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Asphyxie par inhalation de corps étranger : symptômes, conduites à tenir

La plupart ont déjà observé un enfant qui devient tout rouge et surtout est pris par une violente toux soudaine. Ce type d’accident pathologique est appelé asphyxie ou étouffement par inhalation de corps étrangers. Ceux-ci peuvent être de petits objets ou des aliments qui obstruent partiellement ou totalement les voies respiratoires. Par conséquent, loin de paniquer, toute personne qui assiste à cet évènement a l’obligation d’appeler en urgence les secours. Ces derniers peuvent employer des manœuvres bien définies capables de sauver la vie de la victime. Quelles sont ces manœuvres et surtout quel est l’essentiel à retenir sur cette forme d’asphyxie ?

Asphyxie par inhalation de corps étrangers : généralités

Les experts définissent l’asphyxie comme un arrêt respiratoire suite à une obstruction des voies respiratoires. Elle se caractérise le plus souvent par un étouffement. Généralement, elle résulte d’une ingestion ou d’une inhalation de gros morceaux d’aliments, de bonbons ou de petits objets. L’effet produit ne dure que quelques secondes.

L’asphyxie par inhalation de corps étranger est donc une urgence clinique qui constitue l’une des principales causes de décès accidentel chez les enfants. Principalement, on observe cela chez les nourrissons de 6 à 12 mois et chez les plus âgés jusqu’à 4 ans. Elle peut survenir aussi bien à la maison qu’à l’école.

L’objet inhalé se coince dans le larynx ou la trachée et est suffisamment grand pour provoquer une obstruction presque complète.

Asphyxie par inhalation de corps étrangers : causes et facteurs de risques

L’asphyxie ou l’étouffement par inhalation de corps étranger est un accident possible à tout âge. Chez l’enfant, le risque de sa survenance beaucoup plus lié à un phénomène normal. Il s’agit de la maturité incomplète des mécanismes réflexes de coordination entre la mastication et la déglutition des aliments solides. Un diamètre réduit des voies respiratoires ainsi qu’une tachypnée (fréquence respiratoire élevée) favorisent également ce type d’accident.

De plus, chez cette population pédiatrique la conformation des dents (dentition incomplète) entraine une plus grande difficulté à réduire les aliments en bolus (bol alimentaire). L’asphyxie peut alors résulter d’actions simultanées du jeune enfant, notamment parler, rire pendant les repas ou en jouant. Il faut également considérer que pendant l’enfance, les plus petits apprennent à connaitre leur environnement en mettant les objets dans la bouche. À présent, voici les types de corps étrangers susceptibles de provoquer une asphyxie.

Objets étrangers dangereux

Habituellement, les objets impliqués dans le plus de cas d’asphyxie chez les enfants sont :

  • Les capuchons de stylos ;
  • Les fragments d’os ;
  • Les piles ;
  • Les aimants ;
  • Les petites boules ;
  • Les pendentifs et boutons.

Les jouets démontables (constructions, puzzles) et les pièces de monnaie sont également reconnus comme des causes fréquentes d’asphyxie par inhalation.

Aliments potentiellement dangereux

On peut classer les aliments potentiellement impliqués dans l’asphyxie chez les enfants, selon plusieurs caractéristiques à savoir :

  • Les dimensions ;
  • La forme ;
  • La consistance.

Les dimensions

Les petits aliments difficiles à mastiquer peuvent s’avérer dangereux. Par exemple, on peut citer les popcorns (chez les nourrissons) et les graines. Il en est de même pour les gros aliments tels que les crudités. En effet, ils sont plus susceptibles de bloquer les voies respiratoires lorsqu’on les croque.

La forme

Les rondelles d’aliments, notamment les carottes, les saucisses peuvent facilement se glisser dans la gorge et se coincer dans l’hypopharynx. C’est aussi le cas des aliments de forme ronde tels que les cerises, les noix, les tomates, les pistaches, les cacahuètes, les raisins et les amandes. On doit alors surveiller leur consommation par les petits.

La consistance

Les aliments durs et riches en fibres comme le fenouil, le céleri ou le jambon peuvent obstruer les voies respiratoires. En outre, les aliments filandreux qui collent sont également capables de provoquer une asphyxie lorsqu’on les ingère. On peut entre autres citer les guimauves, les gros bonbons gommeux, les pâtes à tartiner et la mozzarella.

Asphyxie par inhalation de corps étrangers : symptômes et complications

Asphyxie par inhalation de corps étranger

Savoir rapidement reconnaitre les signes d’asphyxie par inhalation est d’une importance capitale dans la survie de la victime. En général, elle survient avec une crise de respiration soudaine parfois qualifiée de détresse. De plus, pendant l’épisode, la respiration, en plus d’être très difficile produit généralement un bruit sifflant.

Les personnes qui s’étouffent peuvent aussi tenir leur gorge par les deux mains et toussent. Leur peau prend d’abord une coloration rouge qui vire au bleu comme dans le cas de la cyanose. En outre, des pétéchies conjonctivales et cutanées, des sueurs, des évanouissements et des convulsions peuvent survenir.

Les complications d’une obstruction des voies respiratoires (typiques de l’asphyxie) peuvent être graves et parfois mortelles. C’est la raison pour laquelle, il est nécessaire d’en distinguer les signes afin d’intervenir efficacement.

Obstruction complète

Dans le cas de l’obstruction complète des voies respiratoires, le corps étranger est suffisamment gros pour se coincer dans la trachée ou le larynx. Il crée alors un bouchon, ce qui empêche l’air de passer. Par conséquent, la victime n’arrive plus à tousser ni à émettre le moindre son. Cette situation nécessite une intervention immédiate

Obstruction partielle

On parle d’obstruction partielle lorsque le corps étranger inhalé est petit, mais capable de se coincer au niveau des bronches. Il est donc dans une position qui permet le passage d’air quoique partiellement. Cela est suffisant pour oxygéner le sang. Dans ce cas, les victimes d’asphyxie par inhalation de corps étrangers sont capables de tousser ou de pleurer. Le trouble peut également se manifester après un certain temps par de la fièvre, une toux persistante et des infections pulmonaires récurrentes.

Asphyxie par inhalation de corps étrangers : diagnostic

Le diagnostic repose sur un examen physique et d’autres examens diagnostiques. Pour confirmer les suspicions, les spécialistes effectuent des examens radiologiques. Par exemple, ils peuvent procéder à une radiographie pulmonaire ou une tomodensitométrie.

Lorsque les corps étrangers sont radio-opaques, comme les corps métalliques, la radiographie permet de mettre directement en évidence leur localisation. Si au contraire le corps étranger est radio transparent comme un corps en matière plastique, cette méthode peut donner des signes indirects.

On peut également visualiser l’emplacement et la position précise de l’objet grâce à une fibroscopie (endoscopie) des voies respiratoires. Cette méthode permet également d’introduire la pince pour le retrait du corps étranger coincé. Alternativement, on peut utiliser un bronchoscope rigide.

Asphyxie par inhalation de corps étrangers : conduites à tenir

Asphyxie par inhalation de corps étranger

Les conduites à tenir face à un cas d’asphyxie par inhalation de corps étranger sont multiples. Les méthodes employées varient selon l’âge de la victime.

Enfants de moins d’un an

Chez les nouveau-nés et les nourrissons (1 an), on peut effectuer des manœuvres de dégagement des voies respiratoires. En pratique, on alterne les tapotements dans la zone interscapulaire et les compressions thoraciques jusqu’à la résolution complète de l’obstruction (évacuation du corps étranger).

Si l’enfant perd connaissance, on peut le placer en décubitus dorsal sur une surface rigide et on attend les secours. On peut également procéder à une réanimation cardiorespiratoire de base. En outre, on peut pratiquer la manœuvre de Mofenson qui consiste à frapper violemment l’enfant avec la paume de la main. La mère le couche sur sa cuisse fléchie en position sur le ventre.

Voici un résumé des conduites à tenir ainsi que des autres manœuvres de dégagement des voies selon l’obstruction.

Obstruction partielle

Les bébés sont capables de parler, de pleurer et de tousser. Dans ce cas, il serait souhaitable d’éviter les manœuvres de déblocage. La maman peut à la place calmer son enfant et l’encourager à tousser. Si elle n’observe aucune amélioration, elle peut appeler les secours ou conduire le bébé à l’hôpital le plus proche.

Obstruction complète

Contrairement au cas précédent, ici les bébés ne peuvent ni pleurer, ni tousser, ni parler. La mère doit demander de l’aide et composer en toute urgence le numéro d’urgence. On peut alors effectuer les manœuvres de déblocage des voies respiratoires qui consiste à faire 5 tapotements au niveau de la zone interscapulaire. La voie d’évacuation est alors latérale.

Ensuite, la maman peut faire 5 compressions thoraciques lentes et profondes au centre du sternum. Elle se sert de deux doigts puis procède à la manœuvre de Heimlich chez le nourrisson. Par la suite, il faudra alterner les manœuvres jusqu’à ce que le corps étranger soit expulsé.

Si l’enfant s’évanouit, on le place sur une surface rigide et on essaie de retirer le corps étranger lorsqu’il se réveille. Il faut alors veiller à la perméabilité des voies et effectuer une réanimation cardiorespiratoire si possible (bouche-à-bouche ou bouche à nez).

Enfants de plus d’un an et adultes

Chez les adultes et les enfants de plus d’un an, on alterne également les manœuvres, y compris celle de Heimlich. Il faudra les répéter jusqu’à ce que le corps étranger soit retiré.

Si la victime perd connaissance, on la pose également sur une surface rigide en décubitus dorsal. On procède ensuite à une réanimation cardiorespiratoire de base. Celle-ci peut se résumer en quelques étapes :

  • Réaliser 5 ventilations artificielles si on ne détecte aucune activité respiratoire ;
  • Faire 30 compressions thoraciques en cas d’absence de signes d’activité du système circulatoire ;
  • Alterner 30 compressions avec 2 ventilations pendant 1 minute environ.

Il faudra poursuivre les manœuvres jusqu’à la réanimation de la victime ou à l’arrivée des secours.

Brève description de la manœuvre d’Heimlich

La manœuvre de Heimlich est une procédure d’urgence utilisée en cas d’étouffement ou d’asphyxie due à l’inhalation de corps étrangers. On l’a développée suite à une brillante intuition du médecin américain Henry Heimlich. Ce dernier l’a décrite pour la toute première fois en juin 1974.

Cette procédure est très simple et donc ne nécessite aucune préparation préalable ou aucun diplôme spécifique. Pour l’apprendre et être en mesure de la reproduire en cas d’urgence, on peut suivre des cours gratuits à l’hôpital ou dans les écoles.

On peut la réaliser sur les personnes de tout âge. Toutefois, on précise que la procédure adoptée chez les nourrissons est un peu différente.

La première personne de secours se place derrière la victime puis passe ses deux bras autour de sa taille. Elle place ses mains l’une au-dessus de l’autre entre l’extrémité inférieure du sternum et le nombril de la victime. Il faut remarquer que le secouriste doit fermer une main en poing. Toutefois, la partie aplatie du pouce doit être placée sur l’abdomen de la victime. L’autre main doit saisir le poing de manière à garantir une prise ferme. Cela doit permettre l’exécution de compressions abdominales.

Une fois cette posture adoptée, le secouriste effectue ces compressions dans un sens antéro-postérieur et caudo-crânien. Autrement dit, il pousse la victime vers lui et de bas vers le haut, comme s’il voulait la soulever. Le but est qu’elle tousse et fasse échapper l’air résiduel dans les poumons. Bien sûr, on peut le pratiquer soi-même.

Autres options de traitement

On doit retirer les corps étrangers dans les 24 heures qui suivent l’apparition des premiers symptômes. Si les manœuvres susmentionnées s’avèrent inefficaces, on peut faire une ablation ou extraction par voie endoscopique. Si l’obstruction des voies respiratoires n’est pas sévère et que l’objet inhalé n’est pas pointu ou arrondi, le patient peut rester en observation.

Lorsque le corps étranger se coince dans le nez ou le pharynx, on le retire grâce à une rhinoscopie antérieure ou par pharyngoscopie directe. On peut faire cela sous anesthésie ou en état de veille de la victime selon les facteurs suivants :

  • Coopération de la victime ;
  • Caractéristiques du corps ;
  • La position du corps étranger.

En revanche, lorsque le corps étranger se trouve dans le larynx, la trachée ou les bronches, le spécialiste le retire respectivement par laryngoscopie ou trachéo-bronchoscopie. Il se sert d’instruments spécifiques.

Asphyxie par inhalation de corps étrangers : moyens de prévention

Pour prévenir ce type d’accident, on doit en premier lieu respecter les indications d’âge mentionnées pour les petits jouets. Il faut aussi évitant les aliments potentiellement dangereux pour les enfants. On doit porter attention toute particulière aux objets tels que les piles de jeux. Les enfants peuvent les introduire dans le nez ou les inhaler. Elles provoquent non seulement une asphyxie, mais elles entrainent aussi des nécroses tissulaires et des brulures.

 

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