Bien-être

Cytologie du col utérin en couche mince : déroulement et interprétation des résultats

En France et ailleurs dans le monde, le cancer du col de l’utérus représente la sixième forme de cancer la plus fréquente. Cette affection touche principalement les femmes de plus de 50 ans et on observe des milliers de cas et des décès par année. Aujourd’hui, les recherches ont permis d’avoir un taux de survie beaucoup plus élevé. Le dépistage de cette maladie constitue donc l’une des solutions recommandées pour l’amélioration de son incidence dans la population féminine. Pour ce dépistage, les spécialistes utilisent la cytologie en couche mince. Qu’est-ce que c’est ? Quels sont ses avantages ? Comment se déroule-t-elle ?

Cytologie en couche mince : présentation

La cytologie en couche mince est encore connue sous les appellations « cytologie en phase liquide » ou « test Pap en phase liquide ». Il s’agit d’un nouveau test de dépistage en alternative au test conventionnel de frottis cervico-utérin et plus sophistiqué.

Test Pap conventionnel

Le test Pap est un test de dépistage réalisé sur les femmes dans le but de détecter un éventuel cancer du col de l’utérus. On l’appelle également frottis cervical et les professionnels de santé l’effectuent lors d’un examen gynécologique.

En particulier, avec cet examen, ceux-ci prélèvent les cellules qui tapissent le col de l’utérus et les analysent pour identifier d’éventuelles anomalies. Ces dernières peuvent représenter un danger pour l’avenir. Depuis son introduction, le cancer du col de l’utérus a d’ailleurs diminué de plus de 70 %.

Il convient de rappeler que le nom « test Pap » vient du pionnier et docteur grec Georges Papanicolaou. Ce dernier a proposé l’utilisation de ce test pour le diagnostic du cancer du col de l’utérus. On rappelle que cette affection est une tumeur qui affecte le col de l’utérus en raison du développement incontrôlé des cellules de l’utérus lui-même.

Test Pap en phase liquide

Depuis quelques années, grâce à une nouvelle technique d’analyse, le test Pap traditionnel a connu une évolution et est désormais réalisé en phase liquide. On parle alors de cytologie en milieu liquide ou de test Pap en phase liquide. Cette nouvelle technologie permet d’obtenir des résultats plus précis et exacts, avec une plus grande sensibilité diagnostique.

Plus précisément, la cytologie en milieu liquide a été introduite au milieu des années 90. Elle nécessite que les cellules échantillonnées soient transférées dans une solution de conservation appropriée. Cette méthode améliore nettement la qualité de l’analyse cytologique.

Différence entre les deux tests

Lors du test conventionnel Pap, le professionnel de santé réalise un prélèvement rapide, généralement indolore. En milieu solide, les cellules prélevées dans le col de l’utérus sont étalées sur une lame. Elles sont ensuite observées au microscope afin qu’on évalue leurs caractéristiques. De plus, la préparation se compose de cellules agrégées et désordonnées qui se chevauchent.

Par contre, au cours du test Pap en phase liquide, les cellules sont réparties et disposées en « couche mince ». Elles ne s’agrègent ni se superposent de manière désordonnée.

Aussi, le gynécologue les introduit dans une solution de conservation (liquide fixateur appelé Thin Prep) contenue dans un flacon. On envoie ensuite ce dernier au laboratoire où les cellules sont mécaniquement séparées du matériel inutile, puis on apprête la lame. Un échantillon est transféré sur la lame qui, exempte de tout ce qui pourrait interférer (mucus, sang ou débris), semble propre.

Le gynécologue stocke le matériel cellulaire restant afin que celui-ci puisse être éventuellement utilisé au cas où des tests supplémentaires seraient nécessaires. Par exemple, on peut citer le test VPH (virus papillome humain). Cela évite ainsi au patient d’avoir à subir un deuxième prélèvement.

Cette nouvelle procédure permet donc, plus que le test conventionnel, d’obtenir des échantillons plus adéquats. Outre la meilleure conservation, les cellules pertinentes pour l’analyse sont les seules présentes sur la lame à analyser.

Autres solutions utilisées

Outre la solution cytologique Thin Prep, les gynécologues peuvent utiliser les supports CytoRich® ou Tripath® de l’entreprise la Roche Diagnostics. L’une des solutions populaires en France est Cyteasy® mise en vente par SEROA. Elle représente une technique manuelle de sédimentation et de centrifugation. On précise que la FDA a approuvé toutes les premières techniques mentionnées, mais la dernière (Cyteasy) n’a pu eu besoin d’une validation.

Cytologie en couche mince : avantages

La nouvelle méthode de conservation des cellules assure un diagnostic plus sensible et précis. Le test en milieu liquide présente donc de nombreux avantages comparativement au test Pap conventionnel :

  • Plus grande précision ;
  • Réduction du nombre d’échantillons cytologiques inadéquats ;
  • Possibilité d’utiliser les échantillons restants.

1.      Une plus grande précision

Comparé au test Pap en milieu solide, celui en phase liquide permet d’identifier avec une plus grande précision la présence de lésions précancéreuses. Si celles-ci ne sont pas traitées à temps, elles pourraient provoquer un cancer du col de l’utérus. Par ailleurs, il est possible de détecter des lésions glandulaires.

2.      Une réduction du nombre d’échantillons cytologiques inadéquats

Grâce à la cytologie en couche mince, les risques d’obtenir des échantillons inadéquats sont réduits. Cela améliore la sensibilité diagnostic.

3.      Possibilité d’utiliser les échantillons restants

Le matériel collecté sera en plus grande quantité et exempt de substances qui peuvent interférer dans les résultats de l’analyse. On peut alors les utiliser pour effectuer d’autres tests supplémentaires, notamment la recherche simultanée de génotypes (ADN ou ARN) de VPH. Avec un seul prélèvement, il est donc possible d’identifier à la fois l’infection à HPV et les lésions cellulaires associées.

Cytologie en couche mince : indications et contre-indications

Les experts recommandent aux femmes âgées de 25 à 64 ans d’effectuer une cytologie en couche mince tous les 3 ans. D’après quelques études scientifiques, cet intervalle de temps favorise plus les avantages du dépistage et réduit les visites.

De plus, des preuves scientifiques récentes ont montré que le test du VPH effectué tous les 5 ans est plus rentable. Le prélèvement étant similaire à celui du test Pap, on pourrait aussi effectuer ce dernier dans l’intervalle de 5 ans. Principalement, cela est plus recommandé en cas de résultats précédents négatifs.

Indications

Toutefois, il convient de noter que dans certains cas, on suggère d’effectuer le test annuellement. Cela permet ainsi d’avoir un meilleur contrôle sur les facteurs de risque :

  • La victime présente des antécédents de maladies gynécologiques (affectant l’appareil reproducteur féminin) ;
  • La patiente souffre de verrues génitales dues au virus du papillome humain ;
  • La victime est sexuellement active et a plusieurs partenaires ;
  • La victime souffre d’immunodépression ;
  • Les tests précédents effectués sont positifs ou ont donné des résultats non concluants.

Il est également essentiel de suivre les recommandations du gynécologue de confiance et d’effectuer tous les contrôles nécessaires.

Contre-indications

En ce qui concerne les contre-indications, on peut dire que le test cytologique en milieu liquide n’est pas recommandé en période de menstruation. En effet, la présence de sang dans les prélèvements risquerait de fausser l’interprétation des résultats. Il est donc recommandé de prendre rendez-vous au moins 4à 5 jours après la fin des menstruations. On peut toutefois le faire une semaine avant le début prévu du prochain cycle.

Aussi, bien que la grossesse soit l’occasion idéale pour les examens gynécologiques, les femmes enceintes ne doivent pas effectuer ce test si elles l’ont déjà fait récemment.

En outre, si les patientes présentent des doutes sur une vaginite, il est souhaitable de ne pas passer l’examen, car il devient plus difficile à interpréter. Par conséquent, il est bon de la traiter d’abord et de reporter le test après la guérison.

Cytologie en couche mince : déroulement

Cytologie du col utérin en couche mince

Avant le test cytologique en couche mince, il peut être nécessaire de s’y préparer. Cette précaution permet en réalité de ne pas affecter le résultat de l’analyse. Pour cela, toute femme qui doit le subir doit arrêter toute utilisation de crèmes vaginales, de pessaires, de spermicides ou de gel. Elle doit aussi suspendre l’utilisation de lavande, de spermicides ou de tout produit qui pourrait compromettre le résultat du test au moins 4 jours avant. De plus, on recommande d’éviter les rapports sexuels et les bains en baignoire, mer ou piscine pendant les 24 heures qui précèdent le test.

Dispositifs utilisés

Le kit utilisé comprend souvent un flacon contenant un liquide fixateur et une brosse Cervex Brush. Cette dernière est structurée de manière à avoir des poils plus longs ou plus courts pour le prélèvement. Une spatule peut toute aussi être nécessaire (cas des frottis).

Test proprement dit

Comme le test Pap, la cytologie en milieu liquide consiste à prélever un échantillon de cellules à la surface du col de l’utérus. Pour ce faire, on utilise la brosse ou une spatule pour recueillir l’échantillon de cellules cervico-vaginales de la femme testée. Ensuite, le spécialiste pose la tête de la brosse dans le flacon contenant le liquide fixateur. Il s’assure alors que toutes les cellules recueillies se sont déposées dans ce dernier. Par la suite, il retire enfin l’échantillon et transfert une partie des cellules sur une lame de microscope grâce à des machines automatisées. Il doit au préalable soigneusement retirer tout excès de mucus ou de sang. Comme énoncé, on peut ultérieurement utiliser l’échantillon restant pour d’autres tests. On procède alors à sa coloration sur les lames utilisées. Une fois dans un laboratoire, on réalise un examen minutieux.

Quelques autres précautions à suivre

Avant de prélever l’échantillon, il est toujours recommandé de nettoyer le col de l’utérus avec une petite gaze. Cette astuce permet d’éliminer l’excès de mucus, ainsi que les débris et les leucocytes qui peuvent interférer avec l’analyse.

Une fois la brosse insérée dans l’endocol (partie interne du col), il faudrait effectuer une rotation à 360°. En effet, cela va aider à prélever les cellules sur toute la surface du col.

Ce qu’il faut absolument éviter, c’est un retrait « haut et bas » ou « papillon ». Autrement dit, on ne devrait pas faire tourner la brosse d’abord à droite puis à gauche sans reprendre cela à 360°. Dans ces deux situations, il y a le risque de ne pas pouvoir prélever les cellules présentes en un certain point. Principalement, en présence de lésions focales, ces cellules peuvent être celles de l’hôte.

Une fois qu’on a prélevé l’échantillon, on l’insère dans le flacon et on secoue la brosse. En fait, les chercheurs ont préparé le liquide fixateur de telle façon qu’il adhère aux cellules. Aussi, il peut faire en sorte que toutes celles-ci se retrouvent dans le flacon. On ne doit pas laisser la brosse tremper dans le liquide. Il faudra immédiatement la jeter après utilisation.

Cytologie en couche mince : interprétations des résultats

Après l’examen des frottis, on communique les résultats au professionnel de la santé. À son tour, celui-ci informe sa patiente. Voici les interprétations possibles pour les catégories suivantes :

  • Résultats normaux ;
  • Résultats anormaux ;
  • Résultats peu précis.

Résultats normaux

On parle de résultats normaux lorsqu’on n’observe aucun changement sur les cellules prélevées. Toutefois, cela pourrait être un défaut de manipulation. Pour plus de précision, on pourrait procéder à un autre texte ultérieur.

Résultats anormaux

Les cellules anormales ne veulent pas nécessairement suggérer de cancer. D’autres tests sont nécessaires pour voir s’il s’agit d’une tumeur ou si cela pourrait en devenir. Les changements peu nombreux sont généralement mineurs, tandis que trop de changements suggèrent des cas graves.

Résultats peu précis

Les cellules peuvent présenter des anomalies. Cependant, des changements significatifs dans leur structure n’ont peut-être pas pu être confirmés. Cela pourrait être un signe de précancéreux. D’un autre côté, la présence de ces cellules anormales pourrait être liée au VPH ou à une infection. De même, elle pourrait être associée à une grossesse ou à des changements dans le mode de vie. Dans ce cas, on peut recommander un test de suivi.

Cytologie en couche mince : conduites à tenir face à un résultat positif

Si la cytologie en couche mince donne un résultat positif, la patiente doit subir un examen qualifié « de deuxième niveau ». Il s’agit de la colposcopie, un examen qui permet grâce à un instrument particulier une vue agrandie du col de l’utérus. De même, on utilise des couleurs spécifiques pour détecter d’éventuelles lésions détectées avec le test de dépistage.

Dans le cas où cet examen révèle la présence de parties anormales, on pourrait avoir besoin d’une biopsie. Si cette dernière permet de confirmer une lésion précancéreuse, on retire celle-ci avec des procédures microchirurgicales réalisées sous anesthésie locale et en ambulatoire.

Cependant, toutes les lésions qui révèlent un précancer ne nécessitent pas de traitement. En réalité, les « lésions de bas grade » ou « CIN1 » ont une forte probabilité de régression spontanée. C’est la raison pour laquelle on préfère généralement faire un suivi régulier afin d’intervenir à temps. Ce cas se remarque beaucoup plus chez les jeunes patientes.

Cette précaution, définie comme une attente, permet d’éviter des interventions chirurgicales invasives qui pourraient être sans utilité. En revanche, lorsque les lésions de bas grade persistent, le spécialiste peut recommander l’exérèse des tumeurs éventuelles. Il en est de même lorsque celles de haut grade se confirment par un examen histologique.

 

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