Santé

Quels sont les causes et traitements du syndrome de Cushing ?

Le syndrome de Cushing est une maladie causée par des anomalies cliniques secondaires dues à un excès de cortisol dans l’organisme. Il s’agit d’une pathologie rare qui touche en moyenne dix personnes sur un million d’habitants chaque année, dont plus de femmes que d’homme. Découvert pour la première fois en 1932 par le neurochirurgien Harvey Cushing, il survient avec de nombreux symptômes et peut être fatal lorsque la prise en charge n’est pas rapide.

Syndrome de Cushing ou maladie de Cushing ?

Le syndrome de Cushing est une affection endocrinienne qui peut se définir comme une « hypercortisoline chronique ». Autrement dit, c’est l’exposition de l’organisme à une trop grande quantité de glucocorticoïdes. Il peut s’agit d’une part des cortisols, une hormone naturelle sécrétée par les deux glandes surrénales. Dans ce cas, l’on parle de syndrome de Cushing endogène.

D’autre part, le syndrome de Cushing peut être dû à l’administration prolongée d’hormones synthétiques dans l’organisme. En effet, les personnes qui prennent de fortes doses de corticoïde afin de traiter les troubles inflammatoires, les troubles cutanés, les allergies et autres maladies sont susceptibles de développer la pathologie. On parle alors de syndrome de Cushing iatrogène ou exogène. En plus du syndrome de Cushing, la prise de fortes doses de corticoïde peut en outre supprimer la fonction des glandes surrénales.

Par ailleurs, en dehors des corticoïdes de synthèse qui constitue dans la majorité des cas, les causes du syndrome de Cushing, il existe en outre d’autres causes peu fréquentes. Notamment des circonstances pathologiques à l’origine d’une sécrétion en excès du cortisol par les glandes surrénales. Entrainant ainsi un syndrome de Cushing endogène.

Ces pathologies sont :

  • La présence d’une tumeur bénigne qui se développe à partir des cellules corticotropes au niveau de l’hypophyse. Lorsque c’est le cas, l’ACTH (Adreno Cortico-Tropic Hormone corticotrope), l’hormone qui contrôle la sécrétion du cortisol est produite en excès.

Provoquant alors une hyperproduction du cortisol par les deux surrénaux. Progressivement, celles-ci deviennent hypertrophiées ou hyperplasiques. C’est cette cause particulière qui est appelée « maladie de Cushing ».

  • Une cause est la sécrétion d’ATCH par d’autres tumeurs développées en dehors de l’hypophyse. La conséquence directe de ce dysfonctionnement est bien évidemment la présence d’une trop grande quantité de corticoïdes dans le corps.

Les tumeurs responsables sont pour la plupart retrouvées dans les poumons. Elles peuvent être malignes ou bénignes. Lorsque la pathologie découle d’une tumeur, on parle de syndrome de Cushing paranéoplasique ou syndrome de Cushing par sécrétion ectopique d’ACTH.

  • La dernière cause est la présence de tumeur au niveau de la surrénale. Bénigne (adénomes) ou maligne (corticosurrénalomes), la tumeur provoque la production de cortisol en excès dans l’organisme.

En clair, il est essentiel de retenir que « la maladie de Cushing » n’a pas la même signification que la « syndrome de Cushing ». En effet, la  « maladie de Cushing » fait référence à l’une des trois causes du syndrome de Cushing. Il est donc important de ne pas confondre les deux terminologies.

Par ailleurs, dans certains cas extrêmement rares, l’hyperproduction de cortisol peut être due à une dysplasie nodulaire pigmentée primitive des surrénales que l’on découvre chez les adolescents. Une autre cause est l’hyperplasie macronodulaire bilatérale chez les personnes âgées.

Syndrome de Cushing : Symptômes

Le syndrome de Cushing apparaît avec de nombreuses manifestations cliniques dont les plus caractéristiques sont la modification de la morphologie du patient, suivie d’une prise de poids. Ces symptômes s’expliquent par une répartition anormale des graisses dans l’organisme. Entrainant ainsi une obésité facio-tronculaire ou Echymose faciale.

Chez les personnes souffrant de syndrome de Cushing, la prise de poids s’accentue essentiellement au niveau du visage et du tronc. Ainsi, il est assez fréquent de remarquer chez les patients un visage arrondi, rouge et bouffi.

Le syndrome de Cushing peut également se manifester par :

  • Une fragilité osseuse accompagnée d’ostéoporose ;
  • Une fonte des muscles avec une fatigue intense (le patient peut avoir du mal à faire certaines tâches, des difficultés pour se lever, pour monter les escaliers) ;
  • Une fragilité sous-cutanée qui se manifeste par une apparition d’Echymose au moindre choc et de vergeture un peu partout sur le corps. Notamment, au niveau du ventre, des racines du membre et du flanc. Le syndrome se manifeste également par une cicatrisation plus lente et un amincissement de la peau et des extrémités distales ;
  • Hirsutisme ou augmentation de la pilosité : apparition d’acné sur le corps ;
  • Trouble de comportement ou de l’humeur : le patient présente des pertes de mémoire, une difficulté de concentration, l’anxiété, l’irritabilité et des troubles de dépression pouvant conduire au suicide ;
  • Des mycoses ;
  • Une hypertension artérielle ;
  • Diabète ;
  • Dyslipidémie qui se caractérise par un excès de triglycérides ou de cholestérol dans le corps ;
  • Des lithiases rénales ;
  • Des troubles sexuels chez l’homme ;
  • Une vulnérabilité aux infections ;
  • Une tendance aux thromboses ;
  • Une irrégularité du cycle menstruel et des troubles d’infertilité chez la femme ;
  • Une intolérance au glucose.

Par ailleurs, le syndrome lorsqu’il vient d’une tumeur surrénalienne entraine chez la femme une hyperproduction d’androgène qui peut être à la base des signes de virilisations et d’une calvitie temporale. En outre, cette affection est assez rare chez les enfants. Mais lorsqu’il survient, l’on remarque une interruption de la croissance suturale qui s’accompagne d’une prise de poids.

Quel est le diagnostic pour le syndrome de Cushing ?

De nombreux moyens permettent de poser un diagnostic pour le syndrome de Cushing. Le médecin peut en effet décider de procéder par diagnostic biologique ou par diagnostic étiologique avec la confirmation de l’origine hypophysaire.

Un diagnostic biologique

Il se fait par élimination suivant plusieurs étapes. Notamment, en recherchant chez le patent la prise de médicament contenant des corticoïdes. Cette étape permet d’éliminer de la liste le syndrome de Cushing iatrogène.

Ensuite, il est important de vérifier que le patient souffre véritablement du syndrome de Cushing et non d’un pseudo-syndrome. En effet, l’alcoolisme, le stress ou certaines maladies psychiatriques peuvent provoquer les mêmes symptômes que celui du syndrome de Cushing et prêter à confusion.

Pour ces diverses vérifications, le médecin procède par mesure de corticoïde dans un intervalle de 24 h en testant l’urine, le sang ou la salive. Chez une personne non atteinte, les taux de cortisol sont élevés le matin et faibles le soir. Mais chez un patient souffrant du syndrome de Cushing, le taux est élevé tout le temps.

Lorsque le taux de cortisol est élevé chez le patient, le médecin peut procéder à un test de freinage minute avec administration de dexaméthasone. La dexaméthasone est une substance qui bloque la fabrication de cortisol par l’hypophyse et entrainant parallèlement la réduction du cortisol dans le sang. Ce test permet de déterminer si la cause du syndrome est la « maladie de Cushing ».

Un diagnostic étiologique

Lorsque le syndrome à une cause autre que la « maladie de Cushing », le médecin vérifie désormais si la surproduction du cortisol n’est pas liée à une augmentation de sécrétion de l’ACTH. Pour ce fait, il réalise un dosage de l’ACTH normale, élevée ou effondrée.

La concentration en ACTH normale ou élevée permet de vérifier si l’hypercorticisme est d’origine ectopique ou hypophysaire. Quant à la concentration d’ACTH effondrée, elle indique que l’hyperproduction du cortisol est d’origine surrénale.

En plus de ces diagnostics, le médecin peut faire une IRM (imagerie par résonance magnétique) des glandes surrénales ou hypophysaires afin de visualiser les lésions de petite dimension causée par la maladie. Il peut en outre recommander une TDM des poumons, mais aussi de l’abdomen ainsi qu’une radiographie thoracique pour établit les dégâts causés.

Enfin, lorsque l’IRM est normale et que les divers tests sont discordants, le médecin peut faire un cathétérisme des sinus pétreux. Il s’agit d’un examen d’exploration permettant de distinguer de manière plus évidente la cause de la maladie. Toutefois, même s’il s’agit d’un procédé très efficace, le cathétérisme des sinus pétreux inférieurs est un examen agressif et ne doit être utilisé qu’en dernier ressort.

Le cathétérisme des sinus pétreux consiste à insérer des cathéters dans les veines qui drainent l’hypophyse. Cette méthode permet de récupérer le sang directement au contact de l’hypophyse et d’y mesurer la concentration en ACTH. Les veines utilisées lors de l’examen sont essentiellement celles situées dans le bas du cerveau et au niveau de la tête. Avant un examen de cathétérisme, le patient se voit injecter par voie intraveineuse une ampoule de CRH pour stimuler la production d’ACTH dans son organisme.

Les examens pour établir le syndrome de Cushing doivent obligatoirement être menés par des spécialistes endocrinologues. Toutefois, il est préférable que le diagnostic soit posé par une équipe pluridisciplinaire de spécialistes composés d’endocrinologue, de radiologue, de biologiste hormonal et de médecin nucléaire qui ont une parfaite maitrise du syndrome de Cushing.

Syndrome de Cushing : Traitements

Le seul moyen de traiter efficacement la maladie est de supprimer la cause. Cependant, le traitement du syndrome de Cushing diffère en fonction que la cause provienne des glandes surrénales, de l’hypophyse ou de traitement médicamenteux. Toutefois, quelle que soit la cause, le patient doit suivre un régime riche en protéine et potassium pour maintenir son état général.

Lorsque le syndrome de Cushing est lié à la prise de fortes doses de corticoïde, le médecin traitant évalue le pour et le contre du traitement avant de demander un arrêt. En général, il est recommandé de diminuer progressivement la dose des médicaments sur plusieurs semaines, voire des mois. Malheureusement, d’autres personnes avec un état de santé grave doivent quand même continuer le traitement de corticoïde malgré la présence du syndrome de Cushing.

Lorsque la cause n’est pas médicamenteuse, le traitement peut se faire par :

La chirurgie

Pour le traitement, il est possible de faire une chirurgie hypophysaire qui consiste en l’ablation de l’adénome hypophysaire corticotrope. Il s’agit d’une intervention très délicate, mais peu traumatisante. Cette méthode permet de recouvrer la guérison dans 80 % des cas. Toutefois, il est possible que la maladie récidive. Il est donc important de faire un suivi régulier.

En outre, pour certains patients, l’on n’a pas d’autres choix que de retirer les glandes surrénales qui produisent en excès l’hormone. Dans ce cas, ces personnes devront prendre des corticoïdes durant toute leur vie pour substituer l’absence de glande. D’un autre côté, ces derniers sont susceptibles de développer le syndrome de Nelson.

Ce syndrome intervient essentiellement chez les personnes s’étant fait retirer les glandes surrénales afin de traiter le syndrome de Cushing. Mais malheureusement, la maladie ne disparait pas ! Dans ce cas de figure, la tumeur hypophysaire origine du syndrome continue son développement et parallèlement l’hyperproduction d’ACTH. Mais les glandes surrénales n’étant plus présentes pour continuer la sécrétion de cortisol, la peau du patient s’assombrit progressivement. En outre, d’autres symptômes du syndrome de Nelson qui peuvent également apparaitre sont les maux de tête et des troubles de vision.

La radiothérapie

Lorsque la taille ou l’emplacement de la tumeur sont un handicap pour une intervention chirurgicale, le médecin peut proposer une radiothérapie afin de réduire celle-ci. Cette méthode aide à réduire l’hypersécrétion d’ACTH et donc de cortisol en freinant le développement de l’adénome corticotrope.

La radiothérapie peut-être par gamma-knife. C’est-à-dire que l’on procède par irradiation focalisée et ciblée sur des lésions avec une taille limitée et une distance des voies optiques.

Cette technique permet une diminution des hormones dans le sang. La radiothérapie par gamma-knife se déroule en une seule séance. En outre elle est un excellent moyen pour léser le moins de tissus environnants possible.

Par ailleurs, la thérapie peut être conventionnelle. Dans ce cas, elle se fait par une série d’irradiations externes centrées sur la tumeur. Ce procédé contrairement au premier est scindé en plusieurs séances.

Un traitement médicamenteux

La chirurgie ainsi que la radiothérapie ne sont pas toujours possibles dans le traitement du syndrome de Cushing. Ainsi, l’on peut faire recours à un traitement par médicament. De nombreux comprimés anticortisoloques tels que la metopirone permettent en effet de bloquer la production de cortisol.

L’on peut également prescrit au patient du lakétoconazole qui est tout aussi efficace, mais avec une action plus lente. En plus, il peut être hépatotoxique. En outre, d’autres médicaments comme la lévocétoconazale et osilodrostat sont parfaits pour bloquer la stéroïdogenèse. L’étomidate parentale quant à lui est utilisée par les patients qui présentent des symptômes fulminants. Aussi, des études ont prouvé que le cabergoline ou analogue de somatostatine pouvait être efficace contre la sécrétion d’ACTH.

Les symptômes du syndrome de Cushing sont totalement réversibles dans une certaine mesure. Ainsi, à la fin du traitement, la disparition des anomalies morphologiques se remarque en seulement quelques mois et les patients reprennent leur apparence d’origine.

Le syndrome de Cushing est une affection qui peut menacer le pronostic vital du malade dans certains cas. Notamment lorsque le diagnostic est fait tardivement ou lorsque le syndrome est secondaire à une tumeur maligne. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une tumeur bénigne, le traitement se fait de manière efficace et la guérison peut être définitive.

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