Santé

Embolie pulmonaire : causes, symptômes et traitements

Les poumons accomplissent l’un des besoins les plus vitaux de l’organisme : le besoin de respirer. La respiration permet donc d’alimenter l’organisme en oxygène afin de fabriquer de l’énergie. Il existe cependant de nombreuses pathologies qui peuvent mettre à mal le bon fonctionnement des voies respiratoires. L’une de ces pathologies est l’embolie pulmonaire. Peu connue, elle est pourtant très dangereuse pour l’organisme. Que savoir de cette pathologie et comment la traiter ? Voici quelques pistes de solutions.

Généralités sur l’embolie pulmonaire

L’embolie pulmonaire : qu’est-ce-que c’est ?

L’embolie pulmonaire consiste en une obstruction partielle ou complète d’une artère pulmonaire ou de la branche d’une artère pulmonaire. Cette obstruction est généralement due à un caillot de sang. C’est une maladie qui nécessite une prise en charge médicale urgente, et qui peut s’avérer létale dans beaucoup de cas.

En général, le caillot responsable de cette obstruction se forme à l’intérieur d’une veine profonde de la jambe. Ce dernier migre ensuite dans la circulation sanguine, pour se loger d’abord dans la zone du cœur et enfin l’artère pulmonaire. Cependant, en dépit de la dangerosité avérée de cette maladie, elle peut s’avérer moins problématique lorsqu’elle est traitée assez tôt.

La gravité d’une telle pathologie est évaluée en fonction de l’obstruction de l’artère concernée. D’autres paramètres peuvent néanmoins intervenir comme l’état de santé du patient notamment sur les plans cardiaque et respiratoire, mais aussi le délai de réalisation du diagnostic.

L’embolie pulmonaire peut atteindre une phase critique qui est qualifiée d’embolie pulmonaire massive. Dans ce cas, l’artère pulmonaire est bouchée à plus de la moitié de son diamètre. Cette phase critique de la maladie peut entraîner d’autres problèmes de santé comme une insuffisance cardiaque et dans certains cas, un arrêt cardiaque.

A quelle fréquence peut-on observer une embolie pulmonaire ?

En France, le nombre de personnes présentant une embolie pulmonaire varie généralement entre 65 et 130 000. Cependant, dans cet intervalle, près de 40 à 50% de ces malades ne présentent aucun symptôme de la maladie. Cela n’empêche pas que l’embolie pulmonaire se retrouve dans le top 3 des maladies cardiovasculaires, aux côtés de l’infarctus et de l’accident vasculaire cérébral. Cette maladie est responsable à elle seule, de près de 35 000 hospitalisations par année.

Sur le plan de la mortalité, l’embolie pulmonaire a été reconnue comme la cause de près de 15 000 décès en France chaque année. Les décès surviennent souvent dans les cas d’un diagnostic tardif ou d’une apparition brutale de la maladie. Elle se produit aussi dans les cas où les patients sont déjà atteints d’une autre maladie ou sont déjà à un âge avancé. Il est avéré dans tous les cas que, lorsque la maladie est vite diagnostiquée et prise en charge, elle ne représente plus aucun danger pour la vie du patient.

Causes et facteurs de risque de l’embolie pulmonaire

De nombreuses raisons peuvent expliquer l’apparition d’une embolie pulmonaire. Les facteurs de risque quant à eux ne sont pas des causes, mais plutôt des circonstances ou conditions qui pourraient faciliter le développement de la maladie.

Les causes de l’embolie pulmonaire

L’embolie pulmonaire s’explique par l’obstruction d’une artère pulmonaire par un corps solide qui peut être en général un caillot de sang. Ce dernier est appelé embole. Toutefois, l’embole peut être un autre corps que le caillot de sang. Ces éléments passent à travers la circulation sanguine pour achever leur migration dans une artère pulmonaire. Il est quand même rare qu’un autre corps soit l’embole. Les corps qui peuvent être un embole en dehors des caillots de sang sont les suivants :

  • Les excès de cholestérol se fixant à la paroi interne des vaisseaux sanguins pour former des plaques d’athérome ;
  • Les parasites ou autres fragments de tissus infectés ;
  • Les fragments de moelle osseuse résultant d’une fracture des os ;
  • Les gaz comme les bulles d’air contenus dans certaines injections intraveineuses ;
  • Les plaques de tumeurs cancéreuses ;
  • Le liquide amniotique qui est libéré lors de l’accouchement.

Cependant, comme il est dit plus haut, dans la grande majorité des cas d’embolie pulmonaire, le responsable est un caillot de sang. Ce dernier se forme en général dans une zone inférieure du corps comme une veine profonde de la jambe, particulièrement au niveau des cuisses. Dans certains cas rares, le caillot peut se former au niveau d’une veine du bassin ou encore à l’intérieur d’une cavité cardiaque.

Ainsi, il ressort que dans près de 70% des cas, l’embolie pulmonaire résulte de la complication d’une autre maladie appelée la thrombophlébite. Cette dernière est encore connue sous l’appellation courante de phlébite.

Il s’agit d’une maladie qui se développe en général dans les veines profondes des jambes. Cela explique le fait que dans le cas d’une embolie pulmonaire, les médecins procèdent automatiquement à la recherche d’un antécédent de phlébites.  Lorsque ce n’est pas une phlébite qui en est responsable, la cause de l’embolie pulmonaire reste inconnue dans près de 20% des cas.

Les facteurs de risques de l’embolie pulmonaire

De nombreuses situations peuvent favoriser l’apparition de caillot de sang dans les veines, par ricochet, ces situations sont les facteurs de risque de l’embolie pulmonaire. Lorsque ces facteurs de risque sont repérés assez tôt, cela permet d’anticiper en appliquant un traitement préventif à la maladie.

Le premier facteur concerné ici est l’immobilisation du corps, qui est souvent due à un alitement de longue durée. En effet, de nombreuses maladies comme les accidents vasculaires cérébraux, peuvent envoyer les patients au lit pendant un long moment pouvant atteindre des semaines voire des mois. Les accidents traumatiques comme les fractures ou encore les voyages d’une durée supérieure à 6 heures, sont aussi de potentielles causes d’immobilisation.

Certaines interventions chirurgicales comme les opérations obstétriques ou gynécologiques au niveau du bassin ou encore celles orthopédiques, peuvent aussi constituer un facteur de risque pour l’embolie pulmonaire. Les opérations de retrait d’une tumeur cancéreuse sont aussi concernées par cette catégorie de facteurs de risque. Lors de ces genres d’opérations, une anesthésie générale est nécessaire. Cela immobilise le patient pendant toute la durée de l’intervention, qui peut faire des heures.

Certains problèmes de santé héréditaires peuvent aussi constituer un facteur de risque. C’est le cas des troubles de la coagulation sanguine héréditaire, une maladie qui fait coaguler le sang plus facilement et rapidement. En face d’un patient de plus de 45 ans souffrant d’une embolie pulmonaire, ces problèmes d’origine génétique font l’objet d’une recherche systématique. Ils sont aussi suspectés chez les patients présentant fréquemment des récidives d’embolie pulmonaire, mais aussi chez les femmes qui font régulièrement des fausses couches spontanées.

L’accouchement est un autre facteur qui favorise l’apparition d’une embolie pulmonaire. Cela s’observe le plus souvent chez les femmes qui ont eu une thrombose veineuse au cours de leur grossesse. Les accouchements longs ainsi que les avortements clandestins, sont aussi de potentielles causes d’embolie pulmonaire.

Certains traitements et produits pharmaceutiques peuvent aussi représenter un élément déclencheur d’embolie pulmonaire. C’est le cas des chimiothérapies anticancéreuses, mais aussi des héparines qui, contre toute attente, sont utilisées dans la prévention et le traitement des embolies pulmonaires.

D’autres facteurs peuvent aussi intervenir dans l’avènement d’une embolie pulmonaire. Il s’agit de facteurs comme :

  • Les cancers du poumon, du pancréas et de l’estomac ;
  • Les troubles cardiaques tels que les maladies des valvules et les troubles du rythme ;
  • L’utilisation des contraceptifs oraux comme la pilule, mais ;
  • Le traitement hormonal de certaines maladies comme la ménopause ;
  • L’obésité et le surpoids ;
  • Les anomalies présentées par les vaisseaux sanguins dans des cas rares.

Ces différents problèmes de santé peuvent être indirectement à la base d’une embolie pulmonaire.

Symptômes et complications d’une embolie pulmonaire

L’embolie pulmonaire est une maladie qui passe souvent inaperçue, car elle présente très peu de symptômes. Cependant, elle peut présenter de nombreuses complications.

Symptômes de l’embolie pulmonaire

Malgré sa dangerosité potentielle, l’embolie pulmonaire ne se manifeste pas par de nombreux symptômes. Les symptômes présentés par cette pathologie sont en effet peu nombreux, mais aussi peu graves, ce qui pourrait amener à se méprendre sur l’état d’évolution de la maladie. De façon générale, le principal symptôme dont se plaignent les patients, est une douleur semblable à celle générée par un point de côté. Cette douleur semble s’intensifier lors des mouvements respiratoires.

Certaines fois, cette douleur est ressentie dans la zone arrière du sternum. La douleur s’accompagne aussi de manière progressive d’une respiration courte, rapide et superficielle. Une accélération du rythme cardiaque peut aussi s’observer de manière connexe à ces symptômes. Le patient peut également être en proie à une toux intense, accompagnée de crachats imprégnés de sang.

Dans des cas assez rares, le patient peut présenter d’autres symptômes comme des malaises, de la fièvre ou encore de l’anxiété. Lorsque l’embolie pulmonaire est due à une phlébite de la jambe, cette dernière peut s’enfler et s’accompagner de douleur tout au long de la veine touchée par la maladie.

Dans les cas extrêmes, le patient peut présenter d’autres signes comme des lèvres et les extrémités des doigts prenant une coloration bleue. Il peut aussi perdre connaissance au moment de se mettre debout, et potentiellement faire un choc ou même un arrêt cardiaque.

Lorsque vous observez ces symptômes chez une personne déjà atteinte de phlébite, il est conseillé de faire appel immédiatement aux services d’urgence. Dans l’attente de l’arrivée de ces derniers, vous devez placer le malade dans une position semi-assise, et veiller à ce qu’il ne se lève ni ne se déplace.

Complications de l’embolie pulmonaire

Les complications de la maladie surviennent en général, lorsque l’embole occupe plus de la moitié du diamètre de l’artère pulmonaire. Ces complications peuvent s’avérer très sévères, car elles consistent bien souvent en une diminution importante de la quantité d’oxygène véhiculée par le sang.

Cette faible présence d’oxygène dans le sang peut entraîner d’autres conséquences désastreuses comme des troubles cardiaques et même un arrêt cardiaque. De plus, la partie du poumon qui n’est plus irriguée en raison de cette défaillance de l’artère, peut subir une nécrose et s’infecter, dans les cas les plus graves.

Lorsque l’embolie pulmonaire ne fait pas l’objet d’un traitement constant et rigoureux, elle peut récidiver et affecter encore le patient dans près de 25% des cas. Quand cela se produit, la récidive est souvent beaucoup plus sévère que l’épisode initial d’embolie pulmonaire.

La récidive d’une embolie pulmonaire peut entraîner comme conséquences : une hypertension pulmonaire chronique, une hausse de pression sanguine au niveau des artères pulmonaires qui va conduire à un essoufflement rapide.

Prévention de l’embolie pulmonaire

La prévention de l’embolie pulmonaire peut varier selon que la personne soit atteinte ou non d’une phlébite.

La prévention simple de l’embolie pulmonaire

Prévenir l’embolie pulmonaire revient à éviter la formation de caillots de sang dans l’organisme des personnes présentant un grand risque d’exposition à cette maladie. Cette prévention repose sur des actions comme :

  • Porter des bas de contention adaptés ;
  • Arrêter de fumer ;
  • Éviter l’utilisation de la contraception hormonale ou d’un traitement hormonal de la ménopause ;
  • Lutter contre l’obésité et le surpoids ;
  • Utiliser des produits anticoagulants comme les anti vitamines K ou l’héparine ;
  • Essayer de faire des exercices d’étirement lors des longs voyages, afin de faire mouvoir les jambes.

Certaines de ces mesures préventives doivent être obligatoires et systématiques chez certaines catégories de personnes. C’est le cas des femmes enceintes atteintes d’une maladie veineuse. Chez les personnes obligées de rester immobiles à la suite d’une intervention chirurgicale ou autres, une injection sous-cutanée d’héparine est fortement recommandée, jusqu’à leur rétablissement complet.

Prévention de l’embolie pulmonaire chez une personne atteinte de phlébite

Lorsqu’une personne est atteinte de phlébite, les médecins doivent mettre en place toutes les mesures nécessaires pour empêcher les caillots de migrer vers le cœur. Ces mesures consistent en un traitement anticoagulant sur plusieurs mois et aussi l’utilisation des bas de contentions adaptés pour une durée minimum de deux années.

En cas de contre-indication des traitements anticoagulants chez le patient ou de récidives répétées de la phlébite malgré le traitement, d’autres moyens peuvent être utilisés. Il est possible de faire recours à l’utilisation d’un filtre cave, qui sera placé dans la principale veine reliée au cœur. Cela pourra empêcher qu’un caillot mobile aille se loger dans le cœur ou dans une artère pulmonaire. Il faut préciser que cette mesure est particulière et qu’elle intervient uniquement dans le cas énoncé ici.

Traitement de l’embolie pulmonaire

Lorsque des symptômes d’embolie pulmonaire sont observés chez les patients, plus particulièrement chez ceux présentant un antécédent de phlébite, il faut vite appeler les urgences. Dans l’attente de l’arrivée de ces derniers, vous devez placer le malade dans une position semi-assise et empêcher qu’il se lève.

Une fois la prise en charge effectuée, le traitement va consister en l’utilisation de produits anticoagulants et parfois d’autres produits, afin de dissoudre les caillots dans le sang.

Les différentes méthodes de traitement de l’embolie pulmonaire

Il existe plusieurs méthodes pour traiter l’embolie pulmonaire.

L’utilisation des médicaments anticoagulants

Ces médicaments sont utilisés afin de diminuer la capacité de coagulation du sang. Il en existe deux principaux. D’une part, il y a les anti vitamines K, qui sont encore connues sous l’appellation de « AVK ».

Il existe plusieurs AVK comme l’acénocoumarol, la fluindione ou encore la warfarine, et d’autres qui sont moins récents. Ces substances permettent d’inhiber l’action de la vitamine K, qui assure la coagulation du sang dans l’organisme. Elle s’administre en général par voie orale.

D’autre part, on a les héparines, qui sont des dérivées d’une substance anticoagulante présente dans le corps humain. Il existe deux types d’héparine.

D’un côté, nous avons les héparines non fractionnées qui sont dites standards et qui sont plus anciennes. C’est le cas de l’héparine sodique et de l’héparine calcique. D’un autre côté, il y a les héparines de bas poids moléculaire appelées les HBPM. C’est le cas des substances comme la daltéparine sodique, l’énoxaparine sodique et la tinzaparine sodique.

Il existe par ailleurs, un dérivé de l’héparine appelé le fondaparinux sodique, qui appartient aussi à cette famille d’anticoagulants. A l’inverse des AVK, les héparines sont administrées par voie veineuse ou par voie cutanée.

Une autre famille de substance anticoagulante a vu le jour récemment, il s’agit des anticoagulants oraux directs comme l’apixaban et le rivaroxaban. Ces derniers quoique récents, ont été approuvés pour le traitement de l’embolie pulmonaire.

La thrombolyse

Lorsque l’embolie pulmonaire est à un état très évolué et qu’on assiste à une grande chute de la pression sanguine, les risques d’état de choc ou d’un arrêt cardiaque sont plus accrus.  Dans ce cas, la solution la plus rapide et efficace est de dissoudre le caillot de sang bloqué dans l’artère pulmonaire.

Pour y arriver, de nombreux traitements à base d’enzymes peuvent être administrés par voie intraveineuse. Ces traitements sont composés de substances thrombolytiques comme l’altéplase, la streptokinase et l’urokinase. Une seule injection peut suffire à calmer l’embolie pulmonaire à un stade avancé.

L’embolectomie

Encore appelée thrombectomie, l’embolectomie est une opération chirurgicale qui consiste à prélever le caillot de sang qui bouche l’artère pulmonaire. Cette méthode de traitement s’adresse exclusivement aux patients atteints d’une embolie pulmonaire critique et qui présentent un risque imminent d’arrêt cardiaque.

Elle est utilisée lorsque la thrombolyse s’est montrée impuissante dans le traitement de l’embolie pulmonaire. Il s’agit donc d’une méthode de traitement très rare et exceptionnelle.

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