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Intérêt de l’ostéodensitométrie chez les femmes ménopausées en bonne santé : controverse

Le risque pour une femme ménopausée de connaitre l’ostéoporose est très élevé. Il est estimé qu’une fracture ostéoporotique se produit toutes les trois secondes dans le monde entier. Et les femmes ménopausées sont les personnes les plus exposées. En effet, une femme sur trois âgée de plus de 50 ans subit une fracture due à l’ostéoporose durant le restant de sa vie. À l’opposé, un homme sur cinq subit une fracture au cours du reste de sa vie.

Par ailleurs, avoir subi au moins une fracture dans sa vie prédispose à la récidive de l’ostéoporose. Environ 50 % des personnes qui ont subi une fracture ostéoporotique en subissent une autre. De même, le risque pour que de nouvelles fractures apparaissent augmente exponentiellement à mesure que l’âge évolue. Avec l’évolution de l’âge, on assiste particulièrement à une baisse de la densité minérale des os et une fréquence accrue des chutes.

Ces différents faits expliquent clairement l’intérêt pour une personne âgée de faire un dépistage de l’ostéoporose. En l’occurrence, les femmes ménopausées en bonne santé, ou qui ont subi une première fois une fracture. À juste titre, l’ostéodensitométrie est le moyen par lequel l’ostéoporose est diagnostiquée ainsi qu’une mise en route d’un traitement contre la pathologie.

Cependant, l’ostéodensitométrie est-elle systématique chez toutes les femmes ménopausées en bonne santé ? Quel est l’intérêt réel pour les femmes ménopausées de faire un diagnostic d’ostéodensitométrie ? Surtout, comment une femme ménopausée en bonne santé peut-elle prévenir l’ostéoporose ?

L’ostéodensitométrie comme moyen de référence du diagnostic de l’ostéoporose

L’ostéoporose se manifeste principalement par la fragilité excessive des os. Cela se traduit principalement par des fractures osseuses spontanées et répétées ainsi que de légers traumatismes osseux. Ces traumatismes affectent majoritairement la hanche et le plus souvent le fémur, le poignet, les vertèbres, le bassin, le tibia et bien d’autres.

La fragilité osseuse est due principalement à une diminution de la masse minérale des os et aux altérations de la microarchitecture osseuse qui exposent à un risque accru de fracture. La mesure de la densité osseuse est d’une utilité particulière afin de déterminer le risque pour une femme ménopausée de subir une ostéoporose. Pour y parvenir, l’ostéodensitométrie est le moyen par excellence, et ce depuis les années 1990.

Ostéoporose : de l’utilité de  l’ostéodensitométrie

Il est établi que la densité minérale osseuse définit 80 % de la solidité des os. Pour alors déterminer le risque de fragilité osseuse pouvant conduire à une perte osseuse, l’ostéodensitométrie est la technique qui permet de mesurer la densité minérale osseuse (DMO).

Elle sert à diagnostiquer l’ostéoporose en se basant notamment sur le calcul d’un seuil statistique de la masse minérale présente dans les os. Depuis les années 1990, la mesure de la densité osseuse est codifiée et s’évalue  sur la base d’un seuil de score de densité osseuse. Il s’agit du T-score, dont le seuil inférieur à -2,5 correspond au diagnostic de l’ostéoporose.

Selon les données statistiques, le seuil T-score semble adapté au diagnostic de l’ostéoporose chez les femmes ménopausées. En l’occurrence, les femmes à peau blanche en Europe et en Amérique du Nord.

Cependant, aucune efficacité de ce seuil de mesure de la densité osseuse n’a été démontrée dans les autres populations. Quoi qu’il en soit, la mesure de la densité osseuse par le calcul du t-score reste la formule en vigueur en matière de dépistage de l’ostéoporose.

Par contre, la mesure de la densité osseuse n’a pas pour intérêt de prévenir les fractures. Elle aide à priori à mettre en route un traitement adéquat contre la fragilité osseuse.  Plusieurs essais cliniques ont d’ailleurs montré l’utilité de certains médicaments en prévention des fractures primaires chez les femmes ménopausées.

Résultats probants d’essais cliniques sur des femmes ménopausées en bonne santé

Des essais cliniques sont menés chez des femmes ménopausées dont la densité osseuse évoque un risque fracturaire. Il a été administré aux patientes des médicaments en prévention des fractures au niveau des vertèbres.

Le raloxifène et l’acide alendronique ont montré une efficacité préventive sur environ deux fractures vertébrales asymptomatiques. Au total, 100 patientes sont mises sous traitement durant 3 ans à 4 ans  et ont évité les deux fractures vertébrales asymptomatiques de l’ostéoporose.

Afin de confronter des résultats, une analyse de sous-groupe est menée pour déterminer l’efficacité préventive de  l’acide alendronique contre des fractures symptomatiques d’une ostéoporose sévère. Les symptômes mis en évidence sont notamment une densité osseuse basse et un antécédent de fracture consécutive à un traumatisme léger.

Il est retenu que l’acide alendronique est mieux indiqué chez les femmes ménopausées ayant au moins un antécédent de fracture couplé à un traumatisme léger des os. Concrètement, lors de l’essai clinique, l’acide alendronique a permis de :

  • Éviter environ trois fractures symptomatiques vertébrales ;
  • Préserver les femmes ménopausées d’une fracture du col du fémur ;
  • Traité 100 femmes ménopausées durant trois ans.

Nonobstant, l’acide alendronique est un bisphosphonate dont les effets indésirables sont désagréables, voire graves. Comme effets indésirables de l’acide alendronique,  on retient :

  • Les problèmes gastro-intestinaux tels que l’ulcère, la sténose, la constipation, les flatulences et les douleurs abdominales ;
  • Douleurs ostéoarticulaires et musculaires ;
  • Ostéonécrose de la mâchoire :
  • Des céphalées ;
  • Hypocalcémie ;
  • Hypersensibilité, urticaire et angiœdème ;
  • Et le syndrome pseudo-grippal.

L’ostéodensitométrie est-elle systématique chez toutes les femmes ménopausées sans facteur de risque et en bonne santé ?

ostéoporose examen

En considération des essais cliniques, les données existantes ne permettent pas de déclarer un intérêt particulier de l’ostéodensitométrie chez les femmes ménopausées en bonne santé et sans aucun facteur de risque.

En effet, les données sur l’intérêt de l’ostéodensitométrie chez cette catégorie de femme sont trop fragiles et ne justifient pas un repérage automatique de l’ostéoporose. De plus, il n’a été démontré aucune stratégie de mesure systématique de la densité osseuse en matière de prévention des fractures.

Contrairement aux femmes ménopausées en bonne santé, l’ostéodensitométrie est indiquée chez les patientes qui ont déjà une fracture simultanément avec un traumatisme léger des os. En effet, l’intérêt de l’ostéodensitométrie est surtout de diagnostiquer l’ostéoporose et repérer les patientes pour lesquelles un traitement n’est pas nécessaire.

Quand bien même l’ostéodensitométrie permet de diagnostiquer une ostéoporose, elle est limitée dans la prévention des fractures chez les femmes ménopausées. Par exemple, l’ostéodensitométrie ne suffit pas à elle seule pour prévoir un risque de fracture couplée  à une chute.

Ainsi, une femme qui n’a pas subi une fracture à l’âge de 50 ans peut en subir à l’âge de 60 ans. En effet, le risque de la survenue d’une fracture augmente au gré de l’évolution de l’âge. D’ailleurs, dans la pratique, 90 % des fractures qui surviennent entre 50 et 60 ans touchent des femmes qui n’ont pas connu d’ostéoporose vers l’âge de 50 ans.

D’autres facteurs de risques comme l’âge influencent aussi le diagnostic d’une ostéoporose. Plusieurs études s’accordent d’ailleurs sur l’existence d’une multitude de facteurs associés au diagnostic d’une ostéoporose.

Ostéodensitométrie : vers une évaluation globale du risque fracturaire

Un diagnostic bien mené s’avère indispensable pour déterminer exactement le type de fracture en cause, son origine, les complications sous-jacentes et les solutions applicables. À cet effet, il est associé à la mesure de l’ostéodensitométrie, d’autres facteurs de risque pour  repérer une ostéoporose et décider d’un traitement.

Des études épidémiologiques ont montré que les facteurs cliniques associés à la perte de la densité osseuse sont de deux ordres. Certains sont dépendants de la densité minérale osseuse tandis que d’autres ne le sont pas. Ce sont ces facteurs de risque qui  alertent sur la possibilité pour une femme de subir une ostéoporose.

Les facteurs qui sont indépendants  de l’état de la densité osseuse concernent notamment :

  • L’âge ;
  • La masse corporelle inférieure à 19 kg/m2;
  • Traitement sous corticoïde en cours ou déjà passé ;
  • Antécédent personnel de fracture dû à la fragilité osseuse ;
  • Antécédent d’une fracture de l’extrémité supérieure du fémur chez un parent de premier degré ;
  • Des troubles orthopédiques ou encore neuromusculaires ;
  • Diminution de l’acuité visuelle ;
  • Tabagisme ;
  • Trouble de l’état de santé avec plus de trois maladies chroniques ;
  • Des symptômes de polyarthrite rhumatoïde et d’hyperthyroïdie ;
  • Cancer du sein ;
  • Augmentation du taux de remodelage des os.

D’autres facteurs dépendants de la densité osseuse sont étroitement liés à la diminution de la masse minérale osseuse.  Ils concernent :

  • L’aménorrhée primaire et secondaire ;
  • Ménopause précoce chez la femme ;
  • Carence en vitamine D et en calcium ;
  • Et la sédentarité prolongée.

Quel est le déroulement de l’examen d’ostéodensitométrie ?

L’ostéodensitométrie est un examen indolore qui ne dure pas plus de quinze minutes et se déroule en position allongée. Sur une table de radiologie, la patiente reste allongée sur le dos et le manipulateur a recours à l’absorptiométrie biphotonique à rayons X afin de mesurer la densité de la masse osseuse.

Les mesures se font principalement au niveau de la colonne vertébrale et du col du fémur. Au cours de l’examen, il est analysé l’absorption par le squelette d’un faisceau afin de poser un diagnostic.

Pour déterminer le T-score de la densité osseuse, il est procédé au calcul de la différence entre la densité osseuse recensée et celle d’un jeune adulte du même sexe et au même site d’intervention.

Trois résultats possibles du t-score peuvent être obtenus :

  • T-score supérieur à -1 correspond à une densité normale ;
  • T-score compris entre -1 et -2,5 reflétant une ostéopénie ;
  • Résultat inférieur à -2,5 justifie une ostéoporose.

Ces résultats permettent donc de confirmer un diagnostic précis et d’appliquer une solution conventionnelle. Au cas où la densité osseuse se révèle normale ou lorsqu’il s’agit d’une ostéopénie, il est recommandé un suivi périodique. Le suivi se fait de préférence tous les 3 à 5 ans.

En revanche, une ostéoporose requiert un traitement lorsque le stade de la maladie est critique. En outre, lorsqu’il s’agit d’un début d’ostéoporose ou un cas moins grave, de simples remèdes peuvent être appliqués.

Traitement contre l’ostéoporose des femmes ménopausées

ostéoporose traitement

Il existe différents traitements contre l’ostéoporose. D’une part, la prévention des fractures chez les femmes ménopausées peut se faire par une bonne hygiène de vie. D’autre part, il existe des traitements médicamenteux, qui sont appliqués en cas d’ostéoporose importante.

Toutefois, ces médicaments ne constituent pas une solution en soi pour guérir l’ostéoporose.  Ils permettent en revanche d’en réduire le risque. C’est l’une des raisons pour lesquelles il convient d’évaluer leur indispensabilité. De même, il est préconisé une prise en charge sur une longue durée aux patientes présentant un risque majoré.

Les traitements dits « simples » contre l’ostéoporose

La prévention de l’ostéoporose se fait par de simples gestes, notamment :

  • La prévention des chutes ;
  • Une activité physique non violente régulière ;
  • Et un apport en vitamine D et en calcium.

Le traitement par le calcium et la vitamine D est spécialement dédié aux patientes d’un âge avancé. Ce traitement consiste simplement à avoir une alimentation riche en calcium et en vitamine D. À cet effet, les compléments alimentaires sont une bonne alternative.

Les autres traitements contre l’ostéoporose

D’autres options thérapeutiques sont employées chez les femmes ménopausées ayant subi une fois une fracture consécutive à un traumatisme léger. Il s’agit de médicaments recommandés uniquement lorsque l’ostéodensitométrie confirme la présence d’une très faible densité osseuse.

A contrario, une ostéodensitométrie qui relève l’absence d’ostéoporose signifie qu’aucun traitement ne doit être appliqué. En effet, les traitements contre l’ostéoporose sont source de plusieurs effets indésirables, parfois graves.

Un diagnostic avéré de l’ostéoporose va donc permettre d’évaluer la nécessité d’un traitement chez une femme ménopausée. Cela dit, les patientes doivent être informées des effets indésirables générés par le traitement qui leur sera donné.

Les traitements jugés utiles en cas d’une ostéoporose concernent notamment :

  • Le traitement hormonal de la ménopause dénommé THM ;
  • Raloxifène ;
  • Les bisphosphonates tels que l’acide alendronique et la risédronate ;
  • Tériparatide ;
  • Et le dénosumab.

Ce sont des traitements fréquemment utilisés en raison de leur efficacité à réduire le risque de fracture. Leur efficacité à réduire les risques de fractures vertébrales est de 50 % alors que celle des fractures non vertébrales est de 15 à 30 %.

Il est à noter que le ranélate de strontium est un traitement qui n’est recommandé qu’en cas de risque fracturaire important. En effet, les effets indésirables causés par ranélate de strontium sont plus graves que ceux causés par les autres médicaments. Il est donc conseillé de ne pas y exposer les patientes.

Des conseils en prévention de l’ostéoporose pour les femmes ménopausées

Toutes les femmes ménopausées, qu’elles soient sous traitement de l’ostéoporose ou en bonne santé, peuvent ménager la santé de leurs os.

Pour les premières, respecter les prescriptions médicales et les associer à de bonnes habitudes quotidiennes va favoriser une bonne santé des os. Quant aux deuxièmes, il est question de s’assurer d’avoir une bonne alimentation, une hygiène de vie saine et pratiquer des activités sportives de façon régulière.

Conseils pour les femmes à risque de l’ostéoporose

Pour que les femmes atteintes d’ostéoporose puissent suivre convenablement leur traitement, il est conseillé de :

  • Respecter les prescriptions médicales et prendre régulièrement ses médicaments ;
  • Prendre ses médicaments à la même heure chaque jour, semaine ou mois, notamment lorsqu’il s’agit des pilules pour une bonne efficacité ;
  • Anticiper les variations dans la routine qui pourrait retarder ou compliquer la prise de médicaments ;
  • Demander l’assistance de sa famille et ses proches pour aider dans le cheminement de rétablissement de l’ostéoporose ;
  • Discuter avec son médecin des différentes difficultés rencontrées durant le traitement.

Place de l’alimentation dans la prévention de l’ostéoporose

Il est démontré que l’alimentation intervient durant toutes les étapes de la vie osseuse. En effet, le capital osseux est évolutif au cours de l’existence. En l’occurrence, pendant les vingt premières années, le squelette humain est en pleine croissance. Surtout, la puberté est une période qui marque une grande croissance osseuse. Précisément, près de la moitié du squelette de l’organisme est formé.

Il convient alors que les apports nutritionnels augmentent à mesure que l’individu grandit. L’apport nutritionnel va permettre de satisfaire non seulement les besoins supplémentaires en rapport à la croissance osseuse, mais aussi les besoins du quotidien. Un faible apport nutritionnel est source de risque majeur de fracture osseuse.

Il est donc conseillé d’enrichir son alimentation en calcium, en vitamine D, en protéines. Une supplémentation en compléments alimentaires est bien indiquée à cet effet. Cela favorise fortement la diminution du risque fracturaire de l’ostéoporose.

Pour renforcer la solidité de leur os, les femmes atteintes ou non d’ostéoporose peuvent avoir une alimentation équilibrée et composée des aliments riches en calcium et en vitamine D ou protéines.

L’exercice physique : un atout majeur dans le renforcement des os

L’exercice physique

contribue au maintien de la masse osseuse, notamment lorsqu’il est pratiqué régulièrement. Quelques études ont montré que le fait de pratiquer une activité physique pendant une heure, deux à trois fois par semaine et sur une durée de deux à trois ans entraîne un minimum de stabilité de la densité minérale osseuse.

De même, un exercice physique est bénéfique pour limiter le risque de chutes. En effet, une pratique régulière d’exercices physiques maintient les cellules osseuses en activité et entretient la solidité des os. Les os s’adaptent aux efforts physiques enclenchés et ainsi se compriment et se solidifient.

Des activités physiques non violentes et qui requièrent une contrainte des os comme la marche, la course à pied sont efficaces pour renforcer les os qui soutiennent la colonne vertébrale et les jambes.

Ostéoporose : de bonnes habitudes pour écarter des risques de fracture

En effet, les efforts de soulèvement qui positionnent le corps en avant favorisent l’écrasement des vertèbres. Lorsque le corps est penché en avant, tout le poids est porté sur la partie la plus fragile de la colonne vertébrale.

De bonnes habitudes de vie limiteraient le plus possible l’écrasement des vertèbres. Il s’agit de gestes simples et ergonomiques. Il est préférable d’utiliser des valises ou des sacs à provisions disposant de roulettes afin d’économiser les possibilités.

Il est également préconisé de s’accroupir ou se mettre à genoux au lieu de se pencher en avant pour par exemple border les draps de son lit. Aussi, une longue manche pour passer l’aspirateur est idéale pour garder une position droite. Il faut également rester raisonnable dans le transport des charges.

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