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Lésions ASCUS : clinique, causes, diagnostic, évolution

Les lésions ASCUS correspondent à de légères modifications cellulaires découlant d’une infection de l’organisme par le papillomavirus. Elles surviennent principalement chez les femmes et évoluent vers un cancer du col de l’utérus dans plus de 10 % des cas. En milieu clinique, il est possible de les diagnostiquer au moyen d’un frottis ASCUS.

Dans la plupart des cas, les lésions ASCUS sont asymptomatiques. Cependant, les modifications cliniques qu’elles entraînent sont observables à l’hôpital grâce à des appareils spécifiques. La prise en charge des lésions ASCUS repose principalement sur une surveillance stricte et régulière. Elle permet de suivre l’évolution des lésions et de prévenir leurs complications.

Lésions ASCUS : présentation

Les lésions ASCUS aussi appelées lésions malpighiennes intra-épithéliales de bas grade traduisent une atteinte mineure des cellules malpighiennes. Ils ont été définis au même titre que les lésions malpighiennes intra-épithéliales de haut grade dans les années 1988. Il s’agit de deux terminologies propres au système Bethesda dont le but principal est l’uniformisation des réponses diagnostiques. En effet, ce système permet en cas de lésions malpighiennes de réduire les disconvenances entre les différents observateurs. Ce qui, bien entendu, facilite la pose d’un diagnostic des lésions malpighiennes intra-épithéliales et la mise en place d’un classement.

Les lésions malpighiennes intra-épithéliales de bas grade concernent environ 75 % des personnes sexuellement actives et plus spécifiquement les femmes. Elles affectent l’épithélium malpighien qui représente une structure du col de l’utérus qu’on retrouve au niveau de l’appareil reproducteur féminin. En général, elles entraînent la formation de cellules anormales qui peuvent évoluer vers un cancer du col de l’utérus. On les caractérise, pour ce fait, de lésions précancéreuses.

L’expression « ASCUS » qui veut dire « Atypical squamous cells of Undetermined Significance » ou « Atypies cytologiques des cellules malpighiennes de signification indéterminée » se rapporte à la difficulté de signification des lésions ASCUS. En effet, dans la plupart des cas, l’observation microscopique de ces lésions malpighiennes ne révèle aucune donnée significative. Par conséquent, la conclusion diagnostique se trouve généralement malaisée et à la fois très hésitante. Ainsi, les lésions de bas grade à l’opposé des lésions de haut grade sont souvent très difficiles à caractériser.

Les mécanismes précis à l’origine de la formation des lésions ASCUS ne sont pas encore entièrement élucidés. On sait, toutefois, que de telles lésions surviennent généralement en réponse à une infection de l’organisme par le papillomavirus. De même, elles présentent une composante génétique et une corrélation importante avec différents facteurs environnementaux et comportementaux. En milieu hospitalier, on les considère comme des affections bénignes. Elles ne font l’objet d’aucun traitement spécifique. Cependant, elles sont surveillées de près en raison de leurs éventuelles complications et du risque de cancer.

Lésions ASCUS : clinique

Les lésions ASCUS sont asymptomatiques dans la quasi-totalité des cas. En d’autres termes, elles ne se manifestent, en général, par aucun signe clinique spécifique. Toutefois, elles entraînent quelques modifications cellulaires qui sont identifiables en milieu hospitalier par des examens spécifiques. Il y a principalement :

  • L’augmentation de volume des noyaux cellulaires ;
  • La déformation cellulaire ;
  • La polynucléation ;
  • L’hyperchromatisme ;
  • La distribution imparfaite des chromatides cellulaires ;
  • Les modifications de la forme et du volume des nucléoles.

Ces variations sont peu spécifiques et concernent à la fois les lésions ASCUS et les lésions de haut grade.

Cependant, on s’appuie généralement sur le degré d’atteinte des cellules intra-épithéliales pour effectuer une classification optimale des lésions malpighiennes. En effet, lorsque les modifications citées précédemment concernent le tiers de l’épithélium, les lésions sont souvent ASCUS et donc de bas grade. On parle alors de CIN1 ou de néoplasies cervicales intraépithéliales de grade 1. En revanche, lorsque les modifications énumérées concernent plus du tiers de l’épithélium, les lésions sont non ASCUS. Dans ce cas, elles sont de haut grade et on les classe en deux groupes : CIN2 et CIN 3.

Les néoplasies cervicales intraépithéliales de grade 2 (CIN2) correspondent à des lésions modérées. Il s’agit de lésions précancéreuses de haut grade qui affectent les deux tiers des cellules squameuses. Les néoplasies cervicales de grade 3 (CIN3) correspondent à des lésions très sévères. Elles affectent l’entièreté des cellules de l’épithélium. Le risque de cancer est alors très important.

Lésions ASCUS : causes

Le papillomavirus (HPV) est le principal agent responsable de la formation des lésions malpighiennes intra-épithéliales de bas grade sur l’épithélium. Il s’agit d’un virus commun qui possède une virulence importante du fait de ses spécificités. Voir plus d’informations à son propos dans les rubriques ci-après.

Papillomavirus (HPV) : définition

Le papillomavirus aussi appelé « virus du papillome humain » ou « HPV » est le virus responsable du cancer du col de l’utérus. Il appartient à la famille des Papillomaviridae et possède un ADN comportant environ 8000 paires de bases de nucléotides. Il subsiste pendant longtemps dans le milieu extérieur et résiste au froid ainsi qu’aux solvants organiques communs. Dans l’organisme humain, les papillomavirus se développent uniquement dans les kératinocytes. De ce fait, on les retrouve exclusivement dans les épithéliums malpighiens non kératinisés (épithélium cervical, épithélium vaginal) et les épithéliums malpighiens kératinisés (épiderme).

Papillomavirus (HPV) : espèces responsables des lésions ASCUS

On distingue près de 200 espèces de papillomavirus. Cependant, deux espèces de papillomavirus, en particulier, sont incriminées dans la formation des lésions ASCUS. Il y a :

  • Du virus de papillomavirus de type 16 qui est responsable de 50 % des cas de lésions précancéreuses ASCUS ;
  • Du virus de papillomavirus de type 18 qui est responsable de 30 % des cas de lésions précancéreuses ASCUS.

Outre ces deux espèces de papillomavirus, d’autres espèces sont également incriminées dans la survenue des lésions précancéreuses. Il y a notamment le HPV 31, le HPV 33, le HPV 35, le HPV 39 et le HPV 45. Elles seraient responsables des lésions ASCUS dans près de 30 % des cas.

Papillomavirus (HPV) : mode de transmission

Les papillomavirus se transmettent de différentes manières. On les contracte soit par voie sexuelle, soit par voie ancillaire ou soit par voie périnatale.

Transmission sexuelle du papillomavirus

La transmission sexuelle est le principal mode de transmission du papillomavirus. Elle a lieu en cas de contact direct avec une personne infectée lors d’un rapport sexuel. Les rapports sexuels qu’ils soient oraux, anogénitaux ou sans pénétrations sont favorables à la transmission sexuelle du HPV. Sur 10 personnes présentant des lésions ASCUS, on estime que 07 ont contracté le papillomavirus par voie sexuelle.

Transmission ancillaire du papillomavirus

Dans le cadre de la transmission ancillaire, la contraction du papillomavirus fait suite à l’exposition à un objet souillé. Il peut s’agir entre autres :

  • D’un vêtement ;
  • D’un sous-vêtement ;
  • D’un rasoir ;
  • Du pot d’une toilette moderne.

La transmission du papillomavirus par voie ancillaire se fait très rarement. Sur 10 personnes présentant des lésions ASCUS, on estime que seulement une personne peut avoir contracté le virus par cette voie.

Transmission périnatale du papillomavirus

On parle de transmission périnatale lorsque le papillomavirus est transmis à un enfant durant la grossesse. Ce mode de transmission qui est aussi très rare a lieu seulement quand le HPV présente une activité virale chez la mère. De plus, parfois, il est susceptible de ne pas entraîner la formation de lésions précancéreuses.

Lésions ASCUS : facteurs favorisants

Les facteurs favorables à la survenue des lésions ASCUS sont nombreux. Ils comprennent, principalement :

  • Un déficit immunitaire ;
  • Les antécédents d’autres infections sexuellement transmissibles (SIDA, herpès génital) ;
  • La multiplicité des partenaires sexuels ;
  • La précocité des relations sexuelles.

Outre ces facteurs, on associe également la survenue des lésions ASCUS aux maladies susceptibles d’entraîner une faiblesse immunitaire. Par exemple, le diabète et les cancers. De même, les lésions ASCUS présentent une composante familiale. Elles surviennent plus fréquemment chez les personnes ayant des antécédents familiaux que les autres.

Déficit immunitaire

D’après plusieurs études concordantes, le déficit immunitaire constitue un facteur de risque majeur de survenue des lésions ASCUS. Il crée un environnement favorable à la prolifération du papillomavirus. En effet, le système immunitaire est un système organique chargé d’orchestrer les réactions de défenses contre le non-soi. Il lutte contre les virus tels que le papillomavirus et empêche qu’ils se développent dans l’organisme. Dès qu’il fait l’objet d’un déficit, on assiste à une détérioration de la qualité des réactions de défense. Par conséquent, le papillomavirus se développe plus aisément et son degré de virulence est très optimal. Il s’ensuit alors une hausse du risque infectieux et de survenue des lésions ASCUS.

 Antécédents d’autres infections sexuellement transmissibles (SIDA, herpès génital)

Les antécédents d’infections sexuellement transmissibles constituent comme le déficit immunitaire un facteur de risque majeur des lésions ASCUS. Ils rendent l’épithélium vulnérable à une infestation par le papillomavirus. En effet, en cas d’infections sexuellement transmissibles, il arrive que des lésions se forment sur l’appareil génital. Ces dernières sont pour la plupart bénignes et non sévères. Cependant, elles constituent des portes d’entrée dans l’épithélium.

Par conséquent, en cas d’exposition au papillomavirus, le virus atteint plus facilement l’épithélium. On observe ainsi une augmentation du risque infectieux et donc indirectement de lésions ASCUS. Il convient de noter que dans le cas du SIDA, en particulier, le risque est encore plus accru. Pour cause, il s’agit d’une infection sexuellement transmissible occasionnant en plus des lésions vaginales, un déficit immunitaire important.

Multiplicité des partenaires sexuels

La multiplicité des partenaires sexuels expose d’après plusieurs études à un risque accru de survenue de lésions ASCUS. En effet, la transmission du papillomavirus se fait principalement par contact direct avec une personne infectée lors de rapports sexuels. Par conséquent, plus les contacts sexuels se multiplient avec plusieurs personnes, plus le risque de contracter le papillomavirus augmente. On note donc une hausse du risque infectieux et de formation des lésions ASCUS.

Précocité des relations sexuelles

La précocité des relations sexuelles représente d’après plusieurs études un facteur de risque des lésions ASCUS. En effet, lorsque les premiers rapports surviennent, le risque d’avoir plusieurs partenaires sexuelles connaît une hausse. Il s’ensuit donc une exposition beaucoup plus importante au papillomavirus et donc un risque accru de lésions ASCUS.

Lésions ASCUS : méthode de diagnostic

Lésions ASCUS

La méthode de diagnostic utilisée pour mettre en évidence les lésions ASCUS repose sur le frottis cervico-utérin. Voir plus d’informations à propos de cet examen dans les sections ci-après.

Frottis cervico-utérin : définition

Le frottis cervico-utérin est un examen commun utilisé pour le diagnostic des lésions ASCUS et du cancer du col utérin. On l’appelle également « test de Pap » en hommage au scientifique grec Georgios Papanicolaou qui l’a développé. Cette méthode a démontré un grand intérêt dans le diagnostic des lésions précancéreuses légères et sévères dues au papillomavirus. On la répertorie parmi les moyens de prévention et de suivi les plus utiles du cancer du col utérin.

Frottis cervico-utérin : déroulement

Le frottis cervico-utérin est un examen conduit par un professionnel de santé. Il peut s’agir, par exemple, d’un gynécologue, d’un médecin généraliste ou d’un spécialiste des analyses biomédicales. Il se déroule généralement dans un hôpital. Au début de l’examen, la patiente retire ses vêtements et se recouvre d’une blouse prévue pour l’occasion. Ensuite, elle devra s’allonger sur le dos et disposer ses pieds au-dessus d’étriers surélevés. Il revient alors au médecin d’introduire un spéculum dans son vagin afin de distinguer parfaitement le col de l’utérus.

À l’aide d’une brosse ou d’un coton-tige, par la suite, il prélève quelques cellules malpighiennes. Ces dernières seront disposées dans un milieu adapté et le médecin devra les observer pour finir. Ce n’est qu’après l’étape de l’observation qu’il pourra dire si la patiente présente des lésions ASCUS.

Lésions ASCUS : évolution

Les lésions malpighiennes intra-épithéliales de bas grade évoluent différemment. D’après des études épidémiologiques récentes, on estime que :

  • 57 % des cas de lésions ASCUS régressent spontanément et en l’absence totale de soins médicaux ;
  • 32 % des cas de lésions ASCUS perdurent sans pour autant évoluer vers des lésions plus graves ;
  • 11 % des cas de lésions ASCUS entraînent des lésions malpighiennes intraépithéliales de haut grade. Ces dernières évoluent généralement vers des cancers du col de l’utérus.

La probabilité que les lésions ASCUS évoluent vers un cancer du col de l’utérus est très faible. Cependant, même si aucun traitement n’est requis, il est impératif qu’on mette en place une surveillance médicale. Ainsi, en général, on soumet le patient à des frottis cervico-utérins tous les ans. Le but de ces derniers est de surveiller de près l’évolution des lésions ASCUS en vue de prévenir leurs complications.

 

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