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Dépression du sujet âgé : étiologie, sémiologie, traitement

La dépression du sujet âgé est une affection psychique qui concerne 13 à 40 % des personnes âgées. Méconnue et souvent négligée, elle est non diagnostiquée et non traitée dans plus de 60 % des cas. Pourtant, aussi bien sur le plan relationnel qu’humain, elle présente de lourdes conséquences pour les personnes malades.

Elle est synonyme de repli sur soi, de souffrance inexprimée, de dépendance et peut constituer la cause majeure d’un suicide. En milieu clinique, la prise en charge des syndromes dépressifs chez la personne âgée s’effectue en fonction du terrain clinique. Elle repose dans la plupart des cas sur une médication et un soutien psychologique.

Dépression du sujet âgé : définition

La dépression aussi appelée trouble dépressif désigne une maladie psychique dont les manifestations provoquent une perturbation de la vie quotidienne. Elle se traduit par des symptômes variés et associe des troubles de l’humeur, du sommeil et du comportement. Dans la majorité des cas, la dépression évolue de façon insidieuse et le patient ignore parfois qu’il est dépressif.

Le trouble dépressif peut toucher aussi bien les personnes âgées que les adolescents et les jeunes enfants. Dans le cas où il affecte les personnes âgées, on parle de la dépression du sujet âgé. Fréquente partout dans le monde, cette forme de dépression est généralement liée à tort à la vieillesse. Elle est mal connue et sa prise en charge est mal conduite dans 60 à 70 % des cas.

Dépression du sujet âgé : étiologies

La dépression du sujet âgé est une maladie multifactorielle. Elle fait suite à un mécanisme complexe qui fait intervenir plusieurs groupes de facteurs à savoir :

  • Les facteurs biologiques ;
  • Les facteurs psychologiques et biographiques ;
  • Les facteurs psychosociaux.

Ces différents groupes de facteurs qui peuvent causer un trouble dépressif chez le sujet âgé sont expliqués ci-dessous.

Facteurs biologiques

Les facteurs biologiques associés à la survenue d’une dépression chez la personne âgée sont nombreux. Ils sont difficilement modulables et sont responsables du quart des cas de dépressions du sujet âgé. Ils comprennent, principalement :

  • les prédispositions génétiques ;
  • les traitements dépressogènes ;
  • les maladies dépressogènes ;
  • la réduction des neurotransmetteurs cervicaux.

Voir plus d’informations à propos de ces facteurs biologiques dans les sections suivantes.

Prédispositions génétiques

De nombreuses études portant sur la dépression du sujet âgé ont démontré une augmentation de risque en présence d’antécédents familiaux. En effet, comparativement à d’autres personnes âgées, la probabilité pour une personne ayant un parent malade de faire une dépression est majorée. Il n’y a donc nul doute que la dépression présente une composante génétique. Cependant, les gènes spécifiques impliqués dans la survenue d’une dépression sont toujours en train d’être étudiés. Ils n’ont pas encore été identifiés pour le moment.

Traitements dépressogènes

Les traitements dépressogènes regroupent des médicaments susceptibles d’entraîner une dépression. Il s’agit, entre autres :

  • des contraceptifs hormonaux ;
  • des antihypertenseurs comme l’aténolol et le métoprolol ;
  • des analgésiques utilisés contre la douleur ;
  • des médicaments comme l’hydrocodone, utilisés pour traiter la toux.

Il y a aussi les médicaments tels que l’oméprazole qui sont utilisés pour traiter le reflux gastro-œsophagien.

Par des mécanismes non encore élucidés, l’utilisation de ces médicaments entraîne une majoration du risque de dépression. Ce risque concerne aussi bien les personnes âgées que les moins âgées.

Maladies dépressogènes

À l’instar des traitements dépressogènes, les maladies dépressogènes favorisent la survenue de la dépression chez la personne âgée. Il s’agit généralement de pathologies affectant le cerveau comme la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer et les maladies somatiques. D’après plusieurs études concordantes, les personnes souffrant de ces maladies sont plus exposées à la dépression que les autres.

Par ailleurs, il existe d’autres maladies qui ne sont pas directement corrélées à la dépression, mais qui peuvent également la favoriser. Par exemple, les maladies chroniques telles que le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les déficits sensoriels graves.

Réduction des neurotransmetteurs cervicaux

Les neurotransmetteurs cervicaux sont au cœur des fonctions psychiques dans l’organisme. Ils sont responsables de la conservation de l’équilibre émotionnel et déterminent le bien-être psychique. Par conséquent, dès que leur nombre est réduit, on observe une augmentation du risque de dépression chez la personne âgée.

En général, la réduction des neurotransmetteurs cervicaux survient avec l’âge ou dans certaines conditions. Le stress chronique, l’exposition aux toxines environnementales et l’adoption de mauvaises habitudes de vie sont les plus prédominants.

Facteurs psychologiques et biographiques

Les facteurs psychologiques et biographiques regroupent des éléments ayant trait à la vie du patient qui peuvent favoriser la dépression. À l’opposé de certains facteurs biologiques, ils sont contrôlables. Chez la personne âgée, les facteurs psychologiques et biographiques les plus couramment associés à la dépression sont :

  • le poids des événements de vie ;
  • le manque de relations privilégiées ;
  • le manque d’estime de soi ;
  • la perte d’un proche ou de son autonomie.

Dans certains cas rares, les conséquences de la retraite et le changement de domicile peuvent également causer la dépression du sujet âgé.

Poids des événements de vie

Les événements de la vie ont de graves répercussions sur l’état émotionnel d’une personne qu’elle soit âgée ou non. Le poids de ces derniers favoriserait d’après plusieurs recherches la dépression du sujet âgé. Le risque de faire la dépression face au poids des événements de vie varie d’une personne à une autre. Une personne dotée d’une grande capacité d’adaptation ne fera généralement pas une dépression face au poids des événements de vie. En revanche, quand la capacité d’adaptation est faible vous êtes susceptible de faire une dépression face au poids des mêmes événements.

Manque de relations privilégiées

Les relations privilégiées sont importantes dans la vie d’une personne, peu importe son âge. Elles sont généralement mises au second plan à l’âge adulte. Or, d’après plusieurs recherches scientifiques, le manque de relations privilégiées favorise la dépression du sujet âgé. Ainsi, une personne âgée qui n’a que peu de relations privilégiées présente un risque majeur de faire la dépression. Ce risque est particulièrement important lorsqu’elle entretient des relations toxiques avec son entourage. Une relation toxique nuit à l’épanouissement et au bien-être général des personnes qui l’entretiennent.

Manque d’estime de soi

L’estime de soi est la valeur que s’attribue une personne. Elle conditionne la qualité des rapports entre une personne et son entourage, et peut favoriser plusieurs troubles du comportement. D’après un certain nombre d’études scientifiques, le manque d’estime de soi peut favoriser la dépression du sujet âgé. En conséquence, une personne âgée qui ne s’estime pas est susceptible de faire une dépression. Ceci en raison du désamour qu’entraîne la faible estime de soi ainsi que la tristesse dont il s’accompagne.

Perte d’un proche ou de son autonomie

La perte d’un proche ou la perte d’autonomie sont associées à plus de 5 % des cas de dépressions. Par conséquent, une personne âgée est exposée à un risque important de dépression lorsqu’elle présente un handicap ou est en deuil. Ce risque est réduit quand la personne âgée bénéficie d’un accompagnement psychologique et du soutien de ses proches.

Facteurs psychosociaux

Dépression du sujet âgé

Les deux principaux facteurs psychosociaux qui peuvent favoriser la dépression du sujet âgé sont la solitude et la pauvreté. Ils constituent tous des facteurs modulables. Découvrez-en plus à leur propos dans les rubriques suivantes.

Solitude

La solitude fait allusion à une absence de rapports avec autrui. Elle peut être durable ou ponctuelle et subie ou choisie. Dans l’un ou l’autre des cas, elle est liée à la dépression du sujet âgé. En effet, la proportion de dépressions est plus importante dans les couches de personnes solitaires que les autres couches. Par conséquent, une personne âgée qui vit isolée et n’a presque aucun réseau social est très encline à faire une dépression.

Le risque de dépression dans ce cas est réductible grâce à la pratique de certaines activités. Par exemple, les activités ludiques qui permettent tant bien que mal de combler le vide créé par la solitude.

Pauvreté

La pauvreté traduit ordinairement un manque de ressources financières. Elle est la mère de nombreux maux. D’après un certain nombre d’études, elle favorise la survenue de la dépression chez le sujet âgé. En effet, une personne âgée qui se trouve dans une situation de pauvreté n’est pas épanouie. Elle est soucieuse et triste et pense qu’elle a raté sa vie. Par conséquent, elle est en proie à de nombreuses maladies psychiques, la dépression du sujet âgé comprise. Le risque de dépression est encore plus important quand la personne pauvre ne bénéficie pas du soutien de ses proches.

Dépression du sujet âgé : sémiologie

La dépression du sujet âgé se manifeste différemment d’une personne à une autre. Le tableau clinique lorsqu’il est franc se compose de symptômes cliniques spécifiques. À savoir les perturbations de l’humeur, une vision pessimiste de soi et du monde, un état de tristesse et une perte de plaisir. En revanche, lorsqu’il ne l’est pas, le tableau clinique se caractérise de signes cliniques plus ou moins généraux. Par exemple :

  • une fatigue chronique ;
  • une douleur articulaire ;
  • une altération de la fonction digestive ;
  • un changement de comportement.

Quelquefois, la dépression du sujet âgé peut aussi se manifester par un trouble de la sphère ORL. Pour rappel, la sphère ORL prend en compte les organes suivants : oreilles, gorge, nez, glandes salivaires.

Dépression du sujet âgé : traitement

Dépression du sujet âgé

Le traitement de la dépression du sujet âgé dépend de sa cause. Il repose sur trois approches thérapeutiques en particulier, à savoir :

  • l’utilisation des antidépresseurs inhibiteurs de la capture de la sérotonine ;
  • l’utilisation des antidépresseurs inhibiteurs de la capture de la sérotonine et de la noradrénaline ;
  • l’utilisation de l’Athymil ou du Stablon.

Les tricycliques bien qu’ils aient montré une efficacité sur les symptômes spécifiques de la dépression sont rarement prescrits.

Antidépresseurs inhibiteurs de la capture de la sérotonine

Les antidépresseurs inhibiteurs de la capture de la sérotonine constituent le traitement de première intention des troubles dépressifs. Ils agissent sur les concentrations intrasynatiques de sérotonine en inhibant spécifiquement les transporteurs présynaptiques de capture de la sérotonine. Comparativement aux autres antidépresseurs, ils présentent de nombreux atouts. Pour commencer, ils offrent une plus grande tolérance. Ensuite, il ne présente presque pas d’effet atropiniques.

Dans le traitement de la dépression du sujet âgé, le fluvoxamine est l’inhibiteur de capture de sérotonine le plus utilisé. La fluoxétine, la sertraline et la paroxétine le sont moins. Les posologies usuelles quant à elles dépendent du patient. Il revient généralement au médecin traitant de les fixer en fonction du poids, de l’âge et de l’intensité des signes.

Les inhibiteurs de la capture de la sérotonine ne font objet d’aucune contre-indication particulière. Par ailleurs, les principaux effets secondaires qu’on associe à son utilisation comprennent :

  • Les troubles digestifs comme la nausée, les vomissements, l’anorexie et la constipation ;
  • Une insomnie ;
  • Les céphalées ;
  • Les accès hypersudatifs ;
  • La baisse de la libido ;
  • Les syndromes de sevrage.

Un autre effet secondaire méconnu des inhibiteurs de capture de la sérotonine est le syndrome sérotoninergique. Il comprend des manifestations sévères d’ordre digestif, végétatif, moteur et neuropsychique pouvant conduire le patient dans un état comateux. Pour cela, il constitue un motif d’arrêt immédiat de traitement. Dans quelques cas rares, l’utilisation des inhibiteurs de capture de la sérotonine est également associée à une hausse de la pression artérielle.

Antidépresseurs inhibiteurs de la capture de la sérotonine et de la noradrénaline

Ces antidépresseurs agissent à la fois sur la capture de la sérotonine et de la noradrénaline. Ils font augmenter les taux intrasynatiques de sérotonine et de la noradrénaline dans le sang. Considérés comme plus efficaces que les inhibiteurs de la capture de sérotonine, ils constituent un traitement de deuxième intention. Dans le traitement de la dépression du sujet âgé, ils sont prescrits en général quand le traitement de première intention n’a pas marché. Les posologies usuelles dépendent des spécificités du patient dépressif. C’est généralement le médecin traitant qui se charge de les définir.

Par ailleurs, les principaux antidépresseurs inhibiteurs de la capture de la sérotonine et de la noradrénaline (Effexor, Ixel, Norset) présentent peu d’effets atropiniques. De même, ils présentent des effets secondaires similaires à ceux des inhibiteurs de la capture de la sérotonine.

Athymil ou Stablon

L’Athymil et le Stablon constituent des traitements de derniers recours de la dépression du sujet âgé. Ils sont tout aussi efficaces que les traitements de première et deuxième intention de la dépression. Toutefois, ils présentent des effets secondaires plus importants que les autres.

 

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