Santé

QUELQUES ÉTUDES CLINIQUES DE PRÉVENTION DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES

Le taux élevé de cholestérol dans le sang est considéré comme un facteur de risque dans le développement des maladies cardiovasculaires. Toutefois, ce risque est beaucoup plus associé aux lipoprotéines de basse densité (LDL). En ce sens, de grandes études réalisées dans les années 1950 ont permis de démontrer qu’un traitement hypolipémiant pouvait le réduire. En quoi consistaient alors ces études et quelle est leur pertinence ? Quels sont les autres facteurs de risque de ces maladies cardiovasculaires ? Quelles sont les options de traitements employées dans leur réduction et leur prévention ?

Études cliniques et traitement hypolipémiant

Le traitement hypolipémiant a pour but la réduction du taux de cholestérol. En effet, les substances hypolipémiantes utilisées permettent de modifier la capture du mauvais cholestérol (LDL) par les cellules du corps. Ainsi, on obtient une réduction, aussi bien du cholestérol que des triglycérides dans le sang (graisses apportant l’énergie).

Les études cliniques ont donc évalué l’efficacité de ces substances dans la réduction de la morbidité et de la mortalité des maladies cardiovasculaires. Elles ont permis de confirmer l’importance de l’utilisation des hypolémiants dans le traitement et la prévention des pathologies. Parmi ces études, on distingue :

  • L’étude 4S ;
  • L’étude CARE ;
  • L’étude LIPID ;
  • L’étude WOSCOPS ;
  • L’étude AFCAPS/TEXCAPS.

Chacune de ces études s’est avérée pertinente dans la détermination des facteurs de prévention des maladies cardiovasculaires.

L’étude 4S

L’étude scandinave de survie de la simvastine (Scandinavian Simvastatin Survival Study) encore appelée 4S constitue une étude de prévention secondaire. Autrement, elle est réalisée sur des personnes ayant souffert de maladies coronariennes, plus précisément d’insuffisance coronaire.

Participants

Au nombre de 4444, ces personnes avaient un taux sérique de cholestérol compris dans un intervalle de 5,5 à 8 mmol/l. Parmi elles, d’autres recevaient de la simvastatine (20 à 40 mg/j). Il s’agit de l’un des inhibiteurs de la 3-hydroxy-3-méthylglutaryl coenzyme A réductase (statines).

Afin d’observer les modifications des taux de cholestérol, toutes ces personnes ont été suivies de près pendant 5 et 4 mois. À la fin, les taux, à la fois du cholestérol total, du HDL et du LDL, étaient respectivement de — 25 %, + 8 % et — 35 %.

Observations

On a remarqué une diminution du taux de mortalité de 30 % dans les deux groupes (traités et non-traités). Dans le groupe des personnes non traitées, il y a eu 256 décès soit 11,5 %. En revanche, il y a eu 182 décès dans le rang des personnes sous simvastine, soit un pourcentage de 8,2 %. En faisant le rapport entre ces deux pourcentages, on trouve qu’il existe un risque de 0,7 dans le groupe des personnes traitées comparativement à celui des personnes non traitées.

Ce résultat confirme ainsi une diminution de la mortalité cardiovasculaire (-42 %), car celle non cardiovasculaire est identique dans les deux groupes. D’autre part, l’étude a révélé un bénéfice important dans les accidents coronariens non mortels et les besoins en angioplastie. Le même bénéfice est retrouvé en chirurgie coronarienne, dans les accidents vasculaires cérébraux et dans les deux sexes. La référence d’âge est 60 ans.

L’étude CARE

CARE

est l’acronyme de Cholesterol And Recurrents Events). Il s’agit également d’une étude de prévention secondaire.

Participants

L’étude a rassemblé 4 159 participants (hommes et femmes). Ils étaient tous âgés de 24 à 75 ans et survécu à un infarctus du myocarde. De plus, ils avaient taux de cholestérol sérique inférieur à 240 mg/dl. Un groupe sous traitement recevait de la pravastatine, aussi un inhibiteur de la famille des statines (dose de 40 mg/j). Ces personnes ont été suivies également de près pendant 5 ans.

Observations

Après le suivi, les taux de cholestérol total et de LDL ont respectivement diminué de 20 % et de 28 %. Quant au taux de HDL (bon cholestérol), il a augmenté de 5 %. En outre, on a remarqué que la récidive d’infarctus non mortels et des morts coronaires est réduite de 24 %. Cela signifie qu’il y a eu 13,2 % de décès dans le rang des personnes qui n’ont pas reçu de pravastatine. Par contre, chez les participants sous traitement, on a observé un taux de 10,2 %.

Par ailleurs, en ce qui concerne les mortalités cardiovasculaires, elles ont respectivement diminué de 20 %, de 37 % et de 8 %. D’un autre côté, on a noté des points positifs dans les accidents coronariens non létaux et dans les besoins en angioplastie. Aussi, le pontage coronarien et les accidents vasculaires cérébraux présentaient aussi des avantages.

Ces bénéfices se sont observés dès la troisième année et ont augmenté progressivement par la suite. Une analyse plus approfondie montre que le bénéfice n’est observé que chez les personnes qui ont eu un taux initial de cholestérol LDL supérieur à 1,25 g/l.

L’étude LIPID

Issue de l’expression Long Term Intervention With Pravastatin in Ischaemic Disease, LIPID constitue une étude de prévention secondaire.

Participants

Cette étude a regroupé plusieurs centres de Nouvelle-Zélande et d’Australie. Les participants étaient en moyenne âgés de 53 ans (de 31 à 75 ans). Ils ont eu des antécédents d’angor instable ou d’un infarctus. Leur taux de cholestérol était compris entre 4 et 7 mmol/l. Comme dans les autres études, une catégorie de personne a reçu un traitement à base de pravastatine à dose journalière de 40 mg.

Observations

Après la période de suivi (6 ans), on a remarqué une diminution des taux sériques respectifs de cholestérol total, de LDL et de triglycérides. Quant au taux de HDL, il a augmenté de 6 %. On a également noté une baisse de la mortalité totale et de celle coronarienne. Les personnes traitées ont présenté de faibles pourcentages de décès, comparativement à celles non traitées.

Par ailleurs, on a observé une réduction des infarctus mortels ainsi que des accidents vasculaires cérébraux. Aussi, les interventions coronaires (besoins en pontage et angioplasties) ont relativement baissé de 24 % et de 17 %. Une analyse des sous-groupes a permis de montrer qu’il existe des points positifs dans le cas des deux sexes. Et cela, quels que soient l’âge et les facteurs de risque associés.

L’étude WOSCOPS

Études cliniques

L’étude West of Scotland Coronary Prevention Study (WOSCOPS) contrairement aux études précédentes, est une étude de prévention primaire. Autrement, elle est réalisée sur des personnes en bonne santé, mais qui présentent un risque élevé de développer une maladie coronarienne.

Participants

La WOSCOPS a rassemblé des participants de sexe masculin âgés de 45 à 64 ans. Ils présentaient un taux de cholestérol moyen compris entre 0,6 et 7,0 mmol/l. Les personnes traitées recevaient aussi de la pravastatine (dose journalière de 40 mg). Les participants étaient tous suivis pendant 4 ans et 9 mois.

Observations

À l’instar des études précédentes, on a noté des modifications dans les taux du cholestérol total, du LDL, de triglycérides et du HDL. Les 3 premiers ont diminué et le taux du HDL a augmenté. Aussi, les possibilités de survenues d’évènements coronariens ont relativement baissé aussi bien dans les deux catégories (personnes traitées et non traitées). Les mortalités cardiovasculaire, non cardiovasculaire et coronarienne ont également connu une baisse.

L’étude AFCAPS/TEXCAPS

L’étude AFCAPS/TEXCAPS est l’acronyme d’Air Force/Texas Coronary Atherosclerosis Prevention Study. Elle constitue aussi une étude prévention primaire des maladies coronariennes.

Participants

Les participants de cette étude étaient au nombre de 6605 (femmes et hommes). Et la tranche d’âge était de plus de 45 ans (hommes) et de plus de 55 ans chez les femmes. Leur taux de cholestérol LDL initial était en moyenne de 1,50 g/l et celui HDL de 0,37 g/l. La catégorie de personnes traitées a reçu de la lovastatine (20 à 40 mg/j). On précise qu’il s’agit aussi d’une inhibitrice statine. Tous les participants étaient suivis pendant une période de 4 à 5 ans.

Observations

Dès la première année, les auteurs de l’étude ont noté une baisse des taux de cholestérol total, de LDL et de triglycérides. En revanche, le taux de HDL a connu une augmentation. Au terme de la période, on a noté une réduction de la probabilité de survenue d’un premier évènement coronarien. De plus, on a pu observer des bénéfices aussi bien chez les femmes que chez les hommes. Il convient de noter que peu importait l’âge.

En outre, les nombres d’infarctus, d’évènements cardiovasculaires et de gestes de revascularisation ont relativement connu une baisse. Toutefois, en ce sens, on n’a pas pu mettre en évidence un bénéfice.

Maladies cardiovasculaires : facteurs de risque

Maladies cardiovasculaires

Dans la prévention primaire, on a identifié de nombreux facteurs de risque susceptibles de provoquer la manifestation des maladies coronariennes.

Consommation du tabac

Le tabac est responsable de plus de 50 % des décès évitables, dont plus de la moitié sont d’origine cardiovasculaire. En outre, l’effet nocif survient chez les hommes et les femmes. Il augmente suivant la durée de la consommation et la quantité quotidienne. Aussi, le tabagisme est fondamentalement associé à des accidents ischémiques aigus et favorise le développement de l’athérosclérose. Des études récentes ont montré que même des cigarettes à faible teneur en nicotine augmentent néanmoins leur risque de manifestation.

Hypertension artérielle

L’hypertension artérielle est un important facteur de risque de maladies coronariennes, chez l’homme et la femme. De plus, son association fréquente avec d’autres facteurs, tels que le diabète et la résistance à l’insuline, augmente le risque cardiovasculaire. Aussi, le traitement de l’hypertension artérielle réduit le risque cardiovasculaire, mais ne l’élimine pas complètement.

Les diabètes

Les personnes atteintes de diabètes de type 1 et de type 2 présentent un risque de développer une maladie cardiovasculaire. De plus, les complications majeures sont des cardiopathies ischémiques, des artériopathies périphériques et des accidents vasculaires cérébraux. Et justement, elles constituent la cause la plus importante de morbidité et de mortalité dans la population diabétique.

Maladies cardiovasculaires : options de traitement

Maladies cardiovasculaires

Le traitement des maladies cardiovasculaires proposées par les différentes études cliniques consiste plus en la réduction de la cholestérolémie (hypercholestérolémie). Pour y arriver, il faudra d’abord essayer de réduire les apports élevés de cholestérol, celui-ci se retrouvant dans certains aliments.

Changement d’habitudes alimentaires

Pour réduire son taux de cholestérol, il faudrait penser à limiter l’apport de LDL, connu comme étant le mauvais cholestérol. Il se dépose en fait sur les parois des artères formant des plaques et favorisant l’apparition de maladies cardiaques. Par contre, il faudra augmenter l’apport du bon cholestérol (HDL) qui élimine le cholestérol du sang. Ensuite, il le renvoie au foie afin que celui-ci soit une fois encore éliminé.

Pour ce faire, il faudra réduire la consommation des aliments contenant les graisses saturées. Ces dernières se retrouvent dans :

  • Les pâtisseries industrielles ;
  • Le saindoux ;
  • La peau du poulet ;
  • La malbouffe ;
  • L’huile de coco.

Aussi, on devra augmenter l’apport en fibres (haricots blancs, pruneaux, céréales, pois chiches). En outre, il faudra consommer plus de fruits et de légumes et éviter les aliments frits. Pour pallier ce dernier point, on peut les cuire à la vapeur, au four ou sur le gril. De plus, il faudra privilégier les aliments riches en acides gras polyinsaturés (huile de tournesol, de soja). Les aliments riches en graisses mono-insaturées (huile d’olive). Ces graisses ont une action protectrice sur le cœur. Par ailleurs, il est également recommandé de boire assez d’eau et d’éviter les boissons alcoolisées et le tabac.

Lutte contre le surpoids

Pour lutter contre le surpoids, il faudra faire de l’exercice. Cela aide à éliminer les graisses du corps et augmente le bon cholestérol. D’un autre côté, un niveau de stress élevé est lié à une augmentation du cholestérol, alors il est nécessaire l’éviter. Toutefois, on peut penser à faire un régime sous la recommandation bien évidemment d’un médecin.

Médicaments

Le traitement médicamenteux de l’hypercholestérolémie repose sur l’utilisation d’hypolémiants notamment :

  • Statines ;
  • Fibrates ;
  • Inhibiteurs de l’absorption du cholestérol ;
  • Résines.

Toutefois, les spécialistes recommandent l’utilisation des phytostérols.

Statines

Les statines sont des inhibiteurs de la HMG-CoA réductase, une enzyme qui aide le corps à fabriquer du cholestérol. Elles aident à la bloquer, ce qui amène le corps à produire moins de cholestérol. Leur efficacité a été d’ailleurs démontrée dans ces études susmentionnées. Parmi les plus statines les plus commercialisées en France, on distingue ;

  • La pravastatine ;
  • La fluvastatine ;
  • La simvastatine ;
  • La rosuvastatine ;
  • L’atorvastatine ;

Les effets secondaires fréquemment associés à son utilisation sont la fatigue, les troubles gastro-intestinaux, la constipation et les crampes. Ils disparaissent généralement à l’arrêt du traitement.

Fibrates

Les fibrates comme le gemfibrozil sont des régulateurs des lipides sériques et de toutes les fractions lipoprotéiques. Ils sont indiqués dans le traitement de l’hypercholestérolémie, surtout lorsque les statines produisent des effets secondaires. Ils réduisent les concentrations de cholestérol total, de triglycérides, de LDL, et augmentent celles du HDL.

Inhibiteurs de l’absorption du cholestérol

Les inhibiteurs de l’absorption du cholestérol sont utilisés pour réduire les taux de LDL. Ils peuvent également être administrés avec des statines. En outre, ils agissent dans le tube digestif en réduisant la quantité de cholestérol absorbée par les aliments.

Résines

Les résines telles que la cholestyramine sont un médicament qui permet aussi les taux de cholestérol sanguin. Cela s’explique par le fait qu’elles agissent sur le système gastro-intestinal et se lient aux acides biliaires. Ces derniers sont synthétisés dans le foie à partir du cholestérol. Ainsi, les résines empêchant leur réabsorption, ils sont donc éliminés avec les selles. Aussi, ils peuvent prévenir les maladies cardiovasculaires liées au cholestérol.

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