Santé

Syndrome de désadaptation : symptômes et traitements

Les personnes âgées sont plus enclines à souffrir de plusieurs maladies en raison de a vieillesse. L’une d’entre elles est le syndrome de désadaptation. Autrefois appelée « syndrome de régression psychomotrice », elle se définit comme étant une décompensation de la fonction posturale, de la marche ainsi que des automatismes psychomoteurs.

Ce syndrome s’installe particulièrement chez les personnes dont l’âge est avancé. Et peut-être dû à une chute non négligeable ou à certains évènements traumatisants. Quelles sont les manifestations du syndrome de désadaptation ? Comment poser un diagnostic ? Existe-t-il un traitement ? On vous éclaire.

Qu’est-ce que le syndrome de désadaptation ?

Le syndrome de désadaptation ou SDPM peut être assimilé à un effondrement psychique des fonctions motrices d’une personne. Cette décompensation se manifeste tant au niveau de la fonction posture, des automatismes psychomoteurs que de la marche. Autrement dit, la personne atteinte de syndrome de désadaptation est confrontée à une rupture de son équilibre.

Cette décompensation est liée pour la plupart à une altération des structures sous-corticofrontales ou à un trouble de la programmation de la posture et des mouvements consécutifs. Le syndrome a été décrit pour la première fois par l’équipe de Guadet en 1986.

Syndrome de désadaptation : Causes

Le syndrome de régression psychomotrice ou SDPM est dans la majeure des cas une suite logique de plusieurs chutes chez une personne âgée. Lorsque cette dernière tombe, elle prend conscience de son vieillissement, mais aussi de ses limites. La chute est en effet perçue par la personne comme un sentiment d’échec du fait qu’elle ne maitrise plus son corps.

En outre, même si la chute ne présente pas de conséquence physique, elle peut entrainer des troubles psychologiques. Dans le cadre d’un SDPM, les retentissements psychologiques de la chute sont notamment la sensation d’échec ou de non-maitrise de soi occasionnant progressivement des troubles psycho-comportementaux, des troubles psychologiques de la posture et enfin une perte de confiance en ses capacités.

Cette sensation d’échec s’accentue plus lorsque la personne âgée qui tombe se retrouve dans l’incapacité de se relever seul et doit rester à terre durant des heures avant qu’une personne ne vienne l’aider. Une telle expérience peut en effet réduire l’estime en soi de celle-ci et déclenché une anxiété majeure.

Plus précisément, la personne âgée qui subit ce traumatisme est désormais obnubilée par la peur de retomber. Provocant ainsi chez lui un cercle vicieux pouvant entrainer une indépendance physique, une auto-restriction de ses activités ou de sa mobilité. Tout cela pouvant conduire la victime dans un état grabataire à long terme.

D’après les études, le syndrome de désadaptation peut apparaitre sous deux formes cliniques. Il peut en effet être aigu ou chronique.

Syndrome de désadaptation aigu

Cette forme survient brutalement. C’est-à-dire à la suite d’un évènement traumatisant comme une chute. On parle dans ce cas de « syndrome post chute ». Le SDPM peut également apparaitre après un évènement psychoaffectif comme la perte d’un être cher, un stress intense ou une maladie.

Syndrome de désadaptation chronique

Contrairement au premier, le second apparait sur le long terme pour des raisons qui paraissent au premier abord anodines. Le syndrome peut en effet s’installer de longues années après une restriction d’activité physique, un ralentissement psychomoteur ou encore une mauvaise récupération suite à une maladie.

Le syndrome de désadaptation chronique peut en outre être la suite logique d’une apathie, une bradyphrénie, une aboulie ou une démotivation. Cela dit, contrairement à la première, cette forme n’occasionne aucune douleur morale chez le patient. Toutefois, dans les deux cas, le syndrome de désadaptation se manifeste par des troubles moteurs, fonctionnels ou psychologiques.

Quelles sont les manifestations du syndrome de désadaptation ?

Les patients souffrants de SDPM présentent des signes distincts tels que :

Les troubles de la posture

Ils correspondent à une rétropulsion ou un déséquilibre arrière qui se justifie par la peur du vide antérieur. Autrement dit, lorsque le patient est assis ou même debout, il subit un déjettement du tronc vers l’arrière. L’on remarque également une désorganisation posturo-cinétique de la séquence motrice. En outre, le patient peut avoir une bascule postérieure du tronc. Une sensation qui provient d’un sentiment d’insécurité en orthostatisme quand il marche ou lorsqu’il est debout.

Il est également possible d’observer chez lui une flexion au genou avec une habitude de s’agripper à n’importe quel support pour essayer de ne pas tomber. Enfin, le patient peut présenter une inefficacité des activités basiques telles que le « lever du fauteuil » ou « prendre une chose qui tombe ». Des signes dus à une projection du centre de masse en arrière du polygone de sustentation.

Une altération de la marche

Les troubles de la marche sont partie intégrante du syndrome de désadaptation. Ils se manifestent par une instabilité posturale occasionnant des déséquilibres psychologiques. Notamment un trouble de l’initiation à la marche appelé « freezing ». Dans ce cas, le patient a du mal à se déplacer. Et quand bien même la marche est possible chez certains patients, elle se fait par de petits pas glissés. C’est à dire, une marche sans déroulement de pas au sol entrainant à une augmentation du temps de double appuie.

Des signes neurologiques

Caractéristique de trouble moteur du SDPM, les signes neurologiques sont de deux ordres.

  • Les signes dus à une altération sous-corticale globale: il s’agit de l’hypertonie oppositionnelle et de l’akinésie axiale. La première c’est-à-dire l’hypertonie est variable non seulement dans le temps, mais aussi en fonction de la traction qui est exercée sur le membre. Ainsi l’affection motrice augmente progressivement que la traction monte, se distinguant ainsi de l’hypertonie extrapyramidale qui elle est caractéristique de la maladie de parkinson.

Quant à l’akinésie, elle se manifeste par l’altération des automatismes posturaux. Ce qui entraine une réduction ou dans certains cas graves la perte des réactions parachutes ou des réactions d’adaptation posturales.

  • Les signes liés à l’altération des automatismes posturaux: ils se manifestent par une réduction ou la disparition totale des réactions d’adaptation posturale ou des réactions parachutes de protection. Provocant alors une fragilisation de la station debout ainsi qu’un risque de chute permanent.

Les troubles psycho-comportementaux

Les troubles psycho-comportementaux permettent de déterminer le caractère du syndrome de désadaptation. La vitesse d’installation de ceux-ci aidera en effet à déterminer s’il s’agit d’une forme aigüe du syndrome de la désadaptation ou d’une forme chronique.

Quelles hypothèses derrière le syndrome de désadaptation ?

Selon le professeur Bouchon, la théorie de gériatrie établie en 1984 s’applique dans le cas de syndrome de désadaptation. D’après lui, la maladie peut être due à trois éléments cumulatifs. Notamment, la vieillesse, les affections chroniques et les facteurs aigus. Pour le professeur, la cumulation de ses trois éléments est en effet ce qui conduit à l’apparition du SDPM parce qu’ils participent à la diminution des réserves fonctionnelles motrice chez les patients.

En effet, la décompensation des fonctions motrices remarquées chez les personnes souffrant de SDPM est pour la plupart liée à des altérations au niveau des systèmes sous-corticifrontaux et plus précisément à la substance blanche aux thamalus et aux ganglions de la base. Alors que ces altérations sont dues au vieillissement.

En ce qui concerne les affections chroniques, elles sont de plusieurs ordres. L’on peut en effet citer les maladies dégénératives telles quel la maladie de Parkinson, les démences sous-corticosales, le diabète, la fibrillation auriculaire ou encore l’hypertension artérielle. Les facteurs de risque cardiovasculaire sont également à considérer comme de potentielles causes de la maladie. Cela dit, dans la plupart des cas, elles restent cachées jusqu’à ce qu’un évènement ne vienne les déclencher.

Ainsi, le vieillissement et les affections chroniques sont des facteurs à risque du syndrome de désadaptation. Toutefois, pour que les symptômes de la maladie ne se mannifeste, il faut l’apparition d’un troisième élément appelé « facteurs aigus » ou « facteur déclenchant ». Ce facteur étant ce qui précipite la décompensation clinique.

Pour ce qui est des facteurs, il peut s’agir de facteur organique ou fonctionnel. Les facteurs organiques se définissent par l’ensemble des situations pathologiques pouvant occasionner un stress pour l’organisme entrainant ainsi une perfusion sanguine des structures cérébrales. L’on peut notamment citer une diminution du débit cardiaque, l’hyperthermie ou une d’hypotension.

En outre, la prise de certains médicaments comme des antalgies centrales et psychotropes peut aussi être le facteur déclenchant du syndrome de désadaptation. Pour finir, un évènement traumatisant suivi d’un stress psychologique est par ailleurs un facteur de risque.

Syndrome de désadaptation : Diagnostic

Il existe une liste des affections possibles pouvant entrainer des symptômes similaires à celui du syndrome de désadaptation. Il convient donc de faire un diagnostic différentiel de ces maladies.

La maladie de Parkinson

Il s’agit d’une maladie dégénérative du cerveau qui se caractérise par des symptômes moteurs tels que les mouvements lents, la rigidité, le tremblement ainsi qu’un déséquilibre. En outre, la maladie de parkinson partage également avec le syndrome de désadaptation, une marche à pas glissée et une hypertonie.

Sans compter une bradyphérnie, une augmentation de temps d’appui bipodal, une rétropulsion ainsi qu’une akinésie. Cette dernière dans le syndrome de désadaptation est axiale alors que dans la maladie de parkinson, elle est généralisée. De même, le malade de parkinson présente une hypertonie extrapyramidale alors que celui du syndrome présente une hypertonie oppositionnelle.

La dépression chronique

Lorsqu’elle atteint les personnes âgées, elle peut présenter des symptômes similaires au syndrome de la désadaptation. Il s’agit notamment de la bradypsychie, un ralentissement de fonctions motrices ainsi qu’une douleur psychique qui est remplacée par une indifférence dans le cadre d’un syndrome de désadaptation.

Les démences sous-corticales

Il est souvent facile de faire une confusion entre le syndrome de désadaptation et la démence sous-corticale. Les deux maladies présentent à l’instar des pathologies précédentes, de nombreuses similitudes telles que la lenteur intellectuelle en début d’hospitalisation. Rendant ainsi un diagnostic difficile à poser.

L’hydrocéphalie à pression normale

Avec le SDPM, elle a en commun une bradypsychie, un détachement, un ralentissement moteur ainsi que des anomalies de marche. Dans ce cas, afin de distinguer les deux types de maladies, il faudra rechercher des troubles sphinctériens et des élargissements du polygone de sustentation.

Évolution du syndrome de désadaptation

Le syndrome de désadaptation est une urgence gériatrique. C’est le cas parce qu’un retard dans le diagnostic ainsi que dans la prise en charge pourrait être à la base d’autres pathologies plus graves et dans certains cas graves, être fatal pour la personne atteinte.

Les personnes avec un âge avancé sont en effet plus exposées et vulnérables aux symptômes de la maladie et ne tardent donc pas à se retrouver dans une cascade dramatique. Dans le cas d’une prise en charge tardive ou inadaptée, le patient peut voir son état se détériorer jusqu’à l’installation progressive d’une grabatisation.

Par ailleurs, la personne âgée atteinte du syndrome de désadaptation présente un risque plus élevé de chute. Chute qui peut avoir des conséquences physiques graves telles que les fractures, une perte de l’autonomie, des troubles électrolytiques pouvant conduire au décès.

Il est alors recommandé que les malades du syndrome de désadaptation aient une prise en charge rapide et adaptée. Même si cela ne garantit pas une récupération fonctionnelle, le pronostic du patient pourra nettement s’améliorer.

En outre, il est important d’avoir à l’esprit que le risque de récidive est élevé dans le cadre d’un SDPM. La fréquence des facteurs aigus de précipitation ainsi que le terrain fragile dans lequel se trouve la personne atteinte sont autant d’éléments pouvant être à la base de la récidive.

Quelle prise en charge pour de SDPM ?

La pris en charge du syndrome doit être entrepris très tôt. Aussi, il doit également être adapté. Par ailleurs, il est important que chaque personnel intervenant dans la prise en charge s’implique émotionnellement afin d’apporter du réconfort à la personne atteinte. Il s’agit notamment du personnel soignant et de la famille qui doivent apporter tout leur soutien au sujet âgé déjà fragile.

Par ailleurs, la prise en charge du syndrome de désadaptation comporte entre autres

  • Une évaluation médicale afin de déterminer les affections chroniques qui justifient le diagnostic du SDPM.
  • Une réadaptation motrice qui doit obligatoirement être faite par des kinésithérapeutes. Il est important que la prise en charge soit adaptée aux objectifs et motivations du patient. Il peut s’agit entre autres d’aide à retrouver une motricité nécessaire à réaliser les actes de transfert de la vie courante, d’une rééducation à l’équilibre, la correction de la répulsion ou encore de la marche.
  • Afin de participer au maintien et à la récupération des schémas moteurs, il est recommandé de faire une prise en charge ergothérapique. Elle permet en effet de stimuler la personne atteinte dans diverses activités connues par cette dernière. Cela passe par la mise en place de techniques adaptées à son environnement pour lui permettre de faciliter ses mouvements.
  • Également, il est important de prendre en compte l’aspect psychologique qui est dans la plupart des cas à l’origine du SDPM. Le psychologue aidera le patient à vaincre sa peur et à rétablir son estime de soi.
  • Aussi, le patient doit être accompagné d’une équipe formée pour les soins gérontologiques afin de l’aider à stimuler de manière régulière les versants moteurs et psychiques.
  • Enfin, la présence et l’implication de la famille s’avèrent dans la majorité des cas très bénéfiques pour le patient.

Prévenir le syndrome de la désadaptation

Les personnes à risques, autrement dit les personnes âgées ou ceux présentant des éléments de fragilité sous-corticofrontale doivent suivre un dépistage régulier. En outre, ils doivent bénéficier d’un suivi moteur et médical afin que le moindre signe soit détecté immédiatement. Cette prise en charge préventive concerne à la fois les personnes âgées hospitalisées et ceux à domicile.

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