obstruction du canal pancréatique ou du cholédoque.

Les autres tests

Ces tests sont réalisés dans des cas spécifiques. Lorsque le spécialiste soupçonne une infection, il peut procéder à une biopsie de la partie infectée du pancréas. Une analyse d’urine peut également être pratiquée dans le cadre de la recherche d’une enzyme : la trypsine. Si les résultats révèlent un taux élevé de cette enzyme dans les urines, il est probable que le patient soit atteint d’une pancréatite aiguë.

Les traitements de la pancréatite aiguë

Les traitements sont administrés en fonction de la gravité de l’inflammation du pancréas. Pour les personnes souffrant d’une pancréatite légère, les périodes d’hospitalisation sont courtes. Elles reçoivent par voie veineuse des solutions et sont privées de toute alimentation au début du traitement. Cela permet d’accélérer le processus de restauration du pancréas.

Si le médecin constate une amélioration, il peut prescrire un régime alimentaire strict généralement orienté vers la consommation de repas semi-liquide faible en matières grasses. Dans le cas des patients présentant une inflammation modérée du pancréas, l’hospitalisation est un peu plus longue. Le processus de traitement est quasiment pareil avec l’administration en plus d’antibiotique en cas d’infection. Il faut noter qu’en plus de soulager les douleurs, les patients doivent être au maximum hydratés.

Les personnes développant une pancréatite aiguë grave sont souvent hospitalisées dans des services de soins intensifs. Représentant des cas à haut risque, elles sont suivies de très près : vérification en permanence des constantes vitales et surveillance de l’aspect des urines. Dans le cadre de certaines complications telles que la pancréatite nécrosante, une opération chirurgicale s’impose.

La prévention de la pancréatite aiguë

Bien que la prévention de la pancréatite ne permette pas de l’éviter à 100 %, l’adoption des gestes sains peut être bénéfique pour minimiser les dommages :

  • Limiter la consommation d’alcool ;
  • Pratiquer régulièrement une activité sportive ;
  • Adopter un régime alimentaire sain et équilibré ;
  • Éviter le tabac ; etc.

Lorsque le patient a été une fois sujet à des calculs biliaires, il est recommandé d’effectuer des contrôles réguliers pour éviter toute récidive. De plus, il faut consulter un spécialiste en cas de signes évocateurs.

 

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