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Allergie aux hyménoptères : clinique, diagnostic, traitement, prévention

Les hyménoptères sont des insectes ptérygotes holométaboles (abeilles, frelons, guêpes, fourmis) dotés de quatre ailes membraneuses. Ils sont redoutés pour leurs piqûres qui peuvent entraîner dans l’organisme des réactions de nature allergique ou toxique. Les réactions allergiques qui sont les plus fréquemment observées surviennent à tout âge et sont susceptibles d’engager le pronostic vital.

Une allergie aux hyménoptères se manifeste en effet par des symptômes graves qui s’intensifient et qui peuvent causer le décès du malade en l’absence d’un traitement. En milieu clinique, le traitement d’une allergie aux hyménoptères consiste en une injection d’adrénaline et parfois en une hospitalisation. L’allergie aux hyménoptères est associée à un risque important de récidive. Par conséquent, à la fin du traitement et pour prévenir les crises ultérieures, certaines mesures et précautions doivent être prises par le patient. Voici l’essentiel à savoir sur les allergies aux hyménoptères.

Allergie aux hyménoptères : clinique

D’un point de vue clinique, les réactions allergiques caractéristiques d’une piqûre d’hyménoptères sont de trois types. Il s’agit des réactions allergiques locales, des réactions allergiques générales et des réactions semi-retardées et retardées.

1.    Réactions allergiques locales

Les réactions allergiques locales sont généralement observées immédiatement après la piqûre par un hyménoptère. Elles peuvent être simples ou étendues.

Réaction allergique locale simple

La réaction allergique locale simple se produit uniquement au point physique de piqûre par l’hyménoptère et se traduit par une rougeur, un gonflement, une douleur vive ainsi que par des démangeaisons. Excepté ces symptômes, une induration importante du tissu situé au point de piqûre est observée dans certaines circonstances.

La réaction locale simple est généralement sans gravité. Cependant, lorsqu’une partie sensible du corps a été piquée, elle peut entraîner des symptômes graves. Par exemple, dans le cas d’une piqûre du pharynx par un hyménoptère, le gonflement cutané remarqué lors de la réaction locale simple peut provoquer un étouffement.

Réaction allergique locale étendue

La réaction allergique locale étendue survient généralement pendant les premières minutes (30 à 60 minutes) après la piqûre par un hyménoptère. Elle s’étend jusqu’aux tissus situés à 10 cm de la partie du corps piquée et se manifeste par des symptômes variés. Au début de la réaction locale étendue, l’induration des tissus est exacerbée et l’intensité des démangeaisons est accrue. Après quelques minutes, un œdème inflammatoire se forme.

En général, il affecte deux articulations au moins et persiste sur plus de 24 heures. À l’instar de la réaction allergique locale simple, la réaction étendue est sans gravité. Cependant, elle ne doit pas être banalisée, en particulier si des régions telles que le pharynx ou le nez sont touchées.

2.    Réactions allergiques générales

Les réactions allergiques générales (ou réactions systémiques immédiates) afférentes à une piqûre d’hyménoptère sont nombreuses. Elles commencent au plus tard les 24 heures suivant la piqûre par l’hyménoptère. Elles comprennent des manifestations variées (cutanéo-muqueuses, digestives, respiratoires, cardiovasculaires) et sont classifiées en fonction de leur sévérité en quatre groupes. On parle de la classification de Mueller. Ainsi, on distingue :

  • Les réactions allergiques générales de stade I ;
  • Les réactions allergiques générales de stade II ;
  • Les réactions allergiques générales de stade III ;
  • Les réactions allergiques générales de stade IV.

Dans la classification de Mueller, les réactions allergiques générales liées à une piqûre d’hyménoptère sont classées par ordre de sévérité croissante. Cela implique que les réactions de stade I sont moins sévères que celles de stade II qui sont moins sévères que celles de stade III. Les réactions de stade IV sont considérées comme les plus graves et requièrent une intervention urgente.

Les réactions allergiques générales de stade I

Les réactions allergiques générales de stade I qui découlent d’une piqûre d’hyménoptère d’après la classification de Mueller sont :

  • Une sensation générale de mal-être ;
  • L’anxiété ;
  • La formation d’une urticaire généralisée.

À ce stade de l’allergie aux hyménoptères, un œdème est formé, si au moment des réactions locales il ne l’a déjà été. Par contre, s’il était formé précédemment, son volume connaît une augmentation.

Les réactions allergiques générales de stade II

Les réactions allergiques générales de stade II liées à une piqûre d’hyménoptère d’après la classification de Mueller comprennent :

  • Une oppression thoracique ;
  • Un malaise général ;
  • Un anglœdème étendu.

L’anglœdème formé à cette phase de l’allergie à une piqûre d’hyménoptère peut s’étendre aussi bien aux membres supérieurs qu’aux membres inférieurs du corps.

Les réactions allergiques générales de stade III

Les réactions allergiques générales de stade III qui résultent d’une piqûre d’hyménoptère d’après Mueller regroupent :

  • Une angoisse ;
  • Une dyspnée grave avec dysphonie ;
  • Un état confusionnel ;
  • La formation d’un œdème laryngé.

En général, les réactions allergiques générales de stade III ne sont pas observées systématiquement chez tous les patients. Certains patients peuvent présenter juste un ou deux des signes cliniques énumérés.

Les réactions allergiques générales de stade IV

Les réactions allergiques générales de stade IV découlant d’une piqûre d’hyménoptères selon la classification de Mueller sont :

  • Une détresse respiratoire importante ;
  • Un collapsus cardiovasculaire ;
  • Une généralisation de l’anglœdème ;
  • Une perte spontanée d’urines et de selles ;
  • Une perte de connaissance.

Elles peuvent causer le décès du malade si aucun soin ne lui est administré dans l’urgence. Chaque minute qui passe après la perte de connaissance peut être fatale.

3.    Réactions semi-retardées et retardées

Par opposition aux réactions immédiates, les réactions semi-retardées et retardées apparaissent jusqu’à 15 jours après la piqûre par un hyménoptère. Elles se manifestent par des signes cliniques variés. Les plus importants comprennent les signes d’une maladie sérique, d’une maladie hépatique et d’une atteinte rénale. Plus rarement, des signes d’un dysfonctionnement neuroencéphalique et une arthralgie sont également observés chez les patients.

Allergie aux hyménoptères : diagnostic

Allergie aux hyménoptères

Le diagnostic d’une allergie aux hyménoptères commence par l’anamnèse des réactions auxquelles le malade a fait objet après la supposée piqûre par l’hyménoptère. Elle permet d’examiner les signes cliniques présentés par le malade en vue de savoir s’il y a effectivement lieu de soupçonner une allergie. De plus, une anamnèse bien déroulée permet une meilleure conduite du diagnostic par la suite.

En général, après l’anamnèse l’hyménoptère à l’origine de l’allergie est identifié et les solutions à utiliser pour mettre en évidence son venin sont déterminées. Hormis l’anamnèse, pour poser le diagnostic d’une allergie aux hyménoptères des tests cutanés ainsi qu’un dosage d’IgE spécifique à l’allergène sont effectués.

Les tests cutanés utilisés sont généralement pratiqués sur la région du haut du bras par voie intradermique. Ils consistent en l’injection graduelle du venin purifié de l’hyménoptère à l’origine de l’allergie dans l’organisme et en l’interprétation des réactions observées chez le patient. Le test cutané est considéré comme positif si des papules surélevées, un érythème et des démangeaisons sont observés après l’injection du venin purifié. Le dosage d’IgE spécifique se fait en laboratoire à l’aide d’un prélèvement biologique.

Par ailleurs, il est à noter que les différents tests de diagnostic doivent idéalement être effectués à distance de la première réaction allergique. Un délai minimum de quatre semaines doit être respecté pour la fiabilité du diagnostic.

Allergie aux hyménoptères : traitement

Le traitement d’une allergie aux hyménoptères dépend de la gravité des signes présentés par le patient. Il peut consister en :

  • Une application de glaçons ;
  • L’administration combinée d’un antihistaminique et d’un corticoïde ;
  • L’administration d’un bêta -2 — mimétique ;
  • L’administration d’adrénaline.

Pour la prise en charge d’un patient en cas d’allergie aux hyménoptères, il n’est pas exclu que plusieurs moyens de traitements soient combinés.

Application de glaçon

L’application de glaçons est un traitement qui comprend le dépôt de petits morceaux de glace sur le point à traiter. Elle est généralement auto-administrée (traitement effectué par les malades même) et est indiquée dans les cas légers d’allergie aux hyménoptères. En effet, elle n’est utile que pour traiter la réaction allergique locale simple qui se produit en réponse à une piqûre d’hyménoptère.

Pour la prise en charge d’une réaction locale étendue ou même des réactions générales secondaires à la piqûre, l’application de la glace est inutile. Il est à noter, par ailleurs, que l’usage de la glace dans les circonstances inopportunes peut entraîner une exacerbation des symptômes.

Administration combinée d’un antihistaminique et d’un corticoïde

Les antihistaminiques sont des médicaments qui inhibent l’activité de l’histamine, qui est un médiateur responsable des différentes réactions allergiques observées à la suite d’une piqûre d’hyménoptère. Ainsi, ils permettent de limiter ou de supprimer certains des signes cliniques associés à une allergie aux hyménoptères.

Les corticoïdes quant à eux sont des hormones synthétisées dont le principe actif est la cortisone. En général, les antihistaminiques et les corticoïdes sont associés pour le traitement des réactions allergiques locales simples et étendues qui surviennent après une piqûre d’hyménoptère. Avant d’administrer un antihistaminique et un corticoïde, plusieurs examens sont effectués (pression artérielle, auscultation des poumons, pouls). Ils permettent de s’assurer que le patient ne présente aucun signe général. Les personnes traitées avec des antihistaminiques et des corticoïdes doivent être mises sous surveillance.

Administration d’un bêta -2 — mimétique

Les bêta -2 — mimétiques sont des bronchodilatateurs indiqués pour traiter certains problèmes respiratoires. Dans le cas d’une allergie aux hyménoptères, ils sont utilisés lorsque le patient présente des réactions générales comme un bronchospasme. L’administration du bêta -2 — mimétique est généralement faite par voie respiratoire et des médicaments complémentaires sont prescrits en fonction de l’état général du patient.

L’administration de l’adrénaline

L’adrénaline désigne une catécholamine utilisée en dernier recours pour le traitement d’une allergie aux hyménoptères. Il est indiqué lorsque le patient fait une réaction allergique générale et présente les signes tels qu’une détresse respiratoire et un collapsus. L’injection de l’adrénaline doit se faire dans l’immédiat par voie intramusculaire. En général, la dose à injecter est de 0,01 mg/kg, soit une moyenne de 0,5 mg chez l’adulte et 0,25 mg chez l’enfant ayant plus de 6 ans. Lorsque les symptômes ne régressent pas, une seconde dose d’adrénaline peut être injectée au patient.

Après l’injection de l’adrénaline, la conduite à tenir est d’appeler le SAMU. À l’hôpital, des examens variés sont effectués dans un premier temps. Ensuite, l’état de santé du patient est stabilisé avec de nouvelles injections d’adrénaline ainsi que l’administration d’autres médicaments. Par exemple, des corticoïdes, des antihistaminiques et des bêta -2 — mimétiques.

Enfin, le patient est hospitalisé pendant des jours en réanimation où il est placé sous surveillance. Il ne peut être libéré que lorsque les symptômes ont totalement régressé et que son état de santé s’est considérablement amélioré.

Allergie aux hyménoptères : prévention des crises ultérieures

Allergie aux hyménoptères

À l’instar de toute allergie, l’allergie aux hyménoptères est susceptible de récidiver au fil du temps. Par conséquent, en présence d’une nouvelle piqûre du même hyménoptère, des réactions locales et générales peuvent à nouveau être observées. Ces dernières peuvent être plus violentes ou à contrario, moins violentes que les réactions allergiques antérieures. Quoi qu’il en soit, pour les prévenir le médecin a obligation de prescrire une trousse d’urgence au patient.

Trousse d’urgence : composition

La première composante d’une trousse d’urgence pour la prévention d’une allergie aux hyménoptères est l’adrénaline injectable. Elle est déclinée en plusieurs formes. Ainsi, le patient peut opter pour des ampoules d’adrénaline, des seringues d’adrénalines ou encore un stylo auto-injecteur d’adrénaline.

Les ampoules d’adrénaline sont proposées en des doses variées et s’avèrent un peu plus compliquées à injecter que les autres formes. Les seringues d’adrénalines contiennent généralement 1 mg (1 ml) d’adrénaline et l’injection est faite avec un piston. Le stylo auto-injecteur est la forme d’adrénaline la plus facile à utiliser et permet d’injecter au patient une dose moyenne de 0,3 ml d’adrénaline.

Excepté l’adrénaline, le patient doit disposer dans sa trousse d’urgence pour la prévention d’une allergie aux hyménoptères de médicaments appartenant aux classes suivantes :

  • Les corticoïdes ;
  • Les antihistaminiques ;
  • Les bêta -2 — mimétiques.

Les comprimés précis à acheter dans chaque classe de médicaments ainsi que les doses adaptées sont définies par le médecin traitant.

Trousse d’urgence : mode d’usage

Le mode d’usage d’une trousse d’urgence pour la prévention d’une allergie aux hyménoptères est simple. Dès que le patient remarque qu’il a été piqué par un hyménoptère, il prend pour commencer un comprimé d’antihistaminique présent dans sa trousse. Ensuite, lorsqu’il perçoit des signes d’une réaction allergique locale, il reprend à nouveau un comprimé d’antihistaminique et un comprimé de corticoïde.

 À cette étape de l’allergie, il doit informer son médecin traitant ou appeler le centre 15 pour une meilleure anticipation des risques.

Lorsque des signes prémonitoires d’une réaction générale sont observés, le patient doit s’injecter une première dose d’adrénaline. Si au bout de quelques minutes, son médecin traitant n’est pas arrivé et que des signes plus graves apparaissent, il peut s’injecter une deuxième dose d’adrénaline. En cas de crise, les personnes présentes dans l’entourage du patient doivent le disposer dans la position de sécurité latérale jusqu’à ce que le médecin ou le SAMU arrive.

 

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