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La crise migraineuse : AINS et les Triptans

La migraine est une pathologie chronique qui se traduit par des céphalées récurrentes avec des nausées ou une photophobie. Elle est très courante, mais négligée du fait de la non-prise des médicaments par les malades. Pourtant, il existe une gamme de médicaments pour son traitement.

Une migraine dure entre 4 et 72 heures selon sa sévérité, avec une douleur pulsatile. Elle prédomine d’un seul côté du crâne, s’exacerbant avec la lumière, le bruit et les activités physiques. Bien que les causes de la migraine soient incomplètement élucidées, elle mérite d’être soignée tout de même.

Comment soigne-t-on une crise migraineuse ? Quels sont les médicaments disponibles ? Qu’appelle-t-on AINS et Triptans ? Comment fonctionnent-ils ? Dans quels cas faudra-t-il les utiliser ? Est-il possible de les associer ? Quels sont leurs effets indésirables ?

Cet article fait un tour d’horizon sur les traitements de la crise migraineuse avec les AINS et les Triptans. Vous y découvrirez les indications et les contre-indications de ces deux médicaments.

Migraine : recommandations et types de traitements

Le traitement de la migraine a fait l’objet de moult recommandations. On note celles de la Société américaine de Neurologie en 2012. Soulignons aussi celles de l’European federation of Neurological Societies en 2019. On distingue également les recommandations de l’American Headache Society en 2015 mises à jour en 2019.

Les nombreuses dispositions concernant la migraine montrent au plus haut degré la nécessité d’un traitement adéquat de cette maladie. De même, selon l’OMS, la migraine occupe la 20e place parmi les maladies altérant la qualité de vie.

Elle touche plus fréquemment les femmes que les hommes. Si l’on doit considérer uniquement son incidence dans la population féminine, la migraine est parmi les 10 premières maladies. En outre, elle arrive en 2e position des maladies invalidantes en termes de temps passé avec une incapacité.

Il ne fait plus donc de doute qu’une prise en charge efficace mérite d’être réservée à cette maladie. Rassurez-vous, il existe une bonne gamme de médicaments pour anéantir les effets douloureux de la migraine. Ce sont les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) et les triptans.

Ces deux médicaments ont prouvé leur efficacité depuis leur instauration et continuent de faire de grandes merveilles. Mais, leur efficacité ne peut être holistique que dans la mesure où ils sont administrés selon les indications.

À vrai dire, le traitement de la crise migraineuse se fait en deux temps. On note les traitements de crise et les traitements de fond. Les traitements de crise se divisent en deux : traitements non spécifiques et traitements spécifiques.

En effet, les AINS font partie de la catégorie des traitements non spécifiques de la migraine. Les triptans par contre se taillent une part belle dans la catégorie des traitements spécifiques de la migraine. Quelles sont donc les indications relatives à chacun de ces traitements ?

Les AINS et la migraine

Il existe une multitude d’anti-inflammatoires disponibles sur le marché. Parmi eux, on distingue les anti-inflammatoires stéroïdiens et ceux non stéroïdiens. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont des médicaments qui empêchent la formation des prostaglandines.

Notons que celles-ci constituent des substances en cause dans la survenue des inflammations. Les AINS sont des médicaments qui ont prouvé leur efficacité dans la cure de la migraine. Toutefois, ils peuvent avoir parfois une image faussement rassurante dans certains cas.

Les AINS sont de la classe des médicaments d’une vaste étendue comprenant de nombreuses molécules, dont l’ibuprofène. Ils ont des propriétés antalgiques, antipyrétiques et à doses plus élevées, anti-inflammatoires. Comment les utilise-t-on ?

Indications des AINS

Les AINS sont les traitements non spécifiques de la migraine. Ils sont pris par voie orale. Parmi les anti-inflammatoires non stéroïdiens indiqués dans la crise migraineuse, nous avons :

  • Ibuprofène ;
  • Kétoprofène ;
  • Naproxène.

L’utilisation des AINS est recommandée par la Haute Autorité de santé de la France avec un grade A. Cela dit, des études sérieuses ont été faites sur les AINS en rapport avec la migraine et ont prouvé leur efficacité. Les AINS sont indiqués en cas de crise légère ou passagère de la migraine.

Lorsque les crises sont d’intensité modérée, il est indiqué de commencer le traitement par des antalgiques et des AINS. Il est conseillé de les prendre selon les règles, notamment dès le début des céphalées et à dose suffisante.

En revanche, il faut souligner que certains AINS ont une indication spécifique dans la crise de la migraine. En voici quelques-uns :

  • ADVIL;
  • ADVILCAPS ;
  • ADVILMED 400 mg ;
  • IBUPRADOLL ;
  • IBUPROFENE ARROW 400 mg ;
  • NUREFLEX 400 mg ;
  • NUROFEN 400 mg;
  • PROFEMIGR ;
  • SPIFEN 400 mg ;
  • SPEDIFEN 400 mg, etc.

Veillez simplement à bien suivre les prescriptions médicales

. Attention, les antalgiques contenant un opiacé (codéine, tramadol) ou un dérivé de la morphine sont déconseillés. Par conséquent, il est primordial de savoir choisir les anti-inflammatoires non stéroïdiens. Qu’en est-il donc des triptans ?

Contre-indications des AINS

Les anti-inflammatoires non stéroïdiens ne sont pas indiqués dans tous les cas et chez tous les patients migraineux. En effet, les AINS ne doivent pas être utilisés dans les cas suivants :

  • Antécédents d’allergie ou asthme provoqué par la prise des médicaments de la même famille ou de celle de l’aspirine ;
  • Antécédents de saignement ou de perforation digestifs liés à la prise d’AINS ;
  • Ulcère de l’estomac ou du duodénum ;
  • Maladie grave de foie ;
  • Insuffisance cardiaque ou insuffisance rénale grave ;
  • Grossesse à partir du 6emois, et allaitement.

Il est donc important de prendre des précautions quant à leur emploi.

Précaution d’emploi des AINS

Les AINS ne doivent pas être employés chez l’enfant souffrant de varicelle ou de grippe. Cette précaution permet d’éviter le risque de syndrome de Reye. Les AINS ne sont pas indiqués chez un adulte ayant une varicelle. Il faut aussi s’assurer des antécédents personnels et familiaux du patient.

AINS et autres médicaments

Les AINS peuvent interagir avec de nombreux médicaments spécialement les anticoagulants, le lithium. Ils interagissent également avec le méthotrexate, les diurétiques, les inhibiteurs de l’enzyme de conversion et les inhibiteurs de l’angiotensine II.

Par conséquent, lorsque vous êtes sous l’un ou l’autre de ces traitements, il ne faut pas prendre les AINS. Cela permettra de limiter les effets indésirables ou autres complications.

Effets indésirables des AINS

Les AINS peuvent être responsables de plusieurs effets secondaires. Parmi ceux-ci, on note :

  • Maux de tête ;
  • Vertiges ;
  • Nausées ;
  • Douleurs ou brûlures d’estomac ;
  • Ulcère ou hémorragie du tube digestif ;
  • Réactions allergiques.

Il faut retenir que les effets secondaires des AINS sont essentiellement gastriques et cardiaques. À l’instar des anti-inflammatoires non stéroïdiens, les triptans présentent également des contre-indications dont il faut nécessairement tenir compte.

Triptans et crise migraineuse

Parmi les traitements de crise de la migraine, les triptans apparaissent comme les traitements spécifiques à efficacité inégalée. Les triptans sont également prescrits dans le traitement de l’algie vasculaire de la face. Ils ont été un réel progrès dans le traitement de la migraine depuis 1990.

En effet, les triptans réussissent là où les traitements non spécifiques échouent (antalgiques, anti-inflammatoires non stéroïdiens). Les triptans de nouvelles générations sont :

  • ZOLMITRIPTAN ;
  • NARATRIPTAN ;
  • RIZATRIPTAN ;
  • ELETRIPTAN ;
  • ALMOTRIPTAN ;
  • FROVATRIPTAN.

Le prédécesseur de ces nouveaux triptans est le SUMATRIPTAN. Les triptans se présentent sous diverses formes galéniques : injectable ou auto-injectable, comprimés orodispersibles ou non, spray nasal. Quelles sont donc les indications d’administration des triptans ?

Indications des triptans

migraine et triptans

Les triptans agissent directement sur le mécanisme de la crise. Ces molécules sont des agonistes de la sérotonine. Celle-ci en effet est une substance chimique qui joue le rôle de médiateur entre les cellules nerveuses. Les triptans peuvent être administrés par voie orale, en spray ou sous forme injectable.

En effet, les triptans se fixent sur certaines catégories de récepteurs de la sérotonine. Dès lors, ils entrainent une constriction, notamment un rétrécissement des vaisseaux présents dans la méninge. Ils bloquent également la libération de substances « algogènes » responsables de la douleur.

Les triptans sont indiqués en cas d’échec des antalgiques et des AINS. Ils sont également indiqués en cas de crises sévères de la migraine. Les doses varient selon le type de triptan. L’AMM limite l’emploi des triptans entre 18 et 65 ans. Il n’existe aucune étude sur son indication après 65 ans.

Selon le cas du patient, le respect de la posologie indiquée est donc très important.

Les propriétés des triptans ci-après font d’eux des médicaments de référence :

  • Almotriptan (Almogran): cp 50 mg ;
  • Elétriptan (Relpax): cp 20 mg, 40 mg;
  • Naratriptan (Naramig): cp 2.5 mg;
  • Sumatriptan (Imigrane): cp 50 mg, seringue 6 mg, solution nasale 10 et 20 mg ;
  • Zolmitriptan (Zomig, Zomig oro): cp 2.5 mg, 2.5 mg orodispersible;
  • Frovatriptan (Isimig): cp 2.5 mg.

Propriétés des triptans

Les triptans sont des agonistes 5-HT1B/D dont les propriétés pharmacologiques principales sont :

  • Induction d’une vasoconstriction artériolaire ;
  • Inhibition du système trigémino-vasculaire.

Ils ont une action centrale, inhibitrice de la transmission du message nociceptif trigéminal au niveau du noyau spinal du trijumeau. Par ailleurs, notons qu’il existe peu de différence d’un triptan à un autre en ce qui concerne ces propriétés.

Toutefois, les nouveaux triptans se démarquent sur le plan pharmacodynamique du sumatriptan.

Pharmacodynamie

Les nouveaux triptans ont en effet une grande affinité pour le récepteur 5-HT1B/D ainsi qu’une meilleure sélectivité pour celui-ci. Aussi, on note une supériorité d’effet agoniste chez les nouveaux triptans.

Par ailleurs, on remarque également que les nouveaux triptans ont une meilleure sélectivité d’effet sur les territoires carotidiens. Ces différences s’observent aussi sur le plan pharmacocinétique.

Pharmacocinétique

Les nouveaux triptans se distinguent du sumatriptan sur le plan pharmacocinétique. En effet, ils ont une plus grande lipophilie servant à améliorer l’absorption digestive. Cette lipophilie permet également leur pénétration centrale.

Comparativement au sumatriptan, les nouveaux triptans obtiennent plus rapidement le pic plasmatique. Ils possèdent une durée demie – vie plus longue que le sumatriptan. En revanche, cette différence ne s’applique pas pour le Naratriptan au pic plasmatique tardif et à très longue demie-vie.

Cependant, bien qu’il y ait des avantages au niveau des propriétés, rien ne prédit l’efficacité de l’un sur les autres.

Efficacité des triptans

Les triptans

, délivrés sous ordonnance, soulagent la migraine dans 60 à 70 % des cas. Leur durée d’action après emploi s’observe en 2 heures. Ils démontrent leur efficacité également sur les signes accompagnateurs à savoir : troubles digestifs, intolérance à la lumière et bruit.

Toutefois, il est bien de savoir que les triptans n’ont pas d’action sur l’aura qui précède les céphalées. Ils n’ont également aucun effet préventif spécialement dans les migraines cataméniales survenant pendant la période des règles.

L’intérêt des triptans est manifeste lorsqu’ils sont pris le plus tôt possible dès le début des céphalées. Lorsque la migraine s’accompagne de vomissement, certains triptans peuvent être pris par injection ou en spray nasal (Imigrane).

Le sumatriptan par voie sous-cutanée est la forme la plus efficace. Il présente une efficacité significative de 70 % de soulagement en 1 heure. En ce qui concerne le sumatriptan nasal, il a une efficacité variable d’un patient à l’autre. Cela s’explique par le fait de la grande variabilité interindividuelle de l’absorption par la muqueuse.

De même, il est aussi performant dans les formes migraineuses avec nausées importantes. La sécurité d’emploi du sumatriptan a fait ses preuves après utilisation. Celles-ci se sont avérées chez plus de 10 millions de patients pour traiter plus de 180 millions de crises.

Par contre, par voie orale, il a le désavantage d’une faible biodisponibilité, variable d’un patient à un autre. En ce qui concerne le zolmitriptan et le naratriptan, l’efficacité avoisine 85 % après avoir été jugée sur 20 crises. Par ailleurs, il est bien de savoir que l’échec d’un triptan n’empêche pas d’en essayer un autre. Le traitement de la crise migraineuse semble encore plus efficace lorsque les AINS et les triptans sont associés.

Contre-indications des triptans

Les contre-indications des triptans sont liées aux propriétés vasoconstrictrices. En effet, les triptans sont contre-indiqués :

  • Avant 18 ans et après 65 ans ;
  • Dans le cas d’une maladie coronarienne avérée incluant une cardiopathie ischémique à savoir : angine de poitrine, antécédents d’infarctus du myocarde ou ischémie silencieuse confirmée. Lorsque le patient présente des vasospasmes d’une artère coronarienne, une symptomatologie de cardiopathie ischémique ;
  • En cas des arythmies significatives ou une insuffisance cardiaque ;
  • Lorsque le patient a une maladie vasculaire périphérique ;
  • Avec des antécédents d’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d’accidents ischémiques transitoires (AIT) ;
  • Pour l’hypertension artérielle modérée ou sévère, hypertension légère non contrôlée ;
  • En cas d’insuffisance hépatique sévère (Child-Pugh grade C).

Par ailleurs, l’utilisation d’un triptan pendant la phase d’aura n’est pas indiquée. En effet, elle expose à un risque vasculaire. Cela est également valable en cas de migraine basilaire ou avec aura prolongée. Dès lors, il convient de prendre des précautions qui s’imposent.

Précautions d’emploi des triptans

Il faut savoir qu’un triptan ne doit en aucun cas être administré sans évaluation cardiovasculaire au préalable. Cette précaution concerne surtout les patients ayant un risque de maladie coronarienne :

  • Patients souffrants d’hypertension artérielle ;
  • Personnes ayant le diabète ;
  • Les fumeurs ou les personnes utilisant un traitement de substitution à la nicotine ;
  • Hommes âgés de plus de 40 ans ;
  • Femmes ménopausées et les sujets ayant des antécédents familiaux importants de maladie coronarienne.

Par ailleurs, les triptans peuvent interagir avec d’autres médicaments. Il est donc bien de les connaître et d’en prendre garde en cas de contre-indications.

Interactions médicamenteuses

L’almotriptan et l’élétriptan

subissent un métabolisme avec certains types de cytochrome P450 comme le 3A4 et le 2D6. Or, tout médicament ayant une action sur ce dernier est susceptible de modifier le taux sanguin du médicament.

En outre, le rizatriptan, le sumatriptan et le zolmitriptan sont à prendre à une bonne distance d’inhibiteur de monoamine-oxydase. Notons aussi que l’usage conjoint de triptan et d’un inhibiteur sélectif de la recapture de la sérotonine présente des risques.

Il peut en effet provoquer un accident tel le syndrome sérotoninergique. Celui-ci se traduit le plus souvent par des convulsions, de la sueur, de la confusion. Cette liste n’est pas exhaustive. Il s’avère donc judicieux d’observer ces contre-indications afin de limiter les effets secondaires des triptans.

Effets secondaires possibles des triptans

Les triptans présentent de nombreux effets secondaires. On peut relever les effets secondaires qui affectent le système nerveux central. Outre cela, les triptans peuvent donner des sensations de compression thoracique ou de serrements laryngés au niveau de la gorge.

Par ailleurs, d’autres effets indésirables sont observés. Il s’agit entre autres des picotements, des rougeurs, des bouffées de chaleur. Mais, rassurez-vous, ces effets sont mineurs et deviennent de plus en plus rares au fil des traitements. Heureusement, à partir de la 5e ou de la 6e prise des triptans, ils disparaissent quasiment.

Association AINS et Triptans : traitement de la crise migraineuse

Il est avantageux de combiner la prise d’un anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) à un triptan

. Selon plusieurs études, il faut prescrire un triptan en relais à l’AINS lorsque ce dernier n’a pas d’effet positif après 2 heures.

En effet, cette prise en charge, indiquent-elles, doit être proposée pour 3 crises. La combinaison des deux traitements est plus efficace que chacun pris séparément. D’ailleurs, rassurez-vous, dans la crise migraineuse, ces deux traitements n’ont pas d’effet de classe.

Ainsi, pour une migraine qui se présente difficile à traiter, il serait profitable de prendre les AINS avec un triptan. En outre, il est bien de savoir que l’échec d’une molécule n’est pas synonyme de l’échec de toute la classe. À cet effet, lorsqu’une molécule n’est pas efficace, vous pouvez la remplacer.

En somme, la crise migraineuse peut être traitée de façon radicale. On distingue deux types de traitements de la migraine : traitement de crise et traitement de fond. Les traitements de crise comprennent les traitements non spécifiques et les traitements spécifiques.

Les AINS sont de la famille des traitements non spécifiques de la migraine tandis que les triptans sont les traitements spécifiques. Ils peuvent être combinés pour avoir une efficacité probante. Toutefois, qu’il s’agisse des AINS ou des triptans, il est important de veiller au respect des indications et contre-indications pour limiter leurs effets indésirables.

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