Santé

MICI : typologie, clinique, diagnostic, traitement

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) regroupent un ensemble de pathologies ayant en commun une inflammation de la paroi digestive. Elles présentent une prévalence voisine de 0,1 % soit 1 pour mille avec un sex-ratio estimé à 1. On estime qu’elles surviennent principalement entre 20 et 30 ans et touche préférentiellement les femmes.

Les étiologies de ces maladies sont inconnues même si on les associe de plus en plus à un mécanisme auto-immun. En milieu clinique, différents examens biochimiques et physiques permettent de les diagnostiquer. Les traitements disponibles sont pour la plupart symptomatiques et non curatifs.

MICI : typologie

On distingue trois principaux types de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Il y a :

  • La maladie de Crohn ;
  • La rectocolite hémorragique (RCH) ;
  • Les colites indéterminées.

Il existe en dehors des maladies susmentionnées, d’autres pathologies inflammatoires de l’intestin. Cependant, ces dernières présentent un caractère aigu. Par opposition aux MICI, elles évoluent sur moins de trois mois.

Maladie de Crohn

La maladie de Crohn est la plus fréquente des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. En France, elle présente une incidence annuelle de 4000 nouveaux cas et affecte principalement les adultes. On la désigne également par les appellations « iléite ou entérite régionale » et elle semble survenir fréquemment dans la gent féminine.

Dans la forme classique, la maladie de Crohn se caractérise par une inflammation chronique des tissus tapissant le tube digestif. Elle évolue par poussées et la sévérité des symptômes dépend des organes touchés.

Rectocolite hémorragique (RCH)

La rectocolite hémorragique constitue avec la maladie de Crohn les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin les plus récurrentes. Elles représentent à elles seules près de 85 % des cas totaux des MICI diagnostiquées en milieu hospitalier.

À l’opposé de la maladie de Crohn, la rectocolite hémorragique touche en proportion égale les hommes et les femmes. Elle se traduit par une ulcération et une inflammation des couches superficielles du rectum et du côlon. En général, elle évolue par poussées et provoque des manifestations dont l’intensité varie selon les patients.

Colites indéterminées

Les colites indéterminées sont les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin les moins courantes. Elles représentent environ 15 % des cas totaux des MICI diagnostiquées en milieu hospitalier. La plupart du temps, il s’agit de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin dont on a pu identifier le type.

Ainsi, on sait qu’il est bien question d’une maladie chronique inflammatoire de l’intestin, mais on ignore s’il s’agit de la maladie de Crohn ou d’une rectocolite hémorragique. Il est possible que les colites indéterminées évoluent sur le long terme vers une forme spécifique de MICI.

MICI : clinique

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin connaissent pour la plupart une évolution en deux phases. Il y a notamment les phases d’accalmie et les phases de poussées.

Les phases d’accalmie, peu importe, la forme de MICI considérée sont généralement asymptomatiques. Elles n’entraînent aucune manifestation clinique particulière.

En revanche, les phases de poussées sont presque toujours symptomatiques. Elles entraînent divers symptômes dont l’intensité, la nature et parfois la localisation varient suivant le type de MICI. Il y a principalement :

  • La sensation de douleurs dans le tube digestif ;
  • La perte de poids ;
  • Les atteintes de la région anale ;
  • La constipation ;
  • Les saignements rectaux ;
  • La diarrhée et la modification de l’aspect des selles.

Il est aussi courant d’observer certaines manifestations extradigestives dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. De même, ces maladies peuvent aussi se manifester par divers symptômes généraux. Il y a par exemple la fièvre, la fatigue physique et parfois les vomissements.

Sensation de douleurs dans le tube digestif

Les douleurs constituent l’un des signes cliniques les plus évocateurs d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Elles concernent généralement les organes composant le tube digestif et sont très intenses.

Pour la maladie de Crohn, en général, elles sont principalement localisées au niveau de l’abdomen. Par contre, dans la rectocolite hémorragique elles s’étendent de l’estomac au rectum.

Il existe des cas de figure de MICI où les douleurs affectent uniquement la région basse de l’abdomen. Tout dépend du stade de gravité de la maladie et de l’état de santé du patient. En effet, chez un patient ne présentant aucune autre maladie digestive, les douleurs sont peu étendues.

En revanche, en présence de comorbidités telles que l’ulcère gastrique, il est possible que les douleurs connaissent une expansion. Il faut noter, par ailleurs, que chez certains patients, les douleurs s’accompagnent de crampes.

Perte de poids

En ce qui concerne les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, l’inflammation qui se produit est responsable d’une malabsorption des aliments. Le patient se retrouve proie à divers désordres métaboliques et il survient les problèmes nutritionnels suivants :

  • L’anémie par carence en fer et vitamine B12 ;
  • Le passage de graisses dans les selles ;
  • Les carences vitaminiques et énergétiques ;
  • Les carences protéiques.

Au fil du temps, ces problèmes nutritionnels vont induire chez le patient un état de dénutrition sévère. Par conséquent, il perd du poids. À l’instar des douleurs, la perte pondérale est un signe très évocateur des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Elle est présente, peu importe la forme considérée.

Constipation

La constipation est un symptôme fréquent chez les patients souffrant d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Elle est la conséquence de la digestion imparfaite des aliments induite par l’inflammation des parois digestives. Dans la maladie de Crohn, elle s’accompagne souvent de renvois acides et parfois d’une sensibilité abdominale.

Atteintes de la région anale

Les atteintes de la région anale font partie intégrante du tableau clinique des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. En général, elles prennent la forme de fissures survenant comme une conséquence de la constipation. Ces dernières peuvent en l’absence d’un traitement évoluer vers des plaies puis des abcès.

Saignements rectaux

Les saignements rectaux sont des signes cliniques spécifiques à la rectocolite hémorragique. Ils surviennent rarement dans la maladie de Crohn ou les colites indéterminées. Ils résultent, en général, de l’ulcération des parois rectales.

En présence de saignements rectaux, il est possible que le patient remarque des traces de sang dans ses selles.

Diarrhée et modification de l’aspect des selles

La diarrhée tout comme la constipation, est un symptôme couramment observé dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Elle résulte de la perturbation des fonctions digestives de l’organisme par l’inflammation. Dans la majorité des cas, elle survient en même temps qu’une modification de l’aspect des selles. Le patient présente ainsi des selles plus ou moins liquides pouvant contenir du mucus, du sang ou du pus.

Manifestations extradigestives

Les manifestations extradigestives concernent environ 20 % des patients présentant une maladie inflammatoire chronique de l’intestin. Les plus courantes incluent :

  • les arthrites qui se traduisent par une inflammation des articulations ;
  • les psoriasis qui se traduisent par une inflammation des tissus cutanée ;
  • les uvéites qui se traduisent par une inflammation des tissus oculaires.

Il est rare que les manifestations extradigestives des MICI comprennent des atteintes non inflammatoires d’autres organes.

MICI : étiologies

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI)

Les étiologies exactes à l’origine de la survenue des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin restent encore inconnues. De plus en plus, on suppose néanmoins qu’elles résultent d’un processus auto-immun. Ainsi, elles feraient suite à la destruction des couches superficielles du tube digestif par les cellules du système immunitaire.

Plusieurs faits permettent de renforcer cette hypothèse. Principalement, il y a l’efficacité des moyens visant la réduction de l’activité du système immunitaire sur les MICI. Ensuite, il y a également le fait que ces maladies inflammatoires chroniques ne présentent pas uniquement des manifestations intestinales.

Par ailleurs, on sait aussi que le risque de survenue des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin connaît une exacerbation en présence de certains facteurs. Ils sont à la fois d’ordre génétique et comportemental. Il s’agit, principalement :

  • Des atteintes du système immunitaire ;
  • Du stress ;
  • Des antécédents familiaux ;
  • De l’ethnicité ;
  • Du tabagisme ;
  • La région géographique ;
  • De l’âge et du sexe.

Il y a aussi l’alcoolisme chronique et l’exposition prolongée aux polluants chimiques qui peut favoriser les MICI.

Atteintes du système immunitaire

Les atteintes du système immunitaire survenant généralement à la suite de certaines infections constituent des facteurs favorables aux MICI. Les résultats de plusieurs études ont démontré une corrélation entre elles et ces maladies. On suppose de plus en plus alors qu’elles favorisent les mécanismes auto-immuns à l’origine du déclenchement d’une MICI.

Stress

Le stress est un état de mal-être psychique et physique apparaissant lors de situations stressantes. Par exemple la participation à une compétition, la préparation d’un examen, etc. A priori, il n’existe aucune corrélation directe entre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin et le stress.

D’après de nombreuses études, cependant, il constituerait un facteur de risque de ces maladies inflammatoires. En effet, la plupart des cas de MICI s’observent dans les populations de personnes soumises à un stress important. De plus, les chercheurs ont démontré une récurrence des poussées inflammatoires dans ces populations, comparativement aux autres.

Antécédents familiaux

À l’instar de nombre de maladies, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin surviennent plus récurremment en présence d’antécédents familiaux. En effet, plusieurs études ont montré que la majorité des patients avaient un proche ayant souffert de la maladie.

Le plus souvent, il s’agit d’un parent, d’un frère, d’une sœur ou encore d’une tante. Il faut noter, par ailleurs, que malgré le caractère familial des MICI, elles constituent des maladies acquises. Cela implique qu’elles ne sont ni contagieuses, ni héréditaires, ni congénitales.

Ethnicité

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin peuvent affecter les personnes de toutes les populations du monde. On remarque, toutefois, qu’elles sont plus fréquentes dans certaines ethnies que d’autres. Ainsi, les Ashkénazes et les Juifs caucasiens présentent un risque plus important de faire une MICI que les autres.

De même, les Européens et les Américains en général souffriraient plus de la maladie que les Africains. Les raisons qui expliquent ces différences restent non élucidées.

Tabagisme

Le tabagisme et en particulier le tabagisme chronique constitue un facteur de risque des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. En effet, les résultats de nombreuses études ont démontré une recrudescence des MICI dans les populations de fumeurs. On suppose alors que le fait de fumer favorise les mécanismes auto-immuns responsables des MICI.

De même, après le déclenchement de la maladie, il entretiendrait l’inflammation et optimiserait la récurrence des phases de poussées. Pour finir, c’est aussi dans les populations de fumeurs qu’on retrouve souvent les cas graves de MICI.

Région géographique

La région géographique à l’inverse de ce qu’on pourrait croire, a un impact sur le risque des MICI. En effet, on note une récurrence des cas de MICI dans les pays industrialisés et les régions urbanisées. Les personnes habitant une région rurale sont donc moins enclines à souffrir d’une MICI. Les raisons qui sous-tendent ces différences entre les diverses régions géographiques sont principalement d’ordre alimentaire.

Dans les régions industrialisées, on observe une forte consommation d’aliments pro-inflammatoires. Il y a entre autres : les matières grasses, les spécialités laitières et les aliments transformés. Pour finir, il convient de préciser que les régions aux climats nordiques favorisent également les MICI. Le froid qui caractérise ces climats entretiendrait l’inflammation du tube digestif.

L’âge et le sexe

Les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin peuvent survenir à tout âge. On observe, toutefois, une récurrence des cas dans la tranche d’âge de 20 à 30 ans. Cela implique que les personnes de cette tranche d’âge sont plus susceptibles de faire la maladie que les autres.

Pour ce qui concerne le sexe, on observe pour certaines formes de MICI une prédominance de cas chez les femmes. Ainsi, on suppose qu’elles sont plus enclines à souffrir d’une MICI que les hommes.

MICI : diagnostic

Le diagnostic des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin repose sur un examen clinique, des examens biologiques et certains tests d’imagerie.

Examen clinique

Dans le diagnostic des MICI, l’examen clinique est celui qu’on réalise en premier lieu. Il permet de recenser les signes cliniques présentés par le patient en vue de voir s’ils sont évocateurs d’une MICI.

En général, c’est un médecin qui se charge de le réaliser et il fait souvent suite à un interrogatoire. Le principal but de l’interrogatoire est d’établir l’histoire de la maladie. Cependant, il peut également avoir un intérêt étiologique. En effet, durant l’interrogatoire, il est possible que le médecin recherche la présence de facteurs de risque. Par exemple, la présence d’antécédents familiaux, la prise régulière de tabac, etc.

Examens biologiques

Les examens biologiques pouvant permettre de poser le diagnostic d’une maladie inflammatoire chronique de l’intestin sont nombreux. En général, deux dosages sont réalisés. Il s’agit du dosage de la protéine CRP dans les urines et du dosage de la calprotectine dans les selles.

Il faut préciser que la protéine CRP est un marqueur biologique de l’inflammation. Dans les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, elle connaît toujours une augmentation.

À l’instar de la protéine CRP, la calprotectine est aussi un marqueur biologique de l’inflammation. Elle connaît une augmentation dans les selles en présence de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.

Si la hausse de la calprotectine est non spécifique aux MICI, elle permet de poser un diagnostic différentiel précis. En effet, elle permet au médecin de discriminer les MICI d’une pathologie fonctionnelle de l’intestin. Outre le dosage de la CRP et de la calprotectine, on peut aussi procéder au dosage d’auto-anticorps. Cela permet de rechercher un mécanisme auto-immun.

Tests d’imagerie

Le test d’imagerie de référence intervenant dans le diagnostic des MICI est l’endoscopie digestive. On le réalise en milieu hospitalier grâce à des appareils spécifiques. Ce test permet la recherche de lésions inflammatoires dans le tube digestif.

Durant son déroulement, le médecin peut également réaliser des prélèvements et délimiter les parties enflammées. Dans la pratique, pour réaliser une endoscopie digestive, on insère une sonde dotée d’une caméra dans l’appareil digestif du patient.

MICI : traitement

Il n’existe aucun traitement curatif contre les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin. Cependant, pour contrôler les symptômes de ces maladies et retarder la survenue des complications, on recourt à une médication ou certaines procédures chirurgicales.

Médication

Dans le cadre de la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, on peut utiliser différents médicaments. Il y a essentiellement les anti-inflammatoires, les immunomodulateurs, les antidiarrhéiques et les corticostéroïdes. Les anti-inflammatoires comme l’indiquent leurs noms permettent de réduire les réactions inflammatoires se produisant dans le tube digestif.

Les immunomodulateurs quant à eux permettent la réduction des réponses immunitaires à l’origine de l’inflammation. Les antidiarrhéiques et les corticostéroïdes permettent, pour finir, de contrôler les symptômes cliniques de la maladie.

Procédures chirurgicales

Les procédures chirurgicales pouvant intervenir dans la prise en charge des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin sont nombreuses. Il y a, par exemple :

  • La colectomie qui représente une chirurgie réalisée pour retirer les parties de l’intestin endommagées par l’inflammation.
  • L’anastomose iléo-anale qui est une chirurgie durant laquelle on enlève la muqueuse du rectum avant de relier l’anus à l’intestin grêle.
  • La proctocolectomie qui est une chirurgie durant laquelle on procède au retrait du gros intestin et à la liaison de l’anus à l’intestin grêle.

Le choix des procédures se fait généralement en fonction de la forme de la maladie inflammatoire chronique de l’intestin à traiter.

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