Santé

Immunoglobulines monoclonales : causes, symptômes et traitements

L’organisme de tout être vivant et celui des êtres humains en particulier, est fréquemment ciblé par des attaques du milieu extérieur. Ces attaques peuvent être d’origine microbienne, virale, infectieuse et bien d’autres. Dans chacun de ces cas, l’organisme dispose d’un arsenal pour lutter efficacement contre cette invasion menaçante. L’ensemble de cet arsenal est appelé le système immunitaire. Il se charge de lutter contre les agents pathogènes venant du milieu étranger. Cependant, son action peut être limitée par certaines contraintes ou certains problèmes sanitaires. C’est le cas des immunoglobulines monoclonales qui affectent négativement le rôle du système défensif de l’organisme. En quoi consiste cette pathologie et comment la traiter ? Focus !

La notion d’immunoglobulines monoclonales

On parle d’immunoglobulines monoclonales, lorsque des anticorps provenant d’une unique lignée de cellules, sont présents dans le corps. Lorsque la quantité de ces anticorps est faible, il s’agit d’une immunoglobuline monoclonale bénigne. Dans le cas contraire, on parle plutôt d’une immunoglobuline monoclonale maligne.

Pour savoir s’il y a présence ou non d’immunoglobulines monoclonales dans l’organisme, il faut passer par la technique de l’électrophorèse. Il s’agit d’une technique médicale qui permet de séparer des substances, en se basant sur leur différence de charge électrique. La présence d’immunoglobulines monoclonales se constate au cours du développement de nombreuses maladies. Il est question de maladies comme :

  • Le myélome multiple ;
  • La maladie de Waldenström ;
  • Les hémopathies lymphoïdes ;
  • Les maladies des chaines lourdes.

Dans les cas les plus avancés comme les immunoglobulines monoclonales malignes, des maladies plus graves peuvent être causées. Ces maladies peuvent être d’origine infectieuse comme c’est le cas de l’hépatite virale, ou encore d’origine auto-immune comme c’est le cas de du lupus érythémateux disséminé.

Les différents types d’immunoglobuline monoclonale

Il existe normalement trois types d’immunoglobulines. Lorsque ces dernières subissent une anomalie, elles donnent naissance aux trois principaux types d’immunoglobulines monoclonales connus à ce jour. Ces trois types d’immunoglobulines monoclonales peuvent être classées en deux catégories : les immunoglobulines monoclonales non-IgM et les immunoglobulines monoclonales IgM.

Les immunoglobulines monoclonales non-IgM

Il en existe deux sortes à savoir les immunoglobulines monoclonales IgG et IgA.

Les immunoglobulines monoclonales IgG sont dérivées de l’immunoglobuline G, un anticorps du système immunitaire. Les immunoglobulines G sont les plus fréquentes, car elles représentent à elles seules près de 70 à 80% du nombre total d’immunoglobulines présentes dans le sang. Ces immunoglobulines se présentent souvent sous la forme d’Y. Elles sont donc dotées de deux sites d’anticorps, ce qui leur permet de neutraliser simultanément deux antigènes.

Les immunoglobulines monoclonales IgA quant à elles, sont une forme anormale de l’immunoglobuline IgA. Encore connues sous le nom de IgAs dans leur forme sécrétoire, les immunoglobulines A constituent un isotype d’anticorps. Elles remplissent une fonction prépondérante dans le rôle immunitaire des muqueuses.

Après les immunoglobulines IgG, les immunoglobulines A constituent la deuxième immunoglobuline la plus sécrétée dans l’organisme. Elles représentent jusqu’à 15% de la quantité totale d’immunoglobulines de l’organisme. Les immunoglobulines A ont une forme assez complexe, car elles sont dotées de trois différentes chaines. Elles représentent la première ligne de défense de l’organisme contre les attaques infectieuses et les toxines.

Les immunoglobulines monoclonales M

Les immunoglobulines monoclonales IgM à l’instar des autres types d’immunoglobulines, sont des formes anormales des immunoglobulines M. Ce sont des anticorps du système immunitaire de l’organisme. Elles ont la plus grande masse moléculaire parmi toutes les autres immunoglobulines. C’est d’ailleurs ce qui est à l’origine de leur différenciation avec les autres types d’immunoglobulines de l’organisme. Elles sont aussi connues sous l’appellation de macroglobulines, et se trouvent en général dans le plasma sanguin. Les IgM sont issues d’une collaboration entre le thymus et la moelle osseuse.

Les causes des immunoglobulines monoclonales

Les immunoglobulines sont associées à plusieurs maladies en fonction de leur catégorie.

Le myélome multiple

Le myélome multiple est une maladie cancéreuse, se caractérisant par la synthèse d’une immunoglobuline monoclonale, qui s’infiltre dans le tissu osseux adjacent et le détruit. Cette maladie est intimement liée à une production d’immunoglobulines monoclonales IgM en grande quantité. Elle se manifeste par des lésions lytiques des os, ce qui provoque souvent une grande douleur accompagnée ou non de fractures. En plus de ces manifestations, on peut noter une insuffisance rénale, l’hypercalcémie, l’anémie ainsi que certaines infections récidivantes.

Pour réaliser le diagnostic de cette maladie, il faut procéder à une mise en évidence de la protéine M, qui constitue les immunoglobulines monoclonales IgM. Généralement, cette protéine est présente soit dans l’urine soit dans le sérum, mais sa présence est nécessaire pour confirmer l’hypothèse d’un myélome multiple. Cette mise en évidence de la protéine M s’accompagne parfois d’une protéinurie à chaine légère, mais aussi de la recherche de plasmocytes présentes en quantité excessive dans le sang.

Le traitement de cette pathologie se fait par diverses méthodes. La première consiste en une chimiothérapie conventionnelle. Les autres méthodes consistent généralement en une combinaison de traitements. Il peut s’agir par exemple d’une combinaison de chimiothérapie conventionnelle, de corticostéroïdes accompagnés d’un ou plusieurs nouveaux agents thérapeutiques.

La maladie de Waldenström

La maladie de Waldenstrom est une pathologie en lien avec la prolifération de cellules lymphoïdes, en l’occurrence les lymphocytes B. Cette prolifération a lieu au niveau de la moelle osseuse et très rarement au niveau de la rate ou des ganglions. Indépendamment de cette prolifération, les lymphocytes anormaux obtenus sont transformés en mastocytes. À cette étape, les mastocytes obtenus produisent en masse l’immunoglobuline monoclonale IgM.

Cette énorme quantité d’immunoglobuline monoclonale IgM produite, est mise en circulation dans le sang et déclenche de nombreux dysfonctionnements. La maladie de Waldenstrom peut être considérée comme un dérivé du cancer de la moelle osseuse, et son évolution se fait sur une longue durée.

La maladie de Waldenström étant caractérisée par une évolution très lente, elle tarde beaucoup avant de montrer ses premiers symptômes. Lorsque les symptômes finissent par se manifester, on peut répertorier entre autres une fatigue évolutive comme une asthénie ainsi que l’apparition de ganglions à divers endroits du corps.

À ces symptômes s’ajoute souvent l’apparition de petites muqueuses sur le corps ainsi que des hémorragies cutanées. On peut aussi noter l’anémie, qui déclenche une pâleur de la peau ainsi qu’un essoufflement. Le diagnostic de cette pathologie se fait par diverses méthodes comme une électrophorèse, un myélogramme et bien d’autres.

Les hémopathies lymphoïdes

Les hémopathies lymphoïdes constituent un ensemble de maladies cancéreuses affectant les cellules sanguines. Dans cet ensemble, on peut retrouver des pathologies comme les leucémies, les lymphomes et les syndromes myélodysplasiques.

Les leucémies

Les leucémies consistent en des affections malignes de la moelle osseuse. En effet, cette dernière est l’organe chargé de la fabrication des cellules constituantes du sang, entre autres : les globules blancs, les globules rouges, et les plaquettes. Il existe deux différents types de leucémies : les leucémies chroniques et les leucémies aiguës.

Dans le rang des leucémies aiguës, on peut distinguer les leucémies aiguës lymphoblastiques appelées LAL et les leucémies aiguës myéloïdes encore appelées LAM. Parmi les leucémies chroniques, on note également la leucémie lymphoïde chronique et la leucémie myéloïde chronique.

Les syndromes myélodysplasiques

Ces syndromes sont des hémopathies caractérisées par un mauvais déroulement de l’hématopoïèse. En effet, l’hématopoïèse est le mécanisme de fabrication des différentes lignées sanguines. La lignée sanguine qui s’occupe de la fabrication des globules rouges est la plus touchée par ce problème.

Ici, il existe un risque permanent d’aggravation en leucémie aiguë. Ces syndromes touchent dans la majorité des personnes ayant un âge très avancé. On pourrait donc en déduire qu’ils résultent du vieillissement du métabolisme.

Lymphomes

Les lymphomes quant à eux, sont aussi des infections sanguines. Ils sont caractérisés par la prolifération maligne de certaines cellules immunitaires comme les cellules lymphoïdes et les cellules réticulaires. On distingue généralement deux grandes catégories de lymphomes : ceux caractérisés par une maladie de Hodgkin et ceux qui ne sont pas caractérisés par cette maladie. La maladie de Hodgkin est en effet une pathologie qui s’attaque principalement au système lymphatique. Cette maladie est plus présente chez les jeunes adultes de la tranche de 20 à 30 ans.

En dehors des pathologies citées ci-dessus, il existe de nombreuses autres maladies qui peuvent engendrer des immunoglobulines monoclonales.

Symptômes et traitements des immunoglobulines monoclonales

Il est important de préciser ici que les immunoglobulines monoclonales sont étroitement liées à une maladie en particulier. Il s’agit de la gammapathie monoclonale. Cette maladie se caractérise par la présence d’immunoglobuline monoclonale dans le sérum et parfois dans les urines.

Une gammapathie monoclonale est donc une preuve de la prolifération d’un clone de plasmocytes qui produisent une immunoglobuline monoclonale. Les symptômes de cette maladie sont donc ceux des immunoglobulines monoclonales. Il en est de même pour le diagnostic et le traitement.

Symptômes des immunoglobulines monoclonales

En général, cette pathologie ne présente pas de symptômes. Toutefois, l’anticorps monoclonal peut se mêler aux nerfs et provoquer des réactions comme : une torpeur, des fourmillements et une faiblesse. Les personnes souffrant de cette maladie peuvent présenter d’autres signes comme la destruction des tissus osseux ainsi que des fractures. Dans la plupart des cas, lorsque la gammapathie monoclonale présente des symptômes, cela suppose que d’autres maladies se sont associées à cette dernière.

En dépit du fait que la gammapathie ne présente pas de symptômes, les immunoglobulines monoclonales peuvent entraîner de nombreuses complications. Dans ce cas, trois complications principales s’observent.

D’abord, nous avons l’amylose. Cette maladie consiste en un dépôt de fragments des protéines monoclonales au sein de plusieurs organes notamment le cœur, les reins, les nerfs et autres. Ce dépôt de fragments de protéines monoclonales peut être à l’origine du dysfonctionnement de ces organes.

La deuxième complication est le syndrome de l’hyperviscosité plasmatique. Ce syndrome est responsable de nombreux problèmes cliniques comme les troubles de vision et les signes hémorragiques. Il est aussi responsable de plusieurs troubles neurologiques comme les céphalées, les vertiges, les troubles du sommeil et de la vigilance.

En dernière position se trouvent les cryoglobulinémies. Il s’agit d’un ensemble de maladies dues à la présence d’immunoglobulines dans le sang. Ces dernières causent des précipitations lorsque la température du milieu intérieur descend en dessous de la barre des 37O. Les cryoglobulinémies peuvent être à la base de problèmes cutanés comme le purpura, ou encore la nécrose des extrémités. D’autres problèmes de santé peuvent aussi être déclenchés par cette pathologie. Il s’agit entre autres des névrites, des polyarthralgies, mais aussi des néphropathies glomérulaires.

Traitements et prévention des immunoglobulines monoclonales

Il n’existe pas de traitements spécifiques contre les gammapathies monoclonales. Cependant, ces maladies peuvent faire l’objet d’une prévention.

Traitement

En matière de gammapathie monoclonale, le traitement varie en fonction du type de gammapathie monoclonale auquel le patient est confronté. Le traitement d’une gammapathie monoclonale est axé sur le traitement de la cause de celle-ci.

En ce qui concerne la gammapathie monoclonale de signification indéterminée encore appelée GMSI, il n’existe pas un vrai traitement. Cependant, certaines études ont récemment montré que lorsqu’elle est associée à une perte osseuse, la GMSI peut être apaisée par un traitement avec du bisphosphonate. Dans ce cas précis, les patients doivent subir à intervalle régulier de 6 à 12 mois, un examen clinique. Ce dernier servira à mesurer l’évolution de la maladie. Une électrophorèse des protéines sériques peut aussi être effectuée dans la même optique.

Prévention

Il est observé que dans près de 25% des cas, les GMSI peuvent s’accompagner d’une hémopathie maligne. Afin d’anticiper un état cancéreux, les personnes souffrant d’une GMSI font l’objet d’un suivi médical régulier et rigoureux. Ce suivi consiste en des examens cliniques, sanguins et urinaires, qui se font en moyenne deux fois par année. Cela permet de découvrir très tôt une potentielle évolution en cancer et d’en limiter les dégâts.

Articles Liés

Bouton retour en haut de la page