Santé

BPCO : causes, signes, diagnostic et traitement

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une affection courante encore appelée la « maladie pulmonaire obstructive chronique » (MPOC). Généralement sous-diagnostiqués, les cas réels de cette affection sont plus nombreux que ceux dont on a connaissance. De plus, face à son incidence grandissante, les recherches pour sa prévention ne cessent d’être entreprises. En effet, selon une estimation, la BPCO toucherait environ 20 % des personnes âgées de plus de 40 ans. Qu’est-ce qu’en réalité cette maladie ? Quelles sont les causes et les manifestations ? Comment se développe-t-elle ? Quelles les options de traitement et de prévention ?

BPCO : généralités

La maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) ou bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) est une affection caractérisée par un rétrécissement persistant des voies respiratoires. Ce phénomène survient en raison d’une combinaison de ce qu’on appelle bronchite obstructive chronique et emphysème.

Il faut noter que cette affection est si mortelle qu’elle représente la troisième cause de décès aux États-Unis. De même, elle est très fréquente et sévit dans de nombreux pays occidentaux, notamment la France. L’Organisation mondiale de la santé prédit à cet effet qu’elle pourrait également devenir la cause la plus fréquente de décès dans le monde d’ici 2030.

Différentes pathologies impliquées dans la BPCO

Trois diverses affections constituent la BPCO. On peut citer :

  • La bronchite chronique simple,
  • L’emphysème,
  • La bronchite obstructive chronique.

Bronchite chronique simple

La bronchite est une affection qui se caractérise par l’inflammation des muqueuses des voies respiratoires, notamment les bronches. On parle alors de bronchite chronique simple lorsque celle-ci se produit avec une toux qui dure au moins trois mois. Elle peut alors persister ainsi pendant au moins deux années consécutives.

Bronchite obstructive chronique

On dit qu’une bronchite est obstructive et chronique lorsqu’on peut associer l’inflammation à une composante obstructive comme le rétrécissement du diamètre des bronches. Celle-ci présente généralement une mauvaise réversibilité, aussi bien spontanément qu’à la suite de la prise de bronchodilatateurs.

Le mécanisme responsable de la bronchite chronique obstructive est donc l’inflammation. Cette dernière provoque par conséquent un spasme du muscle lisse de la paroi bronchique, contribuant davantage à l’obstruction.

Emphysème

Cet état est défini comme une dilatation irréversible des alvéoles pulmonaires. Celle-ci survient en raison de changements destructeurs de la paroi alvéolaire.

Il faut noter que ces pathologies, bien que différentes, partagent en réalité les mêmes facteurs étiologiques. Ce sont aussi les diverses étapes d’un même processus. Chez les patients atteints de BPC0, le débit d’air dans les voies respiratoires est réduit. La cause probable est une obstruction bronchique due à :

  • L’augmentation de la production du mucus,
  • La destruction des parois divisant les alvéoles,
  • L’inflammation des bronches : ici, on peut également observer une diminution du diamètre des voies respiratoires.

Par ailleurs, l’obstruction des voies respiratoires provoque l’entraînement de l’air inspiré à l’intérieur de celles-ci. Autrement dit, l’air peut entrer, mais ne peut plus s’échapper, car lors d’une expiration normale les bronches se rétrécissent davantage.

Pour cette raison, le patient se voit dans l’obligation de faire davantage un effort pour expirer l’air contenu dans les poumons. De plus, du fait de la destruction irréversible des alvéoles, les échanges gazeux alvéolaires sont réduits, entraînant ainsi une oxygénation insuffisante du sang.

Comprendre la « BPCO »

Voici quelques définitions et explications des processus auxquels fait référence chacun des mots composant la bronchopneumopathie chronique obstructive.

Bronchopneumopathie

La bronchopneumopathie fait référence au fait que la BPCO affecte les bronches (bronchite chronique) et les poumons (emphysème pulmonaire). Cela provoque ainsi leur détérioration. En effet, cette dernière entraîne la perte de l’élasticité caractéristique de ces composants du système respiratoire. Cela induit donc des répercussions négatives sur la capacité respiratoire générale. On parle alors de bronchopneumopathie.

Chronique

Le terme chronique fait référence à l’évolution lente, progressive et irréversible typique de la BPCO et aux pathologiques qui la sous-tendent.

Obstructive

En fait, la BPCO provoque une obstruction des voies respiratoires. Par conséquent, cela bloque la circulation normale de l’air lors de l’expiration. On parle alors de maladie pulmonaire obstructive.

BPCO : incidence

Selon une estimation de 2010, dans le monde, les personnes atteintes de BPCO auraient été d’environ 329 millions. Ce nombre représentait environ soit 4,8 % de la population mondiale. Pendant cette période, les hommes étaient les plus affectés. Néanmoins, aujourd’hui, la BPCO atteint les hommes et les femmes de la même façon.

Dans la plupart des cas, les personnes atteintes de BPCO sont des patients âgés de plus de 40 ans, qui ont l’habitude de fumer. En outre, d’après les résultats de diverses études statistiques, le nombre de décès dus à la BPCO dans le monde a considérablement augmenté. Cela s’est remarqué au cours des 20 et 25 dernières années. Si en 1990 les décès notés en raison de la bronchopneumopathie chronique obstructive étaient d’environ 2,4 millions, ils se sont considérablement accrus.

BPCO : causes

Afin de comprendre les causes et les facteurs de risques de la BPCO, il est nécessaire d’avoir un aperçu de la physiopathologie de cette maladie.

Physiopathologie

L’exposition prolongée à des irritants comme la fumée, la pollution, la poussière toxique, déclenche un processus inflammatoire. Ce dernier affecte principalement les bronches et les bronchioles. Aussi, il réduit le calibre des voies respiratoires affectées pour plusieurs raisons. En premier, il produit un épaississement de la paroi bronchique qui entraine la réduction de l’espace à l’intérieur des bronches.

Ensuite, ce processus inflammatoire peut provoquer une augmentation des mucosités. Quant à ces dernières, elles s’accumulent à l’intérieur des bronches en contribuant davantage à l’obstruction. Par ailleurs, l’inflammation entraine des lésions du parenchyme pulmonaire et le remplacement de ce dernier par du tissu cicatriciel. La formation de ce tissu induit est une diminution sévère de la force de rétraction élastique du parenchyme pulmonaire encore sain. Cela entrave la dilatation des voies respiratoires bronchiques.

Effets de l’obstruction des voies respiratoires

L’obstruction des voies respiratoires est à son tour à l’origine d’un phénomène particulier, appelé hyperinflation pulmonaire. En fait, l’air se retrouve piégé dans les poumons à cause de la difficulté des voies respiratoires pulmonaires à expulser ledit air. C’est ce que favorise l’obstruction.

En outre, l’hyperinflation pulmonaire amène les personnes concernées à commencer à inhaler de l’air nouveau. Elles le font même avant d’avoir expulsé l’air inhalé lors de la respiration précédente. Cela implique également quelques situations. Dans les stades les plus avancés de la BPCO, les débits expiratoires dans des conditions de repos sont comme ceux survenant lors d’une expiration forcée. Cette dernière est due par exemple à un effort physique.

En réponse à l’hyperinflation pulmonaire chronique (accumulation chronique d’air non expiré dans les poumons), le diaphragme subit un aplatissement non naturel. Aussi, la cage thoracique subit une dilatation anormale, on parle alors de poitrine en tonneau. Cela lui permet de tenter d’améliorer la respiration.

Ces changements s’avèrent cependant non seulement inefficaces, mais aussi contre-productifs. Cela s’explique par le fait qu’ils obligent les muscles respiratoires accessoires à se surmener, ce qui compromet à la longue leur fonctionnalité.

Autres causes de la BPCO

Par ailleurs, la principale cause de BPCO est le tabagisme. En fait, la fumée de cigarette contient des substances hautement nocives pour les tissus pulmonaires. Les autres causes notables de cette affection sont :

  • Exposition à la fumée dite passive (tabac) : le tabagisme passif est, par définition, la fumée que les non-fumeurs inhalent involontairement lorsqu’ils se trouvent à proximité de fumeurs.
  • Exposition prolongée à certains types de poussières et de produits chimiques pour des raisons professionnelles : poussières de cadmium, les poussières produites par le traitement des grains, les fumées de soudage des métaux, les poussières de silice, les poussières de charbon et les isocyanates.

Par ailleurs, une autre cause serait la présence d’une maladie génétique connue sous le nom de déficit en alpha-1-antitrypsine. Ce composé alpha-1-antitrypsine est une protéine produite par le foie et responsable de la protection des poumons. Par conséquent, si cette substance fait défaut, comme dans le cas d’un déficit en alpha-1-antitrypsine, son action protectrice échoue également. Les poumons sont alors plus susceptibles de développer une BPCO.

BPCO : facteurs de risques

Il existe plusieurs facteurs de risque à la BPCO, certains individuels, d’autres d’origine environnementale. Parmi les facteurs individuels, on pense qu’il existe également certaines maladies respiratoires complexes qui peuvent contribuer au développement de la maladie. On peut notamment citer l’asthme et l’hypersensibilité bronchique.

En ce qui concerne les facteurs environnementaux, de nombreuses études indiquent que le principal facteur de risque de développement du BPCO est la fumée, comme énoncé plus haut. D’autres facteurs de risque, bien que moins influents, associés au développement du BPCO sont la pollution de l’air.

Il s’agit non seulement la pollution atmosphérique causée par le smog et les poussières fines, mais aussi celle présente à l’intérieur des environnements fermés. C’est le cas par exemple des émissions des poêles, des appareils électriques, des systèmes de climatisation, etc.

Outre ceux-là, il faut noter que de nombreuses infections respiratoires sont susceptibles de favoriser le développement de la BPCO. Parmi elles figurent la pleurésie, la pneumonie, la bronchite. En résumé, toute pathologie qui prédispose à un dysfonctionnement des bronches.

BPCO : manifestations

La bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO)

Les symptômes de la BPCO consistent essentiellement en une toux productive avec expectoration muqueuse ou mucopurulente. Aussi, on observe très souvent une dyspnée (essoufflement), initialement uniquement lors d’activités physiques comme la montée des escaliers. De plus, elle peut apparaitre dans les phases les plus avancées même au repos.

Dans les cas graves, la respiration devient difficile. Le patient peut alors utiliser les muscles du cou et des épaules pour pouvoir respirer. Ces deux symptômes présentent une sévérité différente selon les patients. Toutefois, même dans l’histoire clinique d’une même victime, il est possible dans le temps d’observer la prévalence de l’un ou de l’autre.

Par exemple, dans la phase tardive, une couleur bleutée de la peau peut apparaitre en raison de la réduction de l’oxygénation du sang (cyanose). La maladie progresse désespérément au cours de nombreuses années, mais on peut identifier trois phases caractéristiques dans son évolution :

  • Phase préclinique,
  • Phase symptomatique,
  • Phase d’invalidité.

Phase préclinique

Dans cette phase, le patient ne ressent généralement le besoin d’expectorer qu’au réveil, en raison de la stagnation des glaires. Ces dernières surviennent le plus souvent pendant la nuit.

Phase symptomatique

À ce stade, le patient a tendance à souffrir de bronchite récurrente. Néanmoins, dans les périodes entre les exacerbations, il n’y a pas d’obstruction bronchique. Une tolérance réduite à l’effort physique commence alors à se développer, avec l’apparition d’un essoufflement et d’un manque d’air à la suite d’activités motrices courantes.

Phase d’invalidité

C’est également la période entre les exacerbations. On note un dysfonctionnement obstructif qui demeure et l’emphysème qui s’accentue.

BPCO : complications

La MPOC est l’une des principales causes d’invalidité. La mortalité est fortement affectée par le degré de gravité. Il peut être réduit chez les patients atteints de bronchite simple qui arrêtent de fumer. Par contre, il peut s’avérer élevé chez les fumeurs atteints du syndrome obstructif.

La maladie peut également entraîner une hypertension de la circulation pulmonaire, ce qui peut provoquer une insuffisance cardiaque droite. Des arythmies cardiaques peuvent également survenir.

Parfois, une ampoule d’emphysème peut se rompre, entraînant la présence d’air dans la cavité pleurale (pneumothorax). Ce phénomène peut provoquer des douleurs thoraciques et des difficultés respiratoires, ainsi que nécessiter une attention médicale immédiate pour évacuer l’air de la plèvre.

Au cours des exacerbations, une insuffisance respiratoire aiguë peut survenir. Il faut remarquer qu’elle peut être potentiellement mortelle

BPCO : diagnostic

Le diagnostic de la BPCO repose sur la détection d’une toux productive persistante. Le praticien peut toutefois demander des tests de la fonction pulmonaire pour évaluer si l’obstruction est réversible ou irréversible. Cela permet de fait de faire le diagnostic différentiel avec l’asthme.

À cet effet, on utilise la spirométrie expiratoire forcée, qui mesure le volume d’air émis lors d’une expiration forcée. Parfois une radiographie thoracique sera nécessaire qui, en cas d’emphysème, montrera une augmentation de la transparence du poumon.

Pour un patient atteint de BPCO qui présente une dyspnée, on mesure la quantité d’oxygène dans le sang par oxymétrie de pouls. Pour ce faire, on place un capteur sur le doigt. Si le patient est hospitalisé, on peut utiliser une mesure plus précise en prélevant du sang artériel. Cela consiste en une analyse des gaz du sang. q

BPCO : options de traitement

Il faut savoir que la BPCO est une maladie incurable. Toutefois, les traitements actuels améliorent les symptômes et ralentissent la progression de la maladie.

Le traitement le plus important et indispensable est d’arrêter de fumer. En plus, il n’est jamais trop tard pour le faire. L’obstruction causée par l’emphysème étant irréversible, on peut tenter d’agir sur l’obstruction due à la contraction des muscles bronchiques. Aussi, on pourrait agir sur l’inflammation, l’hypersécrétion de mucus avec les médicaments suivants :

  • Les bronchodilatateurs inhalés : ils agissent en relaxant le muscle lisse bronchique.
  • Les corticoïdes inhalés : ils sont indiqués en cas de BPCO modérée à sévère. Ils réduisent en effet l’inflammation, soulageant ainsi les symptômes.

Par ailleurs, la kinésithérapie respiratoire est une option thérapeutique particulièrement utile et efficace pour améliorer la qualité de vie du patient. Elle consiste à enseigner des techniques capables de réduire l’essoufflement lors des activités quotidiennes. En outre, celles-ci vont permettre de fluidifier les sécrétions des bronches.

De plus, on doit rapidement traiter les exacerbations en administrant au patient des antibiotiques à cette fin, au cas où l’on suspecte une infection bactérienne. Les cas graves nécessitent le plus souvent une hospitalisation.

Certains patients ont besoin d’une oxygénothérapie à long terme ou seulement lors d’exacerbations. Il existe divers appareils capables de délivrer de l’oxygène, y compris des appareils portables. Selon le tableau clinique du patient, il ne doit inhaler l’oxygène que pendant quelques heures par jour, uniquement la journée, ou de jour comme de nuit.

BPCO : prévention

La prévention de la BPCO repose sur la réduction et l’élimination des facteurs de risque modifiables. Voici donc quelques recommandations et options de prévention.

Recommandations

Pour éviter la BPCO, les professionnels de santé recommandent de ne pas fumer ou d’arrêter de le faire avant qu’il ne soit trop tard. C’est l’aspect le plus important de la prévention de la BPCO. Aussi, il faudra éviter l’exposition à la fumée passive et à des environnements particulièrement pollués.

Pour ceux qui pratiquent des activités de travail à haut risque, il serait souhaitable de toujours prendre les bonnes précautions (masques). Cela va permettre de réduire la quantité de particules ou de gaz qu’on peut inhaler.

Les fumeurs plus de 40 ans peuvent se soumettre à des contrôles médicaux annuels même en l’absence de symptômes significatifs. En effet, de nombreux fumeurs sous-estiment la présence chronique de toux et de certaines mucosités. Ils ignorent ainsi le fait que cette symptomatologie peut être due à une BPCO à un stade précoce.

C’est pour cette raison que les médecins recommandent aux personnes qui ont l’habitude de fumer de consulter un spécialiste. Elles pourront alors prendre les précautions les plus appropriées. Ensuite, il urge d’adopter une alimentation saine et de pratiquer une activité physique régulière. Ce sont deux mesures qui profitent à l’organisme et le rendent plus fort contre ce qui peut affecter son état de santé.

Vaccinations

Pour minimiser le risque d’infections respiratoires, on peut se faire vacciner contre le virus de la grippe (vaccin antigrippal). De même, le vaccin quinquennal est tout aussi envisageable, car il est efficace contre la pneumonie à Streptococcus pneumoniae. Prévenir les infections respiratoires est d’une grande importance pour les personnes atteintes de BPCO. Cela découle du fait que ces pathologies peuvent entraîner des conséquences graves, parfois même mortelles.

 

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